Les images chocs évoquent inévitablement un pays parmi les plus pauvres de la planète, Haïti ou le Niger, alors qu’elles nous arrivent de l’un des plus riches d’entre tous. Quelle révélation ! L’amérique flamboyante souffrirait d’une pauvreté cachée et allègrement ignorée par son Président tout occupé à entretenir son ranch ? On sait que c’est la règle : les médias s’intéressent aux évidences lorsqu’elles se trouvent sous les feux de l’actualité, de préférence lorsqu’il y a des images. Il y a juste des moments où ça devient encore plus insupportable que d’habitude. On feint de découvrir le pays du quart-monde, les 45,8 milions d’américains qui sont privés d’assurance maladie, le racisme anti-black jusqu’au plus haut niveau… Pourtant on le sait depuis toujours. Ce qu’on savait moins, c’est que l’ouragan avait été annoncé, que les dégâts auraient pu être anticipés. Je rêve aujourd’hui d’une presse qui n’attendrait pas un ouragan aux US ou une série d’incendies dévastateurs à Paris pour relater, un peu hébétée, des réalités très largement ignorées au quotidien. Quelle actualité fournira suffisamment d’images pour "découvrir" les horreurs quotidiennes au Tibet ? Les associations font pourtant leur boulot, les médias ne suivent pas, il est temps de se bouger dans les rédactions.