Christophe Grébert relaxé par le Tribunal correctionnel

Il ne fait pas de doute que c’est une bonne nouvelle pour la liberté d’expression. Le jugement ne me paraît pourtant pas suffisamment tranché pour qu’une jurisprudence aide fondamentalement à combler un vide juridique qui en a pourtant besoin.

La dépêche AFP précise que “selon ce jugement rendu par la 17e chambre du tribunal, présidée par Philippe Jean-Draeher, un blog est bien soumis au droit de la presse, c’est-à-dire à la loi du 29 juillet 1881, mais les contraintes auxquelles doit se soumettre le blogueur sont moins fortes que celles imposées aux journalistes…. /… Devant le tribunal, M. Grébert avait plaidé que la loi de 1881 ne pouvait s’appliquer. Un point de vue contesté par le tribunal qui précise que les propos tenus sur un blog n’ont pas un statut différent de ceux diffusés sur d’autres espaces du réseau internet, eux-mêmes soumis à la loi sur la presse. « Il importe donc peu (…) que le service de communication électronique en ligne fourni par le prévenu (…) n’ait pas été édité par celui-ci à titre professionnel mais ait constitué ce qu’il est convenu d’appeler indifféremment un site personnel, des pages personnelles ou, plus récemment, un blog », souligne le jugement. Cependant, le tribunal relève que « le prévenu dirigeant le site litigieux à titre purement privé et bénévole n’était pas tenu de se livrer à une enquête complète et la plus objective possible sur les faits qu’il évoquait », une contrainte légale à laquelle est de son côté soumis le journaliste.”

Il s’agit d’un des tout premier jugement consacrés à “ces nouveaux espaces d’expression”.

La mairie de Puteaux, déboutée de toutes ses demandes, a annoncé son intention de faire appel.

L’historique du procès sur le blog de Christophe.

Enfin un peu de baston

C’est sur son blog que Jean-Michel Aphatie a choisi de faire sa fête à Claire Chazal suite à son interview de Villepin hier soir. Extraits choisis (difficile de faire des coupes, chaque mot compte) :

“Titulaire de la présentation des journaux du week-end sur TF1 depuis quinze ans, cette journaliste, élégante et sobre dans l’exercice, cultive une manière très personnelle de conduire les interviews. Généralement elle intervient peu, contrarie peu, parsème ses entretiens de petites remarques personelles assez vides de sens généralement et qui de ce fait ne gènent pas particulièrement l’interviewé. Au total, Claire Chazal pose peu de questions à son interlocuteur qui, le plus souvent, expose son message dans des conditions optimales à une heure de grande écoute. Hier soir, Claire Chazal a porté à son raffinement son style propre d’intervieweuse. Hormis la question précise du retrait du CPE, reposée deux ou trois fois, les quelques vingt minutes d’entretien, durée exceptionnellement longue sur TF1 pour un entretien politique, peuvent se résumer à un long plaidoyer du premier ministre – …/… – plaidoyer légérement épicé de petites phrases de Claire Chazal. Exemple: « C’est le paradoxe de la complexité. » Et aussi, répétée plusieurs fois: « Mais vous êtes en première ligne dans cette réforme, impliqué personnellement… ». Celle ci enfin: « C’était important d’expliquer tout cela car il y a beaucoup de malentendus. » Voilà sans doute l’une des clés du succès de Claire Chazal, qui est aussi le secret de sa longévité: dans son genre, elle est à la fois imbattable et unique”.

Ca fait quand même quelques paires de claques qui nous réveillent en plein hiver polaire. Merci Jean-Michel…

Vu sur imédias

Du blog dans les RP

Encore une semaine pas comme les autres, que j’aimerais résumer en quelques mots mais j’y arrive pas. Ce sera donc plus que quelques mots, surtout jeudi, et tout ça sans image…

