Le marché de la photo vu autrement

Après 12 ans de pratique des relations presse, l’approche journalistique continue parfois à me dérouter. On sait qu’il faut aller vite, passer d’un sujet à un autre en un temps record, baser l’investigation sur un minimum d’experts, mais quand même.

Il n’y a qu’à voir la façon dont l’analyse macro économique du secteur en pleine transition de la photo est traité depuis quelques mois. Il est devenu d’usage dans la presse de considérer que certains acteurs sont en mauvaise posture pour avoir mis trop de temps à prendre le virage du numérique (parmi lesquels, excusez du peu, Kodak, Fuji, Agfa, La Fnac, Ilford, Leica, Olympus…) alors que d’autres s’y seraient collés à temps (Canon, Sony, HP, Epson). Illustrée par l’annonce de restructuration ou de mauvais résultats d’un côté et par des chiffres en progression de l’autre, cette répartition en 2 camps est opérée très largement dans la presse, de La Tribune au Monde pour ne citer que les papiers les plus récents. Bien sûr, le secteur est passé de la chimie à l’électronique grand public, de moins de 10 acteurs à plus de 40, HP licencie quand même, Kodak s’affirme comme le premier vendeur d’appareils numériques, Sony revoit ses objectifs à la baisse, Fuji a été parmi les premiers avec Kodak à innover en matière de numérique (dès 1976)… Mais pour aller un peu vite : ceux qui perdent de l’argent avaient qu’à pas rater le virage et pis c’est tout ! Un peu simpliste, non ?

A croire que personne n’aurait remarqué que d’un côté les entreprises impliquées dans la conception, la fabrication et le traitement des films argentiques doivent radicalement changer de structure, de business model, de compétence, en un mot, de métier. En face, celles impliquées dans la fabrication de matériel, doivent plus "simplement" adapter leur savoir faire à la photo numérique, souvent à travers une structure légère, intrinsèquement peu génératrice d’emploi. Etrangement, personne n’a pensé à s’intéresser avec un oeil bienveillant à la façon dont les acteurs traditionnels allaient, ou pas, réussir le formidable challenge d’une transformation aussi radicale. D’autant que du succès de cette transformation dépend un nombre non négligeable d’emplois que ces "entreprises de la photo traditionnelle" continuent à générer y compris en France. Il y a forcément dans ces démarches des cas d’école à y glaner, même si la victoire n’est pas assurée en bout de course, le jeu en vaut la chandelle.

Et que dire du passage sous silence de prospective, en évitant de couvrir les vrais enjeux des années à venir parmi lesquels la pérennité des images qui passe par leur indexation dans un format universel ? Combien d’article consacrés à des initiatives majeures telles que le Groupe PASS au profit du raz de marée éphémère des photophones tant attendu ?

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