Petite histoire de la vie quotidienne sur Twitter

Depuis le début de l’année, j’ai eu l’occasion 2 fois de travailler pour des personnalités extrêmement actives sur Twitter. Et de mesurer au passage l’impact de l’explosion du site de micro blogging sur mon métier.

D’un côté, les people, politiques et décideurs ont trouvé dans Twitter à partir de 2008 un canal d’expression direct avec leurs fans, électeurs et parties prenantes, simple à manier, peu chronophage, sans équivalent pour créer de la proximité.

De l’autre, des journalistes, souvent web mais pas que, ont été attirés par cette nouvelle source directe d’info surtout à partir de la fin 2008, jusqu’à créer une véritable communauté qui y vit ses propres histoires et rassemblements comme d’autres l’avaient fait avant.

Au centre, des marketeux et communicants dont je fais partie, qui ont défriché en 2007, tenté des expériences plus ou moins heureuses en 2008 et se retrouvent un peu à compter les points en 2009.

Avec Twitter, la donne a changé : les émetteurs s’expriment directement, sans filtre, rédigent eux-même (en tout cas pour ceux qui comptent vraiment), s’autorisent de la spontanéité. Et c’est évidemment sain, je serais assez mal placé pour m’en plaindre. Ils interagissent avec leur « public », entrent dans le débat d’idées (quitte à les morceler en micro-idées). Les journalistes y voient une belle occasion d’y piocher des petites phrases ou de court-circuiter des barrages de communicants probablement perçus comme lourds.

La tentation de penser que ces nouveaux canaux rendront bientôt inutiles les professionnels des RP qui entourent ces personnalités est forcément présente. Un échange sur Twitter vient de nous en donner une belle illustration.

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Conduite de changement

Quand j’ai commencé mon métier dans les années 90, le fax venait de débouler, l’écran du mac faisait 12 cm de diagonale, l’unité centrale prenait 3 pièces et l’ensemble faisait un bruit de canard quand on se trompait avec son index malabile. Un autre temps, on l’aura compris. Faire des RP consistait à envoyer par courrier des dossiers de presse qui coutaient très chers aux journalistes, les appeler jusqu’à ce qu’on devienne potes et qu’ils passent nos infos par amitié (je caricature mais à peine). Les jours de fête,  il s’agissait d’organiser des événements quand les publicitaires pensaient à nous mettre 3 miettes de côté pour nous amuser. Il y avait d’un côté le noble corporate, de l’autre la communication de marque et les produits qui allaient avec, gérée de façon très indépendante. Plus de 400 titres dans les kiosques, sans compter les quotidiens rois. Des dizaines d’années que ça durait.

On va s’épargner la liste exhaustive de tout ce qui a changé en 15 ans. Et j’ai assez joué sur la corde ancien combattant. Pour faire court, les RP sont devenues des stratégies d’influence partout imbriquées dans les plans marketing et les stratégies d’entreprise, les médias traditionnels sont en compétition avec des médias plus ou moins alternatifs, web et mobiles, les marques sont invitées à créer leur propre média en éditorialisant leurs actualités. Les consommateurs ont intégré la dimension sociale et responsable des entreprises dans leur comportement d’achat. Les calls center sont dépassés par la prise de parole directs des clients qui deviennent influents sur le web. En un mot : tout a changé. C’est une évidence pour tous.

Même s’il y a encore des progrès à faire, les agences de RP ont fait des efforts pour intégrer ses évolutions, modifiant les organisations, effaçant les frontières entre les disciplines, montant en puissance sur les compétences éditoriales et digitales. Logiquement, les entreprises devraient jouer le rôle de moteur dans ces évolutions.

Or, du côté des entreprises, je vois exactement la même chose qu’il y a 15 ans en face de moi. En 2009, on en est donc encore aux interrogations sur la façon de croiser les organisations RP avec le web, les public affairs, les centres d’appels, les politiques de développement durable, les publics internes, considérés très souvent indépendamment les uns des autres dans les organisations. Evidemment, l’impact est majeur sur la qualité des briefs, la maturité des décideurs sur les approches proposées. De fait, ceci ne concerne pas que les RP, loin s’en faut, mais quand même.

Je dis ça parce que je travaille sur un brief des années 90 bien sûr. Et que la tentation est grande d’y faire une réponse des années 90 avec une couche de media social en option parce que « c’est important le web ». Une mauvaise réponse qui sera mieux comprise qu’une réponse moderne. Le tout dans un périmètre budgétaire très inférieur à ce qu’il aurait été dans ces mêmes années 90. Ca altère l’humeur, vous comprenez.

Parmi de multiples autres choses, je pense que la sortie de crise aura cet avantage de donner l’opportunité de repenser les organisations avant de restaffer. L’enjeu des boites de conseil sera de convaincre de la nécessité de casser des modèles pour en inventer de nouveaux. D’amener vers ce qui fait le plus peur : l’inconnu. Mais après plusieurs mois de pilotage à vue, peut-être la peur se sera adoucie. Peut-être devons-nous prendre les clés de notre destin en main.

Même s’il a un prix, je crois au combat qui consiste à rappeler la valeur de ce qu’on fait, de la séniorité des équipes, de notre mission pédagogique, de la profondeur des expertises. Je crois qu’il ne faut pas tout accepter parce que c’est la crise, qu’il faut peut-être faire des sacrifices pour dire non. Aussi parce qu’on se souvient du résultat, de la qualité de la production, jamais du contexte dans lequel ça s’est produit.

Il est temps de participer à la conduite du changement dont le succès conditionne le périmètre dans lequel je travaillerai, nous travaillerons tous, dans les années qui viennent.

