Mes nouveaux amis

Plus de 30 années à évoluer dans l’univers de la com et des RP : je les dois à ma passion pour les médias. Pas du genre à enchaîner des heures de télévision au kilomètre ou à survoler tous les quotidiens, non. J’étais ce type bizarre qui recherchait la signature en bas d’un article qui m’avait plu, retenait les noms des JRI annoncés à la va-vite par le présentateur du 20h avant un reportage, s’attachait à la voix de l’animatrice radio ou du chroniqueur dans l’ombre de l’animateur star. C’étaient eux, mes influenceurs.

J’ai changé

Comme tout le monde, mais sans doute un peu après tout le monde, ma consommation des médias a changé et mes référents avec. Si j’ai un peu perdu de vue les grands reporters du 20h et ceux qui continuent à faire briller les matinées radio (de moins en moins quand même), je ne suis pas non plus tombé du côté « influenceurs TikTok » ou « stream de Twich » de la force. Cet autre média qui m’assure de belles découvertes, m’ouvre à de nouveaux horizons et modifie chaque jour un peu plus mon quotidien s’appelle Le podcast. 

Si j’existe, si j’existe…

Hier soir, j’assistais à une conférence intitulée « Faire durer le plaisir » à l’invitation de l’agence Auditoire et de Kessel média qui a eu l’idée maligne d’inventer le croisement entre influence et newsletter. Au micro, Michèle Fitoussi, célèbre plume du magazine « Elle » qu’elle a quitté « il y a quand même 12 ans ». Ces fameuses signatures en bas des articles que je n’oublie pas… Auteur de plusieurs livres, elle vient de lancer une newsletter dédiée à la génération des 70 ans et plus : « My beautiful Seventies » . Il suffit de l’écouter en parler quelques minutes pour comprendre instantanément la valeur de transmission. Le point commun de Pierre Haski, Charlotte de Turckheim ou encore Louis Bertignac est qu’on n’imagine pas forcément qu’ils ont 70 ans. Le deuxième est que si leur corps a 70 ans, leur tête est plutôt restée bloquée à 50 ans. Ils sont plus jeunes que moi en somme.

Michèle Fitoussi et Marie Robert réunies pour la conférence "Faire durer le plaisir" le 9 juillet 2024

Vous allez me dire : « c’est bien intéressant tout ça, mais quel est le rapport avec ma nouvelle consommation des médias ? ». Alors hier soir, il y avait également au micro Marie Robert aka « Philosophy is sexy » dont j’ai dévoré tous les podcasts avant de me laisser embarquer dans son fil instagram pour combler le manque sonore. Marie, elle a cette faculté unique d’encapsuler dans chacune de ses phrases un enseignement intéressant, étonnant, qui fait réfléchir. Elle parle aussi bien qu’elle écrit (ce qui est en fait assez rare). Au fil de la discussion, elle nous a invité à ne pas confondre temps court (plaisir) et temps long (bonheur), on a compris l’importance des temps non structurés (quand on n’a rien à faire pendant une heure, à quoi on le consacre ?), la nécessité de retrouver les capacités d’émerveillement qu’on avait tous enfant, juste après avoir réalisé qu’on n’avait pas pris le temps de s’émerveiller depuis longtemps. On aurait pu sortir déprimés, heureusement, une demi-finale de foot nous attendait. Bon, on a perdu. La demi-finale mais pas notre temps. Et surtout, on n’a pas parlé dissolution, on a parlé politique au sens noble du terme, et ça c’est réjouissant.

Les podcasts

C’est donc avec son podcast que j’ai à l’origine découvert Marie. Les podcasts ont croisé ma vie de façon bizarre puisque j’en ai produit et animé avant d’en écouter vraiment. Un podcast entre potes sur les séries pendant 2 ans, une fiction de 6 x 10 minutes pour une agence, une série de portraits d’entrepreneurs pour l’entreprise dans laquelle je travaille. Entre temps, j’ai découvert « Code Source » pour un pas de recul sur l’info, « Les couilles sur la table » pour progresser en wokisme, « Vulgaire » pour rire intelligemment, « Scandales » pour revenir sur des moments forts de la la pop culture, « Philosophy is sexy » (donc) pour tenter de m’élever… Et je suis devenu accro, je me suis attaché aux narrateurs, à leur ton, leur écriture, avec ce sentiment bizarre qu’ils ne font ça que pour moi. J’ai attendu chaque nouvel épisode comme j’attendais, avant de changer, celui de « Game of thrones » ou « Succession » (que le podcast « Peak TV » décryptait mieux que personne d’ailleurs). 

