TF1 et moi

Je me serais bien arrêté à la version « mise en perspective », « réflexion quand tu nous tiens » et autres « analyser je sais faire si je veux » pour raconter comment je me suis retrouvé dans les locaux de TF1 la semaine dernière. D’ailleurs je l’ai fait ici sur le site du Figaro histoire de ne pas leur imposer que des billets sur la gay pride (les pauves).

En vrai, j’ai amené avec moi quelques Twittos  (on peut trouver un autre nom pour ça vite sinon ?) dans une visite orchestrée par Manu qui se cache derrière @TF1etvous, juste histoire de lui faire croire qu’on allait débarquer à 200 et aussi faire le mariole dans le fauteuil de Laurence Ferrari pour admirer la vue.

J’en ai profité pour narguer le présentateur de LCI dans son petit studio (comparé à l’immense plateau du 20 heures de TF1) et à animer un peu celui de Télé Foot tout abandonné (je vous montre pas l’image, c’est trop triste).

L’omniprésence de Monsieur Météo Louis Bodin des répétions sur fond bleu jusque dans la cantine a réussi à créer de l’émotion. Preque autant que si on avait croisé Jean-Luc Reichman quoi.

On a été reçus comme des rois et nous sommes désormais des défenseurs de Manu et TF1etvous contre vents et marées, c’est l’horrible réalité des sensibles que nous sommes. Très influençables en somme.

D’ailleurs, depuis, je vois TF1 partout. Tenez, en plein milieu du meeting Areva, Denis Brogniart a débarqué pour nous faire jouer les figurants avec tout le stade dans le film qu’est en train de tourner Regis Wargnier. True Story.

Sinon, Koh Lanta revient fin août, tout le monde est prêt pour le livetwitt ?

Le jour d’avant de Loic Prigent sur Arte

Loic Prigent, c’est le type qui m’a fait aimer un programme sur la mode. Quand on connait ma passion très limitée pour le shopping, les robes immettables, les effets de styles qui frisent le ridicule et les sacs d’os qui avancent à pas saccadés en faisant la gueule, c’est clairement un exploit.

Il propose une série de 4 documentaires de 52 minutes, diffusés sur ARTE ce mois-ci,  dont j’ai eu la chance de voir des extraits ce soir (merci Grazia) en présence du réalisateur dissimulé derrière son chapeau. Le jour d’avant nous emmène dans les coulisses des 48 heures qui précèdent un défilé. Plus exactement de 4 défilés, un par documentaire dont chacun semble épouser un format proche du sujet.

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La belle surprise X Factor

On annonçait un programme au rabais, produit à la va-vite avec un jury (Julie Zenati, Marc Cerrone, Alain Lanti)  sous-payé, un décor carton-pate, un animateur qui n’a jamais réussi à décoller (Alexandre Devoise)… A l’arrivée, X Factor se révèle comme le programme de télé-réalité musical le plus excitant de ces dernières années.

Diffusé en live le lundi soir sur W9 (puis multidiffusé notamment sur M6 Music le samedi matin), X Factor aura mis 5 ans à être adapté en France. Si la ressemblance du format avec la Nouvelle Star est flagrante, les quelques différences sont majeures.

D’abord le concours est réellement ouvert à tous : toutes les tranches d’âges, tous les style, seuls ou en groupe, joli ou pas. Et quand on dit ouvert, on ne parle pas que de l’accès aux sélections mais la capacité à être réellement sélectionné.

Ensuite, les 9 candidats qui accèdent au prime sont coachés par les membres du jury répartis en 3 groupes : moins de 25 ans, plus de 25 ans et groupes. Le coaching passe par un accompagnement toute la sémaine séparant 2 primes et surtout le choix des titres à interpréter. Ce qui modifie profondément les comportements et la compétition interne au jury pendant les primes.

Enfin, les téléspectateurs sont mis à contribution mais les 2 derniers sont décrétés en ballotage et doivent réinterpréter un titre pour que le jury procède au choix final.

xfactor

A l’arrivée, on a droit au plus beau casting d’une émission de télé-crochet depuis longtemps, un peu comparable aux débuts de la Nouvelle Star qui nous a servi deux dernières saisons catastrophiques à vouloir faire trop branché. Les 5 derniers en lice ont tous les truc en plus que recherche les jurés de X Factor : les Basilic (malgré leur nom et stylisme compliqués) réinventent les titres dans un univers reconnaissable en un clin d’oeil, Sebastien est un chanteur à voix un peu trop dans le mimétisme mais impressionnant, Marie malgré son très jeune âge performe aussi bien sur Michael Jackson que Mariah Carey, Cyrielle est une Pink à la française très émouvante capable de déchirer du Shakira et enfin le rugbyman au grand coeur Guillaume a une voix pleine de crooner sublime.

