Marie chante Laforêt

Marie_chante_lafort_1 Hier soir était le grand soir, 36 ans que j’attendais ça. Pour une raison un peu étrange, moi qui n’ai pas l’âme d’un grand fan, le nom de Marie Laforêt a toujours résonné de façon particulière, émotionnelle, un peu bouleversante, aussi loin que je m’en souvienne.

Ce nom est définitivement associé dans ma mémoire à une cassette rouge usée que mes parents ont sans doute longtemps regretté d’avoir acheté et qui a tourné en boucle dans la voiture familiale pendant des années (au point de les dégouter à vie de tout ce qui rapproche de près ou de loin aux chanteuses aux yeux d’or). "Prière pour aller au paradis", "Demain Moby Dick", "la cavale" et "Pegao" étaient mes préférées. Ce nom évoque immanquablement une soirée entière à pleurer (bon, je sais, j’avais 6 ans…) alors que Plein Soleil passait à la télé un jeudi soir et que j’étais au lit pour cause d’école le lendemain.

Il me rappelle le plus beau cadeau de Noël de tous les temps, par ma soeur, un 33 tours multidiffusé sur la platine familiale qui faisait sortir pour la première fois de la voiture "ma" chanteuse, surjouant pour l’occasion le divorce de ses parents dans le titre "Viens, Viens". Puis, au fil d’une production dense dans les années 70, quelques inoubliables pourtant oubliés du grand public : "la légende de Thomas", "J’ai le coeur gros du temps présent", "lettre de France", "la voix du silence"… Puis, la dame se faisant rare, la découverte de titres antérieurs couvrant les années 60, de préférence les moins connus : "la ballade de clérembart", "la tour de babel", "je n’ai rien appris"…. Longtemps je me souviendrai de la tête de mes parents m’entendant abasourdi fredonner avec l’innocence de mes 7 ans "Fais moi l’amour comme à 16 ans", ils auraient sans doute préféré me voir béa d’admiration devant les guignoleries de Chantal Goya. Pour moi, Marie Laforêt signifie aussi dans le désordre grosse émotion théatrale avec Master Class, grands moments d’humour déjanté lors d’interviews légèrement surréaliste (un must avec Philippe Gildas à l’époque des Nuls), la découverte d’autres cultures à travers des films (Tangos l’exil de Gardel) et des voyages au long cours discographiques, un personnage étonnant jusque dans ses révélations sur sa vie privée, la surprise de rencontres pendant mes études à Paris des fans tellement inconditionnels que certains en écrivaient des livres, moi qui me croyais être un ovni….

Alors forcément, la voir chanter sur scène, exploit inespéré après 33 ans d’absence, était un événement attendu, pas un concert de plus.

Je m’attendais très sérieusement à une ambiance de récital type Frédéric François, Franck Michaël ou Pascal Sevran, calme tendance grisonnant, c’est au milieu de salle de concert très agitée et composée principalement de trentenaires scandant "Marie on t’aime", qu’on s’est retrouvés. Paradoxalement, j’ai regretté les grisonnants calmes, on était tellement à partager la même émotion que j’en ai été jaloux (je pensais être un ovni, j’aurais aimé continuer à le penser).

Pour le reste, c’était comme annoncé et plus : simple, drôle, interpreté de façon magistrale, léger, les titres incontournables et les autres. J’ai vécu près de 2h00 dans une émotion indescriptible repassant la voiture familiale sur "Pegao", le vieux vinyl rayé sur "une petite ville", ceux que j’aime qui ne sont plus là, chantant "des larmes plein les yeux" mais joyeux. Le temps m’a paru court, j’aurais voulu les 275 chansons de son répertoire, j’aurais aimé certaines de mes préférées plutôt que les classiques (je n’ai jamais aimé "les vendanges de l’amour"). Mais ma chanson préférée y était (Genève… ou bien) tout droit sortie de son dernier album studio injustement ignoré il y a 12 ans : rien qu’avec ça je me serais levé à la fin pour de longs rappels qui ne se seraient jamais terminés.

Je pourrai dire que j’y étais et garderai longtemps encore cette émotion là. En vrai, je suis un peu un ovni quand même, non ?

MAJ 15/09 : je sens que ça devient branché d’aimer Marie Laforêt, il y a que des bonnes critiques, merde comment je vais gérer ça moi ?

MAJ 23/09 : merci à Stéphane pour les photos du spectacle du 17/09

6 réponses sur “Marie chante Laforêt”

  1. Et non tu n’es pas le seul ! Moi aussi je croyais être un OVNI, je le suis en tout cas pour mon entourage, mais on a pu se rassembler tous, se retrouver et nous reconnaître. J’y suis allé pour la première et la fausse dernière de samedi 17, j’attendais ça depuis presque 20 ans , et mon dieu que c’était fabuleux, bouleversant et grandiose. Un moment de pure bonheur, et heureux d’être un extra-terrestre musicale mais je sais que j’ai raison.

  2. Pour ma part, j’ai découvert Marie Laforêt samedi soir, dans une ambiance de folie. Je connaissais ses classiques et certaines autres, mais j’ai été littéralement ébloui. Elle a dû, après que le rideau a été baissé, revenir tant les appels étaient puissants. Je n’ai jamais vu quelqu’un sur scène donner avec autant de sourires, de bras levés, de gestes d’amour pour le public. Est-ce que tu pourrais faire la liste des titres qu’elle a chanté, en attendant le DVD du spectacle que Ruquier a presque promis samedi? J’ai pu prendre quelques photos si ça t’intéresse. Je te donne mon adresse: smaltere@yahoo.fr

  3. Merci à tous les deux, je me sens de moins en moins seul ! Stéphane, je suis preneur des photos, je peux même les mettre sur ce blog si tu m’y autorises.

  4. pour moi marie est la voix plus douce du monde, alors plus grave que jamais, avec d’une puissance et une domaine vocale extraordinaires.
    j’ai lu votre article plusieurs de fois, mais jamais avait osé de vous ecrire.
    je suis interessé en vous contacter pour parler un peu de marie et si vous interesse aussi des photos et inclus des chansons inedites

    ecrivez moi a
    luis.gonzalez@petrobras.com

  5. Ah comme j’aurais aimé pouvoir la voir… Non pas que depuis mon plus jeune âge je la connaisse, mais elle a accompagné de jolis moments de mon adolescence, ce qui peut sembler étonnant pour un jeune de 22 ans 🙂 Ma préférée est sans doute « Prière pour aller au paradis » mais de jolies mentions pour « Genève… », « Mes bouquets d’asphodèles », « La tendresse »…

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