Ma décroissance professionnelle assumée et heureuse

La question qu’on m’a le plus posée depuis 1 an n’est pas « Pourquoi tu n’écris plus sur ton blog ? ». J’ai bien noté que ça ne traumatisait personne hein. En fait, la question qu’on m’a le plus posée n’est même pas une question : « Ah, mais je savais pas que tu étais retourné en entreprise« . Si je raconte la vérité sur ce retour discret en version courte, j’ai peur de ne pas bien être compris. Alors pour fêter le premier anniversaire jour pour jour de mon retour au salariat, voici la version intégrale.

Lorsque j’ai raconté mon parcours en février 2021, j’étais un indépendant heureux, un professeur conquis, un producteur de podcast réjoui… et il me tardait de lire la suite. Après un congé sabbatique salvateur, j’avais compris et intégré ce qui ne me rendait pas heureux au travail : la quête incessante imposée d’une évolution hiérarchique sans fin, mon incapacité à éviter un investissement trop important (en temps de cerveau et en temps tout court), la position de dirigeant qui détourne de mon cœur de métier pour trop d’énergie consacrée à manager et gérer la politique ambiante, le besoin viscéral de m’impliquer sur des sujets qui ont du sens, qui comptent en les choisissant autant que possible. Autant de convictions qui m’avaient naturellement plus conduit vers l’indépendance qu’un retour en agence ou en entreprise. Pouvoir choisir de travailler moins quitte à gagner moins que les 20 années de direction d’agence s’avérait plus facile à gérer après l’expérience d’une année sabbatique sans aucun salaire.

Ce que je voulais ne m’offrait aucune perspective raisonnable de retour en entreprise, je n’en rêvais d’ailleurs pas particulièrement. Mes expertises à 52 ans après 30 années d’expériences professionnelles ne trouveraient sans doute plus jamais leur place dans une organisation sans un niveau de responsabilité élevé, du management d’équipes, des sujets imposés qui ne me plairaient pas forcément et l’obligation d’un niveau de salaire correspondant. Faire comprendre ma trajectoire de décroissance professionnelle choisie pour une qualité de vie meilleure me paraissait inaccessible.

Lorsque l’opportunité s’est présentée, je vivais ma meilleure vie : la pièce de théâtre dont je rêvais depuis 7 ans prenait enfin corps et s’apprêtait à me faire traverser les 5 semaines les plus incroyables, excitantes, bouleversantes de mon existence. Eprouvantes aussi. 100% de ma bande passante y était consacré, chaque étape demandait une énergie que je ne pensais même plus avoir. Aussi, passer des entretiens pour un poste que je n’aurais jamais relevait plus de l’exercice de style que du projet professionnel. De toute façon, qui confierait à quelqu’un avec mon profil un job d’ « expert », certes, mais très opérationnel, dans un cadre contraint que j’avais défini ? Ok pour gagner moins mais hors de question de travailler soir et week-end pour l’entreprise, pas de perspective d’évolution hiérarchique (c’est moi qui n’en veut pas), la liberté de mener des missions pour des clients si je le souhaite, de continuer à donner des cours aussi.

Franchement, en tant que recruteur, je n’aurais jamais misé sur quelqu’un comme moi, aussi certain de ce qu’il sait faire quitte à frôler l’arrogance, montrant aussi peu d’ambition avec un détachement assumé. Le seul signal d’une volonté d’investissement personnel reposait sur une attente clairement exprimée à chaque entretien : un environnement bienveillant.

Et pourtant, cette entreprise m’a fait confiance. J’ai accepté le poste un peu comme on me l’a proposé : un pari, qui se solderait par une expérience de passage au bout de quelques mois ou un engagement pour longtemps, personne ne savait. Et une seule certitude : la promesse d’exercer mes différents terrains d’expertise : les RP, les médias sociaux, les dispositifs d’influence, la communication sensible…

Je suis donc arrivé après une parenthèse enchantée au théâtre du Rond Point tous les soirs et la perspective d’une reprise pendant plus de 3 mois au théâtre La Bruyère. Ce qui me protégeait d’emblée de mon travers d’investissement trop important : tous les soirs à 19h, quoiqu’il arrive, je devais partir pour d’autres aventures. Pas de post sur LinkedIn pour annoncer en fanfare mon nouveau statut professionnel. Plutôt concentré sur la redécouverte du salariat en entreprise 20 ans et une pandémie mondiale plus tard. Avec une part de découvertes auxquelles je ne m’attendais pas, comme quand on ne s’attend à rien. Si je ne devais retenir que 3 enseignements inattendus pour moi :

Retrouver un corps social dont je ne savais pas qu’il m’avait manqué. Pour être honnête, ce sentiment d’appartenance à un groupe s’était amenuisé sans que je ne m’en aperçoive au fil de ma progression dans les hiérarchies. Diriger isole mais on ne s’en rend pas forcément compte ou on croit vivre bien avec. J’ai aujourd’hui la chance de travailler avec une équipe solidaire, qui m’a accueilli à bras ouvert, avec laquelle j’ai autant de plaisir de mener des missions qu’à faire des karaokés.

Assumer pleinement qui je suis dans mon travail. Ca ne me paraissait pas tellement nécessaire au-delà de l’attention portée à rejoindre une entreprise engagée dans la diversité, l’équité et l’inclusion. J’avais quand même pris soin avant la pièce d’affirmer clairement mon identité. Je suis ravi aujourd’hui de m’engager auprès du réseau Pride de mon entreprise et de partager complètement qui je suis avec mes collègues même pendant les karaokés (…), ça compte plus que je ne l’aurais imaginé.

Travailler sur une multitude de sujets passionnants pour une seule entreprise est possible. « L’assurance, c’est apporter des solutions simples et concrètes aux sujets de société complexes ». Je gagne tous les jours en expertise sur des sujets que je pensais pourtant bien connaître, le changement climatique en tête. Entouré de spécialistes de haut vol auprès desquels je prends un véritable plaisir à faire ce que je préfère au monde : les écouter, prendre des notes et apprendre.

