Voyages en image

De 4 mois à enchaîner les voyages, la plupart pour le travail, il reste quelques images sélectionnées ici en mode carte postale.

Tout a commencé en avril avec une semaine de rêve en Israël et mon coup de coeur absolu pour Tel Aviv où je retournerai forcément un jour.

J’ai ensuite réalisé l’un de mes rêves en participant au Festival de télé de Monaco avec des stars mythiques de série télé, à commencer par le casting intégral de Dallas.

Après un détour par Tunis, c’est en mode parenthèse enchantée que j’ai découvert Bordeaux qui m’a surpris par sa dynamique et sa modernité.

En juillet, je suis parti 3 jours à Los Angelès, une ville que je n’aime pas beaucoup mais où je retrouve toujours des gens qui me manquent à Paris. La visite du musée The Getty Center et du mail aux accents de Disneyland The Grove m’ont un peu réconlié avec la ville cette fois-ci.

De Los Angelès, je suis parti directement à 1h de Marrakech, dans un oasis au coeur de l’Atlas Marocain. Travail et Yoga étaient au programme.

Je suis ensuite parti à la découverte d’une autre ville française que je ne connaissais pas. Même si je soupçonne notre hôte de ne nous avoir montré que le meilleur, je suis tombé sous le charme de Marseille et de son bord de mer en particulier. Un coup de coeur pour Les Tamaris, resto du bout du monde qui m’a même fait apprécier le poisson dans un décor proche du paradis. Et le MuCEM, aussi inratable que sa réputation le prétend.

Entre les deux, pas mal de voyages à Londres dédiés exclusivement au travail et quelques retours en famille, à Besançon, chat et chien compris.

Mais j’ai aussi profité de Paris et des amis tout l’été, en particulier entre le 1er et le 15 août, le meilleur moment pour se détendre à Paris (et aussi organiser des Singstars et apéros surprise…). L’occasion aussi de noter qu’il faut que je prenne plus de photos de mes amis <3

Zen

Je reviens d’une semaine de formation qui a été l’occasion, dans un joli oasis au coeur de l’atlas marocain, de nouvelles introspections pour tenter de me mettre toujours mieux au service des autres. Comme à chaque fois, j’ai compris des choses sur mon comportement, accepté de nouvelles contradictions, intégré une réalité objective qui devrait me rendre un peu meilleur. Mais ma vraie découverte de la semaine a fait l’objet de de séances quotidiennes, le matin tôt et le soir à la tombée de la nuit. Une découverte que je redoutais un peu, tant la possibilité d’atteindre la plénitude absolue en quelques minutes me paraissait hors de portée. Je suis revenu convaincu et intrigué.

D’abord, un bénéfice collatéral de la pratique du Yoga avec une coach anglaise est l’apprentissage d’un nouveau vocabulaire qui passe par les différentes parties du corps et les variations autour de la respiration.

Le challenge linguistique dépassé, il suffit de quelques minutes pour réaliser la puissance d’inspirations et expirations bien contrôlées. Dans notre groupe de débutants, nous avons passé en revue l’ensemble des positions fondamentales, à commencer par celle du chien tête en bas qui invente un nouveau type de courbatures entre les omoplates en mettant en contribution des muscles peu utilisés dans la vie quotidienne. En une semaine, nous nous sommes tous surpris à réaliser des postures à priori inatteignables pour nous, par la seule force du souffle.

Alors que la séance pré-breakfast était dédiée à aligner le corps et l’esprit dans une dynamique commune injectant de l’énergie à tous les endroits clés du corps, celle du soir avait un objectif purement relaxant. C’est celle qui m’a le plus surpris en m’offrant de multiples moments, habituellement tellement rares, de plénitude, l’esprit entièrement dégagé du corps et des pressions de la journée. Le premier soir, lorsque la coach nous a invité à redevenir pleinement présents, j’ai réalisé à quel point je ne l’étais plus, sans que mes pensées ne vagabondent mais sans penser à rien. Dans un état proche du sommeil sans pour autant l’atteindre.

Etrangement, c’est lors de l’avant-dernière séance que j’ai vraiment réalisé qu’un petit miracle se produisait chaque jour mais qu’il n’était en rien garanti. Alors qu’aucune raison de stress supplémentaire apparente ne me préparait à une mauvaise séance, je suis totalement passé à côté de ma relaxation. Ce qui me paraissait plaisant la veille devenait lourd et ennuyeux, tout était trop long, inconfortable, presque ridicule. Mais la sensation la plus forte s’apparentait à une frustration extrême. Je n’en ai jamais eu l’explication mais c’est ce qui m’a donné envie d’y retourner, de pratiquer encore.

Au final, il n’est pas impossible que je réserve quelques minutes au bureau à la relaxation avant un rendez-vous important ou une intervention stressante. Il va juste falloir que je trouve un endroit à l’abri pour n’effrayer personne…

Réglage émotionnel

J’ai été mal réglé à la naissance. Un déséquilibre de poids émotionnel, beaucoup trop faible à l’oral, beaucoup trop fort à l’écrit. J’ai ça depuis toujours. J’ai tenté des expériences, qui continuent encore pour la plupart, pour tenter de corriger ce défaut d’origine. Je n’y parviens que par petites touches, la route reste longue. Quelque chose me dit que ce billet ne va pas aider…

the baby in the arms of father shot

Captiver une audience: ce talent qui s’apprend… juste un peu

Après le théâtre, ma thérapie pour m’exprimer mieux devant une audience, qu’elle soit d’une ou de 300 personnes, a consisté à choisir un métier dans la communication, plus exactement les RP. Un métier qui, dans les années 90, s’exerçait principalement au téléphone, le medium thérapeutique par excellence. Celui qui oblige à exagérer les émotions pour les faire passer. Si on veut avoir l’air sympa au téléphone, on sourit, si on veut avoir l’air amusé, on éclate de rire. On force les émotions, justement tout ce que je ne savais pas faire.

