J’ai assisté vendredi dernier à une conférence de l’EBG qui a réunit pas moins de 750 professionnels adhérents, probablement au moins autant pour le thème proposé que pour le plateau qui mettait côte à côte Patrick Le Lay (TF1), Nicolas de Tavernost (M6) et Jean-Bernard Levy (Vivendi universal). Pour le compte-rendu très pro, expert et illustré, c’est du côté de Laurent ou Christian que ça se passe. Il est hors de question que je paraphrase en moins bien ce qu’ils ont très bien écrit.
Mon compte-rendu totalement partiel, orienté et quasi béotien tient du coup en quelques points :
- Ca aurait été courageux de la part de Patrick de Carolis (France Télévisions) de faire le déplacement puisque le vieil adage qui prétend que les absents ont toujours tort a démontré toute sa vivacité : les privilèges de la télévision publique ont fait l’objet d’attaques en règle, Le Lay et de Tavernost fustigeant à tour de rôle l’empiètement de la télé publique sur le marché publicitaire (sujet récurrent…), la possibilité pour les chaînes du France Télévisions de faire la promotion d’autres chaînes du groupe tous les soirs en prime time (alors que TF1 ou M6 en sont interdits) ou l’accès largement facilité à la TNT. Le ton est même passé au carrément moqueur en ce qui concerne les déclarations de président du groupe qui regrette le trust des séries américaines par TF1 et M6 : certes, ça laisse peu de marge de manoeuvre à aux chaînes publiques mais “est-ce bien la mission du service publique de diffuser des séries américaines ?”.
- Pour rester sur le sujet, Le Lay analyse l’engouement pour les séries américaines comme un phénomène de mode qui ne remet en rien en cause l’attachement historique des français pour leur production nationale. Analyse un peu courte puisque l’engouement se mesure plutôt à l’aune de la qualité sans cesse croissante des séries anglo-saxonnes qui donne un sacré coup de vieux à nos sympatiques téléfilms. Copier les Experts avec R.I.S. et lancer un Navarro version 52 minutes n’est peut-être pas suffisant pour rivaliser mais le succès de Louis la Brocante laisse un espoir.
- Le succès de la TNT n’est nié par personne. Par contre, au regard de la manne publicitaire qui ne croît pas au rythme de la mutliplication du nombre de chaînes qui doivent gagner des morceaux d’un gateau trop petit, tout le monde n’y survivra pas. C’est avec ce qu’il considère comme un élément de marché immuable que Nicolas de Tavernost prédit une évolution sur le mode “Derniers arrivés, premiers sortis!”.
- L’énorme potentiel de la télévision sur mobile et l’envie des téléspectateurs de profiter de la télé sur un si petit écran semble surprendre les 3 intervenants qui se sont visiblement vite remis de leurs émotion puisqu’ils sont prêts à tous les investissements en la matière (à coup de TF1 mobile, M6 mobile, Maroc Telecom visiblement stratégique chez Vivendi). La nécessité de proposer des chaînes avec des programmes adaptés à de très petits écrans apparaît comme une évidence et ouvre une nouvelle voie aux producteurs de contenus.
- La brillante démonstration opérée sur le business model de la distribution audiovisuelle et ses évolutions nécessaires m’a surtout entraîné à réflechir aux erreurs de positionnement marketing passés des constructeurs de terminaux destinés à recevoir ces images. Lorsqu’on a longtemps entendu parler chez les acteurs de l’informatique de “convergence sur les PC”, chez les acteurs de l’électronique grand public de “convergence sur l’écran de télé”, chez les acteurs telco de “convergence sur les écrans de téléphones” et chez les acteurs des consoles pour jeux vidéos de “convergence sur les consoles”, ça vaut le coup de s’arrêter quelques secondes sur le sujet pour mesurer à quel point il n’y aura probablement jamais de convergence mais bien une complémentarité liée aux usages adaptés à chacun à différents moments de la journée. En parallèle, on ne se dirige pas vers une disparition des canaux de distribution audiovisuelle mais bien vers une multiplicité complémentaire avec consolidation dans chaque segment. Le schéma est d’ores et déjà dessiné avec les rapprochement TPS – CanalSat pour le satellite ou UPC-Noos pour le câble qui ne laissent qu’un seul acteur dans chaque segment.
- Pour des scoops concernant le futur, même immédiat, on n’en attendait pas énormément, on n’a pas été déçu : seulement de vagues bribes d’infos sur le fameux projet de TF1 “le Buzz” dont on a vraiment envie de découvrir les contours. On apprend à ce sujet plus de choses chez Laurent que lors de la conférence.
- Pas de mention à la guerre que se mènent actuellement TF1 et M6 à coup de transferts, on saluera quand même la bravoure de Jean-Bernard Levy qui a courageusement accepté de s’assoire entre les deux rivaux. Pas de coups physiques à déplorer, tout au plus quelques pics soigneusement lancés avec le sourire.