Le dernier enseignement n’est pas que professionnel, il est encore plus inattendu et réjouissant : malgré un métier relativement sous pression, je me rends compte qu’avec les années, je n’ai plus jamais peur. Ca me rend sans doute pas simple à piloter mais sûrement un peu confortable aussi.

Est-ce que tout est parfait ? Non bien sûr, parce que ça n’existe pas. Mes travers me rattrapent-ils parfois ? Oui, mais je m’en rends compte et prends des mesures pour m’en protéger. Est-ce que je chante Dancing Queen en karaoké entre collègues ? Ca peut m’arriver.

Je ne manquerai pas de revenir ici pour la suite, j’ai toujours autant hâte de la lire !

Et je remercie Olivier sans lequel ce retour en entreprise n’aurait jamais existé. Et merci à cette entreprise qui a osé parier sur un profil atypique comme le mien.

C’est quoi, mon job ?

Quand je racontais mon métier il y a quelques années, c’était long et compliqué, sous des prétextes faussement techniques. Près de 20 ans plus tard, je n’ai pas tellement changé de métier, juste de façon d’en parler. 

« MON JOB, C’EST DE RENDRE INTERESSANT CE QUI EST IMPORTANT.« 

Cette formule, je l’ai empruntée à Philippe Vandel qui l’attribue au mythique journaliste américain Dan Rather, sans que je n’en ai jamais retrouvé la trace. Peu importe, elle embarque plein de dimensions qu’il m’aura donc pris 20 ans d’intégrer. Sous l’impulsion d’un environnement publicitaire qui sait dire un peu de mots ce qui pourrait prendre 100 pages. Dans la dynamique des médias sociaux qui ont montré l’attention générée par un contenu court et incisif plus que par de longues explications exigeantes mais laborieuses. En logique avec un rythme de pensée qui impose chaque jour un peu plus de rapidité, qu’on s’en réjouisse ou s’en désespère.

Je ne pense en revanche toujours pas que la communication se traite à coup de formules face aux grands enjeux de société modernes. Je ne suis pas fan des « éléments de langage » et me méfie des « punchlines ». J’ai seulement gagné la conviction que pour faire évoluer les pensées, il fallait éduquer. La pédagogie est nécessaire pour faire bouger les lignes. Or, pour éduquer, il faut intéresser, interpeller, créer l’envie. Une pensée qui dépasse largement le spectre du marketing des entreprises.

Tout les sujets peuvent devenir intéressants

Tout n’a pas le même potentiel à intéresser, je l’ai longtemps pensé. Mais après des années, à traverser des secteurs que je connaissais mal, j’ai compris. Ces enjeux liés au nucléaire, à l’eau en bouteille, au transports de matériaux, à l’épargne, à la transition alimentaire, aux matières premières comme le blé qui se raréfient, à la place des villes dans la transition écologique, à la chronologie des médias, au subtil équilibre du mutualisme, à la différence entre un virus contagieux et transmissible… Tout.

Mon job, c’est donc trouver l’angle, la pépite, l’éclairage qui va rendre attractive une information importante dont on devrait plus parler. Sans caricaturer. Sans tromper (communiquer, c’est choisir sur quoi on informe, pas désinformer). La question de la façon de porter cet angle viendra plus tard, la forme dépendra du fond, pas l’inverse. Pour identifier cet angle, je ne connais pas d’autres façon que d’apprendre à connaître le sujet, travailler, interroger, bousculer parfois. Et comme par magie, quand on connait bien le sujet, il devient passionnant dans son ensemble. Je n’ai pas de contre exemple, ça a marché à chaque fois.

Choisir les meilleurs formats pour éduquer dépend du fond

A l’ère des séries formatées Netflix, des streams sur Twitch, des événements expérientiels (même quand ils sont virtuels), des stories de quelques secondes, du gaming… nombreux sont les formats modernes pour intéresser. Mais fidèle à ma conviction « du fond avant la forme », je pense que la force d’un contenu prévaut sur l’évidence de la forme. Pour illustrer, choisir un projet personnel sera plus simple qu’un sujet professionnel.

Une pandémie mondiale a décimé 35 millions de personnes dans le monde depuis les années 80. Entre ceux qui l’ont vécu et préfèrent oublier et les plus jeunes qui n’ont pas été éduqués sur le sujet, le sujet me semble important, un devoir de mémoire s’impose. Comment orchestrer sa ? J’ai préféré la force de la narration plutôt à la modernité du format. Le théâtre pour toucher les jeunes n’est pas intuitivement l’idée la plus pertinente et pourtant… La suite est là.

Coup de cœur théâtre

Après quelques pièces qui ne m’ont pas emporté depuis la réouverture des théâtre, je suis allé voir ce soir « Mes adorées », un seul en scène d’Edouard Collin dont je n’attendais pour être franc à peu près rien. Comme il le dit lui même dès la première phrase de son spectacle, il est « trop lisse » (c’est ce qu’il a le plus entendu dans son métier) et c’est d’ailleurs à peu près ce que je pensais. Mais j’étais ravi d’accompagner un ami dans un théâtre à côté de chez moi où je n’étais jamais allé et puis, au pire, regarder Edouard Collin pendant 1h30 ressemble une punition tout à fait acceptable.

Bien sûr, j’avais vu passer des critiques particulièrement positives sur les sites de réservations mais j’ai appris à m’en méfier, je connais les trucs de communication, les amis qui veulent aider, les fans pas objectifs, je ne me fais plus avoir.

Dès les premières minutes, je me suis laissé cueillir par un principe narratif malin qui consiste à camper la galerie de personnages qui a peuplé sa vie sans pour autant tomber dans une succession de scénettes artificielles. Edouard est le narrateur de sa propre vie du début à la fin mais se retrouve comme possédé par tous ceux qui l’ont entouré, qui l’ont parfois porté, parfois détruit.

Les personnages, hauts en couleur, sont donc bien comme son histoire, tout sauf lisses. Sa mère, son père, les amants de sa mère, les dealers de sa mère, les flics, la dame de l’aide sociale à l’enfance… et bien sûr ses grands-mères, ses adorées. Tous prennent vie à travers son regard qui semble bloqué dans une enfance qui lui a été volée. De la truculente marseillaise à la bourgeoise qui n’a jamais travaillé en passant par le macho bas de plafond ou la junkie, chacun prend possession du récit, s’en empare, parfois violemment, parfois avec bienveillance.