Au fur et à mesure des années, j’ai appris quelques astuces qui m’ont au moins permis de « vendre » une histoire. J’ai progressé. L’ironie du sort est que je donne aujourd’hui des cours de « storytelling au quotidien » à des élèves qui s’améliorent je crois sous mes conseils, apprennent à distiller des détails, à faire monter la tension, orchestrer un début, un milieu, une fin, intégrer un enjeu, dans tous leurs sujets de conversation… Parler à la part émotionnelle de notre cerveau pour permettre à sa part rationnelle de prendre des décisions, selon la fameuse théorie défendue par le neuroscientifique Damasio dès le siècle dernier.

J’ai progressé, mais je m’ennuie toujours en parlant de moi. Ou, pire, je perds le contrôle de mes émotions. Hors il n’y a pas de bon storytelling à l’oral sans se livrer un minimum. Les gens disent poliment me trouver pudique mais la réalité est moins glorieuse : captiver une audience en m’exprimant devant elle reste un challenge qui nécessite un travail, un effort, une tension parfois douloureuse, rarement agréable en tout cas.

Se protéger derrière des mots écrits: pas si simple

On a sans doute tous un mode d’expression de prédilection. Le mien est depuis toujours l’écrit. Ado, j’écrivais de longues lettres à mes ami(e)s. Aujourd’hui encore, je leur envoie plus facilement un email que je ne leur passe un coup de fil. Dans une mécanique exactement opposée à ma relation au langage parlé, m’exposer par écrit, me dévoiler sans filtre est un acte absolument naturel. C’est dire à quel point le blog a immédiatement constitué un mode d’expression confortable pour moi.

Pour autant, cette facilité ne m’a pas exempté d’efforts. Assez vite, j’ai compris qu’il fallait que je me protège. J’ai bien senti par les réactions provoquées que la perception de mes textes dépassait mon intention : alors que je pensais ne parler que pour quelques proches et moi, des inconnus commentaient, m’écrivaient, me renvoyaient une charge émotionnelle au niveau de la mienne, supposée, dont je n’avais absolument pas conscience. Je me livrais beaucoup, quasiment par inadvertance. Je me souviens, à l’époque où j’écrivais sur lepost.fr sur les séries télé (!), de cette lectrice fidèle qui me racontait au quotidien le calvaire qu’elle vivait à la maison avec son mari. « Parce que je la comprendrais mieux que personne ». Je n’avais pas les clés pour réduire le poids de l’émotion distillée que je continue d’ailleurs à avoir du mal à réaliser aujourd’hui.

Avec l’arrivée de twitter, j’ai donc décidé que je n’y serais que léger. C’est en 140 caractères, des dizaines de milliers de fois, que j’ai répandu de la légèreté à la limite de la superficialité. Mes acolytes ont alors commencé à me renvoyer quelque chose de simple et souvent drôle. Je m’emploie à me déconnecter si je ne me sens pas d’humeur. Et je garde la plupart de mes textes pour moi : de mes publications quotidiennes sur ce blog et dans quelques médias, il n’en reste qu’un ou deux par mois. De plus en plus rarement sur mes expériences. Quand j’en écris, je tends à ne pas publier.

On fait quoi maintenant ?

Lorsque finalement, je me décide à publier un texte comme celui-ci, je suis toujours étonné qu’il puisse être lu, ne serait-ce que par une seule personne. Je ne comprends pas le processus qui fait traverser la zone des émotions d’un cerveau de lecteur potentiel. Et puis, je me pense à l’abri : qui pourrait bien s’envoyer des mots au kilomètre sur un écran d’ordinateur en 2013 ?

Mais c’est peut-être ça le secret : ne pas chercher à séduire, posture plus simple à défendre à l’écrit que dans la vie, aiderait un interlocuteur à se projeter et à créer de la proximité ? Je me demande ce qu’en aurait dit Damasio… Dans le doute et sans réponse, je me relis attentivement avant de publier pour supprimer ce qui dirait trop sur moi.

Au final, je n’ai effacé qu’un seul paragraphe de ce texte, toujours aussi peu capable de discerner ce qui relève de l’expérience partagée de ce qui frôle l’impudeur. Et je compte sur mes amis pour m’alerter quand je ne me protège pas assez. La touche « delete » n’est jamais très loin.

Tous unis pour l’égalité

Mise à jour 22 avril

Le mariage qui s’est tenu la semaine dernière. Couvert par LCP, LCI, 20 minutes et beaucoup d’autres…

Mise à jour 22 mars

Le premier mariage a eu lieu en live hier soir. Une grosse émotion en coulisse. Voici les meilleurs moments du mariage de Jacques et Pierre.

C’est une situation inédite qui se présente à moi. Parce que j’ai pris l’habitude depuis 8 ans de ne pas évoquer ici ou sur les réseaux sociaux les sujets sur lesquels je travaille. Par souci d’objectivité d’abord, pour éviter les conflits d’intérêt ensuite.

