La grand messe du 20h00 has been ?

Laurent, étudiant expatrié aux US le temps d’un semestre d’échange et stagiaire à CNBC, décrypte sur son blog "les Etats-Unis à travers leurs médias" avec des analyses intéressantes, notamment du regard porté par les médias américians sur l’actualité en France (voir les émeutes en banlieue). Au-delà, et pour me rapprocher du sujet de prédilection de mon blog, l’évolution des médias y est abordée, en particulier à travers le traitement de l’information. C’est ainsi que le mois dernier, Laurent s’interrogeait sur la fin du journal télévisé traditionnel : la fin du modèle "homme tronc" pour un style nettement moins académique semble être en passe de s’imposer. En France, les stars restent dans ce modèle figé (sur toutes les chaînes) et les tentatives sont encore timides : Christophe Hondelatte l’année dernière (dont Elise Lucet a repris le flambeau cette année) au 13h00 de France 2 ou encore Marie Drucker sur France 3 qui a abandonné le prompteur (mais bon, Pernaut l’a fait avant elle) et débute le journal debout, bref, pas encore de révolution.

Si l’évolution américaine annonce les prémices d’une évolution en France, il ne faut pas oublier que le modèle a été dynamité chez nous bien avant l’arrivée du prompteur il y a plus de 30 ans avec Yves Mourousi qui s’est permis des audaces qui nous manquent aujourd’hui. Son digne successeur se fait toujours attendre, non ?

La mort vous va si bien

Jock_ewing_3Les scénaristes des séries a succès ont toujours intégré le décès de l’un des personnages principaux pour insuffler une nouvelle dynamique après quelques années ou sous la contrainte du départ (voir décès) de l’acteur incarnant le héros concerné. Les "scenarii" des soaps de la grande époque (Dallas, Dynastie, Côte Ouest…) sont truffés de ces rebondissements qui tombaient en première saison dans le pire des cas (Jock Ewing dans Dallas, Sid Fairgate dans Côte Ouest…) ou après plusieurs années (Pam Ewing, Bobby Ewing, Valene Ewing, Lucy Ewing, Eric Ewing, pas tous les jours rose de s’appeler Ewing), quitte à revenir plus tard sous Cte_ouest_4 les traits d’un autre acteur (sans explication : Ellie Ewing, Steven Carrington…) ou par le truchement d’un coup de théâtre aussi crédible que le mariage entre Michael Jackson et Lisa-Marie-fille-de-Presley (Le rêve de Pam pour le retour de Bobby dans Dallas, l’arrivée du sosie de Ciji Dune-Lisa Hartman dans Côte Ouest…).

Teri_bauer_3 Avec les années 2000 et sous l’impulsion de nouvelles séries dont la qualité rivalise directement avec le meilleur du cinéma, une nouvelle tendance est apparue : la mort de l’un des héros est devenu un élément intégré très tôt dans l’histoire et, selon certains, participe pleinement à la mythologie d’une série. 24 (24 heures chrono) en a d’ailleurs fait l’une de ses marques de fabrique dès la première saison (dont l’issue était marquée par l’assassinat de Teri Bauer, femme du héros) et depuis dans chacune des saisons qui ont suivi. D’autres succès télé ont exploité la technique, d’Ally Mc Beal à Oz.

Boone_lost_1Cette année, les séries les plus "hype" du moment exploitent la technique jusqu’à en faire un élément de teasing pour inviter les spectateurs à suivre les deuxièmes saisons. Ainsi, Lost a perdu l’un de ses personnages clés (Boone dans l’épisode 20) en saison 1 et JJ Abrams avait annoncé très tôt qu’il fallait s’attendre à voir disparaître l’un des personnages féminins principaux en saison 2. Ce qui vient d’être mis en pratique dans l’épisode diffusé la semaine dernière aux US et que j’ai vu aujourd’hui (ne cliquez ici que si vraiment vous voulez vous gâcher la surprise et savoir qui meurt et dans quelle condition). De son côté, le créateur de Desperate Housewives, Marc Cherry, laisse courir des rumeurs concernant la disparition de l’une des 5 héroïnes au cours de la saison 2, alors que le mari de Bree a déjà fait les frais de cette nouvelle tendance en fin de saison 1.

Au-delà des aspects marketing, il se cache sans doute d’autres raisons nettement plus business, qui donnent en particulier tout pouvoir aux producteurs et scénaristes et placent les acteurs dans une toute nouvelle posture : aucun n’est assuré de voir son personnage s’inscrire dans la durée et rend nettement plus difficile la flambée des salaires qui atteignaient des sommes indécentes dans les années 90. Et les nouvelles stars des séries sont dorénavant au moins autant leurs créateurs, qui incarnent réellement leur oeuvre (voir Marc et JJ) que leurs acteurs dorénavant fragilisés.