Souvent, les yeux de l’acteur s’embuent, systématiquement avec certains de ses personnages, les yeux des spectateurs suivent. Dans la salle, on est chacun touché par des caractères. J’ai de mon côté particulièrement aimé « Mamie Cocotte » que j’ai eu l’impression de voir prendre vie devant moi. J’ai évidemment comme vous le serez été bluffé par l’interprétation de sa mère, il faut sans doute avoir vécu d’aussi près cet état de dépendance pour lui donner corps de façon aussi spectaculaire.

L’autre bonne idée de ce seul en scène, c’est d’avoir construit sur un terreau d’une dureté implacable un spectacle lumineux, plein d’amour, bourré d’humour avec de nombreux rires dans la salle. Et comme une ultime surprise, on découvre au passage qu’Edouard a une belle voix de chanteur.

En sortant, je n’avais qu’une seule envie, c’est d’appeler ma famille pour leur dire que je les aime. Quoi attendre de mieux d’une soirée au théâtre ?

Il ne reste plus beaucoup de places, uniquement pour la dernière représentation annoncée le 28 juillet au théâtre du Marais. Mais, à entendre les applaudissements aussi interminables à la fin qu’ils ont été retenus pendant toute la durée du spectacle, on devrait le retrouver très vite, à la rentrée, c’est tout le bien qu’on lui et qu’on souhaite à tous ceux qui iront le découvrir.

Bande-annonce de « Mes adorées » par Edouard Collin.

Quelque chose me dit qu’on reparlera bientôt théâtre par ici, stay tuned.

Une chanson vaut un long discours

C’est le mois des fiertés.

Dire que j’ai une relation au sujet compliquée est un euphémisme. Plutôt que parler de « fierté », j’ai longtemps préféré revendiquer un droit à l’indifférence… que je ne me suis en fait jamais vraiment accordé à moi-même.

Comment combattre pour qu’une inclusion plus naturelle dans la société s’opère pour les générations qui suivent sans s’accepter et s’exposer, au moins un peu ?

La pression sociale, les postures homophobes visibles ou rampantes, les campagnes de dénigrement orchestrées à chaque progrès vers plus d’égalité et de normalisation (dépénalisation, PACS, Mariage pour tous…), les positions extrêmes des activistes aussi parfois et les combats intérieurs ont contribué à donner une couleur particulière à ma vie.

Pour décrire, et adresser d’une certaine façon, ce que je ressens, il y avait la possibilité de m’allonger sur un divan (je ne suis pas un bon client), d’échanger sans fin sur le sujet (mais j’ai besoin de nuances et ce n’est pas tendance, la nuance), d’écrire en format long (ce que j’ai fait mais ne publierai pas, pas tout de suite en tout cas).

La musique est le moyen le plus sûr que je connaisse pour partager mes émotions.

Alors il y a un titre des Pet Shop Boys qui m’a plu avant même que j’en comprenne complètement le sens. Lorsque j’ai suffisamment parlé anglais pour tout comprendre, il a résonné encore plus fort mais j’étais encore trop jeune pour comprendre vraiment pourquoi.

A 52 ans, c’est un bon moment pour prendre à mon compte chaque phrase de ce titre chanté récemment par Elton John au profit de sa fondation, en duo avec Years & Years. Le sentiment qui s’est construit, depuis l’école jusqu’à l’âge adulte, ce que j’ai combattu, le rapport à la religion, ce qu’il en reste aujourd’hui, tout y est, je ne pourrais pas mieux dire. Alors autant la chanter.

Je n’ai à convaincre de rien. Je n’ai rien choisi. J’ai fait avec, comme je pouvais. Je suis heureux à chaque coming-out que je lis ici ou là, d’autant plus lorsqu’ils s’accompagnent d’autant de légèreté que possible. La fierté, j’aimerais la vivre mais ce n’est pas le cas. J’ai peur qu’on soit quelques-uns dans mon cas à souffrir d’une situation qui s’est imposée, par étape, comme autant de claques dans la gueule.

La fierté, je vais donc essayer de la créer. Ca passera par un engagement pour que les générations d’avant et leurs combats ne soient pas oubliés.

Petit bilan 2020.

Une bien chouette année, on ne le dira jamais assez. J’en ai profité pour abandonner un peu mon blog. Après le bilan 2019 (on était jeunes et innocents à l’époque), j’ai parlé un peu séries, forcément. En commençant par la déception Sex Education qui a pourtant séduit le reste du monde. J’ai équilibré in extremis avec mon coup de cœur 2020 et le bienveillant TED LASSO. J’ai aussi parlé programme de flux à la télé avec la bonne surprise Stars à nu. Et puis il y a eu ce cadeau régressif avec l’intégrale de Marie Laforêt que j’ai tant aimé. J’ai aussi raconté un voyage, parce que oui, j’ai eu la bonne idée de voyager en février 2020, juste avant le… bref, j’ai raconté le Nicaragua.

Bon, forcément, il y a eu quelques petits événements moins légers que j’ai essayé de traduire de façon posée alors que j’étais en looping arrière tendu à l’intérieur. Ca s’appelait Colère froide du coup. J’ai tenté de compenser la période avec une série de vidéos qui s’intéressaient aux autres, j’ai adoré faire Le Monde d’Après, vivement le prochain confinement hein.

