A dream came true

Si « Mes meilleurs copains » est un de mes films préférés autour de quadras qui se retrouvent 20 ans plus tard, mon aventure du week-end ressemblait plus dans le ton à un détournement de la place des grands hommes de Bruel version « on s’était dit rendez-vous dans 20 ans… on verra quand on aura 40 ans… ». On rêve forcément tous de vivre ça un jour, ça vient de m’arriver là.

Quand j’ai reçu un appel il y a 3 mois d’une des copines de la bande qu’on formait au lycée de 1986 à 1989, il m’a fallu un millième de seconde pour reconnaître sa voix. Elle s’était lancée dans l’aventure un peu dingue de nous réunir pour son 40ème anniversaire. Pages jaunes et numéro des parents à l’appui. Avec notre sale manie de nous appeler uniquement par des surnoms (agravé par ma mémoire de poisson rouge), j’aurais été incapable de retrouver les noms de famille de la plupart membres du clan.

Je pense qu’au fil des jours qui nous rapprochaient de la date, tous ceux qui ne se sont pas revus au gré des expatriations et vies à construire ont pensé la même chose que moi (et que Patrick du coup) : et si on n’avait plus rien à se dire ? et si on se reconnaissait à peine ? et si les marques du temps étaient tellement présentes qu’on ne voyait que ça ? et si, et si…

Au final, la nuit passée ensemble de 20h à 6h00 du mat n’aura pas suffi à refaire le tour de tous les souvenirs et des parcours de chacun. Ce qui m’a le plus marqué, c’est qu’on ne change pas (big up Céline D.) : quelques cheveux blancs pour les gars mais les filles n’ont pas bougé d’un iota (vraiment c’est dingue, je finirais presque par penser que les marques et leur crèmes miracles ne font pas que du marketing). Mais c’est surtout les mêmes affinités, les connivences de l’époque qui reviennent comme si on ne s’était jamais quittés, jusqu’à partager les même références, reprendre des débats abandonnés 20 ans plus tôt. Bien sûr les caractères se sont affirmés et les familles se sont agrandies mais on a tous retrouvé nos surnoms pour une soirée (je tiendrai sous silence le mien ici hein), les mêmes éclats de rire de post-ados un peu naïfs et idéalistes, les mêmes duos sur la piste de danse qu’on avait pratiquée pour un vingtième anniversaire en 1989.

Malgré la nuit blanche, j’ai mis du temps à m’endormir ce matin. J’ai passé en revue des souvenirs partagés avec ceux qui étaient là et ceux qui nous ont manqué. On s’est jurés de ne pas attendre 20 ans (les crèmes miracles ne pourraient plus rien pour nous). Je garderai en tout cas en tête cette nuit là comme un énorme éclat de rire plein d’émotion. Alors merci.

Mon pari Posterous

Longtemps que je cherchais un vrai service de blogging mobile qui réussirait à combler les lacunes de Twitter (très communautaire et mobile mais pas très pratique pour accéder aux images et vidéos). Puisqu’il est d’usage de se demander ce qui, après Second life, …/…, puis Facebook …/…, puis Twitter saura faire preuve d’attractivité pour les utilisateurs et les médias, je pense que Posterous est the next big thing. On me l’avait présenté comme une plateforme de blogging de plus, je m’aperçois depuis quelques jours que c’est beaucoup plus que ça.

posterous

Les fanatiques de réseaux communautaires diront que ce n’est pas nouveau (voir Tumblr, Twittpix et plein d’autres) : en fait, ce n’est pas tout à fait vrai.

D’autres diront que c’est techniquement simpliste : c’est justement ce qui en fait une pépite de mon point de vue, la simplicité ! Tous ceux qui peuvent envoyer un email de leur téléphone peuvent dorénavant poster en un clic des images en temps réel. Ca marche à tous les coups, plus de prises de tête avec le chargement d’une image qui prend des heures avant de planter parce que trop lourde.

Mais surtout, à l’usage, Posterous permet bien d’autres choses :

  • C’est un hub potentiel pour poster en même temps sur tous les autres réseaux (Twitter, Facebook, blog, FlickR, YouTube, Friendfeed…) grâce à la fonction « autopost ».
  • Il permet d’importer en un clic (« Share on Posterous » dans la Tool Bar du navigateur) une image trouvée sur une page web
  • Il ne s’arrête pas aux photos puisqu’il accueille vidéo et fichiers sont qu’il intègre automatiquement dans le message
  • Depuis son lancement en 2008, il permet les commentaires sur chaque billet
  • Il sera bientôt possible en Europe (comme dès aujourd’hui aux US) d’envoyer ses images par MMS

Bref, il ne manque plus qu’une communauté très active sur Posterous et dans un an, ce sera passé au 20h00 de TF1 (rendez-vous en août 2010). Paut-être même sans l’aide d’Ashton, Britney, Lance, Demi et les autres.

