Pas de suspens inutile : j’ai adoré « Les crevettes pailletées » ! Pourtant, ce n’était pas gagné, loin de là. Après avoir vu le film, on mesure à quel point le succès populaire, particulièrement réjouissant, n’en est qu’à ses débuts.
Une attente contrastée
La première fois que j’ai entendu parler des crevettes pailletées, j’étais un heureux bénévole aux Gay Games de Paris. C’était encore sous la forme d’une vague rumeur. Le 4 août 2018, en plein cérémonie d’ouverture, il se tournerait la scène d’un petit film français. Quelques mois plus tard, la participation du film au Festival de l’Alpes d’Huez permettait d’en savoir un peu plus sur une histoire qui frappe par sa ressemblance avec le dernier grand succès français sorti en octobre 2018. J’ai détesté « Le Grand Bain », ça n’augure rien de bon. Pourtant, on entend parler d’une salle enthousiaste avant même que le film remporte un joli Prix Spécial du Jury en janvier 2018.
Lorsque la promotion commence, ma plus grosse crainte n’est pas balayée. La presse « branchée » (Slate, Les Inrockuptibles…) évoque beauferie et clichés. Pour se rassurer, il faut aller du côté du Parisien ou du Figaro qui ne sont pas forcément mes références de prédilection en matière de goûts artistiques. La promotion se prend au passage une polémique stupide de mon point de vue (qui m’a valu de me faire déchirer sur Twitter toute une journée).
Je trouve très étonnant le déferlement sur Twitter suite à « la petite théorie » de Pierre Palmade. D’abord parce que je comprends ce qu’il veut dire mais surtout parce que ça provoque des arguments à la limite de l’homophobie et la discrimination de la part de la communauté gay https://t.co/tx541XSRTt
— Eric Maillard (@PRland) 6 mai 2019
Mais surtout, la bande-annonce laisse cette impression désagréable d’en montrer beaucoup trop et de réunir l’intégralité des quelques blagues qui font comprendre la dimension clichés. Au mieux, ce sera un moment sympa, ce qui serait déjà pas si mal.
Le plaisir de multiples bonnes surprises
Je suis entré dans la salle de cinéma 3 jours après la sortie avec un niveau d’attente limité à un capital sympathie malgré le succès Paris ET Province du premier jour. Echaudé par des succès au box office qui n’ont pas marché sur moi (« Le Grand Bain » ou « Les Petits Mouchoirs » font partie de mes pires souvenirs cinématographiques), aucune de mes craintes n’avait disparu.
En 5 minutes, le problème était réglé : j’étais déjà dans le plaisir d’un film efficace, avec la meilleure mise en place de l’histoire des mises en place. En 3 scènes, le contexte est posé, l’enjeu est dessiné, on comprend déjà que la bande-annonce est loin de révéler tout le film. La suite le confirme largement. Dans la foulée, il est assez évident que la journaliste du Monde qui écrit que « le film ne revendique aucun réalisme » connait assez mal le sujet. Quand le curseur est poussé, ce n’est jamais caricatural, c’est seulement la facette la plus drôle et festive qui est montrée. Mais surtout, les scénaristes-réalisateurs Cédric Le Gallo (qui s’offre un cameo) et Maxime Govare nous offrent cette magie rare : quand on rit, c’est à gorge déployée, quand on pleure, c’est en mode torrent de larmes (on va encore dire que je suis sensible). Les autres qualités ne peuvent pas être dévoilées sans spoiler l’histoire mais il y en a beaucoup.
Les forces des « crevettes pailletées » sont parfois aussi à l’origine de ses quelques faiblesses : on s’attend à un film chorale, 3 personnages sont pourtant assez vite au centre des storylines les plus fortes. On s’en doutait dès la bande-annonce pour Matthias Le Goff / Nicolas Gob, c’est une belle surprise pour Jean / Alban Lenoir et Cédric / Michael Abitboul. Les autres membres de la bande apportent tous un élément de « diversité » nécessaire, de multiples beaux arcs courts, on aurait aimé qu’ils soient tous aussi dense que les 3 rôles de premier plan.
En intégrant une scène de « Club » sans doute utile au milieu du film mais bien trop longue, le film souffle d’un ventre mou facilement évitable en réduisant de 10 bonnes minutes la scène.
Si je suis sorti particulièrement réjoui (bien que les yeux rougis) de la salle de cinéma, c’est aussi parce que j’ai compris que le succès du premier jour (dans le Top 5 des meilleurs démarrages français) n’était que le début. Un vrai film sans prétention mais populaire, qui donne envie de dire merci et faire un hug à l’ensemble des acteurs auxquels on s’est attaché instantanément, qui va voir s’enchaîner applaudissements et standing ovations dans les salles partout en France. On peut prédire pour pas mal des acteurs une très jolie suite. C’est tout le mal qu’on peut leur souhaiter, c’est déjà largement en route pour Albin et Mickaël (à qui j’ai plein de raisons de souhaiter toujours plus de succès).
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