LE podcast

Il y a plusieurs catégories de podcasts mais ceux que je préfère me donnent invariablement le sentiment d’assister à une discussion dans mon salon entre des gens que je ne connais pas bien au départ mais destinés à devenir mes amis virtuels. L’exemple qui me vient à l’esprit est celui d' »Amour Jungle », l’émission lancée il y a 2 semaines par Ben Mazué après un appel à participation il y a plusieurs années. Le concept place le courrier du coeur au niveau d’un acte littéraire, avec des experts qui n’en sont pas mais font preuve d’une empathie qui fait du bien.

Ben Mazué en engregistrement du podcast "Amour jungle"

Dans le deuxième épisode, Alexis Michalik est l’invité qui lit et réagit à chaque lettre. De quoi bousculer l’image « machine de guerre un peu métallique » de l’auteur de théâtre le plus prolixe de notre époque. Le thème de la semaine est le célibat, ça me parle. Le thème de la semaine dernière était le crush, ça me parlait aussi. Si ça se trouve, tout ce qui parle d’amour me parle, première révélation. 

Le premier courrier, lu à la perfection par Michalik, est de Peppa, 35 ans, célibataire depuis toujours. qui se demande si elle a été « construite sans le composant qui permet la connexion amoureuse ». « Moi je suis hyperméable aux gens ». « J’ai tiré tellement de traits que je ne vois plus l’horizon ». Chaque phrase est une punchline. Si Peppa existe vraiment, elle doit envisager un premier roman rapidement. Ben et Alexis rebondissent sur un courrier qui ne pose pas vraiment de question, finissent pas s’en poser mutuellement, des questions. Ben surjoue à tout moment le côté « je débute en animation, je n’ai pas les codes » mais il choisit de ne pas effacer au montage les quelques flottements trop choupis. Normal, on est dans mon salon. Les rires du public qui assiste à l’enregistrement ne perturbent même pas le côté « improvisé sur un coin de table » qui rend le tout tellement attachant. C’est évidemment en fait très produit, avec une identité, une mécanique, des rendez-vous.

Deux autres lettres se succèdent. Il y a d’abord celle d’Amélie Ceflic et sa « schizo-célibattitude ». Amélie, c’est moi je crois, Ben est celui qui me comprend le mieux peut-être si j’en crois ses commentaires éclairés. Alexis parle beaucoup de lui mais bizarrement ça continue à parler de moi. Ca doit faire ça à tout le monde. Anouk Dromale est l’auteur de la troisième et dernière lettre, elle rêve de rencontres sous l’inspiration du philosophe Charles Pepin qui définit la rencontre comme « un agrandissement de soi ». Deux chroniqueurs se succèdent ensuite avec jingles et tout (très produit on a dit) : Jean-Baptiste Toussaint de la chaînes YouTube « Tales from the click » puis la journaliste réalisatrice Elise Baudoin qui adoptent chacun le ton « courrier du coeur ». Entre-temps, on profite du fait que les courriers datent du confinement : on apprend ce que les auteurs des lettres sont devenus depuis 4 ans sans rien avoir perdu de leur don littéraire.

Ben Mazué clôture chaque épisode avec un titre inédit qui finira forcément dans un album, peut-être intitulé « Amour Jungle ». Je suis content d’avoir un nouvel ami chanteur. Un auteur de théâtre, c’est bien aussi. Et je veux que Peppa, Amélie et Anouk m’écrivent.

Sinon, je me demandais, un billet de blog par an, ça continue à justifier l’existence de ce blog ? Vous avez 4 heures.

La révolution de la SVOD décryptée (2 / 5)

[Previously on] : La révolution de la SVOD commence à se jouer. En dépit d’informations partielles qui arrivent en ordre dispersé, on commence à percevoir le risque : empirer ce sentiment pour le consommateur d’être perdu face à trop de contenus disséminés sur trop de plateforme…

Qu’est-ce qui attend un fan de séries en France en 2020 ?

Pour ce qu’on sait à ce jour, dans le courant de l’année 2020, le nombre de séries disponibles en France sera de l’ordre du millier. Une offre vertigineuse répartie sur au moins une dizaine de grandes plateformes différentes. Aux déjà existantes offres Netflix, OCS, Canal + Séries (incluant FOX Play et son immense catalogue), Amazon Prime Video et YouTube Premium, un fan de séries devra ajouter Disney +, APPLE TV+, WarnerMedia, NBCUniversal et Salto, l’arlésienne issue de l’union de TF1, France Télévision et M6 qui semble reprendre corps. Une projection qui exclut les plateformes SVOD par chaîne française (sur le modèle de CBS All Access au Etats-Unis) mais aussi Hulu, première concurrente de Netflix aux Etats-Unis, dont les ambitions internationales restent très floues et enfin, les quelques offres gratuites qui se profilent.

