Allo le monde, bitch !

Les médias ont fait ces dernières semaines des choses bizarres, on ne se comprend plus eux et moi. Deux starifications m’ont laissé sans voix, une annulation m’a déçu très fort, à peine quelques petites bonnes nouvelles pour compenser l’état de morosité qui m’a envahi. Revue en détails.

D’abord, la séquence médiatique anti mariage pour tous, portée par Frigide Barjot, me laisse quelque peu en suspend. FRIGIDE BARJOT ?? Comment un mouvement très bourgeois catho a-t-il pu s’incarner dans l’interprète du très oubliable « Fais moi l’amour avec 2 doigts« , people en mal de célébrité, longtemps amie de la communauté gay, dont on a compris cette semaine qu’elle n’était même plus soutenue par ses proches, notamment moquée par son beau-frère Karl Zero. Mais ça ne semble pas avoir ralenti la mobilisation, la cause serait-elle pour ses défenseurs plus forte que sa porte parole ? Vaut-il mieux une incarnation forte même si décalée que pas d’incarnation du tout (ce dont souffre la mobilisation pour les pro- Mariage pour tous ?). Si quelqu’un trouve la réponse, je suis preneur.

Ensuite, sous l’impulsion des politiques, les médias ont choisi d’ignorer le Mali et l’Algérie pour ériger en icône jusqu’à l’overdose celle pour qui l’opinion publique a exprimé depuis longtemps son désintérêt voire un doute marqué quant à sa supposée non culpabilité. Je ne sais pas plus que les autres avec certitude la vérité sur cette culpabilité, ce que je sais pour avoir creusé le sujet dans le cadre de mon travail jusqu’à il y a quelques mois, c’est que l’opinion publique française est dans sa majorité et depuis longtemps suspicieuse et agacée par la voix donnée exclusivement aux défenseurs de Florence Cassez. Probablement portée par son avocat, elle n’a pas été avare en déclarations, de conférences de presse à « entretiens exclusifs ». Malgré des spectateurs qui criaient à l’overdose après avoir suivi avec intérêt l’étape de la libération. Même si elle est coupable de complicité, on peut penser qu’elle a payé sa dette. Si elle est innocente, il faut la soutenir. Mais la justice mexicaine ne s’est pas prononcée sur ce point et laisser penser l’inverse revient à mentir. Heureusement, quelques voix sélèvent pour contester ce traitement très orienté qui est même allé jusqu’à comparer la dame à une otage. On devrait encore en entendre parler, longtemps.

Sans aucun lien et dans ce monde de bruts en perdition, la pire nouvelle de ma semaine vient d’ABC qui a fait pire que d’annuler l’une de mes séries préférées du moment en déprogrammant carrément la diffusion des 8 derniers épisodes de la saison 2 de Don’t trust the bitch in apt 23. Vous ne connaissez pas #Apt23 ? Imaginez un Friends déjanté et politiquement incorrect, une Phoebe décadente avec un mauvais fond assumé, une Rachel blonde venue de l’illinois, un Joey qui aurait connu son heure de gloire (dans Dawson) et vous obtenez la sitcom la plus réjouissante des années 2010.

Le pitch : June débarque avec toute sa fraicheur naïve à New York de son Illinois natal et se retrouve sans emploi, en colloc avec une Chloé amorale, nymphomane, menteuse, voleuse et alcoolique. Contre toute attente, une amitié va naître et embarquer June dans un monde peuplé de personnages haut en couleur : un voisin d’en face obsédé sexuel, une voisine d’à côté envahissante d’amour pour Chloé et surtout James Van der Beek dans son propre rôle vitriolé. Ce qui nous vaut notamment une plongée hilarante dans les coulisses de Dancing with the stars et quelques « réunions » avec d’autres anciennes stars de séries pour ado (tel que Mark-Paul Gosselaar).

Les dialogues ciselés offrent à l’héroïne aussi detestable qu’attachante des sorties mémorables (parfaitement interprétées par Krysten Ritter qu’on avait déjà remarquée dans Breaking Bad)

C’est James Van Der Beek lui-même qui a annoncé la nouvelle sur Twitter en regrettant au passage un mode de mesure d’audience dépassé (les chiffres d’audience sur ABC étant en effet faibles alors que la série cartonne sur le web).

