Les commandements du nouvel arrivant

Lorsqu’on arrive dans son premier ou dans un nouveau poste dans une grande organisation, il y a un certain de nombre de conseils qu’on devrait systématiquement recevoir. Et qu’on ne reçoit pas toujours. Je profite donc de ne pas changer d’entreprise mais d’avoir eu à distribuer ces conseils souvent ces derniers temps pour refaire la liste. Soyons clair : ils sont constitués d’une suite de points de vue, surtout pas d’un cours sur le sujet. Un point de vue étant toujours bon à débattre, je suis ouvert à tout désaccord.

J’avoue d’ailleurs compter un peu sur les commentaires et la multiplicité des points de vue pour la compléter voir la faire évoluer. Un truc un peu interactif quoi. Je suis fou, je sais.

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Cette liste n’est pas classée dans un ordre particulier.

  • Sur tes premiers ambassadeurs tu miseras en priorité

L’erreur la plus communément constatée pour un cadre nouvel arrivant est de veiller à séduire son ou ses supérieurs, alors que le premier public à séduire est toujours constitué des membres de son équipe. Ce sont eux qui valideront votre valeur ajoutée dans l’organisation en premier lieu, parfois même ceux auxquels votre supérieur s’adressera pour s’assurer que vous êtes un bon choix. C’est dans un second temps que l’approche des pairs et autres équipes dans l’organisation devra se faire.

  • Sur ceux qui comptent tu ne te tromperas pas

Standardistes, assistants, stagiaires, ils sont ceux qui feront circuler très vite votre image en interne. Apprenez à les connaître et à vous faire connaître. Ils sont des connecteurs et des relais, ce dont vous aurez le plus besoin en arrivant.

  • Ton manager tu n’oublieras pas de manager

« Il y a moins de mauvais managés que de mauvais managers » m’avait dit un prof d’Harvard il y a quelques années. Les management n’étant pas exactement le point fort des français, je ne peux pas adhérer à 100%. Pourtant, je pense qu’il est en grande partie de la responsabilité de chacun de se mettre en posture d’être managé le mieux possible : exprimer clairement ses souhaits, créer des moments propices à la discussion, faire connaître les points sur lesquels le manager doit intervenir et aider son boss chaque fois qu’il est possible. C’est ce que j’ai toujours essayé d’appliquer, après ma première expérience professionnelle il y a 10 ans. Je suspecte mon nouveau boss international (« nouvel arrivant » en quelque sorte) de m’avoir poussé à suivre plus fortement cette règle il y a quelques jours lorsqu’il m’a demandé de lui donner un ordre sur un sujet de mon choix, argumenté et précisément sélectionné. Exercice pas si simple mais efficace.

  • Un rapport d’étonnement tu t’imposeras

Parce qu’il n’y a rien de plus éphémère et précieux à la fois qu’un regard neuf, il sera toujours utile et apprécié de produire à l’issue des 3 premiers mois un rapport d’étonnement qui offre des pistes d’optimisation ou de simples idées malignes visant à faire progresser l’organisation. S’interroger chaque soir de ces 3 premiers mois sur les idées potentielles est le seul moyen de nourrir un rapport vraiment pertinent.

  • Ce que tu peux apporter à chacun tu formuleras

Avant que d’autres le fasse pour vous, mieux vaut faire connaître ses expertises. Il ne s’agit pas de vendre son CV ou de déployer d’overpromising banderoles mais de prendre chaque opportunité de placer une expérience pour illustrer ce que vous pouvez apporter à votre interlocuteur. Si ça peut l’aider, il le retiendra, en une seule fois.

  • Ton cercle rapproché d’amis tu identifieras

Choisir 5 / 10 / 15 collègues (selon la taille de l’organisation) qui diront du bien de moi si on les interroge sur mes capacités et mon comportement professionnels, c’est le principe d’une évaluation de direction dans pas mal d’entreprises. C’est un réseau qui se bâtit sur la base d’affinité naturelles et de collaborations performantes. C’est aussi un réseau qui s’entretient.

11 réponses sur “Les commandements du nouvel arrivant”

  1. Je suis d’accord avec l’ensemble de tes points et surtout celui sur le management du manager. A force de discuter autour de moi de ce sujet, je me rends souvent compte que la plupart des gens considèrent que la relation manager/managé est unilatérale, dans une relation top-down. J’ai compris que si ça devait être binaire, ce serait exactement l’inverse.

    Je pense que tu pourrais ajouter un point du type « ta fonction et tes missions tu éclairciras » car souvent les postes ne sont ni suffisamment clairs ni exhaustifs. Ce n’est qu’en comprenant parfaitement ce que l’on attend de nous que l’on peut être le plus efficace. Et cela ne passe pas forcément par demander spécifiquement ce que l’on attend de nous, mais plutôt d’en faire l’analyse.

