Par un étrange concours de circonstance, une partie de mes deux dernières semaines a été consacrée à participer ou assister à des présentations ou formations sur la communication d’entreprise ponctuées d’intervention sur les blogs. L’occasion de relever la disparité des avis sur le sujet des intervenants que je classerais en 2 catégories :
- Les "convaincus enthousiastes" : pour eux, il ne fait aucun doute que l’avenir du monde tout entier passe par les blogs, la blogosphère et ses blogueurs. La preuve ? Bientôt 20 millions de blogs sur la planète et presque 4 millions en France, un phénomène de société dont tout le monde parle, de multiples cas d’école, des patrons blogueurs, des business models qui apparaissent, des entreprises qui s’y font (La Fraise) et s’y défont (Kryptonite), des politiques précurseurs sur les blogs, de l’argent à gagner, des habitudes de communication adoptées par les jeunes, des outils de recherche de plus en plus imprégnés de blogs, des blogueurs mais aussi lecteurs de blogs influents…
- Les "réfractaires désabusés" : pour eux, tout ça n’est qu’un feu de paille qui agite un microcosme d’égocentriques à la recherche de reconnaissance. La preuve ? La moitié des blogs ne sont plus actifs après 3 mois, rien ne flatte plus un blogueur qu’une visibilité dans la presse qu’il décrit pourtant comme moribonde, qui a réellement monté un business gagnant en s’appuyant sur les blogs ?, on retrouve toujours les mêmes dans la blogosphère qui fonctionne sur un copinage stérile, des journalistes amusés de cet amateurisme qui ne risque pas de leur faire d’ombre, un temps démesuré à y consacrer par les entreprises pour un impact limité et une exposition dangereuse…
C’est sans compter sur la catégorie la plus importante en nombre, celle qui compose en majorité le public : les "hallucinés hagards" auxquels on demande de comprendre en 30 minutes chrono ce que "blog", "RSS", "podcasting", "videocast", "wiki", "agrégateur", "geek" ou encore "ranking de moteurs de recherche" signifient. Tout ça avant de tenter d’en analyser l’impact sur leur métier. D’un côté on leur dit : "ne ratez pas le train, courrez", de l’autre : "ne perdez pas votre temps sur un sujet vain". Dans la quasi totalité des cas, la catégorie s’est révélée au moins aussi perdue avant qu’après, démissionnaire devant la complexité d’un sujet qu’elle maîtrise mal.
J’ai espéré une présentation mesurée, par un professionnel éclairé, qui aurait pu exiger un temps de parole réaliste pour aborder et illustrer le sujet (2 heures au moins ?) et su exposer la réalité de ce nouvel environnement, son potentiel et ses limites, ses opportunités et ses risques, la marche à suivre pour mesurer le phénomène et se donner les moyens de fonder sa propre vision et la démarche ad hoc pour son entreprise. Elle n’est pas venue.
MAJ (25/10/05) : un point pour les "convaincus enthousiastes", le vingt-millionième blog est arrivé et selon technorati, il est français…