Goldorak, go

Vendredi soir, nous avons parlé du temps d’avant. Parmi les références, Goldorak a été cité, ce qui m’a donné envie de m’envoyer quelques épisodes dorénavant intégralement disponibles sur le web.

Si vous n’étiez pas un enfant en 1978, vous ne pouvez pas mesurer à quel point Goldorak a été un phénomène. Quand le premier épisode a été diffusé dans Récré A2 sur Antenne 2, j’étais devant ma télé et j’ai découvert ça (épisode intégral en qualité VHS qui a trop tourné) :

Le mot « manga » n’existait pas dans mon univers, je découvrais juste des dessins d’une qualité incroyable pour la télé de l’époque, des personnages auxquels je me suis attaché immédiatement. Le lendemain, à l’école, tous les garçons ne parlaient que de ça. Au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire, égrennée au fil d’épisodes unitaires, les filles s’y sont mises. Fulguropoint, Astérohache et autres Planitrons régnaient en maîtres absolus dans les cours d’école.

En parlant de l’histoire, elle avait l’exigence des séries des années 2000 : des épisodes unitaires, des arcs, un enjeu en fil continu et des évolutions majeures des personnages. Ce  qui m’a marqué en particulier, c’est que certains des épisodes étaient absolument clés dans la compréhension de l’histoire, de la transformation de chacun des jeunes fermiers en pilotes d’engins combatifs complémentaires du très fort mais pas invincible Goldorak, la révélation de l’amour de Venusia pour Actarus, l’arrivée de la soeur Phénicia, la mort de la première génération de méchants…

Le succès était tel que les profs nous en parlaient, les parents en débattaient, les objets dérivés sous forme de figurines, stickers et BD pullulaient… Une fausse version cinéma, qui n’était en fait qu’un montage de plusieurs épisodes, m’a même conduit à forcer mon père à m’accompagner (le pauvre). La musique de générique faisait un tel systématique carton qu’on a eu droit à de multiples versions, les plus connues étant celle de Noam, des Goldies (c’est dire!) et de Lionel Leroy alias Yves Martin, devenu depuis mari de Sheila, spécialisé dans les génériques de série des années 70 et 80 (L’amour du risque, Dallas, Wonder Woman, Ulysse 31…).

Si on compte les génériques de fin, il en existerait plus d’une trentaine et il semble que je sois capable de tous les chanter par coeur. J’ignorais alors que le premier générique était l’adaptation fidèle de la version japonaise.

Au jeu des voix, j’étais très fan de celle de Venusia, interprétée par Jeanne Val. La doubleuse a un jour été invitée dans Récré A2. Je me souviens du choc en découvrant cette dame née en 1930 (elle avait donc à peine 50 ans et m’en paraissait 90) révélant qu’elle était également la voix de la peste Nelly Olson dans la Petite Maison dans la Prairie. Toutes les autres voix sont restées dans ma mémoire: le Professeur avait ainsi le timbre de Charles Ingalls (avant de devenir plus tard l’Inspecteur Derrick). Actarus sera le Docteur Banner de l’Incroyable Hulk, Phénicia sera la Daphné de Scoubidou, Alcor sera Alistair dans la série concurrente de l’époque…

Parce que si violence il y avait, c’était dans les clans Goldorak contre Candy. Officiellement, les garçons d’un côté, les filles de l’autre. Au final, même si elle nous énervait, on regardait aussi les mésaventures de Candy sans qu’elle ne créé la même onde de choc chez nous.

Evidemment, 33 ans plus tard, je découvre à l’occasion de ce billet les multiples procès liés à l’argent que brassait cette série qui serait le seul programme à avoir atteint un 100% de parts de marché depuis l’apparition des mesures d’audiences (selon un article de Paris Match datant de 1979).

Je préfère mesurer à quel point la série a plutôt bien vieilli et mériterait sans doute une rediffusion (la dernière était en 1990 en France). Evidemment, dans la multitude de productions existantes, plus aucun enfant ne vivra le choc que nous avons vécu devant un Ovni qui nous sortait du l’univers cotonné de Casimir, le manège enchanté et Aglaé & Sidonie.