Complainte du vieux réac

J’avoue que je suis un peu déçu. J’avais pourtant tout mis en oeuvre depuis quelques mois pour me faire défoncer sur les réseaux sociaux par tout ce que le web compte de plus hype. A l’arrivée, c’est un echec total. Ma posture de vieux réac n’a pas provoqué le moindre petit twitt de désapprobation formelle, tout juste quelques étonnements polis. Alors que tout n’était pourtant pas que du 15ème degré.

Je passe sur les quelques exercices de styles qui consistaient à répondre face caméra au détour d’un salon à la question : êtes-vous un convaincu du web ? Je travais juste rafraichissant de répondre « non ». Pour le plus sérieux, j’ai suivi le processus avec la rigueur d’un métronome.

1/ Un message central immuable : « le web ne peut être le lieu unique de faire progresser les idées. Il tend même parfois, en les survolant, à les faire régresser. Et quand elles existent, les discussions sont au final peu contributives, à faible valeur ajoutées ou quasiment pas lues. Dans ce contexte, délaisser le débat dans la vraie vie est une erreur. »

2/ Marteler le message à chaque occasion. Lors de conférences, d’interviews ou de simples conversations, quelle que soit la question. Quoi de neuf ? Que pensez-vous de la recherche de fans sur Facebook ? Comment va le business ? Vous voulez faire quoi plus tard ?…

Pour voir ce que ça donne, un exemple avec la réponse à la question de Fadhila qui m’interrogeait sur mon rapport à l’échec :

Dans un autre style, la même démarche pour nonfiction.fr sur la communication politique :

A l’arrivée, j’ai suivi ma résolution et pu mesurer sur pièce la puissance de progression des idées dans la vraie vie, identifier le meilleur moment pour leur faire bénéficier des moments d’accélération et massification permis par le web. J’ai modifié en profondeur les stratégies proposées à mes clients en croisant beaucoup plus subtilement le traditionnel et le digital. Je me suis même mis en opposition avec certains annonceurs qui déplaçaient les investissements du traditionnel à du 100% réseaux sociaux, d’un extrême à l’autre. Et j’ai regardé depuis quelques semaines de nouveaux espaces qui pilotent mieux le débat en tentant de l’éclairer et le tirer vers le haut (en attendant Newsring…).

Je vais pouvoir revenir à des points de vue plus mesurés, beaucoup plus « intéressants », sur le dernier outil web à la mode pour mesurer l’influence ou l’infographie des pages de marques bénéficiant du plus de followers. Il ne faudra pas s’y méprendre, le vieux réac incompris que je suis quand même un peu sera toujours là, sur le web et ailleurs.

 

La non fièvre du samedi soir

La médecine d’urgence et moi avons depuis longtemps une relation compliquée. Pour faire court, il y a toujours au moins un moment où je me fais engueuler par un monsieur en blouse blanche alors que je suis de toute évidence dans une situation de faiblesse. La faute à mon métabolisme qui refuse de s’exprimer dans les pires moments, ceux où un petit signal d’alerte s’avérerait assez utile.

D’aussi loin que je me souvienne, je ne crois pas avoir déjà eu plus de 38 degrés de température, même lorsque techniquement, « ce n’est pas possible ». Mon corps choisit donc de me faire passer pour un menteur histoire d’induire en erreur un éminent membre du corps médical. Je sens bien qu’un exemple aiderait là…

En 1992, j’étais depuis quelques mois à Paris, mon médecin du moment avait décrété que le moyen de soigner mes maux de ventre chroniques depuis 1 mois s’appelait Spasfon. A la troisième visite la même semaine, la douleur restait diffuse mais de plus en plus forte, pas la moindre montée de fièvre, je sentais mon nouveau médecin parisien désemparé. Dans une réaction totalement post-adolescente,  en sortant du rendez-vous, je ne suis pas passé à la pharmacie chercher mon Ultra levure et j’ai choisi de foncer à la gare pour rentrer chez mes parents et consulter le médecin de famille.