 

Par chance, ma semaine a aussi été relevée de quelques moments de pur plaisir, comme des sas de décompression :

– La découverte mercredi de Ballet Revolucion qui se singularise par l’interprétation, avec orchestre live, de titres de Shakira, Prince, Jenifer Lopez, Beyonce… par une troupe de danseurs cubains qui réunissent la danse classique, le tango ou encore le hip hop. Jusqu’au 7 février au Casino de Paris.

– En tant que livetwitteur pratiquant, je me réjouis de l’arrivée de l’application My TF1 CONNECT qui va offrir dès la fin de la semaine l’offre la plus avancée en matière de deuxième écran en France pour twitter efficacement les programmes télé. L’ Instant replay notamment permet de partager la séquence dont on parle mais également de rattraper facilement un programme en cours de route pour se retrouver en live avec les autres commentateurs sur les media sociaux. De plus, CONNECT permettra aux téléspectateurs de jouer le 5ème coach de The Voice (qui revient samedi prochain) et de déterminer si un candidat va être retenu et quel coach il va choisir. Des prix seront à gagner. (j’en profite pour célébrer ce matin mon tweet diffusé en direct dans les NRJ Music Awards qui m’a valu une soirée passée à faire du service après-vente mais fier comme un paon).

Ma wishlist 2013

Pas de résolution pour moi en 2013. Plutôt des envies, c’est plus drôle. Un ami m’a appris qu’il fallait exprimer ses rêves à voix haute pour qu’ils se réalisent, avec un peu de chance, ça marche aussi si on les écrit dans son blog. Alors voilà. Evidemment, je n’ai choisi que mes envies les moins accessibles, les moins préparées, les moins probables…

Visiter Tel Aviv

Israel - Tel Aviv

Reprendre des études en fac de philo

Être invité au Festival de Monte Carlo

Rencontrer le casting de mes séries préférées, assister au tournage d’au moins l’une d’entre elles (au choix,  je suis pas difficile)

Dans le désordre et sans exhaustivité :

Breaking Bad
Homeland
Smash
Revenge
Hot in Cleveland
Downton Abbey

 Retravailler pour Pixar

 

 

 

 

 

Ecrire un livre

 

 

 

 

 

 

Bilan dans 1 an ?

Sans filtre

C’était en 2009. Je me suis vu du jour au lendemain plonger dans l’incapacité totale de mettre de filtres, ceux qui rendent notre vie en société gérable. Ces filtres que la grande majorité d’entre-nous utilisons à chaque instant, naturellement, nous protégeant d’une transparence absolue invivable.

Cette période là a laissé des traces. Qui ne se voient pas, sans doute pas assez d’ailleurs. Des enseignements positifs, qui contribuent aujourd’hui, chaque jour, à un bonheur que je mets beaucoup d’énergie à entretenir. Sauf dans ce moment des fêtes de fin d’année qui me replonge invariablement dans un état proche de ce que j’ai connu il y a 3 ans et demi. Sans savoir exactement pourquoi, je frôle alors une humeur que le VIIIè siècle aurait qualifiée de mélancolique, assez éloignée de mon caractère habituel.  Comme chaque année, je l’oublierai pendant les 12 mois qui viennent. Mais cette fois-ci, j’ai égoïstement envie de prendre le temps de me souvenir.

Un moment de vie presque ordinaire

J’ai essayé tant bien que mal de gérer la disparition d’une proche. Plutôt mal globalement. Echouant à me rendre utile là où j’aurais sans doute pu l’être, incapable de maîtriser mon émotion dans ses derniers instants à l’hôpital, pas armé pour encaisser la violence de la phase terminale d’un cancer. J’ai expérimenté sur moi la réalité physique d’expressions du quotidien que je croyais exagérées : « avoir le souffle littéralement coupé », « voir le sol se dérober sous ses pieds », « l’émotion à fleur de peau »…

J’ai laissé ma nature profonde prendre les rennes : beaucoup de travail, pour laisser aussi peu que possible la place à des moments qui imposeraient ma tristesse à ceux que j’aime. Jusqu’à ce que la peine devienne assez rapidement supportable.