L’esprit Canal… sur Canal + !

On l’avait un peu perdu de vue puis vaguement retrouvé sur d’autres chaînes. L’une des meilleures nouvelles de cette rentrée télé est que l’esprit Canal est de retour sur Canal Plus. En gardant le meilleur des saisons précédentes et en innovant avec de nouvelles emissions, les programmes en clair de la chaîne ont retrouvé une force de frappe proche de la grande époque de Nulle Part Ailleurs.

Pour les piliers,  Les Guignols (voir la guignolsphère !), le Vrai Journal et 7 Jours au Groland gardent leur pêche des premiers jours. Ca cartoon et Canaille + sont désormais des incontournables. Le zapping (télé et radio) est probablement l’une des meilleures idées de ces 20 dernières années (idée de Michel Denisot) et + Clair, même sans Daphné, s’affirme comme le dernier vrai magazine télé qui parle de la télé avec un angle journalistique. Surtout, on y trouve la rubrique hilarante d’Eric Dussart, Bloc-Notes, 5 minutes de bonheur à chaque fois. Les succès confirmés des saisons précédentes placent la barre assez haut avec En Aparté et la deuxième saison de La Musicale qui n’a pas grand chose a envier à Taratata. Pour sa deuxième saison, La Matinale a resserré l’équipe et j’avoue que le trio Bruce Toussaint, Stéphanie Renaudin et Marie Colmant forment la rare équipe capable de me donner la pêche pour la journée dès 7h00 du mat. Programme d’accompagnement du midi, Nous ne sommes pas des anges joue l’intelligence et ça marche. Le grand journal en version allongée a mis un peu de temps à trouver ses marques mais fonctionne vraiment bien aujourd’hui (atteignant d’ailleurs quasiment les audiences de feu NPA). Pour l’info, Lundi Investigation et 90 minutes ne m’ont pas déçu une seule fois depuis septembre. Vendredi Pétantes et Samedi Pétantes font figures d’exception pour moi, la seule vraie bonne nouvelle étant la fréquence réduite de l’émission… J’ai une idée : on va dire que je ne suis pas dans la cible !

Pour finir, deux émissions dont on parle moins, injustement. D’abord, Germain fait sa télé qui repose sur une idée improbable (rejouer en playback des instants clés d’émissions télé comme "A prendre ou à laisser" ou "Sans aucun doute") mais se révèle à chaque fois drôle et percutante. Germain Huby y tient tous les rôles avec un talent incontestable. Ensuite, une bi-annuelle, Habillé(e)s pour l’été/l’hiver, émission au cours de laquelle mademoiselle Agnès manie le 2ème degré avec abileté pour tourner en ridicule l’univers de la mode avec la complicité de tous ses acteurs. A se demander comment elle réussit encore à mobiliser le casting de rêve qu’elle propose. Soit ce milieu là a de l’humour (mais non ça se saurait), soit ils n’identifient pas le taillage de costume derrière les sourires et minauderies, soit (et c’est le plus probable) ils ne regardent pas l’émission. L’émission n’en reste pas moins une bonne "revue de mode", juste nettement plus rigolo que Vivianne Blassel et ses commentaires éthérés. En tout cas, Mademoiselle Agnès et Loic Prigent à la réalisation m’ont offert l’un des moments télé les plus drôles de cette rentrée.

Séries US suite

Pour mettre à jour ma note sur le succès des séries aux US, 15 des 20 meilleures audiences de la télé américaines entre le 31 octobre et le 6 novembre sont des séries, 11 sont déjà diffusées sur les chaînes françaises : CSI – Crime Scene Investigation (Les experts), Desperate Housewives, Without a trace (FBI : Portés disparus), Grey’s Anatomy, NCIS (NCIS : enquêtes spéciales qui connait auttant de succès en France avec la même discrétion qu’aux US), Cold Case, CSI New-York (Les Experts : Manhattan à partir de demain sur TF1), Law&Order : SVU (New York Unité Spéciale), ER (Urgences), Law&Order : Criminel Intent (New York Section Criminelle) et CSI : Miami (Les experts Miami).

Parmi les nouveautés qui fonctionnent bien et qu’on attend donc en France, Criminal Minds qui met en scène une équipe de profilers arrive en 10ème position des audiences. Grey’s Anatomy, lancé en mars 2005 sur ABC avec un succès immédiat, est annoncé prochainement sur TF1. Commander in Chief, avec Geena Davis, semble d’un patriotisme tellement grossier que l’accès au marché européen n’est pas un gagné. House série médical diffusée depuis novembre 04 sur Fox dont la deuxième saison marche bien et devrait arriver très vite.