Lundi et mardi

J’ai enchaîné les présentations sur l’évolution des nouveaux médias pour de (très) grosses boîtes (4 en tout) qui sont toujours autant perdues face aux blogs, podcasting et autres Wikis. C’est un exercice que j’aime bien peut-être parce que je ne vends rien et que le public est assez naturellement captif (parce que je ne lui vends rien?), ce qui est de toute façon assez gratifiant. Il est rare de capter à ce point l’attention sur un sujet touchant aux RP. Et je peux sans problème partager largement une présentation qui me prend pas mal de temps à tenir à jour, justement parce qu’elle se périme à peu près tous les jours : nouveaux chiffres, nouveaux cas, nouveaux “nouveaux médias”, nouveaux blogs et blogueurs qui comptent… 

L’organisation de ces présentations fait en général suite à 2 types de demandes : un nouveau client hésite à “ouvrir un blog parce qu’une de ses agences vient de lui proposer de se lancer” ou une entreprise arrive (par hasard ?) sur mon poste pour savoir si on “sait lancer des blogs de marque ou d’entreprise”. Evidemment ce n’est pas notre business et ne le sera jamais. Mais j’ai jusqu’à présent traité chaque demande par la pédagogie qui de toute évidence manquait en amont d’une proposition commerciale : 1. connaître l’environnement avant de s’y plonger 2. se poser les bonnes questions. Franchement, j’ai un peu de mal à comprendre pourquoi les agences (web agencies, com globale, marketing…) sont aussi peu nombreuses à éduquer avant de vendre. Sur le terrain des blogs, c’est pour le moins casse-gueule. Il faut que je travaille vraiment maintenant à répondre à la demande qui suit : qui vous nous conseillez pour nous accompagner dans la conception des outils et l’administration ? Réponse compliquée pour plein de raisons, il y a mon groupe, il y a ceux que je connais et que j’aime bien mais il y a aussi ceux que je ne connais pas, une chose est sûre, on me demande de me mouiller sur des partenaires fiables et il va falloir que je trouve un moyen de gérer ça.  

L’une des raisons d’être de ce blog était à l’orgine de m’assurer le minimum de crédibilité, pouvoir répondre “oui” à la question inévitable “et toi, tu as un blog ?” : étonnamment, lorsque la question tombe, je n’y réponds plus vraiment, je n’en ressens plus le besoin et je ne tiens pas à inviter sur ce blog plus perso que professionnel dans ce contexte.

Mercredi

Je décide de faire un tour sur les stats de mon blog, ce qui m’arrive très rarement, je n’y ai jamais été vraiment accro. C’est sans doute une erreur puisque c’est grâce à ça que je m’aperçois d’un fort pic de visite sur mon blog : un message qui parlait de Thierry Amiel est cité sur des forums de fans ici et ici. Je m’y fais d’ailleurs copieusement allumer parce que j’ai été moyen sympa avec Jonathan Cerrada (voilà j’ai des scrupules maintenant, c’est malin). A tout ceux qui doutent de la vivacité des forums (au moment où on ne parle plus que des blogs), attendez de vous faire “forumiser”, je n’ai jamais eu autant de visites…

Parmi plein d’autres choses, je reçois un appel d’un blogueur que j’aime bien pour déjeuner pendant son séjour à Paris la semaine prochaine. C’est con mais je trouve ça vraiment touchant.

Veronica Mars est comme prévu enregistré quand je rentre, en VF, c’est nul.

Jeudi

Entre 2 présentations gratos sur les nouveaux médias et mon blog à gérer, j’ai accessoirement 2 ou 3 responsabilités dans une agence de RP (celle que je me suis interdit de citer sur ce blog pour pas tout mélanger). Aujourd’hui est un moment important dans la vie de l’agence avec la quatrième édition de ses journées portes ouvertes qui chaque année prend de plus d’importance. Les équipes sont spontanément mobilisées tôt le matin et tard le soir (pour certains depuis plusieurs jours) pour que tout fonctionne, leur engagement est bien illustré par Thibault. Clients (18 marques représentées) et journalistes (une centaine quand même) sont fidèles au rendez-vous. Une conférence-débat est organisée sur l’abondance de l’information avec un beau plateau et un public très actif, faisant prendre tout son sens au mot débat.

