HBO, Love Brand

Avec Euphoria, mon dernier coup de cœur série, j’ai tout à coup réalisé pourquoi HBO était de loin ma chaîne préférée. Et peut-être la mieux positionnée pour gagner ses galons de Love Brand au coeur de la bataille de la SVOD qui s’annonce.

En réinventant le « Teen Drama » encore mieux que d’autres auparavant (je pense à « Skins »), quitte à trouver son inspiration ailleurs (ici une série israélienne), la série déstabilise, dérange avant de réussir à rendre ses personnages addictifs. Elle met en scène une frange à la dérive d’adolescents américains avec comme seul personnage solaire Jules, jeune adolescente en transition. Mais l’adaptation fait preuve d’une exigence rare, d’un regard sans concession (parfois frontal) où chaque plan est millimétré jusqu’à créer des moments d’exceptions, l’un d’eux clôt la saison 1 et restera gravé longtemps avec autre chose qu’un « simple » twist.

Et c’est bien la promesse de la marque HBO, celle sur laquelle elle n’a jamais déçu : s’approprier un genre (policier, drama, fantasy, sitcom, bientôt super-héros…) et le réinventer. Le faire basculer dans un âge adulte et lui donner un intérêt qui nous nous avait pas forcément capté jusque là (séries girly, l’univers carcéral, la mafia… dans mon cas). Elle a aussi créé au passage des tendances et de nouveaux formats. Le potentiel de la marque, Warner l’a d’ailleurs bien compris en renommant cette année sa future plateforme de SVOD « HBO Max ».

En France, c’est d’abord la chaîne « Canal Jimmy » devenue « Jimmy » avant de disparaître qui a fait découvrir les pépites de HBO et au passage mes premiers coups de coeur série adulte.

En 1992, j’ai ainsi été happé par un format de sitcom que je n’avais jamais vu : « Dream On » racontait les aventures d’un éditeur de livre New-Yorkais dont les pensées sont matérialisées avec des extraits de films et dessins-animés en noir et blanc des années 30 à 50. Jubilatoire et (déjà) métaphorique.

Dans les années 90, s’attaque à 3 autres genres. La série de filles trouve ses lettres de noblesse avec « Sex in the city » mais ce sont deux autres productions qui me marquent pour longtemps : « Oz » dans l’univers carcéral et les « Soprano » dans celui de la mafia inventent le principe des anti-héros, lorsque les méchants deviennent ceux qu’on aime. La métaphore s’invite pour l’occasion dans un nouvel espace, moins attendu. Leur succès à ouvert la voie à de nombreuses autres grandes séries, de « Breaking Bad » à « Dexter ».

Dans les années 2000, le surnaturel est à l’honneur avec les vampires de « True Blood » et l’univers étrange de fête foraine dans « Carnival ». Mais c’est l’histoire d’une famille de croque-mort qui réussit à séduire public, critique… et moi au point de la classer durablement en tête de mes séries préférées de tous les temps. J’avoue être passé à côté de « The Wire », policier sur fond de criminalité sans le manichéisme auquel la télévision nous avait habitué. En tête de liste de mes lacunes à rattraper un jour…

Au début des années 2010, c’est d’abord le succès sans précédent de « Game of Thrones » qui marque la chaîne. Mais mon coup de cœur va à « The Leftovers », série époustouflante sur le deuil qui pousse très loin la métaphore et j’aime la façon dont « Looking », dans un style plus brut, sort des clichés pour traiter de la communauté LGBT.

Parmi les séries toujours à l’affiche, si « Westworld » et « True Detective » nous ont un peu perdu en route, « Big Little Lies » offre une deuxième saison bien meilleure que ce que ceux qui ne l’ont pas regardée jusqu’au bout laisse entendre, en réorientant intelligemment le focus du rapport « mari et femme » au rapport « mère et enfants ».

Au fil du temps, ce sont aussi des mini-séries exceptionnelles qui ont fait de HBO la chaîne événementielle qu’elle est aujourd’hui. Si elle a commencé très fort avec « Angels in america » en 2003, c’est au cours de ces 3 dernières années que les meilleures « limited series » sont arrivées sur HBO, appliquant sont principe de « réinvention » aux univers de la dystopie (« Years and years ») ou du fait historique quasi documentaire (« Chernobyl »).

Pour la suite, la marque de fabrique HBO semble fonctionner à plein pour rendre de nouveau intéressant le genre usé jusqu’à la moelle des super-héros. Au moment où Amazon Prime vient de faire brillamment le boulot avec le sublime « The Boyz ». Le teaser de « Watchmen » réussit pourtant à nous y faire croire. Bon signe : l’homme qui a fait « The leftovers » est aux manettes. Verdict cet automne.

Au-delà des programmes, en annonçant une recommandation plus humaine et moins algorithmique, la plateforme semble en plus avoir compris avant ses concurrents l’importance de la dimension communautaire intégrée de la SVOD.

Une réponse sur “HBO, Love Brand”

  1. D’accord sur le fonds el l’analyse. Joli post par ailleurs , laïc comment s’abonner dans ces contrées ?

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