D’ailleurs, c’est aussi sur YouTube que j’ai publié des vidéos qui auraient fait l’objet d’un post écrit il y a quelques années… Par exemple mon premier test PCR Covid

2020 est aussi l’année où, avec l’équipe de Oh. My. God! (le podcast séries décomplexé, tu sais ?), on a été accueilli dans l’offre Prisma Media (merci Sabri), on a continué a bien rigoler avec les copains Emilie, Virginie, Fabrice et Sélim et même un remplaçant de luxe (coucou William). On est toujours sur vos plateformes de podcast préférées et on revient très vite en 2021. En cadeau ici, le dernier épisode de 2020 pour ceux qui ne l’ont pas encore écouté (j’ai les noms)

Pour répondre à la question qu’on me pose le plus (et vous éviter l’écoute de 10h de podcasts), voici le classement de mes nouvelles séries préférées de l’année :

Côté plateformes, Apple TV+ vient donc se caler tout à côté de Netflix pour m’offrir mes séries préférées. Une mention particulière à la saison 4 de The Good Fight, toujours aussi efficace mais toujour spas dispo sur Prime Video. Une autre mention pour Now Apocalypse, la série de Gregg Araki sortie en 2019 mais découverte seulement 2020, vrai coup de coeur.

A noter que je n’ai pas vu Normal People dont je pense que ca sera un autre coup de coeur en retard.

Vivement le bilan 2021, il sera plein de photos de voyages, de fêtes entre amis, d’embrassades et hugs en pagaille. Il sera aussi sur la scène du Théâtre du Rond Point, enfin… Ca va être chouette !

TED LASSO est ce qu’il vous faut

Longtemps que je n’ai pas écrit sur les séries. Il faut dire qu’on en parle tous les mois avec les copains dans le podcast Oh. My. God (allez l’écouter d’ailleurs, ici ou sur vos plateformes habituelles, j’en profite…). Résultat, j’avais moins de raisons d’en parler ici. Il fallait un coup de coeur suffisamment gros pour que je m’y remette. Si en plus, il apparait que tout est en place pour que vous ratiez votre coup de cœur potentiel, je me sens investi d’une mission de premier ordre : vous convaincre que vous allez aimer TED LASSO. Alors voilà.

Tout part d’un quiproquo.

Fan de la première heure de son initiateur-interprète Jason Sudeikis (ex « SNL« , « Comment tuer son boss ? », « Les Miller« …), je suis quand même allé lire les critiques de nos grands magazines avant de me lancer, plonger dans une série étant devenu l’un des plus gros engagements des temps modernes. Nos amis critique séries ont malheureusement d’emblée confirmé mes craintes. Pour Première  » On a un peu de mal à envisager que quelqu’un qui ne s’intéresse pas du tout au football – ou plutôt au soccer comme on dit de l’autre côté de l’Atlantique – puisse se passionner pour TED LASSO« , pour Les Inrocks « Une comédie sportive sur fond de choc des cultures« , pour Le Point « ... blagues sur le monde du foot (un peu paresseuses et s’appuyant surtout sur des clichés), des intrigues de vestiaires (un peu cousues de fil blanc) et des cocasseries nées du fossé culturel et social américano-britannique (efficaces mais pas très originales)… » (même si la critique du Point est au global plutôt bonne). En plus des clichés tant redoutés, on nous promet une morale dégoulinante de bons sentiments jusqu’au dégout. Pas envie.

Oui, TED LASSO est bien l’histoire d’un coach de football américain d’une naïveté confondante qui confine à la crétinerie, confronté à la culture anglaise qu’il ne comprend pas mieux que notre bon vieux « soccer » européen. Plus exactement, c’est le point de départ qui creuse le sillon des pastilles humoristiques créées pour la promo de NBC Sports en 2013, toujours en ligne sur YouTube ici ou ici. Mais la série dérivée pour Apple TV+ n’a finalement pas grand chose à voir. Il m’a fallu croiser le chemin sur Twitter de quelques ardents défenseurs auxquels je fais confiance (Poke Gonzague) et un nouveau confinement où perdre du temps n’est plus tellement un enjeu pour décider à me faire un avis par moi-même.

Parlons de TED LASSO, la série.

Il m’arrive de me demander si les auteurs des critiques ont vraiment regardé les séries dont ils parlent. Comment peut-on voir devant TED LASSO une série humoristique sur le football et le choc des cultures ? L’émotion recherchée étant de toute évidence autant les larmes que les rire et la toile de fond sportivo-culturelle servant surtout quelques gags (et souvent pas les meilleurs d’ailleurs). On aurait pu compter sur l’intelligence de la promo par Apple TV+ pour corriger le tir mais c’est un espoir qu’on a perdu depuis longtemps. C’est donc sur fond d’affiches et bande-annonces qui disent « football » et « choc des cultures »qu’il faudra trouver sa voie.

Hannah Waddingham et Jason Sudeikis

Alors de quoi ça parle ? Lorsqu’une femme humiliée par son mari se retrouve à la tête d’un club de foot de Richmond dans la banlieue londonnienne, elle décide de détruire l’image du club en engageant à son insu un coach de football américain de toute évidence incompétent en matière de Premier League.

TED LASSO met au centre de tout l’optimisme et la bienveillance. Alors bien sûr, c’est cousu de fil blanc, on comprend en quelques minutes qu’on va s’attacher à ce personnage caricatural ridicule au prime abord, mais c’est beaucoup plus que ça.

Le « Succession » de la bienveillance

Si on réussit à ce point à trouver passionnants les protagonistes de « Succession » pour leur capacité à être détestables, pourquoi une série qui réussit à rendre l’intégralité de ses personnages attachants le serait moins, passionnante ? Et on est heureux de les aimer autant ces personnages qui révèlent tous, plus ou moins rapidement, leur part d’humanité. Passée au tamis d’un irréductible optimisme, c’est l’attention aux autres qui impose le meilleur, avant toute autre chose ou qualité. On comprend assez vite que les quitter va être difficile donc on déguste chacun des épisodes avec attention et précaution. D’autant que chaque épisode ne dure que 30 minutes, le nouveau format qui semble s’imposer en 2020. Comme pour « Succession », il faudra passer le premier épisode pour rentrer dans le ton de la série, un peu déstabilisant au départ si on n’est pas accoutumé à l’humour de Sudeikis.