Pour autant, cette édition-là est vraiment différente des autres éditions pour moi. J’ai eu envie il y a 2 semaines de convier des blogueurs que je lis depuis des mois mais que, pour la plupart, je ne connais pas encore. Simplement guidé par le plaisir égoiste et irréflechi de saisir une opportunité de rencontrer des gens que j’aime bien sans les connaître (dont la grande majorité n’est d’ailleurs jamais passée par ce blog), simplement leur dire que j’aime ce qu’ils font. Un peu comme un fan. Je me suis fixé une seule vraie contrainte : ne pas inviter les concurrents directs sur le marché des RP (pourtant il y en a beaucoup que je lis et que j’aime), moins vis à vis de nos clients ou de mes boss que des journalistes qui auraient peut-être pas bien compris. Je pense notamment à Christophe, Damdam, Ekzit, Bernard, Guillaume, Thomas et trois autres qui m’en voudraient de révéler ici qu’ils travaillent pour une agence de RP. Je n’ai pas intégré non plus ceux qui ne sont pas à Paris qui auraient sans doute trouvé ça frustrant.

La date approchant, les réponses positives de blogueurs “influents” se multipliant, j’ai fini par me convaincre mercredi soir que je venais de décrocher le prix de la moins bonne idée de l’année. Forcément, parmi ceux que je lis, il y a ceux que tout le monde lit donc les “influents” et leur détracteurs, forcément, un blogueur qui parle de son quotidien y fera potentiellement référence sur son blog, forcément je vais vexer certains que je n’invite pas (ou qui ne recevront jamais mon mail d’invitation parce que j’ai parfois un peu galéré quand même à retrouver les mails “actifs” de certains), forcément, le sujet généraliste de la conférence-débat risque de leur paraître bien fade, forcément, ça peut ressembler à une opération marketing uniquement destinée à faire parler de l’agence, forcément, quelques journalistes peuvent ne pas appécier la démarche qui finalement renforce encore plus l’éternel débat blogueurs vs journalistes (qui avaient jusque là l’exclusivité de produits présentés en avant-première), forcément, le lien direct entre mon blog et l’agence va devenir extrêmement visible. Forcément, la blogosphère expose avec un ton nouveau et de façon peu maîtrisable, tu parles d’une révélation, c’est ce que je raconte à mes clients toute la journée.

Au final, je ne regrette pas. Même si j’ai manqué de temps pour vraiment échanger avec chacun, même si ceux qui en parlent le font, comme anticipé un peu tard, avec leur ton décalé, même si les légitimes suspiscions de démarche marketing sont là. Ce sont les blogueurs qui ont principalement transformé la conférence en débat, ce sont eux qui se sont montrés les moins blasés, les plus curieux des nouveautés présentées, ce sont encore eux qui ont séduit la quasi-totalité de l’agence par leur pertinence et leur sourire. Pas sûr que dans mon groupe, tout le monde appréciera de la même façon. Pas grave, suite à son message, j’ai écrit à Fred que je me sentais finalement plus blogueur que “corporate” sur ce coup là.

C’est sans doute pour fêter ça que je me suis retrouvé à minuit dans les locaux à pratiquer une danse irlandaise très approximative. Le raccourci est un peu rapide mais on sera quelques-uns à comprendre. Pour rassurer tout le monde, les photos et vidéos de ce prolongement d’événement valent tellement cher qu’elles resteront introuvables sur ce blog à jamais.

Vendredi

Nuit courte et journée de Media Training la plus embrumée de tous les temps. Heureusement, l’équipe était là pour remonter mon niveau.

Samedi

Malgré toutes les recommandations pendant le Journée Porte Ouverte par mon client spécialisé dans l’audition, je vais passer une soirée en boîte avec beaucoup trop de décibels, entre autre… Après, j’arrête.

Cas d’école

J’aime bien le site/blog lestelechargements.com. Pour plein de raisons. Parce qu’il se veut pédagogique. Parce qu’il suit scrupuleusement (presque) toutes les règles de bonne conduite de la blogosphère (presque) depuis le lancement. Parce qu’il ose laisser une place aux commentaires et qu’il n’y a (presque) pas de censure. Parce que les concepteurs ont pensé à (presque) tout. Le tout sur un sujet particulièrement sensible et polémique. C’est courageux donc louable.