Lost n’apparaît pas cette semaine dans le classement mais continue à cartonner : la série n’était tout simplement pas diffusée cette semaine là. A noter le succès de Extreme makeover : home edition sur ABC qu’on n’attend pas vraiment avec imptience en France…

MAJ 14/11/05 : et hop, M6 me contredit immédiatement, Commander in Chief arrive bientôt sur nos écrans.

Sauter le requin ?

Quel est le point commun entre les événements télévisuels suivants ? :

  • Pamela découvrant Bobby sous la douche alors qu’elle vient de le rêver mort dans Dallas
  • La mort de plusieurs personnages principaux de Dynastie après une fusillade lors d’un mariage en Moldavie
  • La première nuit de Sydney et Vaughn dans Alias
  • La mort de Tara dans Buffy
  • La mort de Doyle dans Angel
  • La mort de Prue (Shannen Doherty) dans Charmed
  • Le départ de Doug Ross (George Clooney) dans Urgences
  • Le jour où Homer devient vraiment stupide dans Les Simpsons
  • L’histoire entre Grace et leo dans Will and Grace
  • Le film X Files…

Ils correspondent tous à des moments clés dans l’histoire d’une série, ce que les américains appellent un Climax et ce qu’un étudiant a appelé jumptheshark. Vous pouvez voter pour l’événement inoubliable de votre série favorite (répertoriée de A à Z – les titres sont évidemment en VO, par exemple ER pour Urgences). Attention cependant, si vous vous baladez sur les séries qui ont de retard de diffusion en France, vous risquez de tomber sur un spoiler (révélation d’un événement qui n’a pas encore été diffusé en France). Au fait pourquoi "sauter le requin" ?? En référence à un moment inoubliable de la série Happy Days, lorsque Fonzie en ski nautique saute par dessus l’aileron d’un requin. Le site contient pour les initiés quelques running jokes, par exemple autour de Ted McGinley, considéré comme un provocateur de jumptheshark puisque son arrivée dans de multiples séries a entraîné leur baisse de succès (Happy Days, Dynastie, The Practice, The West Wing…)

Merci au passage à Philippe pour l’info sur le site que je ne connaissais pas (c’est malin maintenant je passe mes journées à voter)…

Rescue me jeudi soir

Rescue_me_1Une série événement à ne pas rater débarque jeudi soir sur Jimmy à raison de 2 épisodes par semaine en version multilingue (les joies du câble…). En prime pour les 2 premiers épisodes de la première saison qui en compte seulement 13, un documentaire de 10 minutes sur la série qui s’intéresse à une équipe de pompiers new-yorkais confrontés à l’après 11septembre. Comme d’habitude avec les bonnes séries américaines, le propos y est plus ambitieux et dérangeant que la plupart des productions cinématographiques et le format réussit encore à innover. Pour un avant-goût, ruez-vous sur les vidéos du site officiel de la Fox (diffuseur US depuis juin 2004) et calez vos magnétoscopes (ou jonglez des multi diffusions pour profiter à la fois de Desperate Housewives et Rescue Me).

La série oubliée

Serenity_2 Parmi toutes les séries américaines qui déferlent sur nos écrans, on retient souvent les plus trendy dont j’ai déjà eu l’occasion de parler ici ou , ou celles qui présentent un intérêt très limité mais dont la popularité a participé à la réputation médiocre de la catégorie (je pense à ça ou ça par exemple). On cite rarement des séries qui ont été sous-estimées de façon injuste, ignorées des cérémonies de recompenses. Je pense par exemple aux séries de Josh Whedon dont la prochaine production, Serenity, L’ultime rébellion, débarque sur nos écrans (au cinéma) le 19 octobre. Parmi les productions télévisuelles de ce fan de Shakespeare un peu déjanté, une série qui aura été considérée injustement pendant 7 ans comme un vague sitcom pour ado : Buffy contre les vampires (OK, quelque chose me dit que je vais entendre parler de ça au moins autant que de ma note sur Marie Laforêt : pas grave, j’assume !).

Buffy_1 Si la première saison déclinait effectivement sur un ton léger type BD un concept qui semblait voué à trouver très vite ses limites (une jeune fille dotée de super pouvoir débite du vampire à longueur d’épisode en balançant des vannes acides pour faire marrer sa bande de potes surnommée le ScoobyGang), les choses ont changé dès le début de la fin de la première saison. Le bascule s’est notamment joué avec l’un des plus grands retournements de situation qu’une série nous ait offert : l’amoureux secret et néanmoins ténébreux de la blondinette se révèle faire partie de la grande famille des vampires que la belle avait pris jusque là tant de plaisir à faire voler en poussière (Angel a une âme mais quand même).

