Faites ce que je dis…

J’ai toujours appréhendé ma relation aux médias sociaux de façon bizarre. Pour faire court, je dirais que j’ai adopté à peu près tous les comportements que je déconseille toute la journée formellement à mes clients. C’était sans doute le seul moyen pour moi de survivre aussi longtemps et de façon aussi active dans ce milieu absolument contre ma nature. En ignorant les paradoxes et mises en danger professionnels, j’ai volontairement tourné le dos à tout positionnement « expert », « influent » et « dirigeant-qui-blogue ». Avec un ton décalé sur mon blog et sur Twitter, Facebook, Instagram ou encore Google+ d’abord. Et dans la vraie vie professionnelle où je ne mentionne quasiment jamais cette activité parallèle et ne me promène donc pas avec mon nombre de followers sur le front. Ce qui ne constitue en aucun cas une attaque contre ceux qui le font, j’admire au contraire leur persistance, j’en aurais été tout à fait incapable.

Pourtant, pour la première fois cette année, j’en ai reçu des bénéfices très directs. Des bénéfices que je qualifierais donc de collatéraux, inattendus, très agréables. J’y reviendrai. Mais avant tout, fin d’année oblige, voici donc le Top 5 de mes comportements à éviter absolument sur les médias sociaux pour ne pas desservir sa vie professionnelle, sauf à espérer un gros coup de bol à la fin.

1. Ne suivre aucune ligne éditoriale, se contenter d’être dans l’humeur en permanence

En conflit direct avec : « Choisir un territoire d’expertise professionnelle et le décliner sur chacun de ses espaces sociaux ». Lorsque je dépasse les 200 likes et 400 commentaires sur Facebook, c’est pour une photo avec Sue Ellen. Je gagne 400 followers en 2 heures en relayant les coulisses des NRJ Music Awards. Je réinvente plus rarement le futur du marketing, j’avoue.

2. Ignorer volontairement certains codes des réseaux sociaux, refuser le hype

J’adore ne m’imposer aucun sujet sauf peut-être défendre ceux qui sont les cibles systématiques de ceux-qui-ont-la-carte ou, pire, des internautes en général. Je me suis ainsi improvisé fan de Zaz en 2013, il me tarde d’ailleurs de savoir qui sera mon nouveau « coup de cœur » l’année prochaine…

3. Publier des billets sans image, oser des titres sans signification, ignorer copieusement les moteurs de recherche

Voir ce billet… et tous ceux qui précèdent.

4. Mélanger tranquillement et sans distinction sa vie pro et sa vie personnelle  

Je n’ai qu’un compte Twitter totalement anarchique, mon blog regroupe des billets sur le marketing et sur quelques grands chocs émotionnels de ma vie, mon profil Facebook, suivi par mes collègues, pas mal de clients et de « professionnels de la profession », est devenu un repère de loleurs en tout genre.

5. Être plutôt sympa

La tentation d’interpeller plus ou moins violemment sur les réseaux est d’autant plus grande qu’elle est assez facile et porte souvent ses fruits pour se faire remarquer, si l’attaque est menée avec esprit et talent. J’ai décidé que je ne parlerais que de ce qui me plait à l’exception de quelques combats que je mènerais sérieusement.

Cette année, à plusieurs reprises, des marques m’ont contacté pour mon côté « accessible » et « pas donneur de leçon ». Validant d’une certaine façon une attitude que je pensais un peu irresponsable. J’y ai même gagné récemment un client. Mais ça aura pris 7 ans pendant lesquels je me suis plus fait des amis que des contacts « utiles » pour servir mon employeur et ma carrière. En m’offrant quand même au passage un porte-voix que je ne m’interdit pas d’utiliser ponctuellement pour servir un projet pro auquel je tiens. En 2014, je continuerai à conseiller de faire plutôt ce que je dis.

La semaine où j’ai retrouvé un ami

De « Mythomane » à « Paris Ailleurs », tous les albums d’Etienne Daho m’ont m’accompagné de l’adolescence à l’âge adulte. Puis il y a eu « Eden », devenu album de chevet dont j’aime chaque titre, dont je connais chaque note, chaque mot, chaque arrangement par coeur.

Pendant cette période, je l’ai vu 3 fois sur scène, impressionné à chaque fois par la chaleur de sa présence, de sa voix souvent moquée alors que je ne connais pas de plus belles cordes vocales masculines.

Puis je me suis éloigné, les 4 albums suivants ne m’ont pas touché, je suis passé totalement à côté.

Cette semaine était importante : j’ai recroisé le chemin d’Etienne Daho avec « les chansons de l’innocence retrouvée » comme un ami que j’avais perdu de vue. Un groove symphonique pop rock envoûtant qui m’a embarqué du lever du lit au tapis de course tard le soir. Les sonorités Disco annoncées ne viennent vraiment que dans les remix et on s’en réjouit plutôt.

Etienne Daho signe son meilleur album et sans doute l’un de mes coups de coeur de la décennie, rien de moins.

Dès les premières cordes du « Baiser du destin », j’ai su que c’était gagné. Dès la première écoute de la suite, mon intuition était confirmée avec  « L’homme qui marche » et ses inspirations Gainsbourgiennes tendance Bowie, « Un nouveau printemps » et son rythme pop funk, Nile Rodgers sur « Les torrents défendus » même s’il me touche un peu moins, « La peau dure » purement pop comme on aime et single probable, « Le malentendu »  et sa vision très noire du couple, le duo avec Debbie Harry sur le tubesque « L’étrangère », le planant « un bonheur dangereux » qui résume bien l’esprit de l’album, l’un de mes coups de coeur « En surface » que je chante dorénavant jusque sous la douche (merci Dominique A), les violons sont de nouveaux convoqués pour « Onze mille vierges », le single album titre clôt l’album avec « Bleu gitanes » en rappelant immanquablement le Daho des années 80 que j’ai tant aimé. Au milieu de versions alternatives de l’album version « Deluxe », une surprise supplémentaire arrive avec « Les lueurs matinales » en duo avec François Marry.

Ce n’est sans doute pas un hasard si c’est précisément cet album qui me permet de renouer avec la magie Daho. Perdre son innocence pour la retrouver, ça résonne forcément pour tous ceux des quelques générations régressives qui nous enveloppent. Mais l’album est moderne, la voix de Daho plus belle et subtile que jamais, la magie d’Abbey Road est là, les cordes enlèvent plutôt que d’appesantir…

J’ai souvent entendu le nom de Jean-Louis Piérot autour de moi, si c’est bien le monsieur qui a permis ce bijou qui a illuminé ma semaine en co-signant quasiment tous les titres et en co-réalisant l’album, je trouverai un moyen de le remercier de m’avoir rendu un ami.