Cette semaine, c’est Guillaume qui a été éliminé mais les choix deviennent difficiles. Le jury qui a cabotiné à loisir devient aussi attachant que les candidats (surtout Zenati, étonnante). Devoise joue une salutaire sobriété. Les budgets limités de la TNT seraient donc capables de produire de la qualité ?

Nouvelle Star : plus jamais sans Twitter

La soirée passée à Baltard dans le public de l’émission m’aura confronté à l’évidence : la Nouvelle Star ne m’amuse qu’en connexion avec Twitter, en partageant en live les réactions avec « la communauté ». Comment j’en suis arrivé là ?

Nouvelle Star à Baltard

Enfin assis à 19h15 sur les gradins du tout de même « beaucoup plus petit qu’à la télé » Baltard, il faut se rendre à l’évidence : on s’est fait dépouillés ! Pas d’eau dans une ambiance sauna, pas d’appareil photo et surtout pas de portable. Les pompiers à l’accueil rigolent pas des masses sur le sujet et les top model du vestiaire apprécient moyen le côté « oups, j’ai oublié de vous répondre oui quand vous m’avez demandé 15 fois si j’avais bien laissé mon portable dans ma veste ». C’est donc en mode déconnecté qu’on a assisté au départ du p’tit qui n’a pas supporté, à l’arrivée des enfants en vacances, aux débuts d’agitations de notre nouvelle voisine Patricia, fan de tout le monde de son état et digne représentante de Neuilly sur Marne.

Alors que le chauffeur de salle commence à chauffer, que les placeurs tout droit sortis d’une agence de mannequin chauffent aussi, que les premières annonces du programme diffusées sur M6 en pastille sont tournées, que Jérôme Anthony réalise des images pour la séquence coulisse du prochain prime, que W9 prend des images d’ambiance, on commence la séance de lobotomisation. On doit se lever, tenir les pancartes, ne jamais huer, scander les prénoms, chanter ohohohohoh pas popopopo, jeter les chewing-gums, ne pas bailler, s’amuser, soutenir tous les candidats… Patricia, elle adore, jubile, transpire, siffle très fort, hurle encore plus fort. Nous on commence les lexos.

La présentatrice arrive, lit son prompteur, le jury déboule devant un public principalement composé des familles qui attendent surtout les candidats. D’ailleurs, quand les candidats commencent leur défilé, entrecoupé par le chauffeur de salle à chaque pause publicitaire, on se dit qu’on s’ennuierait moins en rigolant avec les copains sur Twitter. On rirait en choeur de la choré de Thomas, de la nouvelle crise lacrymal de Mélissa, du pantalon plus que baggy de Soan, du « bougé faux » de Leila, du look de Lary en répet, de la voix tout dans le nez de Mahdi, de Yoann, non pas de Yoann, c’est trop facile. Je redirais que je ne comprends pas l’engouement pour Camilla Jordanna, qui a certes un style, mais que je n’aime pas. On défendrait Damien-Droopy-qui-s’est-vauté-mais-reste-attachant mieux qu’en hurlant dans le public toujours moins fort que Patricia, on parlerait du talent de Dalé, du super bon esprit de Soan-eye liner qui défend ses camarades.

Certes, de l’avis général des téléspectateurs et même du jury, ce deuxième prime n’était pas à la hauteur. Mais quand même, je sais maintenant que ce que je préfère dans la Nouvelle Star, c’est le commenter en live.

La chute du système Zemmour et Naulleau

Autant Eric Zemmour et ses provocations machistes, prétentieuses et réacs m’ont toujours ulcéré, autant j’avoue avoir été assez fan d’Eric Naulleau dans Ca balance à Paris, l’excellente émission de Paris Première qui démontre que l’exercice de la vraie critique indépendante à la télé peut se faire avec classe.

En découvrant ce soir grâce à FullHDReady sur lepost leur intervention face à Annie Lemoine hier dans On n’est pas couché chez Ruquier, je mesure à quel point ils sont pris au piège de leurs propres théories. Des certitudes que Naulleau ne cesse de défendre partout dans les médias, toujours en revendiquant sa légitimité dans son statut d’éditeur. Selon lui, la critique à la télé n’existerait pas puisque les autres ne lisent pas les livres dont ils parlent, ils auraient le courage que d’autres n’ont pas en assumant leurs critiques face à leurs victimes qu’ils n’ont pas choisies, en argumentant toujours.

