L’intuition, ça n’existe pas.

Je réalise bien la taille du pavé que je m’apprête à jeter dans la mare de la philosophie antique et moderne réunie. Je renvoie les plus exigeants aux définitions de Platon, Descartes ou Spinoza que je n’ai nullement l’intention de challenger ici. Mais pourtant, je suis désormais en mesure de l’affirmer : l’intuition est un mythe au fatalisme quasi judéo-chrétien dont les contours laissent penser à un don de la nature, inaccessible pour ceux que le destin aurait oublié. Bref, en simple : l’intuition, ça n’existe pas.

Heureusement donc, la vérité se révèle bien différente, même si l’impression ressentie est trompeuse. J’en suis la preuve vivante. Ma modestie naturelle dût-elle en souffrir (j’adore cette expression, des années que je rêvais de la placer quelque part, je me suis fait violence pour ne l’utiliser en titre de ce billet pour fêter ça… la notion très relative de « modestie » sur les réseaux sociaux m’en a dissuadé).

L’une des activités les plus excitantes de mon métier est la communication de crise. Parce que le début de la gestion d’un contexte sensible s’apparente le plus souvent à une enquête policière : comprendre la situation paroxystique, ses causes et ses origines, ses protagonistes,  les mobiles et les alibis. Ce qui pourrait se résumer en une question centrale : « à qui profite la crise ? ».

Il y a une quinzaine d’années, j’étais très jaloux de mon boss qui m’impressionnait à chaque nouveau sujet de crise en posant immédiatement les 3 bonnes questions qui permettaient en quelques minutes de comprendre la situation. L’usage était de le qualifier d’incroyablement « intuitif ».

J’en étais honteusement jaloux. Parce que les bénéfices dépassaient largement le territoire unique de la gestion de crise. Face à l’attitude d’un client à l’occasion de ce que les américains appellent un « chemistry meeting », sondé sur le potentiel RP d’une idée créative ou encore lors d’une rencontre de quelques minutes avec un candidat pour un poste stratégique, il démontrait une clairvoyance qui lui permettait de prédire à coup sûr les pièges de la relation, les faiblesses d’un concept et le potentiel d’une personne. Nous étions nombreux à vouloir profiter de ce don très enviable qui constituait d’ailleurs le principal de ses talents. Et à rêver de cette capacité à deviner un futur proche, sans grand effort apparent.

Quelques années plus tard, j’ai fini par réaliser que j’avais au moins en partie acquis ce « don » que je m’autorisais à utiliser face à un client ou auprès de mes équipes. En commençant invariablement la phrase par « j’ai l’intuition que… ». Et j’y ai vraiment cru, en cette qualité qui se révélait donc possible à acquérir.

Ma perception a changé à un moment où cette fameuse impression troublante de « déjà vu » se répétait de plus en plus souvent dans l’exercice de mon métier. D’un côté le sentiment régulier d’avoir déjà vécu une situation, de l’autre des intuitions qui accéléraient les prises de décisions sans pour autant créer de confort, avec un cerveau littéralement « on fire » après une journée de pratique intensive. J’ai fini par croiser les informations pour me rendre à l’évidence.

L’intuition, ça n’existe pas. Cette qualité qui se forge avec le temps, avec un peu de travail pour les besogneux comme moi, est en fait accessible à tous. Elle arrive avec les premières rides. Elle s’appelle l’expérience.

 

Running, mon addiction saison 2013 – 2014

Tout a commencé avec une prise de sang en juillet 2013. Après un tour du monde studieux en quelques semaines, le verdict est tombé : j’étais en pleine forme ! A une exception près puisque mon taux de cholestérol, qui avait régulièrement côtoyé la limite haute de la fourchette acceptable, pour des raisons jugées héréditaires, montrait un pic qui me plaçait en zone rouge. Le corps médical semblait très aligné sur le diagnostic : plus de 40 ans, fumeur depuis longtemps, du cholestérol, je venais de réaliser un superbe strike sur le triptyque magique qui expose à un risque cardio-vasculaire majeur. L’avancée dans l’âge étant un facteur qui s’arrange assez peu avec le temps, il y avait donc urgence à agir sur l’un des 2 autres. La cigarette électronique (et ses shots de nicotine) constituant la plus grande victoire sur la cigarette dont je me sentais capable, c’est donc le cholestérol dont j’aurais la peau.

Dès le 15 juillet 2013, j’ai donc entamé une cure choc : un régime alimentaire strict sans sucre et sans matière grasse saturée (adieu beurre, charcuterie, oeufs, graisses animales, fromage, pâtisserie…), sans sucre et sans alcool. Le tout devait être complété d’un sport d’endurance pour travailler le coeur et éliminer rapidement le « mauvais cholestérol » de mes artères. J’ai choisi la course que j’avais abandonné depuis mon arrivée à Paris.

Conscient de ma plus grande facilité à faire du sport tard le soir que dans la journée, j’ai réactivé mon abonnement dans la salle Fitness Parc  République ouverte 7 jours sur 7 et surtout 24h sur 24. Je me suis donc mis à courir 4 fois 1 heure par semaine, le plus souvent vers 23h, avec une régularité métronomique. Avec effort au début, avant d’y prendre goût assez rapidement, à la recherche de ce moment magique où l’endorphine envahit le corps pour faire oublier tout type de douleur (et de souci).

