« Madame X » a perturbé la presse, les fans, le monde de la pop. Ce qui est toujours mieux que l’indifférence, dirons-nous.
Si on met de côté ses productions très moyennes des années 2010 (« MDNA » et « Rebel Heart »), mes albums préférés de Madonna sont ses pires échecs. « American Life » (5 millions en 2003), « I’m breathless » (6,5 millions en 1990, tiré de « Dick Tracy ») et « Erotica » (7 millions en 1992) sont des albums que j’écoute encore aujourd’hui régulièrement alors que je n’écoute plus vraiment « True Blue » (25 millions en 1986), « Like a virgin » (21 millions en 1984) ni même ceux que j’ai tant aimé à leurs sorties « Ray of light » (20 millions en 1998) ou « Confessions on a dance floor » (12 millions en 2005).
J’ai donc une mauvaise nouvelle pour Madonna (qui me lit, j’en suis sûr, laissez-moi) : je sais déjà que « Madame X » aura sa place parmi mes albums préférés. Peut-être même la première place, ce qui pourrait annoncer le pire échec de sa carrière.
Engagé, déroutant, fouillis, quasi expérimental… La presse n’a pas su gérer l’extrême modernité alors qu’elle avait pointé (à juste titre) le manque de renouvellement des 2 derniers opus. Elle salue l’engagement mais reproche le manque de tube évident, comme si un peu de facilité était en mesure de rassurer tout le monde. A la première écoute, j’aurais sans doute écrit la même chose. Deux semaines plus tard, l’album tourne en boucle et j’en aime chaque titre. Certains encore plus que d’autres.
La liste de mes préférés est longue. Elle va encore évoluer. Si je devais tenter TOP 10 à date :
- « God Control », la rencontre du fight d' »American Life » et du disco de « Confessions ». Inventif, puissant, somptueux.
- « Extreme Occident » : un des titres intégrant un mélange d’accords classiques et de sons hispaniques qui détonnent sur un album pop en 2019. Sans vraiment savoir pourquoi, « Extreme Occident » me touche particulièrement, plus que les autres.
- « Killers Who Are Partying » : l’inspiration portugaise y est bien évidente. La force du message fonctionne, peut-être aussi parce que la voix de Madonna n’est pas transformée. Enivrant.
- « Dark Ballet » : le titre qui aurait fait le tube le plus évident s’il n’était pas complètement twisté à mi-parcours (entre effets classiques et robotiques). En deuxième position de l’album, il provoque ce sentiment d’expérimentation sur les titres qui suivent, même si c’est ici qu’il se joue le plus fort. Culotté.
- « Looking For Mercy » : encore une fois des accords classiques (décidément très présents). Ca marche sur moi mais j’accepte qu’on me juge pour ça.
- « Future » : le reggaeton de l’album. Un titre qui me fait danser dans la cuisine le matin restera forcément un incontournable pour la vie.
- « Crave » : une ballade pop comme je les aime qui me fait retrouver du pur Madonna avec le petit featuring (Swae Lee) qui va bien . Et c’est pas mal non plus que la Queen rappelle au Monde qu’elle aussi, elle sait faire.
- « Faz Gostoso » : une autre inspiration portugaise, évidente dès le titre, qui fonctionne particulièrement bien sur moi sans doute aidé par mes quelques mois de vie à Lisbonne
- « I Don’t Search I Find » : un titre qui aurait complètement trouvé sa place dans l’album « Ray Of Light ». Pas forcément le plus inventif donc, mais efficace.
- « Medellin » : le premier extrait de l’album, qui m’a paru très faible à la première écoute ne figure toujours pas parmi mes coups de cœur mais a trouvé son sens au sein d’un album aussi inventif.
« Come alive », « Batuka », « Crazy » et « Bitch I’m Loca » ferment la marche, mais ça peut bouger, les derniers seront les premiers, un jour.
Pour tout le reste, l’imagerie et le look, les faussetés sur la scène de l’Eurovision, cette façon bizarre de bouger, le nouvel arrière-train, sa volonté de choquer avec des facilités (oulala, elle a léché l’orteil de Maluma…), Madonna m’a un peu perdu. Sur Instagram, elle a lâché la rampe il y a bien longtemps en prenant un malin plaisir à se montrer sous ses pires angles. Et pourtant, dès qu’elle « joue » les bitchs en interview, je retrouve la personnalité réjouissante, drôle, brillante, moderne et au-dessus du reste du Monde qu’elle restera pour toujours. Il n’y a qu’à voir (en entier) son interview chez le génial Graham Norton.
J’ai choisi de ne pas aller la voir au Grand Rex, par peur d’une performance vocale compliquée sans les renforts d’un grand show. Et je pense malheureusement qu’elle ne chantera pas en playback. Ahah. Je sais déjà que je vais le regretter et que, là aussi, elle va inventer. Mais comme pour tout le reste, j’ai le droit de changer d’avis, hein.