Jason Sudeikis et Brett Goldstein

On est d’accord, TED LASSO retourne un peu vite certains personnages (sa façon de se mettre les médias dans la poche doit faire rêver au plus haut sommet de l’état), on se prend parfois à espérer un peu plus d’images de foot quand les matchs ne sont vus que des vestiaires juste avant et juste après. Certes, autant dans bienveillance condensée dans une seule personne n’est pas d’une crédibilité à toute épreuve. Mais encore une fois, l’enjeu central de TED LASSO n’est pas son réalisme. La question qui finit par émerger est : comment les scénaristes vont-ils réussir à nous faire aimer l’intégralité de ses personnages ? Ceux qu’on déteste au départ, c’est assez classique, on connait les rouages. Mais surtout, ceux dont on se fiche, qui sont habituellement une façon d’habiller le second plan.

Des sujets de société au-delà du choc des cultures

La vraie toile de fond de TED LASSO va puiser dans des sujets de société autrement plus intéressants que la passion du thé ou d’un plaquage au sol : l’âgisme, la grossièreté machiste, la pression de la réussite… Avec le parti pris initial d’une naïveté enveloppante qui offre au final un regard nouveau sur ces enjeux bien plus profonds. Le petit miracle est de réussir à les traiter avec humour (on sourit souvent, on éclate de rire une ou deux fois) ou émotion qui nous met les larmes aux yeux. Exercice qui atteint son paroxysme dans les 30 dernières secondes devant lesquelles toutes les personnes sensibles comme moi seront dans la situation étrange de mélanger des larmes et un éclat de rire.

Juno Temple

Casting au diapason

Si Jason Sudeikis s’est écrit un rôle sur mesure, il nous offre en plus le plaisir de revoir Juno Temple (qu’on aime depuis « Mr. Nobody » et qu’on avait adoré il y a 2 ans dans la première saison de la série « Dirty John »). Mais ce sont d’autres retrouvailles ou découvertes qui sont encore plus jubilatoires : l’actrice chanteuse Hannah Waddingham, l’hillarant Jeremy Swift (vu dans « Downton Abbey »), les rivaux Brett Goldstein (le beau plus tout jeune, qui a semble-t-il participé à l’écriture) et Phil Dunster (le beau gosse tombeur), Brendan Hunt (en coach socialement pas bien armé, très drôle à chaque rare réplique) ou encore, dans un petit rôle à l’écran central dans l’histoire, Anthony Head devenu moins sympa depuis les années « Buffy ».

On ne sait pas encore qui sera au rendez-vous des saisons 2 et 3 déjà annoncées, sous l’impulsion des bonnes critiques et de l’engouement aux Etats-Unis (contrairement à la France). Mais quoiqu’il arrive, on sait déjà qu’on sera content de les retrouver.

TED LASSO est la série la plus attachante de l’année, oubliez cette envie irrépressible de buter tout le monde depuis que 2020 a décidé de nous offrir un condensé de tout ce qu’on ne voudrait pas vivre. Foncez déguster les 10 épisodes de 30 minutes sur Apple TV+.

Marie Laforêt redécouverte

Ce n’est pas à toi, lecteur assidu de ce blog depuis août 2005 (ahah), que je vais apprendre l’attachement très particulier qui me lie depuis longtemps à Marie Laforêt. J’en ai parlé plein de fois, mais pas depuis sa disparition en novembre dernier. J’ai appris son décès par quelques tweets et messages qui me disaient en substance « j’ai une pensée pour toi en entendant la nouvelle ».

Et c’est vrai qu’elle ne m’a pas laissé indifférent, la nouvelle. Comme le disait Marie dans l’une de ses plus célèbres chansons : « une foule de souvenirs sont revenus à ma mémoire ». J’ai ressenti le besoin quelques jours plus tard d’assister à la cérémonie à Saint Eustache et de me recueillir… aussi pour gérer cette foule de souvenirs déjà évoqués à l’occasion de son dernier concert… il y a 15 ans !

L’excellente surprise a été l’annonce d’un coffret de l’intégralité de ses titres, et plus encore. C’est en fait beaucoup plus que ça.

D’abord, beaucoup d’inédits complètent une carrière déjà riche et au total 377 titres (je croyais avoir l’intégrale avec un coffret de 270 titres) ! Le fameux concert de 2005 aux Bouffes-Parisiens et de nombreuses maquettes jamais commercialisées, des versions internationales de ses grands standards… Le cadeau est déjà énorme, rendu possible par un fan qu’on a déjà tous envie de remercier.

Mais la deuxième surprise se cache dans le livret où je m’attendais à trouver quelques mots de reconnexion avec une carrière qu’elle a si souvent mal jugée. C’est là que la bonne surprise est de taille. Un vrai texte de la plume de Marie, qui lui ressemble, aussi drôle qu’émouvant, aussi acide que tendre. Où l’on apprend à quel point elle jugeait durement les stars de Yéyé (Johnny en tête), où l’on découvre ce chanteur star de l’époque (qui lui a écrit « Siffle siffle ma fille ») pour qui elle a eu le coup de foudre la veille de son mariage. Les journalistes n’ont pas encore pensé à le lire intégralement, ils auraient pu en faire leurs choux gras. On y découvre enfin les traces laissées dans des chansons qu’elle a écrite en se cachant parfois derrière un pseudonyme. Bis bald Marlène.

Allais-je avoir un coup de coeur pour de nouveaux titres ? Pas vraiment. J’ai plus redécouvert des chansons que je connaissais mais qui ne m’avait pas marqué comme aujourd’hui. Le classement de mes titres préférés n’aurait pas été le même il y a 15 ans. Et comme ne retenir que 10 chansons m’est quasiment impossible, je vais détourner un Top 10 pour mentionner la trentaine de chansons qui m’accompagnent pour longtemps.

10. La Cavale – période démesure

Beaucoup de cordes, beaucoup de trompettes, la voix de Marie virevolte au gré de ses 4 octaves. « La cavale » ajoute à l’exploit le fait qu’il n’y est pas tellement question de reprendre sa respiration. Elle fait partie de mon fameux album fétiche de 1972, celui que les fans appelleront « l’album à la marguerite ». C’est aussi le tout premier que j’ai écouté en boucle, qui compte dans le même registre « La Madeleine » et « Demain, Moby Dick ». Au début des années 70, il y aura également « Dis à Mathieu » et « La légende de Thomas » et plus tard « J’ai le coeur gros du temps présent », chansons bruyantes dans lesquelles Marie exploite la puissance de sa voix à plein. Découvertes beaucoup plus tard, je les ai aimées au moins autant. Elle allait parfois un peu loin, comme dans « Mais je t’aime », mais je crois que c’était la dose de « décrochés » si caractéristiques de sa voix dont nous avions besoin.

