Guilty pleasure

Depuis que je suis accro aux séries télé, parmi l’abondance de l’offre, j’ai l’habitude de faire des choix basés sur l’exigence. En premier lieu, une histoire forte composée d’épisodes unitaires, d’arcs narratifs évoluant sur plusieurs semaines et de fils conducteurs par saison. Ensuite, dans le désordre, la qualité de la réalisation, la puissance des dialogues, la complexité des personnages que seule une série peut creuser sur plusieurs heures, la perfection du casting…

Et puis, il y a toujours eu une catégorie à part. Une catégorie composée de séries pleines de défauts évidents, une incohérence généralisée, des dialogues inégaux… Tout est en place pour que je les laisse rapidement de côté. Et pourtant, je suis capable de leur rester fidèle pendant près d’une décennie. Parce que je me suis attaché aux personnages dont le destin m’importe ou par la simple force de l’habitude réconfortante. Elles constituent mes « guilty pleasures », que j’assume toujours très publiquement, quitte à perdre le peu de hype qu’il me reste.

La dernière entrée dans la catégorie en cette rentrée télé 2012 risque cependant de créer la surprise. Arrow en a sous le pied plus que prévu.

Buffy contre les vampires est sans doute le premier digne représentant de la catégorie.

A la même époque, le Caméléon m’a tenu en haleine malgré la baisse permanente de qualité au fil des saisons.

Je dois être un des rares garçons à ne pas avoir raté un seul épisode de Desperate Housewives.

Mais chaque saison, je trouve une nouvelle série dont je sais qu’elle deviendra un nouveau Guilty pleasure.  L’année dernière, c’était Revenge.

Cette année, j’ai compris très vite qu’Arrow allait devenir la nouvelle série compliquée à défendre dans les dîners en ville : un super héros, des effets spéciaux vite fait, un casting super joli à regarder mais pas forcément Actors Studio, sans doute des incohérences dans tous les sens à venir, une chaîne qui s’y connait en Guilty Pleasure (CW). Et pourtant, après 5 épisodes, il faut se rendre à l’évidence : Arrow pourrait bien créer la surprise en créant une mythologie qui n’a pas tant que ça à rougir de Lost (oui, j’ai bien dit Lost).

Le verdict pourra réellement tomber à la fin de la saison mais en attendant, c’est un réel plaisir de découvrir les méandres d’une histoire pas si monolithique qu’on aurait pu le craindre. La série bénéficie d’ailleurs d’excellentes critiques avec la belle note de 72/100 chez Metacritique, il manquerait plus qu’elle soit nommée aux prochains Emmys et je me verrais contraint de la sortir de ma catégorie fétiche.

La révélation Joseph Gordon-Levitt

Cette semaine, j’ai découvert au cinéma un acteur dans l’excellent thriller SF Looper. Dans l’évolution de l’adolescent au physique quasi ingrat de Troisième Planète sous le soleil jusqu’au « jeune Bruce Willis » du film de la semaine, j’ai de toute évidence raté plein d’étapes. Entre de grands rôles dans des films que je n’ai pas vus et des grands films où je ne l’ai pas réellement identifié, je suis passé complètement à côté. Vu de loin mais en m’y intéressant de plus près, il semble que ce nouvel incontournable du cinéma dissimule une personnalité riche, complexe, forcément à suivre. Essayons de rattraper le retard.

Après quelques rôles à la télé dès l’âge de 7 ans en 1988, il incarne un extra terrestre mature dans le corps d’un ado dans la sitcom « Troisième planète après le soleil ». Au côté de caractères forts, Tommy/Joe ne marque de mon point de vue pas d’une empreinte indélébile la série hilarante, malgré quelques scènes marquantes.

En 2000, il retrouve les bancs de l’école en intégrant un cursus histoire, littérature… et poésie française à l’Université de Columbia. Il en reste aujourd’hui une francophilie aigüe et un français parfait (Joe, si tu nous lis…) dont il nous fera profiter plus tard, notamment en forme de clin d’oeil dans Looper.

De retour au cinéma en 2004, il enchaîne des rôles complexes en interprétant notamment un jeune prostitué gay abusé dans son enfance dans « Mysterious Skin » ou un étudiant plongé dans le monde de la drogue dans « Brick ». C’est à partir de la fin des années 2000 qu’il s’impose dans des films à succès où je ne l’ai pourtant pas vu passer (« Inception », « The Dark Knight Rises »). J’ai malheureusement raté « 50/50 » dans lequel il compose un jeune homme révélant son cancer à ses proches avec une prestation remarquée par les critiques.

Entre temps, il est devenu réalisateur de moyens métrages (« Sparks » et « The Zeppelin Zoo ») mais il s’est surtout lancé dans un projet artistique en lançant en 2004 hitRECord, label indépendant qui invite les réalisateurs, auteurs, musiciens, dessinateurs, photographes à proposer leurs oeuvres. Dans ce cadre, il a notamment produit RECollection qui réunit court-métrage, poésies, photographies, illustrations… dans les formats DVD, CD et livre. Il a également lancé en 2011 un livre d’histoires courtes dont le deuxième volume vient de sortir et lui donne une nouvelle fois l’occasion de démontrer son agilité avec les codes de communication modernes.

Mais l’acteur n’est pas à une surprise près : par exemple, lorsqu’il participe pour la deuxième fois au célèbre show comique américain Saturday Night Live, il termine le traditionnel monologue d’introduction par un strip tease torride en hommage au succès de Magic Mike.

Autre exemple, en tant que guitariste et chanteur, il réalise sur scène des covers de Lady Gaga (Bad Romance) et… Jacques Brel, en français dans le texte !

Dans les mois qui viennent, RegularJOE (très actif sur Twitter) va laisser de nouveau la place au passionné de cinéma avec un rôle majeur dans le prochain Spielberg, Lincoln, dans les salles en France début 2013. Il faudra patienter jusqu’à la fin de l’année pour le découvrir dans Don Jon’s addiction qu’il a également écrit et réalisé. Et cette fois, plus question de contourner un acteur devenu incontournable.