J’aime le blog lestéléchargements.com parce qu’il offre d’emblée et en moins d’une semaine un nouveau cas d’école dans le cadre de l’usage des blogs en communication et qu’il démontre à quel point la prudence s’impose. Parce qu’il m’aide à expliquer à mes clients pourquoi le blog n’est pas forcément la panacée pour répondre à leur problématique de communication marketing. Et surtout à justifier pourquoi, s’ils choisissent de lancer un blog quand même, je me contenterai de leur donner mon avis s’ils me le demandent et de leur indiquer les meilleurs contacts pour créer techniquement, concevoir éditorialement, habiller, rédiger, gérer et administrer cet espace qui ressemblera de toute façon à une boule explosive dès lors que l’initiateur est un tant soit peu exposé. J’aime ce blog parce qu’il m’aide à expliquer pourquoi il n’est pas question pour un groupe de com généraliste d’envisager une activité lucrative spécifiquement sur les blogs, dans un environnement qui offre des technologies de qualité mais “gratuites” (bien que sous licence) et profite de professionnels spécialisés très accessibles. Ce qui n’interdit pas, bien au contraire, de s’imposer une excellente maîtrise du sujet pour éviter justement les fausses bonnes idées.

Ce à quoi s’intéresse la blogosphère aujourd’hui, c’est principalement le prix facturé pour ce site, en particulier suite à l’article de TF1.fr et zescoop.com qui révèlent (au conditionnel quand même) le montant exact et le groupe qui en est à l’origine. Même si la critique porte finalement plus souvent sur le fond, c’est bien à la facture que s’intéressent François, Richard ou Fred (parmi plein d’autres). Et aux coulisses des “aventures” du site.

 

Stratégies.fr

Stratégies couvC’est finalement cette semaine qu’a été lancé le nouveau site de Stratégies. La principale nouveauté réside bien dans l’ouverture de ses archives de plus d’un mois donc de la totalité des contenus publiés depuis 1998 (c’est quand même pas rien, une vraie mine d’infos).  Un forum est annoncé, manque plus que la discussion (je ne suis pour rien dans le premier message, juré !…). Une sélection quotidienne de blogs dans le domaine du marketing, de la communication et des médias est proposée, je suis au passage curieux de savoir dans quelle catégorie la rédaction classe celui de Michel-Edouard Leclerc

Mes découvertes du jour

Evidemment tout le monde connait ça depuis forcément très longtemps et moi je tombe de l’armoire aujourd’hui. Un peu comme un journaliste de BFM qui s’extasiait cette semaine à l’occasion du 3GSM devant la capacité des téléphones portables à prendre des photos. Je sais c’est énorme. Pas grave, quand je découvre un truc bien, je partage, quitte à passer pour un homme des cavernes pour le premier geek venu. Et puis d’abord je suis pas journaliste moi.

Bref, si vous avez un iPod, que vous habitez Paris, que vous prenez le métro, que vous êtes passés à la version Navigo, donc que vous n’avez jamais de plan de métro sous la main (non ça fait pas tant de conditions que ça), ou si plus simplement vous voyagez souvent, vous allez forcément vous ruer comme moi sur iSubwayMaps.com qui permet de télécharger le plan de Paris ou de 23 autres villes sur votre baladeur préféré. Moi j’ai téléchargé Paris et Sydney.

En parlant de truc bien, vous ne pouvez pas rater ça. Par contre, si vous avez un iPod vidéo, vous n’allez pas attendre d’être dans le métro pour visionner le premier show de Cyrille alias Vinvin sur son nouveau blog Bonjour America dont l’objectif quasi-officiel est d’attirer l’attention d’un certain Clint. Evidemment, comme son truc est bien foutu, il suffit de 2 clics pour s’abonner sur iTunes, alors forcément c’est tentant. Mais soyez plus fort que lui, résistez. Que ce type là vous fasse marrer tout seul devant votre PC, passe encore (je me suis toujours pas remis de ce post là). Mais qu’il vous fasse passer pour un maniaco-compulsif en pleine heure de pointe, là je dis non. Ceci dit, vous faites comme vous voulez, en ce qui me concerne, j’ai déjà fait circulé chez quelques amis aux US. Je déplore 2 réactions à l’heure où je vous parle : ma copine « Robyn-5th avenue located » m’a appelé illico pour se répandre en « soooo cuuute » et « that French accent is just adoooorable » en tout genre, mon ex collègue « Britt-Dallas Texas borned » s’est fendu par email d’un « fucking hot ! » auquel j’avais jamais eu droit en 5 ans de collaboration rapprochée. Bref, on en tirera pas plus, mais on leur en veut pas, elles sont américaines (et surtout elles pipent pas un mot de ce que j’écris sur mon blog). Just in case, I love you guys.