L’impression de burn out

Quelques semaines plus tard, en arrivant au bureau, là où j’avais tout ce temps gardé le contrôle absolu, j’ai senti que je serais absolument incapable de faire face. Et j’ai su qu’il fallait que je débranche tout, très vite. J’avais assisté dans mon entourage à des burn out, j’en connaissais les symptômes, j’en étais de toute évidence pour la première fois victime. Le peu de réunions de transition organisées en urgence pour donner les clés d’un gros dossier sur lequel je travaillais alors n’ont fait que confirmer mes craintes : au bord des larmes, j’ai fait du mieux que j’ai pu avant de disparaître sans m’engager sur aucune date de retour. J’ai juste posé des jours de vacances.

Arrivé chez moi, j’ai aussitôt éteint mon ordinateur, mon blackberry et mon iPhone, me laissant loin de tout SMS et réseau social. Pour me protéger d’une éventuelle tentation de partage en temps réel de mon état du moment. Je le ferais peut être un jour, avec du recul, surtout pas sur le moment.

10 jours de vie sans filtre

Le soir même, j’ai appelé la seule personne qui me semblait pouvoir m’aider : un ami qui m’est cher, médecin de son état. C’est en lui parlant que j’ai mesuré cette absence absolue de filtres entre mes sentiments et ma façon de les exprimer. Parfois blessant, probablement touchant mais sans aucun doute déstabilisant, rien de ce qui me traversait l’esprit n’était pas exprimé. Sans aucune considération de l’effet provoqué sur mon interlocuteur. Ce que j’avais pour habitude de penser ou de me contenter d’écrire était verbalisé, sans ménagement. Pour m’aider, j’ai eu droit ce soir là à une oreille attentive et indulgente pendant plusieurs heures ainsi qu’à une petite cure de Prozac.

Il se trouve que l’année 2009 était celle de mes 40 ans. Ce n’est que bien plus tard que je ferais le lien entre mon état et cette perspective. Une fête aurait lieu dans quelques semaines, je saurais y faire face. Mais c’est surtout mes amis d’adolescence que j’ai recroisé sous leur impulsion, alors qu’ils entraient eux aussi dans leur quatrième décennie, qui ont pratiqué mon nouveau sens de la franchise absolue. En préparant une grande fête de retrouvailles, ils ont du me trouver changé, pour le moins direct, très émotionnel et sorti de la réserve qui avait particulièrement caractérisé mon passage à l’âge adulte. Le lien affectif n’était pas du même ordre que mon entourage d’adulte, les enjeux étaient faibles, je n’avais pas particulièrement de compte à régler avec qui que ce soit, ce retour vers le passé s’est révélé salvateur. La facette positive de mon état était une capacité très nouvelle pour moi de dire simplement à mes interlocuteurs ce qu’ils représentaient à mes yeux, parfois même de leur révéler à quel point ils comptaient pour moi. Et d’en mesurer tout le bénéfice en retour.

Puis tout a repris son cours « normal », en une dizaine de jours, jusqu’à ce que je retrouve le chemin du travail. A un détail près : je ne me croirais plus jamais protégé de moments de faiblesse comme ceux-ci, ni de leur fulgurance.

Les failles de fin d’année

Ce qui est étonnant au moment du Nouvel an, c’est que beaucoup semblent entrer dans une période sans filtre, qui me renvoie invariablement à la mienne. On se dit qu’on s’aime, on se l’écrit par SMS, sans la réserve qui nous tient tout le reste de l’année. Depuis 2009, aucun nouvel an ne s’est déroulé sans qu’au moins un message ne me fasse monter les larmes aux yeux. Et c’est à chaque fois le même effet très réconfortant d’être entouré de gens qu’on aime, qui se mélange à une émotion trouble que je reconnais, qui a un jour débordé, incontrôlable. Le soir du 31 décembre en particulier est donc devenu un moment où je me protège, en évitant soigneusement les regroupements festifs. Je le consacre plutôt à la lecture, parfois à l’écriture. Cette fois-ci, j’en suivrai le processus jusqu’au bout, jusqu’à en publier au moins une partie, sans me soucier de l’impudeur qui va avec.

Mais au-delà, j’ai retenu l’effet que provoquait la transparence des sentiments, j’essaie de dire mieux à ceux qui comptent qu’ils comptent, retirant volontairement certains filtres plus artificiels que constructifs. La crise de la quarantaine n’arrive qu’une fois mais elle apprend au minimum à se préparer à la prochaine dont on comprend qu’elle arrivera, même si on s’en croit protégé. Avec un peu de chance, ça fait de moi quelqu’un d’un peu meilleur, on ne va pas s’en plaindre.