Entreprenariat, 3 mois plus tard

Aujourd’hui, pile 3 mois entrepreneuriat. Alors c’est comment ?

En version courte et en 5 points (pour les plus pressés) :

  • Passionnant de monter sa propre structure, j’adore apprendre, presque trop
  • Plein de réactions très réconfortantes pour l’égo mais qui mettent un peu la pression
  • Comme on s’y attend, c’est plein de surprises et plein d’inconnus
  • De l’importance de bien comprendre son « réseau »
  • L’entreprenariat reste souvent une curiosité en France

Je vous raconte ?

L’annonce : un impact inattendu

Après quelques jours de teasing, j’ai lancé le 19 juillet « Spin-Off Conseil« . Avec l’aide d’amis qui se sont mobilisés pour me créer un joli logo comme j’en rêvais (merci Eric L), assurer l’editing de mes textes en français (merci Mathilde F) et en anglais (merci James C)…

Après 11 mois de congés sabbatiques et un retour en plein milieu de l’été, je voulais surtout répondre à la question qu’on me posait le plus : « Alors, tu vas faire quoi ? ». Mes réponses évasives laissaient trop supposer une grosse surprise ou une annonce fracassante qui n’était ni d’actualité ni recherchée. Si je laissais passer l’été, je risquais de faire monter une pression à l’exact inverse de ce que je souhaitais. 

Rendre visible mon nouveau statut d’indépendant était donc un contournement plus qu’un plan de visibilité à un moment un peu creux en termes d’annonces sur le marché de la com. Et pourtant, c’est sans doute la raison principale de retours enthousiastes, partages en masse sur les réseaux sociaux, commentaires, échanges et, déjà, prémices de nouveaux projets. La suite de l’été s’est d’ailleurs révélée assez active en annonces autrement plus dimensionnées (coucou Buzzman et Brand Station), autant dire que j’ai eu du bol, de l’intuition, du karma ou quelque chose au milieu de tout ça, niveau agenda.

Un nouveau métier à expliquer

Choisir la facilité n’étant pas exactement mon trait de caractère premier (il n’y a qu’à voir la construction de la phrase qui suit), ce n’est pas que pour le challenge que j’ai fait un pas de côté, mais un peu quand même. Mes interventions publiques depuis 25 ans portant sur les RP, la com de crise et l’influence sur les médias sociaux, j’étais conscient de ma forte légitimité sur ce terrain. C’est évidemment là que des sollicitations spontanées avaient le plus de chance de se présenter. D’autant que mes prises de paroles publiques se situent sur ce terrain (comme ici dans un magazine consacré à l’influence).

Donc pourquoi ne pas aller sur un territoire qui me passionne, en surface assez différent même si intrinsèquement lié, terrain qui reste à défricher, sur lequel personne ne m’attend ? 

Honnêtement, j’ai été surpris du taux de mémorisation de « Spin-Off conseil », de la compréhension assez immédiate de l’idée derrière. Je pensais qu’il allait falloir multiplier les exemples, les démonstrations d’outils, les explications… Ca a semblé clair pour tout le monde : « appliquer les méthodes des séries à la narration des marques, évident, on aurait du y penser avant ». J’ai également été étonné de l’enthousiasme derrière un élément précis : j’ai indiqué les prix sur mon site ! C’est étonnamment ce dont on m’a le plus parlé. 

Pas de fausse naïveté : derrière cet enthousiasme, des questions. »Mais alors du coup, concrètement, tu fais quoi ? ». « Quels problème tu aides à résoudre ? »… Ca m’aide à renforcer toujours plus les contenus sur le site, expliquer, modéliser. « Rassure-moi, tu fais quand même des RP, de l’influence et de la crise ? ». J’explique que tout ça nécessite de l’éditorialisation au niveau de la marque, du contenu attractif à raconter le mieux possible pour le décliner dans tous les canaux… donc oui, je fais bien sûr du marketing et toujours, en filigrane, des RP, mais différemment.

Pendant ce temps là, il a fallu décider de mon statut, suivre des formations, plein de formations, trop de formations, trouver un expert-comptable, monter ma boite, j’adore apprendre, ça aurait pu devenir mon nouveau full time job.

Pour quelle activité concrètement ?

Si le lancement de ma marque n’était pas si urgente, c’est que j’avais déjà quelques missions pour bien occuper l’été et la rentrée. A chaque fois grâce à des amis et contacts pros. On me répond toujours quand j’en parle « oui, ton réseau quoi »… J’ai du mal à appeler mes contacts un « réseau », je n’ai pas ce type de relation avec mon entourage. Mais oui, ça doit ressembler au principe d’un réseau.

J’ai donc collaboré avec 1 start-up, 2 services marketing, 1 agence, 2 célébrités, 1 événement, 1 institution et 1 média. Pour la plupart, avant même d’avoir déposé les statuts de ma SASU. La liste semble longue mais c’était à chaque fois des missions ponctuelles. Dans des secteurs qui me passionnent (entertainment, séries, climat, sciences, événements) pour des programmes influenceurs et de la crise. Mais j’ai réalisé dans cette période qu’on venait me chercher selon ce qu’on projette de moi, situation très différente de ce que j’ai connu dans le passé où l’on venait me solliciter au travers de ce qu’on projetait de l’agence dans laquelle je travaillais.