Si comme moi, vous voulez profiter en temps réel des nouvelles saisons de “Big Little Lies“ et “The Deuce“ (HBO aux USA / OCS en France), “Dark“ et “The Crown“ (Netflix), “Killing Eve“ ou « Le bureau des légendes » (Canal + Séries), “American Gods“ et “The Marvelous Mrs Maisel“ (Amazon Prime Video), “Weird City“ et “Wayne“ (YouTube Premium)….

Et si vous ne voulez pas rater les nouveautés dont tout le monde parlera parmi lesquelles “The Mandalorian“ dans l’univers Star Wars et « Loki » dans l’Univers Marvel (Disney+), “The Morning Show“ avec Jenifer Anister, “Little Voice“ du créateur showrunner culte J.J Abrams qui retrouvera Jenifer Garner et “See“ avec l’Aquaman Jason Momoa (Apple TV+), le préquel de “Game of Thrones“ et “The Nevers“ qui marque le retour du créateur de “Buffy“ Joss Whedon (sur HBO probablement pour la plateforme Warner), les prochaines saisons de “The Good Place“ et “Will&Grace“ (probablement rapatriées sur la futures plateforme NBCUniversal) ou les séries françaises exclusives promises par Salto qu’il ne faut pas sous-estimer…

… pas d’autres choix que de s’abonner à 10 plateformes, pour un budget probable de plus de 80 euros mensuels ! (Les séries citées le sont en pures spéculations : pour certaines rien ne dit qu’elles seront diffusées dès 2020 ni même que les saisons supplémentaires existeront)

Le challenge s’étend aussi à la multiplicité des moyens d’accès. Déjà aujourd’hui, consommer les séries de 5 plateformes nécessite une petite organisation si on veut comme moi en profiter sur un grand écran TV de qualité et pas seulement sur mobile. On pourrait imaginer des points d’entrée centralisés en un seul et même endroit mais on en est loin. Chaque foyer doit trouver son propre fonctionnement selon son équipement, ses opérateurs et ses propres habitudes. Ainsi, je passe par l’écran d’accueil de la box (SFR) pour Netflix, le replay de la même box pour OCS, l’application intégrée au smarthub de la TV (Samsung) pour Amazon Prime Video, la Chromecast (Google) depuis un mobile ou une tablette pour Canal + Séries et YouTube Premium. Si on pense que le grand écran de qualité a encore de beaux jours devant lui, l’enjeu de l’accès va constituer une autre bataille.

Autant dire qu’il faudra faire des choix et des paris, à moins que les consommateurs commencent à papillonner d’une plateforme à une autre en changeant chaque mois pour accéder au catalogue de nouveautés aux bons moments ?

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La bulle d’influence spéculative des médias sociaux

En janvier 2016, j’écrivais sur le miroir aux alouettes que représentaient parfois les réseaux sociaux en général et Instagram en particulier. Depuis, rien ne s’est arrangé puisque la puissance d’Instagram a continué à gonfler en même temps que l’achat d’abonnés et de followers, l’organisation de réseaux communautaires pour des commentaires et likes croisés.

En participant à un (excellent) événement du Monde la semaine dernière sur les médias sociaux, j’ai bien réalisé que qualifier les médias sociaux de bulle d’influence spéculative allait nécessiter un peu plus qu’une mention rapide à l’occasion d’une table ronde.

L’histoire qui se répète sans fin

Quand on a connu voire participé à l’avènement des forums, des blogs, de YouTube, de Facebook, de Twitter, de Snapchat et d’Instagram, on a vu la même histoire se répéter inlassablement. Un réseau devient tendance, on ne parle plus que de lui, quelques acteurs y prennent le pouvoir (les influenceurs), le lieu devient l’eldorado de l’authenticité qui fait vendre, les marques se jettent dessus sans réel rationnel, avant que les marques se demandent si le retour sur investissement en vaut la peine, puis un nouveau réseau explose, laissant le précédent pour mort.

Or, en 2017, les forums sont toujours capables de désosser un sujet (autour de la santé ou de l’alimentation par exemple), les blogs (de parents entre autres) sont toujours très puissants, Facebook continue de croître, Twitter reste le lieu de l’info live par excellence…

Mesure et équilibre

Au final, le système met sur un piédestal puis au pilori, de façon toujours exagérée, ce qui réclamerait beaucoup plus de mesure.