Point sur l’Influence Digitale en 3 minutes chrono

Vu chez Guillaume, une vidéo qui faute de prospective réussit l’exploit de couvrir les principaux circuits actuels d’influence et distribution de l’information online en quelques minutes et en évitant les raccourcis conduisant à la contre vérité. Seul regret : des propositions de mesure de l’influence très en retard par rapport aux derniers consensus sur le sujet.

The Online Media from RealWire on Vimeo.

La vidéo a été développée par l’agence britannique de distribution de news RealWire. Update : Et comme en matière d’influence en général et d’influence digitale en particulier, on est au taquet, celui qui est devenu un véritable champion des RP ajoute une dimension très juste à ce que la vidéo aurait pu mieux dire.

L’image de l’attachée de presse

Il y a des choses qui ne changent pas. je pense notamment l’image de l’attachée de presse, durablement associée à une ravissante idiote.

Kelly Mariés deux enfants

Le truc, c’est que j’ai débuté en tant qu’attaché de presse il y a 15 ans et que, même si la dénomination n’est pas exactement la même, je travaille aujourd’hui avec des consultants qui couvrent les missions d’attachées de presse. Aucun qui ne ressemble au portrait pitoyable qu’en fait cette ex-journaliste devenue chroniqueuse Emmanuelle Uzan en fait dans l’émission de France 5 On n’est que des parents. Du coup, en voyant la séquence de l’émission (allez directement à 32:50 pour vous épargner toute l’émission…), j’ai juste trouvé ça pathétique. La condition sine qua non pour ce soit pardonnable serait que ce soit drôle. Chantal Lauby dans La Cité de la Peur avait très bien réussi (big up Odile Deray). Là je pense qu’on peu dire qu’on est juste consternés, non ?

S’il existe une école du rire Emmanuelle, va falloir y aller…

Mesure de l’impact des RP : interroger vs écouter

Le lancement le 27 mars dernier par l’agence de RP concurrente et néanmoins amie Hopscotch d’une offre en partenariat avec l’IFOP pour « mesurer l’impact des campagnes d’information sur leurs publics finaux » me donne l’occasion d’écrire sur un sujet que je n’ai pas traité depuis très très longtemps malgré le titre de ce blog : les RP ! Tant qu’à y revenir, autant le faire avec panache en montant sur le ring avec gants de boxe…

PR 1.0 VS PR 2.0

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Livre bleu du lobbying en France

Le député UMP du Loiret Jean-Paul Charié a présenté aujourd’hui en commission un rapport (cliquer ici pour le charger en pdf) qui préconise à travers un code éthique l’officialisation du lobbying à l’assemblée. Un exercice particulièrement intéressant qui clarifie la réalités et les vrais contours du lobbying, terme souvent galvaudé en France.

Pour ce qui est du contenu, le sommaire me semble parler de lui-même. Une saine lecture et un débat probablement intéressant qui justifie un deuxième billet coup sur coup sur le RP (désolé, j’en connais qui vont galérer sur le petit commentaire rigolo pour détendre).
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Les relations publiques au service des marques

C’est une bonne nouvelle. L’explosion de la demande des entreprises en termes de relations publiques commence à s’ancer tellement que la presse s’y intéresse. En l’occurrence, Sophie Péters dans Les Echos. En attendant demain la deuxième partie intitulée « comment la profession des RP est passée maître dans l’art d’organiser le buzz ». Depuis le temps qu’on vous le dit…

Les Echos Syntec RP

Le déclencheur de l’article semble être l’étude du Syntec RP, l’article n’évite pas toujours le piège classique de la réduction des relations publiques aux relations presse (voir le graphique ci-dessus). Quelques chiffres émaillent un papier relativement bien illustré mais il reste surprenant qu’un journal comme Les Echos ne soit pas allé plus loin en ce début d’année dans les réflexions sur les enjeux business de cet attrait redynamisé : quel impact sur les répartitions budgétaires par les entreprises dans leurs budgets de com en 2008 ? L’intégration nécessaire du planning stratégique et d’une créativité plus exigeante rejaillit-elle sur les niveaux budgétaires ? Les annonceurs sont-ils prêt à rémunérer les idées avant les moyens RP ? Quel enjeu organisationnel dans l’intégration d’une dimension RP au sein de toutes les disciplines de communication ?

Ne désespérons pas, ce sera peut-être dans le papier de demain ?

Update 15/01 : ça y est, on peut commencer à désespérer… La partie 2 est .

Le métier marcom de demain ?

Community_manager C’est la question d’un journaliste à laquelle j’ai du répondre ce matin : "si vous deviez orienter un étudiant qui souhaite faire du marketing ou de la communication, quel métier lui conseilleriez-vous". J’ai la conviction, sans doute un peu teintée de mon activité RP, que le futur réside dans la capacité à gérer les communautés d’individus. Qu’on l’appelle Community Manager ou administrateur de communautés, celui qui sait maîtriser les relations avec des personnes au sein de groupes d’intérêts, liés par affinités dans des réseaux sociaux, a un bel avenir devant lui. C’est évident à court terme mais de façon plus prospective, je ne le lis finalement nulle part de façon analytique. Pour aller un peu vite, on peut dire qu’on savait gérer des influencers (RP), des individus (marketing relationnel), des masses d’individus (publicité), des consommateurs (activation commerciale ex-trade marketing), des clients acquis (fidélisation et communication éditoriale) mais l’avènement des réseaux sociaux impose un nouveau métier. Vite et de façon un peu désorganisée. Ca me semble légitime dans l’environnement des RP, ce sont les profils que je recherche aujourd’hui.