Cry me a river

C’est un trait de caractère qui n’est pas exactement simple à assumer quand on est un homme de 40 ans non dépressif cadre dirigeant en entreprise. J’ai la larme facile. Pas depuis toujours en fait, je dirais même que ça se renforce avec le temps, chaque année, mes yeux s’embuent de plus en plus facilement.

pleurer

Enfant, je pleurais rarement. Ça a commencé adolescent, même si c’était principalement pour des choses futiles ou en signe d’émotion positive. Je me souviens en particulier de la victoire de Noah à Roland Garros, effondré dans les bras de son père, qui m’avait noué la gorge au point de me valoir mes premiers pleurs de « grand ». Gérer mes émotions dans des moments vraiment graves était plus compliqué, mes yeux désespérément secs lors d’un enterrement en particulier m’avaient valu pas mal d’interrogations.

En grandissant, c’est dans les salles de cinéma que j’ai laissé coulé le plus de larmes. Je garde notamment un souvenir ému de Lars Von Tries en général et Breaking the waves en particulier qui m’a obligé à étouffer quelques sanglots que l’obscurité de la salle ne pouvait pas dissimuler. Mais ce n’est que très récemment que je me suis laissé aller à vivre les émotions de la vraie vie, un peu indifférent au regard des autres sur ce qui pourrait apparaître comme une faiblesse.

En fait, je crois que j’aime pleurer. Lorsque ça m’arrive, je me sens profondément vivant. Au cours de ces dix derniers jours, je me suis senti très vivant, à deux reprises.

Si le livre d’Antoine Guélaud, ils ne m’ont pas sauvé la vie,  m’a autant emporté, c’est qu’il fait résonner un moment difficile de cette année de façon libératrice, un peu comme s’il l’avait expulsé très loin de moi.

Hier soir, en regardant William répondre aux questions d’un Ardisson qui en faisait pourtant un peu trop dans le registre « bouleversé énervé », j’étais fier de mon ami, de son pouvoir d’émotion. Je ne lui dirai pas pour ne pas participer à sa mise sur orbite, c’est mieux.

La musique a aussi cette capacité à me faire pleurer. Il y a quelques titres auxquels je ne résiste pas et pas toujours ceux auxquels on s’attend. Dans le registre, je pense notamment -sans vouloir justifier le titre de cette note- à la performance de Justin Timberlake sur un titre rythmiquement impossible qui le balade sur deux octaves et demi d’amplitude, avec chorégraphie et Beat Box pour pimenter. Qu’on ne me demande pas pourquoi, aussi inexplicablement que les poils de Julie Zenatti qui se dressent dans X Factor, ça marche à tous les coups sur moi.