Mais cette fois est très différente : non seulement mon intervention n’est conditionnée par aucune rémunération, elle est en plus engagée. Je serai donc subjectif  dans les jours qui viennent. Mais de façon très assumée.

Je vous inviterai à partager les vidéos de Tous unis pour l’égalité si vous soutenez les principes d’égalité du Mariage pour tous. Votre partage comptera pour un soutien, nous les comptabiliserons et les espérons nombreux. Les autres modes de soutien seront les bienvenus également.

Pourquoi se mobiliser maintenant pour défendre les principes d’égalité du Mariage pour tous, alors que beaucoup semblent penser que la loi est quasiment passée, que le combat est ailleurs ?

Beaucoup de raisons. De natures très différentes en ce qui me concerne.

Pour ces interrogations sur la France, pays des droits de l’homme, de mes collègues dans le monde qui ont vu passer la loi il y a bien longtemps dans leur pays. Pour ces discussions nourries sur le web pendant les débats avec la sensation d’un grand retour en arrière inquiétant. Pour ce sentiment visiblement très partagé que les dés sont jetés alors que la mobilisation du côté des antis reste très organisée et très professionnelle je dois dire. Pour n’en citer que 3.

Je ne suis pas particulièrement pour le mariage qu’il soit pour des personnes de même sexe ou non. Je suis pour l’égalité jusqu’à ce qu’on me prouve qu’elle entrave celle de quelqu’un d’autre.

En travaillant sur l’organisation du lancement, on m’a parfois dit : pourquoi ne pas tout simplement faire témoigner des gens qui veulent se marier ? Publier des portraits de gens normaux dans la presse, loin de la caricature faite par les opposants. A ceux-là, j’ai répondu qu’il y en avait déjà et que ça ne marquerait jamais autant les esprits que la capacité des opposants à créer la polémique dans un registre très puissant pour les médias. Qu’il fallait structurer plus, mais en gardant le principe de portraits sincères.

Ce sera donc au travers de mariages symboliques, sur Internet, en direct, que ces portraits existeront. Avec l’engagement d’un maire belge où le mariage entre personnes du même sexe est légal depuis 10 ans déjà. Ce sera bien sûr l’occasion de s’intéresser à tous les protagonistes, mariés, maire, témoins… Le premier mariage se déroulera jeudi prochain, 21 mars, à 20h.

Vous pouvez donc vous abonner à la chaîne YouTube, suivre la page Google+ pour commenter en live le hangout, adopter le Twibbon mais surtout, partager dès maintenant sur Facebook, Twitter, Google + ou partout où vous le souhaitez cette vidéo invitation au premier mariage. Cette vidéo sera incluse dans la comptabilisation des partages.

A propos du collectif Tous Unis Pour l’Egalité

Initié par Vincent Viollain, le collectif Tous Unis Pour l’Egalité est un collectif apolitique qui réunit des personnalités pour le déploiement d’une mobilisation autour du mariage pour tous. Il est notamment composé de Emmanuelle Campo de l’association Animafac, Gilbert Branchet du Reald, Louis-Georges Tin du Comité IDAHO, Nicolas Noguier du Refuge, Catherine Tripon de L’Autre Cercle, Guillaume Allenet du Caelif, Catherine Michaud de GayLib, François Rico de l’ADFH, Arnaud Sanchez, Thibault Poutrel et Philippe Chauliaguet.

Le collectif organise un mariage symbolique en vidéo sur Internet entre deux personnes du même sexe à compter du 21 mars.

Retrouvez toutes les informations et les actus sur www.tousunispourlegalite.com

J’aimerais aussi en profiter pour remercier ceux de mon équipe qui ont levé la main pour donner de leur temps, sur la base du bénévolat. Merci en particulier à Marie, Servane, Trang, Aurélien, Charles-Antoine et Charles pour leur temps précieux depuis 1 semaine.

 

J’ai fait l’armée je vous dis !

Après toutes ces années, je continue à voir les yeux de mes interlocuteurs s’arrondir quand je leur parle de mes « bons souvenirs au service militaire ». Pourtant, j’ai fait mon coming out sur ce blog il y a longtemps : non seulement j’ai fait l’armée mais en plus j’ai kiffé !

Il semble qu’on ne me croie pas plus qu’il y a 10 ans, je me vois donc dans l’obligation de sortir l’artillerie lourde : LA PHOTO (le dossier diront d’autres…). Déjà un téléphone à la main (un talkie walkie à l’époque hein), le brassard sécurité fièrement exposé, le FAMAS en bandoulière, tout y est. Et je ne résiste pas au plaisir de republier le détail de mes « exploits » militaires pour fêter le 20ème anniversaire de ma séparation avec l’armée.

En 1992, j’avais la possibilité de faire mon service militaire entre 2 années d’étude dans mon école de com. J’avais aussi au passage un accès confortable au SIRPA, en tant qu’aspirant au service de com des armées, histoire de me planquer pendant 10 mois et faire la fête tranquille à Paris. J’ai plutôt choisi le19ème Régiment du Génie de la Garnison de Besançon et ma famille à proximité, moi qui avais mis tant d’énergie à « monter à la capitale… ». Le prix à payer pour “faire l’armée” dans ma ville d’origine me paraissait alors de l’ordre du détail : 3 mois de classe et une affectation ultérieure indéterminée.