  2. C’est un bon point, que je complèterais avec une nécessité : avoir conscience de la latitude qu’on a de faire évoluer les contours de son poste, en fonction de ses convictions et de ses forces. Je vais donc mûrir ça et je complète.

  3. Très bons points !
    De mon coté qui suis un nouvel arrivée, je rajouterais simplement qu’il ne faut pas expliquer ce à quoi tu vas servir mais bien écouter les gens et apprendre d’eux (et qu »ils le ressentent comme tels).
    Il faut s’imposer mais être aussi humble.
    C’est typiquement ce que j’ai raté à mon arrivée, même si mon contexte était particulier parce qu’avant de me connaître les gens avaient une mauvaise image (trop blogueur, trop de média (déjà), trop de trop…) donc ma posture aurait du être en dessous du humble alors qu’on me demandait dans le même temps de mener les gens vers le « social media » en imposant mes points de vue.
    C’est un peu ce que tu dis dans ton point 1 et 2 mais je voulais préciser.

  4. Bon point ! J’ajouterai humblement ce qui m’a souvent fait défaut au début de ma carrière quand la fougue l’emportait sur la raison. « Comprendre l’autre » et sa façon de penser avant de réagir, remettre les choses dans leur contexte avant de décider, de juger et enfin prendre des décisions. On arrive souvent au même résultat si on sait que l’on a raison mais on évite les clash et on tente en tant que manager de maintenir l’harmonie générale… Cela s’applique encore plus dans les organisations internationales ou la notion de culture pèse énormément. Nous gaulois sommes dans la lutte lorsque les autres sont dans l’échange… (Les anglais mis à part….)

  5. Je suis d’accord à une (enfin 2) réserve(s) près. A mon avis le dernier point et celui concernant le manager managé ne sont pas à portée de main d’un nouvel arrivant mais plutôt de quelqu’un(e) qui est déjà en poste depuis quelques mois et a bien compris les rouages de l’organisation.
    Même si ça me semble en effet indispensable, on ne peut « manager » son/sa manager qu’après avoir compris comment il/elle fonctionne et quels sont les points qui nous arrangent/dérangent dans ce fonctionnement…

    J’ajouterais un autre point :
    Les luttes d’influence, les inimitiés et les affinités tu décrypteras.
    Ca permet de comprendre beaucoup de choses et d’éviter des gaffes.
    De même, indépendamment de l’aspect radio moquette jamais inintéressant, il n’est pas forcément inutile de savoir qui couche avec qui…

  6. J’aime bien le point de Cécile de Quoide9 sur le décryptage des relations version radio moquette ! c’est vrai que ça peut permettre d’éviter les gaffes, et de nouer des relations avec les gens plus facilement, pour dépasser le stade « intrus de la bande »…
    Pour le « rapport d’étonnement », je pense qu’il faut faire preuve de beaucoup d’humilité… j’ai souvent vu des stagiaires se griller totalement avec ça ! quand on dit « apporte nous des idées, on a besoin d’un regard neuf », personne n’a vraiment envie d’entendre de critiques négatives. On attend surtout du constructif en fait !
    Je rajouterai, qu’il est bon au début de déjeuner avec tous les groupes constitués, ça permet vite de se faire une idée sur le qui fait quoi et pense quoi de qui. et surtout, ne pas se laisser enfermer par une petite bande dès la première semaine, cela risquerait de nuire à son image vis à vis des autres groupe et surtout de biaiser l’opinion qu’on se fait des autres.

  7. Sinon, le truc utile à savoir aussi en arrivant dans un de ces environnements hautement politiques, c’est de savoir choisir ses ennemis avec autant de soin que ses alliés.

  8. Une lecture qui peut aider:
    http://livre.fnac.com/a2614440/Michael-Watkins-Les-90-jours-pour-reussir-sa-prise-de-poste?Fr=0&To=0&Nu=1&from=1&Mn=-1&Ra=-1

    Je suis en train de lire la version en portugais, mais la maxime est celle-ci: « le président des USA a 100 jours pour prendre en main son poste, vous, nouveau lider, en avez 90 ».

    Et à prtir de là, il détaille tous les aspects de prendre une nouvelle fonction, que cela soit du passage de collaborateur à superviseur, à celui de vice pdt para CEO.
    Très intéressant, très complet, pleins d’exemple concret de carrières bien ou mal réussies à cause d’une décision au moment du changement de poste.

  9. Merci de tous vos commentaires. Ce que j’en retiens, c’est :
    . Chaque chose en son temps (disons que je parle des 100 premiers jours)
    . Ecouter et échanger (éviter les jugements)
    . Choisir ses ennemis autant que ses amis

    ZPat (content de te revoir dans le coin), ça donne très envie de lire, merci

  10. (suis toujours là, même si c’est furtif 😉 )
    J’aurais une carrière de pitcheur de livre????? Excellent

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