Mon Posterous est ici.

Conduite de changement

Quand j’ai commencé mon métier dans les années 90, le fax venait de débouler, l’écran du mac faisait 12 cm de diagonale, l’unité centrale prenait 3 pièces et l’ensemble faisait un bruit de canard quand on se trompait avec son index malabile. Un autre temps, on l’aura compris. Faire des RP consistait à envoyer par courrier des dossiers de presse qui coutaient très chers aux journalistes, les appeler jusqu’à ce qu’on devienne potes et qu’ils passent nos infos par amitié (je caricature mais à peine). Les jours de fête,  il s’agissait d’organiser des événements quand les publicitaires pensaient à nous mettre 3 miettes de côté pour nous amuser. Il y avait d’un côté le noble corporate, de l’autre la communication de marque et les produits qui allaient avec, gérée de façon très indépendante. Plus de 400 titres dans les kiosques, sans compter les quotidiens rois. Des dizaines d’années que ça durait.

On va s’épargner la liste exhaustive de tout ce qui a changé en 15 ans. Et j’ai assez joué sur la corde ancien combattant. Pour faire court, les RP sont devenues des stratégies d’influence partout imbriquées dans les plans marketing et les stratégies d’entreprise, les médias traditionnels sont en compétition avec des médias plus ou moins alternatifs, web et mobiles, les marques sont invitées à créer leur propre média en éditorialisant leurs actualités. Les consommateurs ont intégré la dimension sociale et responsable des entreprises dans leur comportement d’achat. Les calls center sont dépassés par la prise de parole directs des clients qui deviennent influents sur le web. En un mot : tout a changé. C’est une évidence pour tous.

Même s’il y a encore des progrès à faire, les agences de RP ont fait des efforts pour intégrer ses évolutions, modifiant les organisations, effaçant les frontières entre les disciplines, montant en puissance sur les compétences éditoriales et digitales. Logiquement, les entreprises devraient jouer le rôle de moteur dans ces évolutions.

Or, du côté des entreprises, je vois exactement la même chose qu’il y a 15 ans en face de moi. En 2009, on en est donc encore aux interrogations sur la façon de croiser les organisations RP avec le web, les public affairs, les centres d’appels, les politiques de développement durable, les publics internes, considérés très souvent indépendamment les uns des autres dans les organisations. Evidemment, l’impact est majeur sur la qualité des briefs, la maturité des décideurs sur les approches proposées. De fait, ceci ne concerne pas que les RP, loin s’en faut, mais quand même.

Je dis ça parce que je travaille sur un brief des années 90 bien sûr. Et que la tentation est grande d’y faire une réponse des années 90 avec une couche de media social en option parce que « c’est important le web ». Une mauvaise réponse qui sera mieux comprise qu’une réponse moderne. Le tout dans un périmètre budgétaire très inférieur à ce qu’il aurait été dans ces mêmes années 90. Ca altère l’humeur, vous comprenez.

Parmi de multiples autres choses, je pense que la sortie de crise aura cet avantage de donner l’opportunité de repenser les organisations avant de restaffer. L’enjeu des boites de conseil sera de convaincre de la nécessité de casser des modèles pour en inventer de nouveaux. D’amener vers ce qui fait le plus peur : l’inconnu. Mais après plusieurs mois de pilotage à vue, peut-être la peur se sera adoucie. Peut-être devons-nous prendre les clés de notre destin en main.

Même s’il a un prix, je crois au combat qui consiste à rappeler la valeur de ce qu’on fait, de la séniorité des équipes, de notre mission pédagogique, de la profondeur des expertises. Je crois qu’il ne faut pas tout accepter parce que c’est la crise, qu’il faut peut-être faire des sacrifices pour dire non. Aussi parce qu’on se souvient du résultat, de la qualité de la production, jamais du contexte dans lequel ça s’est produit.

Il est temps de participer à la conduite du changement dont le succès conditionne le périmètre dans lequel je travaillerai, nous travaillerons tous, dans les années qui viennent.