Ainsi, face à Annie Lemoine venue défendre son dernier roman, les attaques fusent.

Lorsqu’il s’agit d’attaquer l’auteur, on a Zemmour : « je hais à un point inouï », « j’ai lu mais ça a été une souffrance inouïe », « si j’étais RC de Elle ou Marie-Claire, je l’embaucherais tout de suite » (insulte suprême probablement pour Zemmour), « faut qu’elle arrête tout », « vous écrivez simpliste, c’est normal parce que vous pensez simpliste »… On a côté Naulleau : « vous écrivez des textes dépouillés, ça veut dire qu’on vous a tout piqué : le style, l’intrigue et le vocabulaire », « c’est un livre qui n’est pas possible car on est en deçà de la littérature, on est dans l’indigence totale », « tout est raté ». Le tout empaté dans un « vous êtes douce et jolie » malsain.

Que les livres de Lemoine soient appréciés d’un public féminin ? « c’est ça qui me désole » se lamente Zemmour. Pire, les lecteurs recherchent de la sensibilité ? « c’est bien ça qu’est dramatique ».

On a donc déjà atteint la zone de vulgarité suffisante avant que Naulleau ne décide de faire témoigner à chaud l’auteur qui vient de se faire découper en pièce : « moi je voudrais savoir comment vous recevez ça ? ». La moindre trace de défense dans la réponse, amenée pourtant très en douceur : « c’est vrai que vous êtes particulièrement violents », provoque le courou des deux guignols se drapant aussitôt dans leur liberté au droit de critiquer. Parler de divergence de sensibilité n’est pas une option non plus. On revient maladroitement sur Flaubert et son exigence d’écriture. On a peur de comprendre que la réponse attendue était : c’est vrai, je suis nulle, j’arrête ce métier !

Le dernier mot revient quand même à Annie Lemoine qui, face à un Zemmour qui prétend pouvoir écrire la même chose en deux heures, défend avec élégance : « ça vous semble facile, ça veut dire que c’est réussi quelque part. Je ne me compare pas mais les gens qui disent devant la peinture minimaliste Miro et Picasso oh ça je pourrais le faire, et bien ils n’ont rien compris à la peinture ».

Je n’accorde pas un grand intérêt à Annie Lemoine ni à sa littérature mais par leur mépris et leur vulgarité, les deux polémistes ont réussi à me la rendre attachante. Je serais prêt à parier que les auteurs se bousculent chaque semaine pour passer à l’échafaud, pour cette raison, j’ai entendu de la bouche d’éditeurs que l’impact sur les ventes était flagrant. La contre-productivité de l’exercice de Naulleau et Zemmour est évidente, ils participent à un système qu’ils ne controlent absolument pas et que j’exècre. Pire, ils insultent un auteur et chacun de ses lecteurs avec une insistance qui mériterait une vraie intervention d’un Ruquier qui semble se délecter du spectacle qu’il a créé. La semaine dernière c’était Valérie Mairesse, cette semaine une autre de ses amies ? Peu importe, au bout du compte, il le sait, elles vendront plus.


Annie Lemoine vs Zemmour et Naulleau [ITV] Ruquier 140309
envoyé par peanutsie. – Futurs lauréats du Sundance.

Heureusement, le seul bon moment de l’émission, celui de Jonathan Lambert, serait compilé dans le DVD de l’humoriste qui vient de sortir. On va pouvoir s’épargner tranquillement cet amas de prétention ridicule qui l’entoure.

La Nouvelle Star revient en saison 7 le 24 février

A la différence de TF1, M6 a pris conscience de la valeur communautaire de l’une de ses marques historiques les plus fortes. Et a décidé d’en tirer profit. Ainsi, avant le retour de la Nouvelle Star progammé le 24 février à 20h50, la chaîne a décidé de présenter, pour la première fois et en avant-première absolue « avant même une présentation aux journalistes »,  le premier volet du programme. Dans des conditions cinéma qui donnent forcément un relief plus fort à chaque moment, nous sommes donc une petite poignée de privilégiés à avoir assisté ce soir au retour du jury star dont la gent masculine nous a fait l’honneur de sa présence, à l’arrivée de quelques nouveaux parmi lesquels « une nounou » qui ravira les fans et au traditionnel équilibre de voix, casseroles et personnalités fortes. La seule mauvaise nouvelle : à partir du 24 février, je ne suis plus là pour personne tous les mardis soirs jusqu’à l’été…