MAJ (17/02) : Voir l »interview de Cyrille (14 février) avec plein de scoops dedans chez Laurent.

 

Les enjeux pour la presse locale

Dans la blogosphère comme ailleurs, la presse locale n’est globalement pas considérée au niveau du succès et d’influence qui sont les siens. Bien sûr, il est politiquement correct dans le microcosme parisien de se souvenir régulièrement que Ouest France reste le plus gros tirage de la presse quotidienne en France, que le choix de Chirac d’annoncer sa candidature en novembre 2004 dans la Voix du Nord n’avait rien d’anodin, que si on achète Libération ou Le Figaro à Paris, on reçoit "son journal" en province… Mais les décideurs parisiens ou internationaux continuent à s’intéresser en priorité à la presse nationale, notamment pour communiquer, en France. Même lorsque de vrais problématiques locales existent.

Alors que bon nombre de blogs s’intéressent aux médias, peu s’interrogent sur les médias régionaux et leur évolution. En cherchant un peu, j’ai trouvé deux blogueurs, Jeff Mignon sur Media Café et Benoît Raphaël sur Demain tous journalistes ?, qui défendent parmi d’autres sujets une presse hyperlocale vs une presse "service public" et les nouveaux champs qui lui restent à couvrir. Benoît nous informe au passage sur les médias locaux qui lancent des blogs, tels que Le Midi Libre et Ouest France, de l’opportunité que représente les Wikis pour cette presse. Ils soulèvent de vrais points de réflexion liés à l’évolution nécessaire de ces supports clés dans un contexte économique tendu et face à la montée en puissance des quotidiens gratuits et de l’info disponible en ligne.

A noter que ces deux blogueurs s’intéressent plus largement au journalisme citoyen, Jeff apportant le regard américain (il est basé à New York).

Les blogs et la nature humaine

Les blogs constituent un superbe reflet de la nature humaine et de ses contradictions. C’est ma réponse à la question “comment définir les blogs ?” mais c’est aussi le type d’affirmation péremptoire qui, faute de démonstration, n’a aucune chance d’émerger du vide absolu. La définition forcément partielle qui suit revisite avec un éclairage différent les caractéristiques saillantes de ce qui fait un blogueur. Mais elle vise surtout à démontrer les fondements de cette réponse. Le tout sous forme de jeu parce que c’est quand même le week-end… Pour participer, il suffit de remplacer le mot “blogueur” par “homme” dans le définition que je propose.

Egosystèmes

C’est de notoriété publique : le blogueur parle de lui. La démarche fait figure d’évolution de ces fameux carnets intimes qu’on cachait sous l’oreiller, en secret ; elle est en réalité bien différente. Le blogueur n’aime pas disséquer les méandres de son nombril à l’abri des regards, il aime le faire en public et inviter les autres à participer activement à la contemplation. Il croit d’ailleurs y parvenir. L’égocentrisme est source de naïveté. Il dissimule au blogueur une réalité qu’il n’est pas prêt à supporter : ceux qui le lisent et qui le commentent s’intéressent moins à lui qu’à eux-mêmes. Normal, ce public actif est composé principalement d’autres blogueurs, tous équipés du même nombril en quête d’attention.

Castes’ in

Les blogueurs cherchent à intégrer ou à fonder, selon leur nature profonde, une communauté . Une communauté loin d’être en tous points comparable à d’autres communautés (en ligne : forums, newsgroup… qui restent du coup plus que jamais actives en se basant sur des centres d’intérêts communs). La communauté des blogueurs recèle une différence majeure : elle se compose d’intervenants identifiés, exposés, dévoilés donc immanquablement classés selon des critères culturels au sens large donc selon des classes sociales. Elle détermine ses leaders et ses suiveurs. Elle facilite des rapprochements naturels mais organise aussi des exclusions en guise de revers de médaille. Castes et réseaux composent ainsi l’environnement du blogueur.