Les débuts m’ont fait l’effet d’une grande claque, une violente sortie de l’univers cotonné dans lequel je ne savais même pas que j’évoluais auparavant. La quasi totalité de la population française masculine était concernée et mélangée au hasard de mois de naissance concordants, sans considération de classe sociale, ce qui arrive finalement rarement dans le parcours d’une vie. Mes premiers jours de service militaire ont donc transformé un chiffre, auquel on s’est tellement habitué qu’on ne le voit plus, en réalité sociale. Notre pays compte plus de 10% d’analphabètes. Et au-delà de la capacité à lire ou écrire un texte simple, ce sont parfois des rudiments de vie quotidienne qui échappaient à mes conscrits. Se saluer le matin et le soir, prendre un douche tous les jours ou déjeuner assis à une table à heure fixe se révélaient pour certains une nouveauté à laquelle ils adhéraient avec plus ou moins de facilité.

Dès les premiers jours, des groupes se sont formés, certains tentant de prendre l’ascendant sur les autres. La nature humaine. A ce jeu là, je n’étais pas forcément le meilleur. Pas armé. Moi qui avais plutôt jusque là été habitué à être bien vu par mes profs, je devais me coltiner un sergent qui de toute évidence me détestait. Résultat : mes rangers n’étaient jamais assez cirées, mon tour venait assez souvent pour les corvées, j’étais toujours celui qui essuyait les plâtres pour les exercices… Il y avait aussi les “anciens” de plus de 3 mois bien décidés à en faire baver aux “bleus”, en mettant une grande énergie à nous compliquer la vie. Et enfin, l’idée des nuits passées dans un trou de combat peut se révéler ludique jusqu’à ce qu’elle se vive en plein mois d’octobre sous la pluie jurassienne.

N’ayant pas particulièrement l’intention d’expérimenter 90 jours en enfer ni de rejouer la petite fille aux allumettes, j’ai décidé qu’il y aurait les disciplines dans lesquelles je serais le meilleur et que ça m’aiderait : personne ne m’a jamais battu au concours de montage/démontage de FAMAS le plus rapide ni aux montées à la corde avec les bras. Je n’y ai gagné aucun respect mais de la fierté. Pour le respect, j’ai compris que je devais prendre un risque.

Un jour où le “chef “de ma chambrée, costaud type rugbyman et craint de tous, avait décidé que ridiculiser en public le plus faible d’entre-nous pourrait aider à faire passer le temps, j’ai vu une belle façon de prendre un risque. J’ai pris une énorme respiration, descendu ma voix de 2 tonalités (je ne fumais pas encore à l’époque), gonflé le torse et je me suis planté devant lui pour lui faire savoir sur un ton presque détaché que ça n’amusait que lui. Je ne saurai jamais ce qui l’a retenu de m’en coller une devant mes camarades partagés entre inquiétude et goût du sang, qui n’auraient de toute façon pas bougé, mais il s’est marré et a abandonné l’idée : j’y ai gagné une mâchoire intacte… et le respect de mes compatriotes. Et enfin, ma plus grande résolution a été de décréter que chaque moment désagréable deviendrait un film dont j’étais le héros. Lorsque que mon tour de garde arrivait dans mon trou de combat inondé, alors que je voyais quasiment la fenêtre de ma chambre dans la lunette de mon FAMAS, je tournais le long-métrage le plus drôle de l’histoire du cinéma.

A l’issue de trois premiers mois difficiles mais instructifs, le verdict est tombé : mon sergent préféré avait oeuvré pour que je reste 2ème classe quelques mois de plus. Avec à la clé des missions terrain caractéristiques du Génie : explosifs, tirs au revolver, parcours du combattant. Autant de punitions potentielles qui se sont transformées en partie de plaisir, une véritable superproduction hollywoodienne : tout devenait un jeu. Et ma “bonne résistance face à la pression que représente des armes réelles” m’a valu les compliments en public du Lieutenant pourtant réputé avare en la matière.

Un mois plus tard, je suis devenu “gradé”. Enfin “petit gradé” : Caporal-Chef. Suffisamment gradé pour prendre en même temps des responsabilité dans la sécurité et la tête d’une équipe de 4 gars que je ne connaissais pas. Deux de Marseille, un de Lille et le dernier de la banlieue de Lyon. Aucun du genre à se laisser diriger au sein d’une équipe, ni à éviter de rouler un pétard en pleine garde juste parce que je le leur demandais. Notre travail consistait à assurer la sécurité d’un site avec pour seule vraie contrainte des tours de garde quelque peu solitaires et ennuyeux en pleine nuit.

Un soir où je n’étais pas de garde et dormais, de violents coups de klaxon m’ont réveillé en sursaut. Le temps d’apercevoir les 4 lits autour de moi occupés, j’ai compris que l’un des deux marseillais avait jugé bon de se coucher plutôt que d’assurer sa mission de surveillance. C’est à ce moment que le Lieutenant avait décidé pour la première fois depuis des mois de venir visiter ses quartiers au beau milieu de la nuit. C’est donc ébouriffé et en vrac que j’ai couru ouvrir la barrière à plus de 3h00 du matin. Lorsque le Lieutenant est venu me demander des comptes, alors que je croyais les gars toujours en plein sommeil, je me suis entendu lui dire que c’était de ma faute et que je m’étais endormi à mon poste alors que c’était mon tour de garde. Sans autre conséquence qu’un grognement agacé du Lieutenant qui je crois m’aimais bien. Ce n’est que le lendemain, alors que je n’avais pas encore évoqué l’événement, que j’ai appris que mon équipe avait tout entendu et se sentait infiniment redevable de les avoir couverts. Ils me l’ont montré à leur façon, en partageant avec moi mon tout premier joint et en assurant l’intégralité de leur tour de garde jusqu’à la fin de mon service qui se terminait 2 mois plus tôt que le leur.