9. Le vin de l’été – les duos

Les duos, il y en a finalement eu beaucoup dans la carrière de Marie. Avec Danyel Gérard pour « Mais, je t’aime », Alain Weill pour « Sous les palétuviers », Michel Legrand ou, plus célèbre, avec Guy Béart pour « Viens mon cher Frantz »… Mais celui que je préfère est assez inattendu : avec Gérard Klein, plus connu en tant qu’animateur et comédien que chanteur. Dans « Le vin de l’été », reprise de Summer Wine en 1965, ils forment un duo sensuel qui fonctionne à merveille mais n’a semble-t-il jamais été chanté devant des caméras.

8. Bis Bald Marlène – L’émotion

Le titre est issu de son dernière album studio, « Reconnaissance » en 1993. J’en aime toutes les chansons sans exception, en particulier « Ma vie va », « Richard Toll », « Déjà vu », « La guerre d’Irlande », « Pauvre comme job », « Genève… ou bien », « Calle Santa Ria »… mais j’avoue avoir redécouvert « Bis Bald Marlène » grâce au fameux livret du coffret intégral et que les larmes viennent facilement aux yeux puisqu’elle y parle de son dernier voyage. Elle me touche beaucoup plus que les chansons émotion qui ont rendu les larmes de Marie célèbres (« Cadeau », « Viens, viens »…) mais pas autant que celle qui se classera en tête.

7. Mes bouquets d’asphodèles – les redécouvertes

Je connaissais ce titre sorti à la toute fin des années 60 mais il ne m’avait pas marqué. C’est d’ailleurs son premier succès après avoir quitté sa maison de disque Festival devenu un tube un peu oublié. Composé par le célèbre compositeur israélien à qui l’on doit également « La petite fugue » de Maxime Leforestier, c’est encore une fois grâce au coffret que je l’ai vraiment découverte et aimée. Pour son côté tout simple en première écoute mais au final ciselé et complexe, à l’instar de « Qu’y a-t-il de changé ». Elle rentre donc au panthéon des quelques rares succès de Marie Laforêt que j’aime, aux côtés « Mon amour, mon ami », « Le lit de Lola » et « La tendresse ».

6. La ballade de Clérembard – Le cinéma

Actrice avant d’être chanteuse, les deux métiers de Marie se sont étonnamment rarement croisés. Même si elle chantait quelques notes à la guitare dans son premier film « Plein soleil », c’est dans la bande-originale d’un film dans lequel elle ne joue pas qu’on retrouve un de mes titres préférés : « La ballade de Clérembard » a été écrite par Jean-Loup Dabadie et Vladimir Cosma pour le film Clérembard de Yves Robert en 1969.

5. Jerusalem, Yerushalayim – Les musiques du monde

Titre de son dernier album studio que j’ai tout de suite aimé, il a été écrit en 1993 en français mais il rappelle pourtant que Marie Laforêt a été une pionnière de la musique du monde, en chantant dans de multiples langues, lui assurant un public fan très international, de la Russie à l’Italie, d’Argentine en Chine. Le coffret nous fait le cadeau d’une version inédite avec des paroles complètement différentes.

4. Et si je t’aime – les années Pop

Adaptation de Sunday Mornin’, le titre est sorti sur un EP avec également « Le lit de lola » et « Qu’y a-t-il de changé ». La version stéréo donne toute sa puissance à la deuxième voix qui est beaucoup plus mise en avant que dans la VO, dans l’esprit d’un duo plus que d’un chœur. Sortie un an avant ma naissance en 1968, je ne l’ai découverte que jeune adulte et l’ai aussitôt aimée. Marie a été une chanteuse pop, l’un de ses plus fidèles compositeurs de l’époque s’appelait André Popp, ça ne s’invente pas. L’extrait télé en vidéo nous rappelle à quel point les réalisateurs profitaient des yeux mythiques de Marie.

3. Prière pour aller au Paradis

Ce titre m’a toujours bouleversé. Il était sur mon album fétiche, le premier jamais écouté. Je me souviens avoir été très choqué le jour où j’ai découvert sur YouTube une vidéo de Marie interprétant ce titre dans une émission de Bouvard, en s’en moquant ouvertement. Je n’étais pas encore habitué à l’auto-critique permanente dont elle abusait. J’aime les voix parlées en ambiance sonore, la voix cristalline de Marie, les paroles dont je ne savais pas encore qu’elles étaient inspirées de « jeunes filles »de Francis Jammes, et la musique basée sur un thème classique de Domenico Cimarosa.

2. Une petite ville – la douceur

C’était l’une des chansons que j’aimais le moins de son album de 1973 que j’ai fini par adorer en devenant adulte. Redécouverte lors du concert aux Bouffes-Parisiens, je l’aime un peu plus encore aujourd’hui, d’où son classement. Elle entre dans la catégorie des titres de Marie basés sur la retenue, l’économie de moyens. « C’est Julien » aurait d’ailleurs pu aussi figurer dans le classement.

1. Dites- lui – les larmes

N’étant pas une femme ayant perdu son mari à la guerre, je n’ai jamais vraiment compris pourquoi cette chanson me touchait autant. Pour ceux qui la découvre, il faut écouter l’histoire se dérouler et mesurer la qualité de l’interprétation, dans tous les sens du terme, de Marie.

On notera qu’aucun des nombreux tubes de Marie n’apparaît dans mon classement. Ce doit être « l’effet fan ». Outre ceux déjà mentionnés, j’aurais pu y placer « Maine Montparnasse », « Tant qu’il y aura des chevaux », « Ivan, Boris et moi » ou encore « L »ami Pierrot ». Mais surtout pas « Les vendanges de l’amour », « Que calor la vida », « Viens sur la montagne », « Il a neigé sur yesterday »… que je n’ai jamais aimés.