Ainsi, l’exemple actuel d’ Instagram est symptomatique. Que toutes les marques misent sur l’influence enfermé dans ce réseau social très peu viral n’a pas de sens. Et que toutes les marques le désertent demain quand un autre prendra la place du réseau trendy n’aura pas plus de sens. Certes, un Instagrammeur avec un million d’abonnés engagés (ils sont très peu en France) a construit la puissance d’un média. Sa force d’influence sur son sujet de prédilection est souvent vérifiable. Mais il reste toujours surprenant que les marques s’intéressent aussi peu à la réalité de la communauté, sa typologie, sa géographie… Comme si un annonceur investissait dans un média en ne s’intéressant qu’à la marque média et pas au lectorat.

Une bulle d’influence spéculative aux effets multiples

A l’arrivée, les influenceurs professionnels ont bien compris qu’ils devaient tirer le meilleur du système Instagram actuel (qui a par ailleurs cette année gagné la bataille des stories) mais assurer aussi une forte présence sur les autres réseaux sociaux (souvent Snapchat mais aussi Twitter) et surtout se prémunir d’une tombée en disgrâce avec un espace propriétaire qui leur appartient. Le retour en force des blogs se profile.

Du côté des marques, on a pu ponctuellement cette année donner du sens à des stratégies d’influence qui assurent le meilleur mix entre tous les réseaux pour attendre de façon pertinentes les cibles. Une nouvelle pensée de l’écosystème d’influence des marques émerge, avec elle le retour à des sphères plus traditionnelles, qui redonnent aux journalistes, experts et leaders d’opinions une place prépondérante même si leur présence digitale n’est pas centrale.

Une très bonne occasion pour moi de reprendre les clés de ce blog (parce que Medium, c’est bien mais pas vraiment chez moi).

Les cartes de l’influence se rebattent, vivement 2018 !

Nicolas Beytout lance L’opinion

Un nouveau quotidien national ne se lance pas tous les jours en France, le dernier, c’était il y a une vingtaine d’années. Autant dire un autre siècle. Après des années marquées par les initiatives purement digitales (Slate, Rue 89…), c’est Nicolas Beytout qui se lance dans l’aventure d’un « média quotidien numérique avec une extension papier ». Le site ouvrira le 14 mai à 18h. Sa première parution papier sera disponible en kiosque dès le lendemain matin puis chaque jour du lundi au vendredi.

L’évènement est suffisamment important pour que les autres médias se soient déjà largement intéressés à ce projet défendant une ligne éditoriale axée « libéral, pro-business et européen ». Sa vocation est de « se concentrer sur les domaines de l’influences : politique, économie et international ». Ce qui, en creux, exclut ce qui relève des l’info géné, rubrique qui a vu sa part de voix exploser dans la presse quotidienne et sur le web, en plus de la culture et du sport, « sauf s’ils deviennent des sujets politiques ou économiques ».

En pro des médias après 25 ans de carrière, Nicolas Beytout a réfléchi un produit bi-média justifié par « le numérique qui constitue l’innovation et le print qui conserve la puissance d’influence », en particulier auprès des cibles dirigeants d’entreprise, cadres supérieurs, français à l’étranger, investisseurs et politiques.

Celui qui se présente désormais comme un « entrepreneur en charge d’une start-up dont il est le premier actionnaire » présente ainsi une série de points de différenciation, dans un environnement clairement fragilisé depuis 5 ans :

  • L’investissement porte sur l’éditorial avec une trentaine de journalistes, la plupart expérimentés tels que Muriel Motte (Les Echos), Jean-Dominique Merchet (Marianne), Irène Inchauspé (Challenges), Raphaël Legendre (La correspondance Economique) ou encore le dernier annoncé Luc de Barochet (Lefigaro.fr), rejoints par de jeunes journalistes tels que Raphaël Proust. Si un chef d’édition est déjà au travail, il n’y aura pas de secrétaires de rédaction pour alléger les coûts.
  • Le retour en Une des éditos est une tendance, pas seulement en France : L’Opinion accueillera en première page et en premier article un Edito
  • L’information sera payante avant de devenir gratuite 48h plus tard, sauf les vidéos destinées à attirer des internautes et intégrées dans une programmation quotidienne proche d’une chaîne de télé (l’interview du matin avec un invité politique, des éditorialistes, un journal de fin de journée…)
  • Le choix du prix unique a été fait pour l’accès web, le quotidien papier, l’alerting, les newsletters, la datavisualisation chaque jour de la semaine à 14h et les versions mobiles (d’abord iOs puis Android avant l’été)
  • Le format papier sera dans un format berlinois assez classique mais plus ramassé (8 à 12 pages) et sans rubriquage, « construit comme un journal télé en fonction de l’actu », sur 4 colonnes par page.
Sur la cible, les objectifs sont assez ambitieux : 50.000 exemplaires quotidiens dans 3 ans et 1 million de visiteurs uniques. Le lancement est orchestré de façon assez moderne avec notamment un Tumblr qui emmène dans les coulisses de la création d’un journal. Un nouveau quotidien national, qui en plus parle d’opinion et d’influence. Je suis déjà sur le rang des futurs abonnés.