Le moment le plus marquant de cette période a eu lieu la dernière semaine : l’exercice du jour consistait à progresser en équipe dans un espace plongé dans la pénombre totale, le tout sans prononcer le moindre mot. Un peu Koh Lanta avant l’heure. Exercice réputé anxiogène, de façon parfois totalement irrationnelle. En plein milieu du parcours, j’ai commencé à me sentir oppressé, angoissé par le noir absolu. Alors que je m’apprêtais à demander de l’aide, j’ai senti une main attraper la mienne pour me guider dans la bonne direction, jusqu’à la sortie. C’était la main du marseillais qui avait raté son tour de garde quelques mois plus tôt. C’était devenu un ami avec lequel j’ai continué à correspondre pendant plusieurs années.

Mon service militaire m’a permis de mesurer à quel point il est stupide de considérer son environnement direct comme représentatif d’une population quelle qu’elle soit. Il m’a aidé à comprendre que gagner le respect nécessite parfois de s’exposer. Il m’a aussi donné quelques clés de management qui me sont utiles aujourd’hui encore. Et il m’a donné l’opportunité de vivre des expériences explosives que je ne vivrai jamais plus et m’a appris à prendre les moments difficiles comme un jeu.

Je continue à penser que la suppression du Service Militaire n’était pas une bonne idée, une évolution aurait fait plus de sens. Je suis sûr qu’on y reviendra.

Allo le monde, bitch !

Les médias ont fait ces dernières semaines des choses bizarres, on ne se comprend plus eux et moi. Deux starifications m’ont laissé sans voix, une annulation m’a déçu très fort, à peine quelques petites bonnes nouvelles pour compenser l’état de morosité qui m’a envahi. Revue en détails.

D’abord, la séquence médiatique anti mariage pour tous, portée par Frigide Barjot, me laisse quelque peu en suspend. FRIGIDE BARJOT ?? Comment un mouvement très bourgeois catho a-t-il pu s’incarner dans l’interprète du très oubliable « Fais moi l’amour avec 2 doigts« , people en mal de célébrité, longtemps amie de la communauté gay, dont on a compris cette semaine qu’elle n’était même plus soutenue par ses proches, notamment moquée par son beau-frère Karl Zero. Mais ça ne semble pas avoir ralenti la mobilisation, la cause serait-elle pour ses défenseurs plus forte que sa porte parole ? Vaut-il mieux une incarnation forte même si décalée que pas d’incarnation du tout (ce dont souffre la mobilisation pour les pro- Mariage pour tous ?). Si quelqu’un trouve la réponse, je suis preneur.

Ensuite, sous l’impulsion des politiques, les médias ont choisi d’ignorer le Mali et l’Algérie pour ériger en icône jusqu’à l’overdose celle pour qui l’opinion publique a exprimé depuis longtemps son désintérêt voire un doute marqué quant à sa supposée non culpabilité. Je ne sais pas plus que les autres avec certitude la vérité sur cette culpabilité, ce que je sais pour avoir creusé le sujet dans le cadre de mon travail jusqu’à il y a quelques mois, c’est que l’opinion publique française est dans sa majorité et depuis longtemps suspicieuse et agacée par la voix donnée exclusivement aux défenseurs de Florence Cassez. Probablement portée par son avocat, elle n’a pas été avare en déclarations, de conférences de presse à « entretiens exclusifs ». Malgré des spectateurs qui criaient à l’overdose après avoir suivi avec intérêt l’étape de la libération. Même si elle est coupable de complicité, on peut penser qu’elle a payé sa dette. Si elle est innocente, il faut la soutenir. Mais la justice mexicaine ne s’est pas prononcée sur ce point et laisser penser l’inverse revient à mentir. Heureusement, quelques voix sélèvent pour contester ce traitement très orienté qui est même allé jusqu’à comparer la dame à une otage. On devrait encore en entendre parler, longtemps.

Sans aucun lien et dans ce monde de bruts en perdition, la pire nouvelle de ma semaine vient d’ABC qui a fait pire que d’annuler l’une de mes séries préférées du moment en déprogrammant carrément la diffusion des 8 derniers épisodes de la saison 2 de Don’t trust the bitch in apt 23. Vous ne connaissez pas #Apt23 ? Imaginez un Friends déjanté et politiquement incorrect, une Phoebe décadente avec un mauvais fond assumé, une Rachel blonde venue de l’illinois, un Joey qui aurait connu son heure de gloire (dans Dawson) et vous obtenez la sitcom la plus réjouissante des années 2010.

Le pitch : June débarque avec toute sa fraicheur naïve à New York de son Illinois natal et se retrouve sans emploi, en colloc avec une Chloé amorale, nymphomane, menteuse, voleuse et alcoolique. Contre toute attente, une amitié va naître et embarquer June dans un monde peuplé de personnages haut en couleur : un voisin d’en face obsédé sexuel, une voisine d’à côté envahissante d’amour pour Chloé et surtout James Van der Beek dans son propre rôle vitriolé. Ce qui nous vaut notamment une plongée hilarante dans les coulisses de Dancing with the stars et quelques « réunions » avec d’autres anciennes stars de séries pour ado (tel que Mark-Paul Gosselaar).

