L’album qui RESISTE au temps

L’un des bénéfices des plateformes de musique en streaming Deezer ou Spotify, qui permettent enfin au marché de la musique de retrouver des couleurs, est de retomber sur de vieux albums avec effet Madeleine de Proust immédiat.

C’est ce qui m’est arrivé aujourd’hui avec l’album « Paris, France » de France Gall paru en 1980.

Je l’avais complètement oublié, cet album. Le redécouvrir aujourd’hui m’a replongé directement dans l’année de mes 11 ans. Autant dire que j’ai passé une journée spéciale. Je n’étais pas encore un ado, je découvrais les joies des colonies de vacances, ma sœur me racontait ses histoires d’amour, j’arrivais au collège, je voulais devenir le roi du monde, mes parents se demandaient ce qu’on allait bien pouvoir faire de moi, j’étais timide tendance introverti, je rendais dingue ma prof de piano, je séchais mes cours de judo… C’est tout ça, « Paris, France », pour moi.

Cet album, tout le monde le connaît, pour une mauvaise raison : l’énorme méga tube qui est resté dans les mémoires collectives, « Il jouait du piano debout ». Inspiré par Jerry Lee Lewis et pas du tout par Elton John comme tout le monde le disait à l’époque, le titre avait tourné tout l’été à la radio, devenant le tube français de l’année.

Je l’avais aimé 2 minutes ce titre, avant que l’overdose ne me gagne. Ce qui m’avait laissé suffisamment de temps pour me faire offrir la cassette. Et de tomber sous le charme de l’intégralité des autres titres.

Ceux qui me connaissent savent ma passion des listes et des classements. J’ai donc passé chaque moment de cerveau disponible aujourd’hui à refaire le classement de mes titres préférés (en dehors de celui que tout le monde connait, donc) :

1. « Plus haut »

J’ai aimé tout de suite cette balade plutôt optimiste qui, à la mort de Michel Berger, prendra une toute autre résonnance. Je regretterai longtemps de ne pas avoir pu voir France Gall interpréter « Plus haut » sur scène, dans l’une de ses nombreuses réorchestration, comme ici à l’Olympia en 1997.

2. « Bébé comme la vie »

Encore un titre qui a pris de la densité au fil des années. Qui rappelle que la vie est courte. « C’est l’heure de dire où suis-je, quel est ce monde là ? C’est fini déjà. » Je me souviens d’un petit sentiment d’urgence qui m’est resté.

3. « Trop grand pour moi »

Un titre assez noir qui m’avait pourtant laissé en mémoire un optimisme dynamisant. C’est plus l’urgence nécessaire pour découvrir un maximum un monde trop grand que la frustration de ne jamais le découvrir ou de me sentir petit et fragile que j’en retiens.

4. « Ma vieille Europe »

Une charge autant qu’une déclaration d’amour au vieux continent qui reste d’une modernité assez incroyable 36 ans plus tard.

5. « Plus d’été »

J’aimais le rythme, la mélodie et, quelle surprise, le sentiment d’urgence absolue qui s’en dégage. La dimension environnementale ne m’avait pas traversé.

6. « La chanteuse qui a tout donné »

C’est la chanson que je chantais devant ma glace. Comme si j’étais un chanteur déjà désabusé, revenu de la gloire, de la scène, du public ingrat.

7. « Parler, parler »

« Parler de tout et de rien, parler de demain matin, même si ça ne change rien, ça fait du bien d’en parler ». C’était tellement pas moi ! Mais j’aimais bien le côté « ça rentre dans la tête et ça n’en sort plus ». Un autre tube de l’album.

« Les moments où j’aime tout le monde » et « La mort douce » sont les 2 seuls titres qui ne m’ont rien évoqué;: sympa, pas dingue, en accéléré sur la cassette qui aura eu du mal à s’en remettre. Et qui a disparu depuis d’ailleurs.

Autant dire que cette redécouverte en streaming m’a ravi. Et m’a rappelé que j’avais très envie de retourner voir la comédie musicale « Résiste » pour son retour à Paris en mai.

Une réponse sur “L’album qui RESISTE au temps”

  1. A propos de « Plus haut », il existe une version commentée de la chanson sur le best of « Evidemment » qui m’avait fait racheté cet album; ma mère l’avait en vinyl, moi en cd

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