A votre écoute, coûte que coûte

A la radio, j’aime la tranche d’info du matin et les émissions qui jouent avec l’absurde. Les années précédentes, Laurent Baffie remplissait un rôle décontractant le dimanche en fin de matinée sur Europe 1. Il aura fallu attendre quelques mois après l’arrêt de son émission pour lui trouver un successeur digne de ce nom, sur l’antenne de France Inter depuis le 16 janvier.

La force de A votre écoute coûte que coûte, c’est de jouer la carte du sérieux jusqu’au bout. Le site annonce « un nouveau rendez-vous sur France Inter Présenté par le docteur Philippe de Beaulieu et la psychothérapeute Margarete de Beaulieu du lundi au vendredi à 12h20« , le titre évoque un programme de libre antenne comme la radio les aime tant, en écoutant quelques minutes du programme, on peut vraiment penser que les 2 animateurs souffre d’un léger problème de condescendance dont ils n’ont finalement pas l’exclusivité.

Evidemment, en prêtant une oreille un peu plus attentive, on remarque le décalage du générique et le ridicule des propos tenus. Pourtant, bon nombre d’auditeurs continuent à se faire piéger et déplorent bon nombre de contre-vérités médicales, de manque de respect vis à vis des auditeurs et de propos xenophobes, homophobes.

Si le nom des comédiens est tenu officiellement secret, j’ai immédiatement reconnu l’une de mes actrices – réalisatrices préférée dans le rôle de Marga. Pour le Docteur, il s’agirait d’un humoriste qui m’avait bluffé à la présentation des Molières mais son timbre de voix est moins reconnaissable. C’est en tout cas d’abord pour leur prestation que je me suis habitué à écouter les podcasts de l’émission chaque samedi matin. Puis très vite, c’est l’absurde des situations et les horreurs distillées avec un sérieux absolu qui m’ont rendu totalement addict. Mon moment préféré est toujours celui de ce silence gêné et cette absence de réponse face à l’intelligence de la remarque d’un auditeur.

Cette semaine, ce sont deux vieux routiers de l’émission médicale qui se sont prêtés au jeu, avec la mauvaise idée de montrer en vidéo la prestation qui expose à quel point tout est écrit. Ca tue un peu la magie du programme mais participera sans doute à mieux la faire connaître et à rassurer les quelques auditeurs qui, au regard de leurs commentaires, continuent à s’inquiéter pour tous les malheureux qui le prennent au premier degré avec les risques médicaux collatéraux qui vont avec.

Profitez plutôt de la belle mise en abyme réalisée en mars dernier.

 

Ma semaine en images

Le printemps, c’est aussi la saison du retour des événements à Paris. Illustration avec une semaine prise au hasard : la dernière.

Xanadu (Arte)

Arte investit le champ de la création française en matière de série avec Xanadu (ce que j’ai pensé de la série ici). L’occasion de découvrir les 2 premiers épisodes en bonne compagnie dans le confort de la salle de projection d’Arte.

Miko et Carman ne foutent rien (Comédie!)

Au départ, si je vais découvrir la série qui arrive sur Comédie! le 19 mai, c’est pour faire plaisir à des gens que j’aime bien et qui me font rire sur Twitter (plus que chez Cauet). A l’arrivée, je suis assez bluffé par la qualité de la production, et le principe du pastiche d’émissions télé d’aujourd’hui me parle. Découvrir un épisode complet sur le lieu du tournage avec les 2 protagonistes et l’équipe de production était un vrai plaisir, je serai forcément branché sur Comédie le 19 mai.

Concept-Store Puma

Un magasin modernisé boulevard Sebastopol, une appli pour customiser ses sneakers, du beau monde, Laurent Guyot aux manettes.

