TED LASSO est ce qu’il vous faut

Longtemps que je n’ai pas écrit sur les séries. Il faut dire qu’on en parle tous les mois avec les copains dans le podcast Oh. My. God (allez l’écouter d’ailleurs, ici ou sur vos plateformes habituelles, j’en profite…). Résultat, j’avais moins de raisons d’en parler ici. Il fallait un coup de coeur suffisamment gros pour que je m’y remette. Si en plus, il apparait que tout est en place pour que vous ratiez votre coup de cœur potentiel, je me sens investi d’une mission de premier ordre : vous convaincre que vous allez aimer TED LASSO. Alors voilà.

Tout part d’un quiproquo.

Fan de la première heure de son initiateur-interprète Jason Sudeikis (ex « SNL« , « Comment tuer son boss ? », « Les Miller« …), je suis quand même allé lire les critiques de nos grands magazines avant de me lancer, plonger dans une série étant devenu l’un des plus gros engagements des temps modernes. Nos amis critique séries ont malheureusement d’emblée confirmé mes craintes. Pour Première  » On a un peu de mal à envisager que quelqu’un qui ne s’intéresse pas du tout au football – ou plutôt au soccer comme on dit de l’autre côté de l’Atlantique – puisse se passionner pour TED LASSO« , pour Les Inrocks « Une comédie sportive sur fond de choc des cultures« , pour Le Point « ... blagues sur le monde du foot (un peu paresseuses et s’appuyant surtout sur des clichés), des intrigues de vestiaires (un peu cousues de fil blanc) et des cocasseries nées du fossé culturel et social américano-britannique (efficaces mais pas très originales)… » (même si la critique du Point est au global plutôt bonne). En plus des clichés tant redoutés, on nous promet une morale dégoulinante de bons sentiments jusqu’au dégout. Pas envie.

Oui, TED LASSO est bien l’histoire d’un coach de football américain d’une naïveté confondante qui confine à la crétinerie, confronté à la culture anglaise qu’il ne comprend pas mieux que notre bon vieux « soccer » européen. Plus exactement, c’est le point de départ qui creuse le sillon des pastilles humoristiques créées pour la promo de NBC Sports en 2013, toujours en ligne sur YouTube ici ou ici. Mais la série dérivée pour Apple TV+ n’a finalement pas grand chose à voir. Il m’a fallu croiser le chemin sur Twitter de quelques ardents défenseurs auxquels je fais confiance (Poke Gonzague) et un nouveau confinement où perdre du temps n’est plus tellement un enjeu pour décider à me faire un avis par moi-même.

Parlons de TED LASSO, la série.

Il m’arrive de me demander si les auteurs des critiques ont vraiment regardé les séries dont ils parlent. Comment peut-on voir devant TED LASSO une série humoristique sur le football et le choc des cultures ? L’émotion recherchée étant de toute évidence autant les larmes que les rire et la toile de fond sportivo-culturelle servant surtout quelques gags (et souvent pas les meilleurs d’ailleurs). On aurait pu compter sur l’intelligence de la promo par Apple TV+ pour corriger le tir mais c’est un espoir qu’on a perdu depuis longtemps. C’est donc sur fond d’affiches et bande-annonces qui disent « football » et « choc des cultures »qu’il faudra trouver sa voie.

Hannah Waddingham et Jason Sudeikis

Alors de quoi ça parle ? Lorsqu’une femme humiliée par son mari se retrouve à la tête d’un club de foot de Richmond dans la banlieue londonnienne, elle décide de détruire l’image du club en engageant à son insu un coach de football américain de toute évidence incompétent en matière de Premier League.

TED LASSO met au centre de tout l’optimisme et la bienveillance. Alors bien sûr, c’est cousu de fil blanc, on comprend en quelques minutes qu’on va s’attacher à ce personnage caricatural ridicule au prime abord, mais c’est beaucoup plus que ça.

