La semaine où j’ai retrouvé un ami

De « Mythomane » à « Paris Ailleurs », tous les albums d’Etienne Daho m’ont m’accompagné de l’adolescence à l’âge adulte. Puis il y a eu « Eden », devenu album de chevet dont j’aime chaque titre, dont je connais chaque note, chaque mot, chaque arrangement par coeur.

Pendant cette période, je l’ai vu 3 fois sur scène, impressionné à chaque fois par la chaleur de sa présence, de sa voix souvent moquée alors que je ne connais pas de plus belles cordes vocales masculines.

Puis je me suis éloigné, les 4 albums suivants ne m’ont pas touché, je suis passé totalement à côté.

Cette semaine était importante : j’ai recroisé le chemin d’Etienne Daho avec « les chansons de l’innocence retrouvée » comme un ami que j’avais perdu de vue. Un groove symphonique pop rock envoûtant qui m’a embarqué du lever du lit au tapis de course tard le soir. Les sonorités Disco annoncées ne viennent vraiment que dans les remix et on s’en réjouit plutôt.

Etienne Daho signe son meilleur album et sans doute l’un de mes coups de coeur de la décennie, rien de moins.

Dès les premières cordes du « Baiser du destin », j’ai su que c’était gagné. Dès la première écoute de la suite, mon intuition était confirmée avec  « L’homme qui marche » et ses inspirations Gainsbourgiennes tendance Bowie, « Un nouveau printemps » et son rythme pop funk, Nile Rodgers sur « Les torrents défendus » même s’il me touche un peu moins, « La peau dure » purement pop comme on aime et single probable, « Le malentendu »  et sa vision très noire du couple, le duo avec Debbie Harry sur le tubesque « L’étrangère », le planant « un bonheur dangereux » qui résume bien l’esprit de l’album, l’un de mes coups de coeur « En surface » que je chante dorénavant jusque sous la douche (merci Dominique A), les violons sont de nouveaux convoqués pour « Onze mille vierges », le single album titre clôt l’album avec « Bleu gitanes » en rappelant immanquablement le Daho des années 80 que j’ai tant aimé. Au milieu de versions alternatives de l’album version « Deluxe », une surprise supplémentaire arrive avec « Les lueurs matinales » en duo avec François Marry.

Ce n’est sans doute pas un hasard si c’est précisément cet album qui me permet de renouer avec la magie Daho. Perdre son innocence pour la retrouver, ça résonne forcément pour tous ceux des quelques générations régressives qui nous enveloppent. Mais l’album est moderne, la voix de Daho plus belle et subtile que jamais, la magie d’Abbey Road est là, les cordes enlèvent plutôt que d’appesantir…

J’ai souvent entendu le nom de Jean-Louis Piérot autour de moi, si c’est bien le monsieur qui a permis ce bijou qui a illuminé ma semaine en co-signant quasiment tous les titres et en co-réalisant l’album, je trouverai un moyen de le remercier de m’avoir rendu un ami.

Réjouissances cinématographiques

Le cinéma m’a donné en une semaine deux bonnes raisons de me réjouir, avec néanmoins à chaque fois un petit bémol.

D’abord, les nominations au César sacrent parmi les plus nommés Le premier jour du reste de ta vie, l’un de mes films préféré de ces dernières années. Dans les catégories Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur acteur (Gamblin), Meilleur jeune espoir masculin (Marc-André Grondin) et féminin (Déborah François), Meilleur scénario original, Meilleur musique (pour Sinclair mais on n’oubliera pas le rôle de Daho jusqu’au titre du film) et meilleur montage. Je regrette seulement l’absence de Zabou qui mérite largement sa place parmi les meilleures actrices.

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Ensuite, la sortie demain du Bal des actrices pour lequel sa réalisatrice Maïwenn a assuré une promo aussi décoiffante que son film est plébiscité par la critique. Elle a balancé allègrement le nom des actrices qui ont décliné des rôles par manque d’humour sur elles-même devant des journalistes souvent médusés d’obtenir aussi facilement des réponses. Evidemment, tous les passages où on apprend qu’Adjani n’a pas un sens de l’auto-dérision surdéveloppé me gênent, faute de me surprendre. J’ai été surpris en revanche de constater qu’aucun journaliste ne jouait sur le fait que Maïwenn a interprété Adjani petite dans l’Eté meurtrier il y a 25 ans. En tout cas, ce bal là rentre en tout cas dans ma liste de films à voir vite (et j’ai un peu de retard sur ce terrain).