Copyright http://jet-society.com/

LG fait son cinéma 3D au Grand Palais

Mon agence s’est occupé des RP, pas de l’événement dont je peux donc dire tranquille que c’était l’un des plus impressionnants de ces dernières années. Au programme : la projection en 3D de Rio sur écran géant, des records du Monde, des lunettes fashion, beaucoup de stars dont Sophie Marceau.

Lancement du livre des bobos
Le même soir que l’événement précédent, donc sans moi à mon grand regret, les bobos de merde Benoit et Bixente lançaient leur livre. C’est ma prochaine lecture, ça devrait me parler.

Soirée de lancement du livre Bobos de merde

Vu cette semaine : The killing sur AMC et le nouveau Vodkaster
Découvert 3 semaines après son lancement, je suis tombé raide dingue de la nouvelle série d’AMC The Killing. IN-RA-TABLE.

Découvert aujourd’hui, quelques jours après avoir raté l’info, le Vodkaster tout nouveau tout communautairement beau est arrive. Foncez voir et micro-critiquer.
Et enfin, coup de coeur ciné pour Et soudain tout le monde me manque (dont j’ai participé à la promo) et Source Code qui a le mérite de nourrir toutes les envies créées par la bande-annonce.
Et vivement la semaine prochaine alors.

PERSISTANCE, le mot de la semaine

Lorsque j’ai commencé à bloguer il y a près de 6 ans, l’objet n’était pas de faire de ce lieu un espace de référence traitant de ce qui allait devenir les médias sociaux mais juste d’en être un acteur parmi les autres. Pour autant, l’envie de m’exprimer librement sur ce qui m’intéresse -en évitant les marchés de mes clients- m’a naturellement amené à écrire beaucoup sur les blogs, sur l’évolution des réseaux sociaux, en particulier Twitter, tel que je le vivais de l’intérieur. Et je n’ai jamais arrêté de lire consciencieusement et avec intérêt de nombreux billets sur le sujet, en français et en anglais, ne serait-ce que pour nourrir mes présentations pros.

Seulement voilà, depuis quelques mois, j’ai le sentiment de ne plus rien lire de nouveau et d’en apprendre beaucoup plus en participant à des jurys d’awards qui récompensent les meilleures campagnes sur les réseaux sociaux -souvent très tactiques- qu’en lisant les experts du web. Donc je les lis de moins en moins. Mais j’admire sincèrement leur persistance et leur énergie sans cesse renouvelée à répéter inlassablement les mêmes choses face à une route qui reste longue.

Donc résumons ce qu’on sait maintenant depuis longtemps dans l’espace temps media social :

Un développement d’entreprise ou de marque sur les media sociaux nécessite une stratégie d’engagement sur le long terme, nourrie par des actions tactiques de préférence créatives, des espaces de référence détenus par la marque et des conversations menées partout où les cibles se trouvent, en associant temps réel et traces laissées sur le long terme. Elle doit être pilotée par un système de gouvernance qui implique toutes les parties prenantes de l’entreprise et elle intègre des indicateurs de performance qui rappellent à tout moment à quoi contribue cette stratégie.

On pourrait penser que tout le monde a compris mais à l’arrivée, on en est à une course aux fans sur Facebook, peu de stratégie en place dans les entreprises, une résistance de la part d’organisation en silo, des avancées que se font plus sur la base de coups marketing joués sur les media sociaux que de projet sur le long terme… C’est donc bien que quelque chose ne passe pas. De ce fait, la tentation de rappeler encore et toujours les fondamentaux à coup de graphiques, études, vidéos, slideshows ou infographies est grande, on le comprend. Ces présentations sont nouvelles sur la forme mais totalement redondantes sur le fond.

Qu’on ne se méprenne pas, je pense que ces rappels systématiques sont nécessaires, ils structurent même les formations que nous sommes tous amenés à organiser pour nos clients. Mais j’aimerais lire plus de nouveaux enseignements, tirer des bests practices internationales de nouvelles convictions. Et trouver la même énergie que mes collègues consultants blogueurs à écrire sur le sujet pour participer à faire atterrir les bonnes pratiques.

Si j’étais plus persistant, sans doute aurai-je élaboré ici un discours sur les vertus du test permanent qui doit devenir un état d’esprit pour les marques, de la prise en compte d’espaces sociaux ignorés de tous que sont les commentaires associés aux articles sur les medias online, sur l’accélération de la chute des « leaders d’opinion » qui forgent désormais leurs idées sur l’opinion publique, souvent en retard.