Lorsqu’on m’a sollicité pour des coachings, c’était pour des célébrités « à fort caractère », lorsqu’on m’a fait intervenir en interne dans des directions marketing, c’était pour relativiser le marketing d’influence tel qu’il est appréhendé en 2019 auprès de décideurs « à fort caractère ». L’idée est qu’on me mette face à de forts caractères, challenge accepted ! Mais surtout, et c’est la plus grosse surprise, on m’a demandé des ateliers et productions dans l’univers que j’ai choisi : le storytelling appliquant les techniques des séries télé aux narratifs de marques.

En écrivant ce texte, je réalise que je ne peux pas exposer publiquement la plupart des marques et entreprises concernées, mes interventions s’inscrivant quasi-systématiquement dans un champ confidentiel. Ca deviendra sans doute un enjeu, je n’y pense pas trop.

J’ai aussi choisi (grâce à la proposition d’un ami encore une fois) de m’investir dans des cours à l’INSEEC sur des modules longs de 45h, soit plus de 100 heures de cours jusqu’en juin, avec pas mal de temps de préparation à la clé… Un moyen parfait de garder les doigts dans la prise pour tout ce qui concerne la e-Réputation ou le SMO (Social Media Optimisation). Twitter vient souvent à ma rescousse pour pointer les derniers buzz immanquables et les outils révolutionnaires à ne pas manquer pour tenter d’illustrer mes cours de façon un peu modernes. Je crois qu’on se kiffe assez avec mes étudiants.

J’ai refusé en revanche d’accompagner des influenceurs dans leur relation aux marques (j’ai hésité, testé puis arrêté), de travailler pour un ministère étranger sur une mission avec laquelle je n’étais éthiquement pas à l’aise. J’ai refusé aussi des missions sur les secteurs de la beauté et de la mode où je ne pense pas être le meilleur. Ma capacité à refuser des missions est un luxe que je mesure et que je veux plus que tout entretenir. J’essaie aussi de réduire mes interventions « coups de main for free » au minimum, même si je ne réussis pas toujours (pour des amis, parce que ça m’intéresse…).

Comment arrivent les opportunités ?

Je ne passe pas d’énergie sur de la prospection à proprement parler. J’ai en revanche essayé d’expliquer à tous ceux qui s’y intéressaient ce que je faisais dans le détail. J’interviens dans des conférences ou répond à des interviews quand on me le demande. Si j’ai commencé à produire pas mal de contenus pour mon site et mes réseaux sociaux, j’ai un peu réduit la voilure par manque de temps. Même si ça n’a jamais été un usage premier, j’ai bien conscience que mon compte Twitter me permet de rester dans le radar. J’en profite raisonnablement, en continuant à parler moins d’offres commerciales ou de missions clients que de mes points de vues sur une assez large diversité de sujets, avec ce petit côté « grande gueule » qui me vaut de me prendre des rouleaux compresseurs en meute régulièrement. 

Classement Netino août 2019

J’écris évidemment sur les sujets où j’ai envie qu’on vienne me chercher puisque je les connais bien : la SVOD, la com publique, la télévision… En plus des interviews et interventions, je m’engage dans de nouveaux projets avec une rubrique régulière dans un magazine et un podcast, je pourrai révéler tout ça dans les semaines qui viennent. Au même moment, on annoncera également de belles choses concernant une pièce de théâtre qui  me tient à coeur et occupera une partie de mon quotidien dans quelques mois.

Jusqu’à présent, ça porte ses fruits mais la visibilité des missions sur le long terme est quasi nulle, il faut s’y habituer. Je ne sais pas ce que je ferai dans un mois et je ne panique même pas. J’aime ce statut, c’est visiblement un sujet d’étonnement dans mon entourage pro. Être entrepreneur après autant d’années de salariat semble considéré comme une situation par défaut ou pire, par dépit. Quelques contacts qui veulent mon bien étaient ravis de m’indiquer qu’ils allaient avoir « mieux à me proposer qu’une mission, carrément un poste ! ». Mais je ne veux pas d’un poste, je ne sais jamais comment dire ça sans vexer. Mon rêve n’est pas ou n’est plus de rejoindre l’entreprise et/ou la marque dont tout le monde rêve. Travailler pour elles, oui, mais pas en tant que salarié. L’événement de la BPI auquel j’assistais la semaine dernière à Bercy m’a rappelé que je n’étais pas tout seul à vivre cette situation, loin de là.

Je ne pense pas encore que c’est gagné, que Spin-Off Conseil est déjà un succès, que je ne commettrai pas d’erreurs. Je pense plus simplement que je suis exactement là où je dois être.

4 réponses sur “Entreprenariat, 3 mois plus tard”

  1. Rester soi même ! La plus belle des garanties pour être heureux.

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