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N’abusez pas des héros de Koh Lanta

Devant le triomphe absolu de cette première édition hivernale de Koh Lanta (plus de 8 millions de spectateurs), il est question de renouveler l’expérience en assurant dorénavant 2 éditions par an. On comprend la tentation de TF1 : c’est l’une des dernières marques fortes de la chaînes, le seul programme dont les audiences progressent au fil des ans, avec une image qui tire celle de la chaîne vers le haut. Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance. Qui se souvient des débuts timides il y a 8 ans avec à la présentation un Hubert Auriol qui se demandait ce qu’il faisait là ? Denis Brogiart n’était alors qu’une voix off.

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Depuis, Koh Lanta est devenu une mécanique bien huilée qu’il a été particulièrement agréable de voir bousculée pour cette édition spéciale (je ne suis pas d’accord avec William). Je ne changerais pas un mot à ce que j’écrivais en 2006. Mais de là à tirer la corde, ça me parait exposer le programme à un essoufflement probable. La chaîne ferait mieux de participer et faire vivre la dynamique communautaire qui existe autour du programme, mieux qu’en faisant commenter les épisodes par les fortes têtes du programme.

Vivement cet été pour la prochaine édition. Pour patienter, je me mets en position flechettes sur mon profil Facebook. Je fêterai l’arrêt de l’Ile de la tentation (annoncé le jour de la Saint Valentin !) un autre jour…

Le vrai JT existe

Je pense qu’on est plusieurs à être énervés par le traitement totalement suiveur, populiste et partiel de l’information à la télé. En ce moment, 95% du journal est dédié à un conflit international (Gaza de plus en plus sanglant alors que tout le monde regrette encore le « manque d’image »), au grand froid en bas de chez nous (oui, en hiver, il fait froid), la crise internationale, un concurrent du Vendée Globe à deux doigts de se noyer, l’augmentation des prix, le moral des français et les soldes qui commencent bientôt, le phénomène Twilight qui débarque dans nos salles de cinéma.

Il existe un JT télé beaucoup plus intelligent que ça et injustement ignoré. Florence Dauchez en assure la rédaction en chef et la présentation tous les soirs avant le Grand Journal sur Canal +.

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Bien sûr, tous les sujets cités plus haut y sont traités aux côtés de la crise de gaz en Europe ou encore de la suppression annoncée des juges d’instruction. Mais l’actualité internationale y est couverte avec autrement plus d’intérêt qu’ailleurs : le Zimbabwé touché par le choléra depuis le mois d’août avec plus de 60.000 victimes redoutées à long termes, la République démocratique du Congo frappée par l’Ebola depuis novembre, la coopération americano cubaine pour archiver l’oeuvre d’Hemingway, l’Inde qui accuse l’état Pakistanais d’avoir soutenu les attentats de Bombay en novembre et, plus proche de nous, le second plan de relance en Allemagne et la crise de la distribution en Angleterre avec la fermeture de nombreux magasins Mark & Spencer et la liquidation totale de Woolworths

Florence Dauchez conclut son journal en précisant qu’il s’agissait de « l’essentiel de l’actualité », comme pour faire preuve d’humilité devant les choix réalisés, forcément sélectifs. Chapeau bas pour ce journal que j’enregistre dorénavant tous les jours.

Breaking news

Faisons un petit bilan : on a perdu Bruce Toussaint le matin et la matinale de Canal ne sera jamais plus comme avant. On s’en est remis mais quand même… Le ton inimitable s’est déporté le midi dans l’Edition spéciale avec succès selon les chiffres d’audience. Le truc, c’est que le midi, je sais pas vous, mais moi je travaille. Il reste donc pour se consoler Breaking News, l’émission d’info fiction qui revient pour un second numéro sur Jimmy le 16 décembre avec un sujet flippant sur le bioterrorisme.

