Isabelle Adjani s’expose pour La journée de la jupe

Il fallait donc un film engagé loin de l’image glamour dans laquelle on l’a enfermée pour retrouver Adjani sur les plateaux de télé en interview. Forte d’un carton sur Arte avec 2.245.000 spectateurs, d’un buzz web énorme et d’un succès critique unanime*, elle  s’expose comme jamais, n’éludant aucune question sur ses combats de femme, le temps qui passe, sa carrière en pointillé. Au 19/20 de France 3 et 20h de TF1 hier soir, sur TF1 dans Sept à Huit et au 20h de France 2 en direct ce soir, demain sur Canal + au Grand Journal… Je la trouve belle, intelligente et lumineuse, mais je suis inconditionnel donc peu objectif. Le marathon médiatique s’étend à la presse écrite (Paris Match, VSD ou encore Elle la semaine passée) et à la radio avec France info vendredi dernier, Vincent Parizot dès demain lundi 23 mars à 9h sur RTL et, choix plus surprenant, le Fou du roi chez Bern mardi 24 de 11h à 12h30.

adjani

Le film à découvrir dans les salles cette semaine dès mercredi 25 mars, c’est donc la journée de la jupe dont j’ai déjà beaucoup parlé ici ou . Pour de sombres histoires de boycott des exploitants, aller dans les salles ressemblera presque à un acte militant. Avec 50 salles en France seulement, difficile d’accéder au film mais pour les parisiens, il sera diffusé dans 2 MK2 (Beaubourg et Bibliothèque) donc sortez vos cartes UGC !

* Seule critique négative repérée, la journaliste de Sud-Ouest semble régler ses comptes avec le réalisateur. Risqué à l’heure d’internet au regard des commentaires (voir celui du réalisateur signé Jean-Paul). Pour le reste, c’est un carton plein (voir la critique du figaro papier vendredi).

MAJ : à part le succès du film en salle, le meilleur moment de cette semaine de promo aura sans doute été le passage d’Isabelle Adjani dans la boîte à question du Grand Journal sur Canal +. Un moment d’anthologie qui nous emmène de l’acteur « qui met la langue » à l’imitation de Donald Duck en passant par un « vous ne savez pas que je suis folle » et un a capella de pull marine. Magique.

La journée de la jupe avec Adjani au cinéma

J’en avais fait le pari, j’en étais sûr, plus en tout cas que le réalisateur Jean-Paul Lilienfeld qui dans les commentaires qu’il a laissé ne pensait pas que c’était possible. La journée de la jupe, téléfilm que diffusera Arte le 24 mars, sortira le lendemain au cinéma. Et c’est largement mérité. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la bande-annonce ne dit pas tout.

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La journée de la jupe : le choc attendu sur ARTE

Attendu en diffusion sur Arte au mois de mars 2009*, La journée de la jupe est bien d’avantage qu’un téléfilm de plus. C’est une tragédie émaillée de rires, une torpille en plein estomac, la photographie d’une réalité qu’on s’en veut d’ignorer sciemment, un huit-clos ouvert sur le monde dont on sort chancelant mais touché au cœur. C’est aussi le retour d’une Isabelle Adjani étourdissante dans un rôle à sa démesure.

*MAJ 1er Mars 09 : bonne nouvelle, le film La journée de la jupe est finalement diffusé en avant-première sur ARTE avant sa sortie dans les salles le 25 mars. MAJ 21/03/09 : record d’audience sur Arte avec l’un des records historique pour la chaîne qui avec 2.245.000 spectateurs et 9,6% de parts de marché se place devant France 2. Un vrai carton ! MAJ 22/03/09 : la journée de la jupe nous offre le plus beau marathon médiatique d’Isabelle Adjani depuis… toujours ?

Il n’est pas question de mise en condition, de préparation ou de facilité. On n’est pas sur TF1, on entre directement dans le vif du sujet. Sonia Bergerac est prof de français dans une banlieue chaude, son cours n’a pas encore commencé et on a déjà compris : elle ne fait plus face à la pression d’élèves qui ont pris le pouvoir. C’est en découvrant presque par accident un pistolet caché dans le sac d’un élève que Sonia Bergerac va, sans réellement s’en rendre compte, prendre une partie de sa classe en otage. Et se laisser entraîner jusqu’à créer une spirale qui nous plonge, elle, ses élèves, les autres profs, le principal, leurs parents, le brigadier et son chef, la ministre et les journalistes, dans des réalités croisées qu’on comprend une à une, autant qu’on les déteste. Parmi les revendications qu’elle doit trouver pour donner du sens au désastre qu’elle a créé, la prof exigera l’instauration d’une Journée de la jupe…

En découvrant le film sur grand écran avec toute l’équipe dans la salle, l’émotion était palpable, la pression de l’entrée en matière immédiate tellement forte qu’il aura fallu quelques scènes avant de réussir à gérer les (assez nombreuses) répliques comiques. Le principal exploit de La journée de la jupe est de ne jamais juger pour réussir à faire comprendre l’inacceptable. L’ancrage dans le quotidien, avec des références à la culture populaire notamment dans une terrifiante et drôlissime élection dans le plus pur style Star Academy, rappelle à tous les instants que cette violence sociale existe, ici et maintenant. L’exploit dans la salle aura consisté à réussir à sécher les larmes tout en applaudissant pour dire merci.

N’ayant pas réussi à monter son film pour le cinéma, le réalisateur et scénariste Jean-Paul Lilienfeld, a tenu à remercier Arte pour une « folie » que les autres n’ont pas : accepter les idées qu’ils aiment ! Son deuxième hommage appuyé sera pour sa comédienne principale : un « stradivarius » qui a soutenu le projet d’un bout à l’autre.

Mon statut d’inconditionnel faisait de cette projection un moment forcément très particulier et très fort. Ce n’est qu’en voyant le film qu’on comprend la raison de l’engagement d’Isabelle Adjani, pourquoi elle en a accepté les contraintes liées à un financement réduit. Les révélations émaillées tout au long du film touche à son engagement de femme. Mais elle a préféré insister sur le plaisir d’actrice qu’elle espèrait transmettre au public que nous étions.

Sa performance est fracassante, aussi bouleversante que celle de l’Eté meurtrier, Camille Claudel ou la Dame aux Camélias. La peur, la fragilité, la violence, la déchirure, la folie, la légèreté, l’égarement, toute la palette des émotions est là, en gros plan. Avec le sentiment de retrouver une Adjani qu’on avait un peu perdu, ces yeux bleus marine et sa voix grave qui nous ont du coup manqué. Evidemment, je n’ai pas osé lui dire comme je l’aimais alors qu’elle passait à côté de moi.

Le film n’aurait à mes yeux aucun défaut ? Quelques-uns, anecdotiques : quelques scènes inutiles, une dextérité pour monter en quelques minutes des vidéos sur un téléphone mobile assez peu crédible, une ou deux répliques comiques de trop. Rien qui ne gâche réellement le plaisir.

La journée de la jupe sortira au cinéma, j’en suis sûr, c’est déjà arrivé à d’autres films d’ARTE. Il faudra patienter jusqu’au printemps…

Et MERCI pour ce nouveau cadeau.