En 3 mois, il n’était plus question de cholestérol, j’avais pris goût à des plats inattendus, du steak de soja aux biscuits au son d’avoine de Dukan, je m’étais habitué à refuser les verres d’alcool mondains pas forcément appréciés. Et surtout, ne pas courir pendant plus de 4 jours était devenu un problème, me mettant dans un état de manque proche de celui que je connais lorsque j’ai envie d’une cigarette. J’ai donc continué sur un rythme de 2 à 3 fois de course par semaine, alterné avec des séances de musculation (un coach me motive une fois par semaine).

En effet, bénéfice collatéral pas complètement négligeable, mon corps s’est sculpté et a -vaguement- retrouvé la forme de ses 20 ans. Le risque étant de fondre complètement (j’ai quand même perdu 6 kilos au passage), j’ai mis de l’énergie à manger beaucoup et régulièrement dans la catégorie « sain et protéiné » : du poulet sous toutes ses formes, filets de dinde… Une gourmandise autorisée : les noix de cajou et amandes que j’adore. Et un écart hebdomadaire que je m’autorise sous prétexte de « rebond glucidique » supposé faire gonfler les muscles mais surtout destiné à ne pas rendre la privation punitive éternelle. L’impact sur ma forme étant immédiat et évident, je tends désormais à éviter les écarts. Mais je maintiens une séance de musculation hebdomadaire minimum.

Six mois plus tard, je suis donc cholestérol-free mais totalement accro au running, à la salle de sport et à un comportement alimentaire maîtrisé. Devenir accro étant plutôt dans mon tempérament, je suis assez content de cette addiction là même si elle contient son lot de contraintes. Bizarrement, c’est la limitation de l’alcool qui m’a été le plus simple physiologiquement et le plus compliqué socialement. Ce qui m’a régulièrement obligé à expliquer à mes interlocuteurs circonspects que je suivais un régime strict qui m’interdit de boire. J’ai décidé que je n’utiliserais plus cette excuse à partir de maintenant en essayant d’assumer fièrement que « je passerai à la soirée mais je ne boirai pas et partirai tôt pour ma séance de running du jour ».

 

Ma wishlist 2014

J’ai tenté le coup en 2013, et ça a marché ! Avec un TOP 3 de voeux exaucés et la moyenne atteinte sur une liste déjà exigeante. Forcément, ça me donne envie de recommencer.

Source : http://www.boston.com/bigpicture/2013/12/happy_new_year_world.html

Trois sur six et deux bonus

J’ai visité Tel Aviv en avril, je n’ai pas repris de cours de philosophie mais enseigné dans une fac de philo et j’ai kiffé les Festival de télé de Monte Carlo (où j’ai réalisé une photo qui m’a quelque peu échappée sur Facebook depuis…). Je ne peux pas prétendre avoir attaqué un livre mais j’ai repris le goût de l’écriture sans forcément publier sur mon blog au quotidien, ça dort encore un peu dans un tiroir, on verra. Et cerise sur le gâteau, j’ai réalisé un de mes rêves que je ne pensais même pas pouvoir m’autoriser : passer un nouvel an (de rêve) à New-York.

Ma wishlist 2014

Je monte la barre d’un cran avec un TOP 3 un peu haut de gamme.

1. Visiter (ou redécouvrir) la ville anglophone dans laquelle je vivrai un jour

Tout est possible, un pays que je ne connais pas encore (l’Afrique du Sud, Malte)(euh, Malte ??), une ville que j’ai aimé (Sydney, San Francisco, Montréal, New-York…). Un lieu qui n’est pas dans mon programme aujourd’hui (Las Vegas est du coup hors compétition, j’y serai dans quelques mois). Une surprise inattendue mais engageante, définitive, c’est ce que je veux.

2. Mener un projet artistique

Je prends des cours de chant mais je n’ai jamais eu envie de devenir chanteur, j’écris des livres que je n’essaie même pas de publier, je travaille avec pas mal d’équipes de télé mais je suis clairement plus fait pour en parler que d’en faire. Le temps est venu de mener à bout un projet. Je ne sais pas lequel. Là encore, j’ai envie de me laisser surprendre mais je ne laisserai pas passer les opportunités.

3. Voir plus mes amis

Ca ressemble à un projet très accessible mais les dernières années m’ont montré que ce n’était pas si simple, qu’il fallait que je progresse en organisation et en sécurisation de temps libre pour eux. J’ai la chance d’avoir beaucoup de personnes auxquelles je tiens. Mais je ne les vois pas assez souvent ou trop irrégulièrement. L’éparpillement et l’excès faisant partie de mes défauts, je sais que je ne donne pas assez à ceux que j’aime. Même si je suis attentif à eux, sans doute plus qu’ils ne le croient, je ne le montre pas suffisamment. Je veux progresser sur ça. Je veux que tous ceux que j’aime le sache.

J’aurais pu ajouter à ma wishlist retourner au Festival de Télé de Monte Carlo, découvrir le Japon, continuer à faire du sport au rythme de ces derniers mois, vivre un Comic-Con, assister au tournage d’Arrow mais il fallait faire une sélection et en garder pour l’année prochaine aussi.

Rendez-vous en janvier 2015.