Pour le fun mais pour la bonne cause, on va donc se rabattre sur la prestation de chanteur qui signe l’engagement de Bruce dans la lutte contre le cancer. C’est l’occasion de découvrir un vrai talent caché…

La journée de la jupe : le choc attendu sur ARTE

Attendu en diffusion sur Arte au mois de mars 2009*, La journée de la jupe est bien d’avantage qu’un téléfilm de plus. C’est une tragédie émaillée de rires, une torpille en plein estomac, la photographie d’une réalité qu’on s’en veut d’ignorer sciemment, un huit-clos ouvert sur le monde dont on sort chancelant mais touché au cœur. C’est aussi le retour d’une Isabelle Adjani étourdissante dans un rôle à sa démesure.

*MAJ 1er Mars 09 : bonne nouvelle, le film La journée de la jupe est finalement diffusé en avant-première sur ARTE avant sa sortie dans les salles le 25 mars. MAJ 21/03/09 : record d’audience sur Arte avec l’un des records historique pour la chaîne qui avec 2.245.000 spectateurs et 9,6% de parts de marché se place devant France 2. Un vrai carton ! MAJ 22/03/09 : la journée de la jupe nous offre le plus beau marathon médiatique d’Isabelle Adjani depuis… toujours ?

Il n’est pas question de mise en condition, de préparation ou de facilité. On n’est pas sur TF1, on entre directement dans le vif du sujet. Sonia Bergerac est prof de français dans une banlieue chaude, son cours n’a pas encore commencé et on a déjà compris : elle ne fait plus face à la pression d’élèves qui ont pris le pouvoir. C’est en découvrant presque par accident un pistolet caché dans le sac d’un élève que Sonia Bergerac va, sans réellement s’en rendre compte, prendre une partie de sa classe en otage. Et se laisser entraîner jusqu’à créer une spirale qui nous plonge, elle, ses élèves, les autres profs, le principal, leurs parents, le brigadier et son chef, la ministre et les journalistes, dans des réalités croisées qu’on comprend une à une, autant qu’on les déteste. Parmi les revendications qu’elle doit trouver pour donner du sens au désastre qu’elle a créé, la prof exigera l’instauration d’une Journée de la jupe…

En découvrant le film sur grand écran avec toute l’équipe dans la salle, l’émotion était palpable, la pression de l’entrée en matière immédiate tellement forte qu’il aura fallu quelques scènes avant de réussir à gérer les (assez nombreuses) répliques comiques. Le principal exploit de La journée de la jupe est de ne jamais juger pour réussir à faire comprendre l’inacceptable. L’ancrage dans le quotidien, avec des références à la culture populaire notamment dans une terrifiante et drôlissime élection dans le plus pur style Star Academy, rappelle à tous les instants que cette violence sociale existe, ici et maintenant. L’exploit dans la salle aura consisté à réussir à sécher les larmes tout en applaudissant pour dire merci.

N’ayant pas réussi à monter son film pour le cinéma, le réalisateur et scénariste Jean-Paul Lilienfeld, a tenu à remercier Arte pour une « folie » que les autres n’ont pas : accepter les idées qu’ils aiment ! Son deuxième hommage appuyé sera pour sa comédienne principale : un « stradivarius » qui a soutenu le projet d’un bout à l’autre.

Mon statut d’inconditionnel faisait de cette projection un moment forcément très particulier et très fort. Ce n’est qu’en voyant le film qu’on comprend la raison de l’engagement d’Isabelle Adjani, pourquoi elle en a accepté les contraintes liées à un financement réduit. Les révélations émaillées tout au long du film touche à son engagement de femme. Mais elle a préféré insister sur le plaisir d’actrice qu’elle espèrait transmettre au public que nous étions.

Sa performance est fracassante, aussi bouleversante que celle de l’Eté meurtrier, Camille Claudel ou la Dame aux Camélias. La peur, la fragilité, la violence, la déchirure, la folie, la légèreté, l’égarement, toute la palette des émotions est là, en gros plan. Avec le sentiment de retrouver une Adjani qu’on avait un peu perdu, ces yeux bleus marine et sa voix grave qui nous ont du coup manqué. Evidemment, je n’ai pas osé lui dire comme je l’aimais alors qu’elle passait à côté de moi.

Le film n’aurait à mes yeux aucun défaut ? Quelques-uns, anecdotiques : quelques scènes inutiles, une dextérité pour monter en quelques minutes des vidéos sur un téléphone mobile assez peu crédible, une ou deux répliques comiques de trop. Rien qui ne gâche réellement le plaisir.

La journée de la jupe sortira au cinéma, j’en suis sûr, c’est déjà arrivé à d’autres films d’ARTE. Il faudra patienter jusqu’au printemps…

Et MERCI pour ce nouveau cadeau.