Le pouvoir citoyen

Erigés en porte-drapeau d’un nouveau courant baptisé journalisme citoyen, les blogueurs mettent surtout en pratique un besoin irrépressible de démontrer qu’ils savent -ou croient savoir. Ils s’inscrivent dans une réalité qui a fait ses preuves depuis longtemps : l’information et le savoir font le pouvoir. La course au scoop, le débat d’idée ou l’expertise pointue dissimulent une recherche constante d’influence. Une quête qui force les blogueurs à sortir de leur égocentrisme et même parfois à dépasser les castes. Face à l’adversité, le blogueur est capable d’autant de cohésion et d’ouverture aux autres qu’il sait d’ordinaire s’enfermer dans une coquille faussement protectrice.

Life is a game

Le blogueur est un grand enfant, il est joueur. Il ressent le besoin d’injecter de la légèreté au coeur de tant de complexité. Il n’hésite pas à reproduire des comportements de cour d’école, à construire des chaînes volontairement stupides, à lancer des idées et débats sans intérêt, uniquement pour le plaisir du jeu. Il profite de ce qui est mis à sa disposition pour inventer des pitreries en image, en sondage, en post-it, en son ou en vidéo. Il assume ce besoin de s’amuser et d’alterner délires et gravité.

Prétendre que cette définition est celle d’un observateur serait dépourvu de toute crédibilité. Je suis ici un blogueur, tout ce qui est écrit doit être lu à travers le prisme du “en tant que blogueur, je pense que…”. Je ne me définis pas comme un citoyen du net mais plus simplement comme un être humain.

Le match de la semaine : le fond et les formes

Cette semaine aura vu se jouer une compétition médiatique autour de la promotion de 2 nouveaux magazines, déjà disponible en kiosque depuis jeudi pour l’un, dès lundi prochain pour l’autre. Un pic d’intérêt suffisamment rare pour être mentionné. Les raisons de cet intérêt reposent sur des motivations assez différentes.

                          Netizen Télé Showbiz

NETIZEN

Carte d’identité : mensuel, journal des “citoyens du net”, notamment destiné à “comprendre et décrypter la révolution blog”. Premier magazine du genre dans le monde, décrit comme un “ovni de la presse” par son équipe fondatrice. Rédacteur en chef : Cyril Fiévet. Edité par les éditions Astrolabe. Tiré à 85.000 exemplaires.

Outil promo : un blog des coulisses, conférences de presse et soirée de lancement, une équipe motivée et sur le pont : Fiévet en presse écrite et Ginistry en télé/radio (20h00 de TF1 notamment), des prescripteurs (les acteurs de la blogosphère) et l’agence de RP de Christophe. Un atout majeur : constitue un levier qui permet de surfer sur la “mode” des blogs en offrant aux médias une actu.

Qui en a parlé ? : tout le monde, un veritable buzz. Les agences de presse (dépêche AFP…), télé (TF1, LCI, Canal +, Public Senat…), radio (France Info, Europe 1…), presse écrite et internet (Le Monde, Libération, France2.fr, ) et bien sûr la quasi totalité des blogs qui comptent. Un véritable déferlement mentionné par Gilles Klein sur son blog.

TELE SHOWBIZ

Carte d’identité : Quinzomadaire, propose une “recette inédite et explosive” mixant programmes télé, actu showbiz et annonce de castings. Evolution du Magazine des castings.  Rédactrice en chef : Adriana Karembeu (dès le numéro 2). Edité par Fox Média. 0,95 Euros. Tiré à 350.000 exemplaires.