J’ai très envie de remercier Yohann Masson, ce fan qui a entrepris cet énorme de travail de convaincre Marie, retrouver les bandes perdues pour nous offrir cet ultime cadeau. J’ai pu mesurer une nouvelle fois à quel point nous étions nombreux à aimer Marie, en France et dans le monde.

En clôture, un titre issus de son dernier album dont j’aime les paroles de Marie, un regard sur sa vie mélancolique et entraînant. J’ai choisi pour ça la vidéo extraite d’une émission italienne. L’occasion de voir aux claviers Jean-Marie Leau qui a composé l’intégralité de ce dernier album.

Le Monde d’Après

Après avoir débuté ce confinement sous le signe de la colère froide, je me suis dit assez vite qu’il allait falloir trouver un échappatoire. Les missions de com de crise qui sont arrivées en masse pour compenser le ralentissement de ma nouvelle activité n’allaient pas m’y aider, en m’obligeant à rester connecté aux « infos Covid ». Le reste du temps pouvait s’occuper devant des séries télé (je ne me suis pas privé, j’y reviendrai en « fin de confinement »). Mais j’ai senti que m’intéresser aux autres serait une bonne façon de quitter mon nombril…

La communication de crise m’aura imposé un exercice utile : apprendre à monter des vidéos. J’aurai aussi appris au passage que l’enjeu du montage est moins technique qu’artistique et repose sur les qualités que j’ai le moins au monde : la patience et la précision. Parfait, j’ai du temps pour travailler sur mes faiblesses…

Avec en tête quelques parcours que je connaissais et m’avaient interpellé, j’ai décidé de m’intéresser à ceux qui avaient déjà une certaine expérience du confinement, choisi ou pas. Je savais que la question nous emmènerait vers des histoires étonnantes, inspirantes, inattendues parfois. Et nous apporterait accessoirement des enseignements utiles pour vivre au mieux notre condition du moment.

Je pensais réaliser 3 interviews. Le plus gros défi étant d’intégrer des témoignages féminins, les amis auxquels je pensais étant principalement des garçons. Twitter m’a un peu aidé mais on n’est pas encore à l’équilibre. En revanche, Twitter m’a apporté des témoignages supplémentaires. J’aurais aussi aimé plus d’enseignements pour des familles avec aujourd’hui avec enfants, je n’en ai pas trouvé. Mais au final, une dizaine d’interviews se sont calées. Pas de limitation de temps, l’idée étant de le prendre, son temps puisqu’on en a. Certaines plus longues se scindant en 2 parties, de quoi publier quasiment une vidéo chaque jour à midi pendant 2 semaines.

Enregistrées dans les conditions du direct, sur Zoom, le montage s’est limité à supprimer les bugs techniques. Je me suis aussi un peu amusé avec des bandes-annonces qui m’ont pris des heures parce qu’on ne peut pas exclure que je ne sois pas excessivement doué…

Pour retrouver tous les témoignages, qui passent par des retraites et jeûnes, longue maladie ou expérience militaire, émission d’enfermement ou engagements humanitaires, il suffit d’aller voir du côté de la playlist YouTube.

Après cette première salve, il y en aura peut-être une deuxième, prolonger ces interviews sur d’autres sujets de notre nouvelle vie est une option à laquelle je réfléchis. L’avantage, c’est que « Le Monde d’Après » laisse un grand champ de possibilité…

Colère froide

Comme tout le monde, je suis en confinement depuis maintenant 5 jours. Et comme tout le monde sans doute, j’ai le sentiment de vivre cette période d’une façon unique. Avec mes propres émotions, un contexte qui n’appartient qu’à moi. J’écris aujourd’hui sur le sujet, j’espère ne pas le refaire avant la fin de cette pandémie. Pardon d’avance de m’y auto-citer autant mais j’ai pensé que les exemples pourraient éclairer ce que je voulais dire. Et même si j’ai toujours prôné la discrétion sur ses états d’âme dans des moments compliqués, je fais aujourd’hui une entorse que vous comprendrez sans doute à la fin après lecture.

Pendant toute cette période, je n’ai pas décroché du flux continu d’informations. Je l’avoue. La partie rationnelle de mon cerceau voit dans ce moment des éléments de communication et de sociologie trop passionnants pour réussir à regarder ailleurs. Ceux qui me suivent sur Twitter m’ont vu m’inquiéter devant des erreurs de postures et de communication que je jugeais grossières.

Dans le même temps, voyant dans la situation italienne un éclairage au quotidien sur ce qui nous attend, j’ai suivi de près la réalité des Italiens, puis des Espagnols, qui rendait toujours plus incompréhensibles les (non) décisions de nos gouvernants.

Au fur et à mesure de l’avancée en France, les témoignages humains, incarnés, plus audibles que les (pseudos) experts qui faisaient le tour des plateaux télé ont pris le dessus sur tous les papillons de lumière.

Je me suis débattu de façon sans doute totalement improductive devant l’irresponsabilité et l’égoïsme de certains de ceux que je connais de près ou de loin. Je me suis fâché avec des amis qui trouvaient qu’ « on va pas s’empêcher de vivre » ou qui n’avaient pas hésité à sauter dans le premier train pour fuir la capitale et essaimer le virus, j’ai bataillé avec ceux qui jouaient avec les règles du confinement en se trouvant tout à coup une passion pour le sport en extérieur, j’ai arrêté de suivre sur les réseaux sociaux tous ceux qui faisaient n’importe quoi (ça parait une goutte d’eau mais si on faisait tous pareil…). Comme si j’allais avec mon micro porte-voix faire infléchir un seul point de vue. Les témoignages humains qui affluent (oui, même des stars et des influenceurs sont touchés) vont faire leur oeuvre.

J’ai réalisé que mon « engagement » ne servait à rien, à personne. Que ce petit côté donneur de leçon pouvait vite me rendre insupportable, à moi-même en premier lieu. Alors j’ai décidé (hier) de regarder le verre à moitié plein. En m’intéressant à la solidarité et l’engagement de la majorité des Français.