Je retourne donc à mes légèretés sur mon espace social qui va encore s’agrandir dans quelques semaines pour continuer à apprendre de l’intérieur, en admettant qu’il s’agisse d’une autre forme de persistance louable.

La valeur de l’information passée au crible de l’Info Lab par L’Express

Avec Info Lab, l’Express lance un grand projet de réflexion portant sur le rôle de l’information dans la socio-culture française. Au centre : une étude sur les tendances de consommation de l’info, réalisée avec Iligo sur une base quanti et quali, qui a le mérite de rationnaliser et mettre du sens derrière de nouveaux enjeux pour tous. En gimmick, une expérience de « privation de l’information » malheureusement étendue à tout type de média, moins riche mais plus ludique notamment pour les participants, étudiants sur-connectés de Sciences po et du Celsa. Le tout est disponible sur une plateforme qui égrennera de nouvelles informations et permettra de prolonger le débat tout au long des prochaines semaines.

Without information, are we nothing ?

Les grands enseignements de l’étude cristallisent des éléments que tous les acteurs de la communication et des médias ont pu constater sans toujours les objectiver. C’est désormais chose faite, au moins en partie.

Etude sur les tendances de consommation des Français par L’Express – Infolab J’ai choisi de n’en retenir ici que quelques éléments saillants qui me semblent les plus signifiants.

L’information joue une rôle de lien social, y compris d’intégration sociale, absolument clé. Mais le volume d’information et la multiplicité des voies d’accès a créé une spirale pas si simple à comprendre : la tendance lourde de la consommation de type « fast news », tout au long de la journée, en temps réel impliquant une uniformisation, sans l’exposition claire des faits ni l’analyse qui va avec, provoquent contre toute attente une augmentation subtancielle de l’exigence du consommateur.

Pour qui a déjà passé une journée à lire les commentaires du Figaro.fr ou d’autres grands médias en ligne sur des sujets d’actualité, cette « altérité qui permettrait de mieux qualifier l’information » devient un évidence : le lecteur attend qu’on lui donne les clés pour comprendre avant de débattre des points de vue. C’est une exigence que la presse sur le web ou en application mobile a du mal à relever, peut-être parce qu’elle se marie relativement difficilement avec le « marketing de l’information », par ailleurs assez bien traité dans l’étude.

La vraie question serait donc peut-être : With too much information, are we nothing ?

L’engagement, nouvel enjeu des marques média ?

C’est l’une des conclusions de l’étude qui précise les chiffres d’autres cabinets d’étude -type Forrester : l’activation de l’information est pilotée en ligne par des « producteurs » (32%) et « commentateurs » (46%), en majorité des hommes de plus de 35 ans. On note au passage que, contrairement à une idée reçue,  l’urgence de l’information est davantage ancrée chez les plus de 35ans que chez les « digital native ».

Ces acteurs participatifs fondent une « économie de l’attention » dont la mesure d’impact ne relève plus du temps passé sur un média mais de l’engagement d’un individu avec celui-ci. Ce qui exige sans doute que le média accepte de s’engager en retour, par exemple, en faisant « vivre un article », en prenant acte des commentaires dans un format rebond. Ce qu’on constate objectivement assez peu à un moment où une info en chasse une autre devant des lecteurs commentateurs qui demandent qu’on les entende plus, en vain.

L’une des voix proposée par l’étude est de structurer -et sans doute assumer- l’info telling comme nouvelle approche de l’information qui va mériter un approfondissement… et sans doute une confrontation de points de vue.

Pour progresser : débattre et s’engager

A entendre une partie de l’équipe en charge -Françoise Fassin, Directrice Marketing et Laurent François, Responsable Marketing et Développement- commenter l’étude, la volonté de lancer une réflexion commune pour redonner à l’information une valeur qui a tendance à se perdre, apparaît comme une volonté farouche, sans ambiguité. Leur enjeu est de replacer la fonction des médias au service des marques. Commencer par replacer la fonction de l’information dans la société est une bonne idée, ambitieuse, qui doit être suivie par d’autres pour aboutir à des évolutions concrètes.

Chacun peut participer donc profitons : il suffit de visiter le blog, de commenter, approter sa pierre à l’edifice, oser le débat constructif pour combler une consommation d’information dont la rapidité ne doit pas cacher l’exigence.

TF1 et moi

Je me serais bien arrêté à la version « mise en perspective », « réflexion quand tu nous tiens » et autres « analyser je sais faire si je veux » pour raconter comment je me suis retrouvé dans les locaux de TF1 la semaine dernière. D’ailleurs je l’ai fait ici sur le site du Figaro histoire de ne pas leur imposer que des billets sur la gay pride (les pauves).