A partir de ce moment, Joss Whedon n’aura eu de cesse que de construire une mythologie qui repose sur une alliance entre une thématique forte par saison et des situations politiquement incorrects qui font de Buffy une héroïne pour adulte. Parmi les thèmes explorés, on peut retenir celui de la saison 6 qui déclinait la dépendance sous toutes ses formes : à l’amour, à l’amitié, au mal ou même à la sorcellerie qui permettait un parallèle clair avec l’addiction aux drogues dures (manque, descente, sevrage…). Pour ce qui est du politiquement incorrect, Whedon aura fait de l’une de ses héroïnes une lesbienne tellement amoureuse qu’elle sera prête à tuer quand elle la perdra, de Buffy une esclave du sexe prête à tout pour s’abandonner à des ébats torrides avec un vampire pourtant viscéralement méchant, d’Angel une ignoble bête cruelle en lui retirant son âme, de ses personnages secondaires des anti-héros totallement allumés et pervers (Drusilla ou Spike). Qu’on me dise encore que Buffy s’adresse au 13-18… Au passage, Whedon offrira à Buffy un destin tragique, marqué par une mort bouleversante avant de revenir à jamais meurtrie de son passage par l’au-delà (encore une fois pour des raisons inattendues).

Non content de construire une solide mythologie digne des séries cultes et de scotcher sur leurs fauteuils tous les ados peu habitués à se faire bousculer par leur série préférée, le génie de Whedon a montré tout son potentiel en créant des épisodes qui a eux seuls valent le détour. Il suffit de revoir l’épisode intégralement traité en comédie musicale ou celui, quasiment muet, revisitant l’univers de Tim Burton, pour s’en convaincre.

A ce stade, n’ayant plus peur de rien, je dirais que parmi les séries qui ont réussi à surpasser le génie de "Buffy the Vampire Slayer", au moins ponctuellement, il y a sans doute l’autre série phare de Whedon : Angel, dont certains épisodes sont de vrais morceaux d’anthologie, même si les saisons ont souffert d’une qualité inégale. J’y reviendrai.

Du sens à la télé

Fee_1Pour la première fois depuis longtemps, j’ai vu hier une émission politique citoyenne à la télévision proposant une vraie approche didactique et intelligente de l’ensemble des participants et franchement, ça fait du bien. France Europe Express était pourtant consacré à un sujet lourd : la santé. La première moitié de l’émission a vraiment permis de mieux comprendre le contexte de la grippe aviaire et a été à mon sens exemplaire sur le fond et la forme.

L’intervention mesurée des journalistes, qui posent les bonnes questions et laissent leurs interlocuteurs répondre (!), les reportages réellement didactiques et surtout la volonté des participants (politiques, économiste, médecin) d’informer ont participé à un niveau de qualité auquel on n’est plus réellement habitués. Bien sûr, la deuxième partie, portant sur la Sécurité Sociale, a offert quelques dérapages de débats politiciens (qui font habituellement la norme de ce type d’émission) en attaques personnelles stériles mais globalement a permis de mieux comprendre l’état des lieux et les enjeux de la Sécu pour les années qui viennent.

Le tout avec une Christine Ockrent visiblement atteinte d’une bonne… grippe ! Pour info, l’émission devrait être mise en ligne dans la journée.

Quand la télé-réalité se recycle

Loft_story Il fallait bien que ça arrive. Après avoir créé des stars éphémères vite retombées dans l’indifférence générale en générant au passage d’inévitables dégâts humains, après la déferlante des peoples has been dans les émissions de télé-réalité, qui a fini par lasser (exit la ferme), la boucle se devait d’être bouclée.  Qui de mieux placé qu’Endemol pour y penser ?

Ainsi, société de production de Stars Académie réfléchirait avec M6 à faire mieux que ressusciter Loft Story : réunir les anciens, ceux qui sont restés dans l’inconscient collectif, des ex-stars de la télé-réalité. Jean-Edouard et Loana (et leur piscine ?), Laure et Fabrice, Christophe et Julie (et leur bébé ?), Aziz et Kenza, bourriquet (sans Steevy occupé chez Ruquier ?) attireraient probablement des téléspectateurs avides de découvrir jusqu’à quelles profondeurs des « humains de laboratoires » peuvent descendre.

Et un succès lancerait probablement une série de concepts sur le même modèle : un « super star académie » mettant en compétition les finalistes de l’ensemble des saisons précédentes, un « Nice Colocataires Story » mettant en présence les participants les plus marquants de plusieurs émissions, un « Laurent et les millionnaires » qui verrait Marjolaine et Greg monter un ménage à 3 avec l’Incroyable Fiancé de l’été, une super Nanny relookée par les Queers tout juste revenus du pensionnat de Sarla ou d’ailleurs … Un jack pot déclinable pendant quelques saisons, jusqu’à épuisement des stocks, ou lassitude.