J’ai aussi décidé d’occuper mon temps devenu très « libre » pour sortir la tête de ce flux continu, de chanter (mes followers sur Instagram n’en peuvent plus), de dire un maximum de conneries, de lancer des chaînes sur Facebook, de m’organiser des séances de sport avec des coachs proposant spontanément des séances gratuites en live…

Je me suis forgé la conviction absolue que la durée de l’impact nous empêcherait de retourner dans le monde d’avant. Et qu’on n’est jamais à l’abri d’un monde meilleur. Qu’on ne me parle pas de naïveté.

Mais la partie émotionnelle de mon cerveau a évidemment percuté chaque mouvement, chaque énervement, chaque information. Sans doute bousculé par une situation personnelle qui me plongeait au plus près du quotidien sur le terrain, malgré l’isolement de mon confinement parisien. Ce qui rend sans doute encore plus insupportable la désinformation ou l’irresponsabilité quand je les vois passer. Je dois donc accepter que mes énervements, quitte à ce qu’ils soient dans le vide, me servent au moins à moi, à ne pas oublier. Pourquoi ne pas partager mes interrogations, ne serait-ce que pour comprendre ?

Après 2 longues semaines de maladie déclarée, mon père est mort ce midi du Covid-19 dans son EHPAD. L’établissement a géré du mieux que possible la situation (malgré l’inquisition indigne de la presse principalement intéressée par des décomptes morbides). Et je porte ma décision difficile lundi de ne pas prendre le train pour rejoindre ma famille.

Et en attendant mieux, RESTEZ CHEZ VOUS.

Je suis un déçu de Sex Education (mais j’ai honte)

Pourquoi prendre le temps d’écrire un billet sur une série qui m’a déçu alors que je préfère toujours parler de ce que j’aime ? Parce que je ne suis pas content d’avoir été déçu mais aussi parce qu’autour de moi, tout le monde aime. L’engouement est suffisamment fort pour que je perçoive bien le risque de me faire déchirer sur Twitter avec mon avis à contre courant. Donc il vaut mieux l’expliquer. D’autant que ça ne changera rien au fait que ce sera un beau succès d’audience pour Netflix et que je me laisse le droit de retrouver la flamme en saison 3.

Attention, ça va être plein de spoilers donc ne lisez pas si vous avez l’intention de regarder. Et si vous avez moins de 16 ans, filez ranger votre chambre, ça va forcément parler de cul par ici…

J’avais aimé la première saison. Elle réussissait l’exploit d’avoir trouvé la mécanique parfaite pour que le sujet du sexe qui occupe 99% des conversations ne soit pas caricatural. Une dimension éducative courageuse au passage puisque la série n’hésitait pas à traiter tous les sujets de façon assez frontale. Retrouver Gillian Anderson dans un personnage à des années lumière de la Scully de X Files était un plaisir. Tous les personnages avaient une place légitime et existaient même quand traités un peu vite.

Tout ce que j’ai aimé dans la première saison, je ne l’ai pas retrouvé dans la seconde. Pas du tout au début, à peine plus après les 2 premiers épisodes ratés.

Tout d’abord, je comprends bien qu’il faut renouveler les storylines, sortir du principe de consultation en sexologie par un gamin de bon conseil bien qu’inexpérimenté. Mais dès lors, le fait de faire vivre le sujet de la sexualité sans un fil conducteur consistant donne ce sentiment bizarre que 99% des préoccupations des personnages sont sexuelles, pas que chez les adolescents d’ailleurs. Les 1% restant sont pour la drogue et l’alcool, présentées comme des fléaux que les jeunes combattent. Admettons, à 16 ans, on ne pense qu’au cul et on se bat contre les grands qui consomment de la drogue. Soit.

Ensuite, la série continue à avoir le courage de parler d’un sujet rarement traité aussi frontalement. Mais quand même, il y a des ratés. Le problème d’érection visible d’Otis dans les premiers épisodes est assez ridicule dans son traitement (pourquoi ne pas tenter un slip ou un boxer ? Non mais sérieusement ?). Par ailleurs, la série est créditée d’aller encore plus loin cette saison. Certes, il est question de lavement avant un rapport anal mais pour une fois le sujet est relativement masqué (à part des schémas sur un tableau) par une conversation parallèle. Autre exemple, lorsqu’un doute sur le port du préservatif pendant un rapport est traité, il renvoie au risque pour la demoiselle de tomber enceinte (pilule du lendemain), pas du tout au risque d’IST qui devient d’un coup un non sujet… Bref, la dimension pédagogique est un peu laissée de côté.

De nouveaux personnages font leur apparition, en particulier Rahim qui retient notre attention puisqu’il est français. On aime son interprète Sami Outalbali qu’on a vu évoluer dans Les Grands et cartonner dans Mortel, il fait le job malgré un rôle ingrat à défendre. On a envie de connaitre plus son histoire, ce qui l’a rendu aussi à l’aise avec sa sexualité. J’ai l’impression d’un personnage plein de potentiel mais gâché, comme lâché en cours de route. Frustrant. Le (nouveau) personnage Ola Nyman est à peine mieux traité. Il ne fait pas bon être nouveau venu dans l’aventure.

Otis aime Maeve qui aime Otis mais leurs planètes ne s’alignent pas. Jean aime Jakub qui aime Jean mais leurs planètes se désalignent. Ces arcs narratifs dignes de comédies romantiques des années 90 s’étirent en longueur, beaucoup trop. Ca a fini par m’ennuyer.

Il reste quelques points positifs : parmi les nouveaux personnages, le méchant de la saison en fauteuil roulant est aussi ambigu que celui de la saison précédente. Quelques sujets sont traités finement tel que le sentiment d’insécurité qui peut (ne pas) s’exprimer de façon perfide. Je continue à aimer Gillian Anderson même si elle en fait parfois des tonnes, la franco-britannique Emma Mackey est parfaite, Ncuti Gatwa est énervant et attachant comme on aime. La relation d’Otis à son père (qui souffre forcément d’addiction sexuelle pour être dans le ton) m’a plutôt ému. Les relations d’un fils avec ses 2 mères également.

Et enfin, coup de chapeau à l’équipe de com de Netflix qui a déployé un dispositif courageux, efficace, presque plus puissant que la série. Voir en particulier ce manuel.