En vrai, j’ai amené avec moi quelques Twittos  (on peut trouver un autre nom pour ça vite sinon ?) dans une visite orchestrée par Manu qui se cache derrière @TF1etvous, juste histoire de lui faire croire qu’on allait débarquer à 200 et aussi faire le mariole dans le fauteuil de Laurence Ferrari pour admirer la vue.

J’en ai profité pour narguer le présentateur de LCI dans son petit studio (comparé à l’immense plateau du 20 heures de TF1) et à animer un peu celui de Télé Foot tout abandonné (je vous montre pas l’image, c’est trop triste).

L’omniprésence de Monsieur Météo Louis Bodin des répétions sur fond bleu jusque dans la cantine a réussi à créer de l’émotion. Preque autant que si on avait croisé Jean-Luc Reichman quoi.

On a été reçus comme des rois et nous sommes désormais des défenseurs de Manu et TF1etvous contre vents et marées, c’est l’horrible réalité des sensibles que nous sommes. Très influençables en somme.

D’ailleurs, depuis, je vois TF1 partout. Tenez, en plein milieu du meeting Areva, Denis Brogniart a débarqué pour nous faire jouer les figurants avec tout le stade dans le film qu’est en train de tourner Regis Wargnier. True Story.

Sinon, Koh Lanta revient fin août, tout le monde est prêt pour le livetwitt ?

Presse ou quand un faux débat cache un enjeu de marque

La mutation de la presse est inéluctable. Pas une semaine ne passe sans qu’elle n’entraîne des mouvements dont la lisibilité est plus ou moins immédiate (voir en ce moment le rachat du Monde). La fausse question autour de laquelle se fonde les conversations depuis des années est : la presse écrite est-elle vouée à la disparition, au moins dans son format papier ? Il me semble que la vraie question est enfouie alors qu’elle devrait vivre dans le radar de tous les observateurs de nos métiers : comment les marques média vont-elle réussir le pari de créer de la valeur dans un univers ou la volatilité est désormais de mise ?

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Car c’est bien le paradoxe auquel est confrontée la presse. Qu’elle ne soit plus disponible dans ses formats papier à court ou moyen terme est finalement davantage un problème pour les NMPP ou Relais H (qui appartient à Hachette il est vrai) que pour les éditeurs qui ne peuvent y voir que des économies substancielles d’impression et de distribution. L’accès via le net sur des terminaux mobiles (tel iPad) est donc bien une opportunité de premier ordre pour rationaliser le business model des titres aujourd’hui disponibles dans nos kiosques. Mais dans son accès via le net, elle doit faire face à l’ingratitude des internautes, volatiles et reproduisant peu l’attachement à leurs journaux préférés, préférant confier à Google News les clés d’entrée vers les informations en fonction de leur recherche.

Il s’agit donc bien de recréer de l’attachement aux marques médias dans des univers digitaux très opportunistes. Et continuer demain, avec une présence potentiellement limitée dans la vie réelle, à exister dans ce que la marque média doit apporter : une identité forte, une clé et un contrat de lecture très lisibles, une crédibilité inébranlable, un lien avec une rédaction, une confiance réciproque… Pour ça, la presse dispose d’une force de frappe sur laquelle les autres marque ne peuvent pas s’appuyer : le produit (de l’information issue d’un travail de journalistes très incarnés pour les lecteurs) est une machine identitaire qui nourrit la marque à chaque publication. Cet avantage ne peut être considéré comme se suffisant à lui-même dès lors que le business de demain se construira de moins en moins sur la valorisation d’un nombre et d’une typologie de lecteurs pour attirer les annonceurs.

La marque média de demain bénéficiera du contenu de sa production mais aussi de ses activités (conférences – tel Les Echos conférences, formations, événements, partenariats…) pour la mettre au service de business nouveaux et lucratifs sur mobile ou avec d’autres marques par exemple. La valeur de la marque média se monnaiera au delà même de son support central : racheter Le Monde est sans doute acheter une marque, pas une manne publicitaire pérenne. Peut-être même jusqu’à survivre à son journal ou magazine d’origine (voir l’ex masculin Max).

Les cas d’école marketing digitaux de demain se trouveront probablement parmi ceux de ces médias qui auront investi au bon endroit et au bon moment sur des stratégies de marque digne de ce nom. A ce stade, les journalistes, passés maître dans l’art du Personal branding, semblent l’avoir compris mieux que les éditeurs mais tout n’est pas perdu.

Demain on se parle de télé ?

Photo : Melle Tam