Les dialogues ciselés offrent à l’héroïne aussi detestable qu’attachante des sorties mémorables (parfaitement interprétées par Krysten Ritter qu’on avait déjà remarquée dans Breaking Bad)

C’est James Van Der Beek lui-même qui a annoncé la nouvelle sur Twitter en regrettant au passage un mode de mesure d’audience dépassé (les chiffres d’audience sur ABC étant en effet faibles alors que la série cartonne sur le web).

 

Par chance, ma semaine a aussi été relevée de quelques moments de pur plaisir, comme des sas de décompression :

– La découverte mercredi de Ballet Revolucion qui se singularise par l’interprétation, avec orchestre live, de titres de Shakira, Prince, Jenifer Lopez, Beyonce… par une troupe de danseurs cubains qui réunissent la danse classique, le tango ou encore le hip hop. Jusqu’au 7 février au Casino de Paris.

– En tant que livetwitteur pratiquant, je me réjouis de l’arrivée de l’application My TF1 CONNECT qui va offrir dès la fin de la semaine l’offre la plus avancée en matière de deuxième écran en France pour twitter efficacement les programmes télé. L’ Instant replay notamment permet de partager la séquence dont on parle mais également de rattraper facilement un programme en cours de route pour se retrouver en live avec les autres commentateurs sur les media sociaux. De plus, CONNECT permettra aux téléspectateurs de jouer le 5ème coach de The Voice (qui revient samedi prochain) et de déterminer si un candidat va être retenu et quel coach il va choisir. Des prix seront à gagner. (j’en profite pour célébrer ce matin mon tweet diffusé en direct dans les NRJ Music Awards qui m’a valu une soirée passée à faire du service après-vente mais fier comme un paon).

Ma wishlist 2013

Pas de résolution pour moi en 2013. Plutôt des envies, c’est plus drôle. Un ami m’a appris qu’il fallait exprimer ses rêves à voix haute pour qu’ils se réalisent, avec un peu de chance, ça marche aussi si on les écrit dans son blog. Alors voilà. Evidemment, je n’ai choisi que mes envies les moins accessibles, les moins préparées, les moins probables…

Visiter Tel Aviv

Israel - Tel Aviv

Reprendre des études en fac de philo

Être invité au Festival de Monte Carlo

Rencontrer le casting de mes séries préférées, assister au tournage d’au moins l’une d’entre elles (au choix,  je suis pas difficile)

Dans le désordre et sans exhaustivité :

Breaking Bad
Homeland
Smash
Revenge
Hot in Cleveland
Downton Abbey

 Retravailler pour Pixar

 

 

 

 

 

Ecrire un livre

 

 

 

 

 

 

Bilan dans 1 an ?

Sans filtre

C’était en 2009. Je me suis vu du jour au lendemain plonger dans l’incapacité totale de mettre de filtres, ceux qui rendent notre vie en société gérable. Ces filtres que la grande majorité d’entre-nous utilisons à chaque instant, naturellement, nous protégeant d’une transparence absolue invivable.

Cette période là a laissé des traces. Qui ne se voient pas, sans doute pas assez d’ailleurs. Des enseignements positifs, qui contribuent aujourd’hui, chaque jour, à un bonheur que je mets beaucoup d’énergie à entretenir. Sauf dans ce moment des fêtes de fin d’année qui me replonge invariablement dans un état proche de ce que j’ai connu il y a 3 ans et demi. Sans savoir exactement pourquoi, je frôle alors une humeur que le VIIIè siècle aurait qualifiée de mélancolique, assez éloignée de mon caractère habituel.  Comme chaque année, je l’oublierai pendant les 12 mois qui viennent. Mais cette fois-ci, j’ai égoïstement envie de prendre le temps de me souvenir.

Un moment de vie presque ordinaire

J’ai essayé tant bien que mal de gérer la disparition d’une proche. Plutôt mal globalement. Echouant à me rendre utile là où j’aurais sans doute pu l’être, incapable de maîtriser mon émotion dans ses derniers instants à l’hôpital, pas armé pour encaisser la violence de la phase terminale d’un cancer. J’ai expérimenté sur moi la réalité physique d’expressions du quotidien que je croyais exagérées : « avoir le souffle littéralement coupé », « voir le sol se dérober sous ses pieds », « l’émotion à fleur de peau »…

J’ai laissé ma nature profonde prendre les rennes : beaucoup de travail, pour laisser aussi peu que possible la place à des moments qui imposeraient ma tristesse à ceux que j’aime. Jusqu’à ce que la peine devienne assez rapidement supportable.

L’impression de burn out

Quelques semaines plus tard, en arrivant au bureau, là où j’avais tout ce temps gardé le contrôle absolu, j’ai senti que je serais absolument incapable de faire face. Et j’ai su qu’il fallait que je débranche tout, très vite. J’avais assisté dans mon entourage à des burn out, j’en connaissais les symptômes, j’en étais de toute évidence pour la première fois victime. Le peu de réunions de transition organisées en urgence pour donner les clés d’un gros dossier sur lequel je travaillais alors n’ont fait que confirmer mes craintes : au bord des larmes, j’ai fait du mieux que j’ai pu avant de disparaître sans m’engager sur aucune date de retour. J’ai juste posé des jours de vacances.

Arrivé chez moi, j’ai aussitôt éteint mon ordinateur, mon blackberry et mon iPhone, me laissant loin de tout SMS et réseau social. Pour me protéger d’une éventuelle tentation de partage en temps réel de mon état du moment. Je le ferais peut être un jour, avec du recul, surtout pas sur le moment.