Arrivé en gare de Besançon, j’avais eu 4 heures pour comprendre que la douleur était en train de se localiser pile au niveau de l’appendicite. C’est donc plié en deux que ma mère m’a conduit directement aux urgences où on m’a tranquillement mis un sac de glace sur le ventre, le temps d’attendre l’opération le lendemain matin (je passe sous silence le doux moment du toucher rectal qui fait hurler de douleur, juste pour tenter de conserver un minimum d’élégance).

Tout ce dont je me souviens au réveil, c’est un chirurgien visiblement pas content avec une envie irrépressible de me crier très fort dessus. « Vous avez été complètement irresponsable de prendre le train dans cet état, monsieur. On a ouvert, c’était pas beau à voir, je préfère vous le dire tout de suite. Une péritonite aigüe, y en avait partout, qu’est-ce que vous avez attendu pour consulter ? Vous vous rendez-compte que vous auriez vraiment pu y passer ?« .

Evidemment, dans ma tête, les questions se bousculaient : pourquoi je me fais engueuler ? qu’est-ce que j’ai fait comme connerie ? Pourquoi m’avoir laissé attendre une nuit entière pour m’opérer si c’était aussi urgent ?… Plutôt que de me donner des réponses, mon chirurgien commençait à m’énumérer les symptômes que j’avais FORCEMENT ressenti et qui auraient du m’envoyer direct aux urgences parisiennes. J’ai bien essayé de promettre que j’avais pris ma température et que j’étais à 37,5 mais ça n’avait convaincu personne, j’ai donc juste attendu que ça passe sans rien répondre, un peu hagard. Et me suis souvenu que c’était mon destin de me faire engueuler par un médecin en cas d’urgence.

Du coup, hier, quand je me suis pris une engueulade de 15 minutes par le médecin régulateur au téléphone, j’étais plus décontracté que la fois d’avant et bien moins que la prochaine. Que j’attends avec une impatience toute relative, ceci dit.

 

Les 10 bonnes nouvelles qui vont avec le carton d’Intouchables

Sorti depuis mercredi dernier, malgré les invitations à le voir en avant-première (merci Vincent), ce n’est que ce soir que j’ai enfin pu découvrir Intouchables. Et je ne suis pas déçu. Avec l’énorme succès d’Intouchables, je vois plein de bonnes nouvelles.

  • Les réalisateurs sont venus profiter d’une projection dans ma salle de l’UGC Ciné Cité Les Halles « avec de vrais spectateurs qui ont payé leur place » après 45 avant-première organisées en France. Pour fêter 1 million d’entrées atteint en 4 jours. Leur bonheur fait plaisir à voir.
  • Avec les 20 millions des ch’tis sont en position d’être battus, un bon film français pourrait donc enfin se trouver en tête des films français les plus vus au cinéma ces 20 dernières années.
  • Après les Petits mouchoirs en 2010, François Cluzet assure LE succès français de 2011. Discrétion et succès vont bien de pair.
  • Il suffit de voir (et entendre) Omar Sy rire pour l’aimer. Maintenant qu’il pleure aussi dans Intouchables, il va devenir incontournable et c’est une excellente nouvelle.
  • Laurent Storch de TF1 Productions est crédité au générique, et je l’aime bien Laurent Storch depuis que je l’ai croisé au concert de Lady Gaga donc je suis content pour lui
  • L’association Simon de Cyrène va toucher 5% des bénéfices du film, d’après le générique de fin. Une association qui risque de changer de dimension d’un coup !
  • Les américains vont se battre pour faire le remake (on va revérifier que c’est une bonne nouvelle…)
  • Intouchables est un succès qui élève au rang de populaire le politiquement incorrect.
  • L’ensemble des acteurs va profiter du succès, y compris l’interprète d’Yvonne (Anne Le Ny)
  • Inutile de regarder la cérémonie des César cette année, on sait déjà qui les gagnants sont (OK, Polisse est aussi dans la course)