L’IFOP vient de publier l’analyse 2005 du baromètre des conversations des français qui mesure chaque semaine, depuis novembre 2003 dans le cadre du Tableau de Bord politique Paris Match, « les sujets qui ont animé des conversation avec des proches », à la maison ou au travail. Frédéric Dabi, Directeur du Département d’Opinion Publique de l’IFOP, relève la grande diversité des sujets traités mais dégage 4 grandes tendances fortes :
- Une place importante accordée à « l’international émotionnel » avec en tête de liste les tsunamis en Asie (qui a fait l’objet de conversations pour 96% des personnes interrogées). La dimension émotionnelle et spectaculaire joue donc un rôle prépondérant. A titre de comparaison, le conflit israelo-palestinien n’est cité qu’à 40%.
- La politique davantage que la politique politicienne avec l’intérêt notoirement croissant pour le référendum du 29 mai (de 26% en janvier à 83% à 3 semaines du vote) à mettre au regard de l’intérêt pour le congrès du parti socialiste (13% en novembre) ou pour le conflit De Robien-Bayrou (13%).
- Des conversations autour de l’actualité socio-économique, du pouvoir d’achat et de la santé marquées par leur caractère anxiogène : la vie des entreprises et la macro-économie n’intéressent pas (Euro fort face au Dollar – 29% en février) par contre l’augmentation du prix du tabac ou la déclaration d’impôts animent les débats à respectivement 75 et 69%. La question de l’emploi est sans surprise très présente, celle de la santé publique l’est encore plus : intexication alimentaire liées aux steaks hachés (81% en novembre), grippe aviaire (80%)…
- Le sport, objet minoritaire mais consensuel : les scores sont plus faibles que prévus et dépassent rarement les 50% sauf pour la candidature de Paris aux JO 2012 (62% en juillet) mais il est précisé à juste titre qu’on est à la frontière du sport et de la politique.
L’outil est intéressant et la démarche indiscutablement utile. Ce qui n’empêche quelques réserves. D’abord, au final, il n’y a pas vraiment de grande surprise : « les français parlent d’abord de ce qui leur est proche, de ce qui les touche et les préoccupe personnellement ». Ce qui ne constitue ni une information bouleversante, ni une tendance nouvelle. D’ailleurs, pour la petite histoire, on note que les 4 grandes catégories sont identiques à celles du baromètre 2004. De plus, la méthodologie utilisée (choix de sujets au sein d’une liste fermée) peut générer l’exclusion de sujets peut-être moins fondamentaux (nouvelles technologies, télévision, people…) mais qui occupent sans doute une place non négligeable dans les conversations des français. La surveillance des thèmes traités dans les forums, conférences ou communautés en ligne offriraient sans doute un angle complémentaire intéressant pour identifier les centres d’intérêt des français.