10 jours de vie sans filtre

Le soir même, j’ai appelé la seule personne qui me semblait pouvoir m’aider : un ami qui m’est cher, médecin de son état. C’est en lui parlant que j’ai mesuré cette absence absolue de filtres entre mes sentiments et ma façon de les exprimer. Parfois blessant, probablement touchant mais sans aucun doute déstabilisant, rien de ce qui me traversait l’esprit n’était pas exprimé. Sans aucune considération de l’effet provoqué sur mon interlocuteur. Ce que j’avais pour habitude de penser ou de me contenter d’écrire était verbalisé, sans ménagement. Pour m’aider, j’ai eu droit ce soir là à une oreille attentive et indulgente pendant plusieurs heures ainsi qu’à une petite cure de Prozac.

Il se trouve que l’année 2009 était celle de mes 40 ans. Ce n’est que bien plus tard que je ferais le lien entre mon état et cette perspective. Une fête aurait lieu dans quelques semaines, je saurais y faire face. Mais c’est surtout mes amis d’adolescence que j’ai recroisé sous leur impulsion, alors qu’ils entraient eux aussi dans leur quatrième décennie, qui ont pratiqué mon nouveau sens de la franchise absolue. En préparant une grande fête de retrouvailles, ils ont du me trouver changé, pour le moins direct, très émotionnel et sorti de la réserve qui avait particulièrement caractérisé mon passage à l’âge adulte. Le lien affectif n’était pas du même ordre que mon entourage d’adulte, les enjeux étaient faibles, je n’avais pas particulièrement de compte à régler avec qui que ce soit, ce retour vers le passé s’est révélé salvateur. La facette positive de mon état était une capacité très nouvelle pour moi de dire simplement à mes interlocuteurs ce qu’ils représentaient à mes yeux, parfois même de leur révéler à quel point ils comptaient pour moi. Et d’en mesurer tout le bénéfice en retour.

Puis tout a repris son cours « normal », en une dizaine de jours, jusqu’à ce que je retrouve le chemin du travail. A un détail près : je ne me croirais plus jamais protégé de moments de faiblesse comme ceux-ci, ni de leur fulgurance.

Les failles de fin d’année

Ce qui est étonnant au moment du Nouvel an, c’est que beaucoup semblent entrer dans une période sans filtre, qui me renvoie invariablement à la mienne. On se dit qu’on s’aime, on se l’écrit par SMS, sans la réserve qui nous tient tout le reste de l’année. Depuis 2009, aucun nouvel an ne s’est déroulé sans qu’au moins un message ne me fasse monter les larmes aux yeux. Et c’est à chaque fois le même effet très réconfortant d’être entouré de gens qu’on aime, qui se mélange à une émotion trouble que je reconnais, qui a un jour débordé, incontrôlable. Le soir du 31 décembre en particulier est donc devenu un moment où je me protège, en évitant soigneusement les regroupements festifs. Je le consacre plutôt à la lecture, parfois à l’écriture. Cette fois-ci, j’en suivrai le processus jusqu’au bout, jusqu’à en publier au moins une partie, sans me soucier de l’impudeur qui va avec.

Mais au-delà, j’ai retenu l’effet que provoquait la transparence des sentiments, j’essaie de dire mieux à ceux qui comptent qu’ils comptent, retirant volontairement certains filtres plus artificiels que constructifs. La crise de la quarantaine n’arrive qu’une fois mais elle apprend au minimum à se préparer à la prochaine dont on comprend qu’elle arrivera, même si on s’en croit protégé. Avec un peu de chance, ça fait de moi quelqu’un d’un peu meilleur, on ne va pas s’en plaindre.

La préface que je n’écrirai pas

Pour la première fois, j’ai du me résigner : je ne pourrais pas tenir mon engagement. En tout cas pas en diletante donc pas dans les temps. Pourtant, le sujet me semblait important mais pas tellement plus complexe que les préfaces de livres ou de mémoires sur les thèmes de communication classiques pour lesquels on me sollicite habituellement. Je me suis trompé.

Le postulat de départ était simple : si le rapport à l’image est l’une des composantes de mon métier, conditionne-t-il les capacités d’un communicant ? Et notamment, la beauté fabrique-t-elle de bons communicants et inversement ?

L’étudiante ayant choisi de scanner la problématique largement, socialement autant que professionnellement, je m’étais engagé à une préface illustrée de témoignages d’hommes et de femmes sur leur façon de gérer voire jouer de leur physique dans leurs relations au quotidien.

Après avoir eu instinctivement la bonne idée d’éviter d’interroger des proches sur le sujet, j’ai sollicité au hasard de rencontres des gens qui avaient pour seul point commun un goût évident pour la communication interpersonnelle. Le premier niveau de réponse se révélant aussi creux qu’inexploitable, balayé d’un revers de trait d’humour, j’ai compris qu’il faudrait prendre le temps de creuser un sujet qui ne se survole pas. J’ai donc fixé des entretiens avec un garçon qui jouait de toute évidence de son physique disgracieux avec abus d’excentricité, une très joie fille qui semblait l’ignorer, un ex-mannequin d’Abercrombie en quête de reconversion et une demoiselle grande gueule qui me paraissait défendre son droit à l’indifférence physique.