Le « Succession » de la bienveillance

Si on réussit à ce point à trouver passionnants les protagonistes de « Succession » pour leur capacité à être détestables, pourquoi une série qui réussit à rendre l’intégralité de ses personnages attachants le serait moins, passionnante ? Et on est heureux de les aimer autant ces personnages qui révèlent tous, plus ou moins rapidement, leur part d’humanité. Passée au tamis d’un irréductible optimisme, c’est l’attention aux autres qui impose le meilleur, avant toute autre chose ou qualité. On comprend assez vite que les quitter va être difficile donc on déguste chacun des épisodes avec attention et précaution. D’autant que chaque épisode ne dure que 30 minutes, le nouveau format qui semble s’imposer en 2020. Comme pour « Succession », il faudra passer le premier épisode pour rentrer dans le ton de la série, un peu déstabilisant au départ si on n’est pas accoutumé à l’humour de Sudeikis.

Jason Sudeikis et Brett Goldstein

On est d’accord, TED LASSO retourne un peu vite certains personnages (sa façon de se mettre les médias dans la poche doit faire rêver au plus haut sommet de l’état), on se prend parfois à espérer un peu plus d’images de foot quand les matchs ne sont vus que des vestiaires juste avant et juste après. Certes, autant dans bienveillance condensée dans une seule personne n’est pas d’une crédibilité à toute épreuve. Mais encore une fois, l’enjeu central de TED LASSO n’est pas son réalisme. La question qui finit par émerger est : comment les scénaristes vont-ils réussir à nous faire aimer l’intégralité de ses personnages ? Ceux qu’on déteste au départ, c’est assez classique, on connait les rouages. Mais surtout, ceux dont on se fiche, qui sont habituellement une façon d’habiller le second plan.

Des sujets de société au-delà du choc des cultures

La vraie toile de fond de TED LASSO va puiser dans des sujets de société autrement plus intéressants que la passion du thé ou d’un plaquage au sol : l’âgisme, la grossièreté machiste, la pression de la réussite… Avec le parti pris initial d’une naïveté enveloppante qui offre au final un regard nouveau sur ces enjeux bien plus profonds. Le petit miracle est de réussir à les traiter avec humour (on sourit souvent, on éclate de rire une ou deux fois) ou émotion qui nous met les larmes aux yeux. Exercice qui atteint son paroxysme dans les 30 dernières secondes devant lesquelles toutes les personnes sensibles comme moi seront dans la situation étrange de mélanger des larmes et un éclat de rire.

Juno Temple

Casting au diapason

Si Jason Sudeikis s’est écrit un rôle sur mesure, il nous offre en plus le plaisir de revoir Juno Temple (qu’on aime depuis « Mr. Nobody » et qu’on avait adoré il y a 2 ans dans la première saison de la série « Dirty John »). Mais ce sont d’autres retrouvailles ou découvertes qui sont encore plus jubilatoires : l’actrice chanteuse Hannah Waddingham, l’hillarant Jeremy Swift (vu dans « Downton Abbey »), les rivaux Brett Goldstein (le beau plus tout jeune, qui a semble-t-il participé à l’écriture) et Phil Dunster (le beau gosse tombeur), Brendan Hunt (en coach socialement pas bien armé, très drôle à chaque rare réplique) ou encore, dans un petit rôle à l’écran central dans l’histoire, Anthony Head devenu moins sympa depuis les années « Buffy ».

On ne sait pas encore qui sera au rendez-vous des saisons 2 et 3 déjà annoncées, sous l’impulsion des bonnes critiques et de l’engouement aux Etats-Unis (contrairement à la France). Mais quoiqu’il arrive, on sait déjà qu’on sera content de les retrouver.

TED LASSO est la série la plus attachante de l’année, oubliez cette envie irrépressible de buter tout le monde depuis que 2020 a décidé de nous offrir un condensé de tout ce qu’on ne voudrait pas vivre. Foncez déguster les 10 épisodes de 30 minutes sur Apple TV+.

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