Outils promo : Adriana Karembeu ! (Site pas actif). Un atout majeur : à la croisée de 2 sujets qui cartonnent dans la presse française aujourd’hui (Magazine télé + Presse people)

Qui en a parlé ? : des dépêches d’agence (AFP, AP) et les reprises en ligne liées, des télés (+ clair sur canal, Fogiel…), quelques blogs et sites spécialisés (TVNews, A vos postes !, Blog Harry…)

AND THE WINNER IS…

Le match Netizen / Télé Showbizz, c’est aussi le match Cyril Fiévet / Adriana Karembeu. La victoire de Netizen, c’est aussi celle du fond sur les formes. C’est une victoire d’image, pas encore une victoire business : on peut craindre qu’il ne faille encore du temps pour que les annonceurs succombent aux charmes de l’intelligence avec autant d’entrain qu’à ceux d’Adriana (qui maîtrise ceci dit certainement parfaitement les rouages de la télévision slovaque).

MAJ 30/01 : un lien vers la vidéo de Plein Ecran sur LCI (merci Guillaume)+ la découverte dans mon bureau ce matin de Télé Showiz, très haut de gamme, digne, qualitatif, intelligent (non je rigole) avec Adriana en couverture qui a un peu gaulé la place de cette pauvre Magalie qui ne méritait vraiment pas ça. Vivement dans 15 jours pour le numéro 2…

On me surveille mais j’m’en fous

Quelques semaines déjà que je reçois des signaux. Souvent positifs d’ailleurs. Avec en plus ou moins subliminal un message du type “tu peux être fier”. La raison ? : les concurrents sur le marché des RP et même des grands groupes de communication surveilleraient mon blog. J’ai même les noms. “Ils s’intéressent à toi, tu te rends compte ?”. Ben justement, non. Comme je ne sais pas bien quoi faire de l’info, j’ai décidé de l’ignorer. Ce qui s’avère d’ailleurs très exactement contraire à toute règle de communication. Prendre en compte sa cible, donc son lectorat, doit bien figurer dans les toutes premières pages du manuel du bon communicant.  

Une autre posture était possible : plonger dans mes outils de stats, essayer de recouper l’info, prendre en compte cet état de fait et choisir les sujets futurs de mes notes en fonction. Recentrer sur les RP, fermer définitivement la catégorie “Séries”, veiller plus sérieusement à ne pas diffuser d’informations internes à ma boîte. Mais voilà, ça m’amuse pas. Et je mets au défi quiconque de se lever toute la semaine à pas d’heure pour consacrer du temps à un blog qui ne l’amuse pas.

Du coup, je ne suis ni fier ni embarassé. Juste indifférent. Avec accessoirement l’envie de m’amuser. Par exemple à écrire cette note avec des phrases courtes et sans parenthèse. Pour rien, pour le fun. Parce que je suis habituellement le spécialiste international des phrases-à-rallonge-pleine-de-parenthèses-que-même-moi-je-comprends-pas-à-la-fin. Avec aussi la volonté de m’autoriser à traiter les sujets que je veux.

Penser à ceux qui visitent ce blog, c’est se censurer. C’est penser aux implications, interpretations. C’est ne jamais oublier que les écrits restent. La blogosphère en a été secouée récemment, des blogueurs mis en position difficile pour ne pas y avoir veillé.

Penser à ceux qui vistent ce blog, c’est aussi envisager tous ceux de mon équipe qui potentiellement sont en train de lire ces mots. D’ailleurs, tant que j’en parle, j’adore l’équipe. Ils sont tous tellement merveilleux. Voilà, ça dérape aussitôt… Je dédie quand même à certains d’entre-eux, les plus anciens, le titre de cette note, ils comprendront. Et puis il y a les amis, la famille, tous ceux qui finiront un jour par se balader ici. Parce que ça marche aussi en retrospectif cette histoire là. Quand on relate au fil des mois une passion cumulée pour Buffy, Marie Laforêt, Desperate Housewives, Madonna et les concerts de Mylène Farmer, ça doit assez bien dessiner le portrait d’un ami qu’on ne souhaiterait même pas à son pire ennemi.

Penser à ceux qui visitent ce blog, c’est surtout prendre un pas de recul, se regarder écrire, se regarder. Prendre le risque de ne pas aimer. Je continue donc à m’amuser, à n’envisager en tant que lecteur que ceux qui s’expriment sur ce blog et à sensibiliser du même coup sans le vouloir des agences de com de tous horizons aux séries américaines.