En 4 entretiens, j’ai réalisé que mes questions entraient au plus profond de l’intimité de l’humain. Des douleurs d’enfance aux combats quotidiens de l’adulte, tout y passait. Avec des révoltes, du sentiment d’injustice, des larmes même. Je me retrouvais assez vite dans la position du psy de comptoir que je déteste. Contre toute attente, la beauté semblait un poids au moins aussi lourd à porter que la disgrace. « Un enfant laid le restera toute sa vie, je ne comprends pas les regards qui se posent sur moi avant de mettre en doute mon honnêteté quand je m’en étonne. J’ai cultivé mon fort caractère pour qu’il compte plus que ce qu’on voit, ce n’est pas une coquetterie« . « Mon excentricité était mon dernier rempart avant le désespoir, elle n’est pas que physique, elle a fait de moi un leader naturel dans un groupe, une posture souvent prise pour une facilité à communiquer. » … Signe à mes yeux de la pire attitude possible pour un intervieweur, je ne pouvais m’empêcher de m’identifier à mes interlocuteurs et de projeter sur moi certaines des situations qu’ils décrivaient et n’avaient pourtant jamais occupé mes pensées.

L’un des bénéfices de l’engagement auprès d’étudiants ou jeunes auteurs est de traiter des problématiques qu’on n’aurait jamais abordé spontanément. Je continue aujourd’hui à en profiter. Dans ce cas, j’ai senti que le sujet m’échappait, m’emmenait trop loin, au-delà de thèmes techniques dans lesquels l’émotionnel ne compte presque pas. J’y reviendrai un jour, peut-être. Désolé pour cette fois.

Turbulences

J’ai peur en avion. C’est pas un scoop et c’est aussi irrationnel qu’incontrôlable. Et ça ne va pas exactement en s’arrangeant, je l’ai encore vérifié cette semaine.

Tout avait pourtant bien commencé : lundi, j’étais dans le train en direction de Lyon pour donner un cours à la Faculté de Philosophie Université Jean Moulin Lyon 3, Master Ethique et Développement Durable, Module communication, même pas peur. Pas peur du train je veux dire parce que parler communication à des philosophes branchés éthique ressemble un peu à proposer un Double BigMac à un végétarien militant, ça nécessite un peu de courage, pas mal de certitudes et une forte capacité à réinterroger ses propres fondamentaux. Mais dans le train du retour, j’étais détendu devant mon Croque Monsieur SNCF, prétentieusement persuadé d’avoir contribué à faire avancer la pensée.

Mardi, une journée à Paris avec un déplacement qui ne m’emmenait pas plus loin que La Cantine dans le centre de Paris, j’étais super détendu du transport en commun. Je pensais être crispé à l’idée de parler de moi en tant que marque sur Twitter et dans ma vie pro pour le Social Media Club France mais les photos que j’ai vu passer ressemblent plus à un type qui se la raconte tranquillement qu’à une boule de nerf angoissée.

J’en aurais presque oublié que le lendemain matin, je devais impérativement être à Londres pour une réunion à 9h à Canary Wharf. Et quand on ne peut partir que le matin même pour être à Canary Wharf à 9h, il faut se résoudre à une triste réalité : l’Eurostar matinal suivi d’une traversée de Londres à une heure de pointe ne fera pas l’affaire. J’allais donc prendre l’avion. (brrr)

Mercredi : le réveil sonne à 5 heures, c’est inutile, je suis réveillé depuis 2 heures parce que ma seule phobie plus intense que l’avion est de rater l’avion. A 6 heures, je suis dans le taxi, à 7 heures, à Orly, prêt à embarquer. Nous sommes une petite dizaine de passagers, je trouve ça presque sympa. Jusqu’à ce que je comprenne que l’avion qui nous transporte ne contient pas beaucoup plus.

Quand je vois les 2 ventilateurs accrochés aux ailes de l’avion, je me rassure en découvrant sur Google que CityJet est une filiale d’Air France, la seule compagnie qui, pour une raison absolument inconnue, me rassure. Ca se gâte assez rapidement lorsque le stewart me change de place « pour équilibrer l’avion qui est petit et pas plein, c’est juste pour le stabiliser ». Je n’ai pas d’échappatoire : prendre un lexomil n’est pas une bonne option lorsqu’on doit assurer en réunion 2 heures plus tard, demander à mon voisin de me masser la main n’est pas le meilleur garant de ma réputation dans l’avion. Je décide donc de me souvenir que je suis courageux. Tout en découvrant l’avion de Barbie version Foresti qui va me transporter jusqu’à mon rendez-vous.

Dès le décollage, je comprends que ça va pas être facile : malgré la météo parfaitement calme, la traversée des nuages ressemble à Space Mountain, dure l’intégralité du voyage (genre on vole à hauteur des perturbations) et c’est un « Windy London » qui nous attend alors que les deux roues microscopiques s’extirpent péniblement de notre avion miniature pour tenter un atterrissage.

Je ne sais plus à partir de quel trou d’air j’ai vu ma vie défiler mais je me suis bien rappelé qu’il y avait 2 ou 3 trucs bien auxquels je tenais. Parmi ceux-ci, il y avait la saison 2 d’Homeland dans laquelle j’ai aussitôt décidé que je me replongerais (épisode 3) à l’occasion du trajet retour quelques heures plus tard. Peine perdue : c’est un Space Mountain sous amphétamine qui m’attendait, l’iPad menaçant de venir s’encastrer dans ma boite crânienne dès le (très long) générique de ma série préférée (qui doit quand même confirmer son potentiel en saison 2, soit dit en passant).

Voilà, vous pouvez vous moquer : j’ai peur en avion.