Putain de semaine

Cette semaine, comme la plupart des 62,9 millions d’habitants normalement constitués en France, j’ai eu peur. Je crois pouvoir dire qu’en 36 ans d’une vie de privilégié, je n’avais jamais eu aussi peur.

Cette semaine aura été celle de la diffusion à la télévision du témoignage des 13 acquittés d’Outreau, dans son intégralité sur les chaînes infos LCI et Public Senat, par séquences partout, avec toute la force écrasante des images. Au-delà de l’horreur des témoignages, les larmes des spectateurs de ce naufrage étaient forcément teintées d’un trouble sentiment d’empathie. Etions-nous bouleversés pour les "bonnes" raisons. Qui n’a pas pensé avant toute autre chose : "ça pourrait m’arriver" ? Le trouble se renforce encore face aux déclarations du juge Burgaud qui estime (dans l’Express) avoir "rempli sa mission honnêtement, loyalement et conformément à la loi". Le pire serait que ce soit vrai, ce qu’on ne peut pas complètement exclure. En se conformant à la loi en France aujourd’hui, la justice pourrait détruire la vie de 13 innocents et de leurs proches… Ceci ajouterait une 14ème vie injustement détruite : celle d’un juge qui subit un lynchage médiatique d’une rare violence (voir les unes des quotidiens de la semaine), incarnant à lui seul les faiblesses d’un sytème tout entier.

Cette semaine aura également été celle de l’affaire Garfieldd, pas comparable, moins exposée mais de plus en plus bruissante, tout aussi destabilisante. En quelques mots à prendre avec prudence puisque forcément réducteurs, un proviseur a été révoqué à cause de son blog où il évoquait (anonymement sous le pseudo Garfieldd) à la fois son travail et son homosexualité de façon soi-disant pornographique. Pour mieux comprendre et comparer les points de vue, je vous invite à consulter les messages sur les blogs recencés par Laurent sur embruns. Si vous ne deviez en lire qu’un, celui de Maître Eolas sous forme de lettre ouverte à Gilles de Robien me paraît le plus percutant. Si vous deviez vous faire une opinion par vous-même, vous jugeriez sur pièce en consultant les archives toujours accessibles du blog incriminé. On notera que rien n’excuse le moindre rapprochement entre homosexualité et pornographie, les propos les plus crus étant induits par les "requêtes Google-à-la-con" qui ont permis d’accéder au blog, présentée comme un simple gimmick en fin de notes. Difficile de ne pas se sentir encore une fois personnellement en danger et anéantir les derniers espoirs naïfs de profiter d’un espace supposé de liberté. Suis-je le seul à vouloir en savoir plus sur l’origine de cette décision : Qui a repéré le blog ? Qui a a pris en charge le travail d’enquête visant à dévoiler l’enquête de Garfieldd ? Comment la sanction (révocation) a-t-elle été décidée ? Quelle est la definition de la pornographie en France en 2006 ? Que disent-les élèves concernés ?… Est-ce par souci d’anticipation, pour éviter une affaire médiatique portée par des parents révoltés par "le laisser-aller de l’éducation nationale qui expose nos pauvres enfants aux pires traumatismes" ? Encore une fois, difficile à ce stade d’exclure l’hypothèse. La pétition à signer est ici.

Cette semaine aura été une putain de semaine. J’aurai moins peur la semaine prochaine… peut-être.

4 réponses sur “Putain de semaine”

  1. C’est marrant (le mot n’est pas trés approprié), je pensais également à un post de la sorte. Je me contenterai donc de compléter : cette semaine j’ai entendu notre président évoquer l’arme nucléaire non plus comme arme de dissuasion mais comme arme de frappe et et je viens de lire que deux enfants de 10 et 11 ans en avait brulé vif un de 7 ans… Alors c’est vrai, c’est vraiment une semaine de merde.

  2. Tellement d’autres choses à couvrir, tu as raison de compléter David. J’ai choisi 2 faits saillants qui m’ont surtout donné le sentiment d’être moins libre, surveillé, en danger, à l’abri de rien.

  3. Bonjour,

    Premier passage sur ce blog via « Senior Blazquez ». Concernant l’affaire d’Outreau, je viens de finir un livre hier soir que je conseille vivement :
    « Méprise » de la jounraliste Florence Aubenas.
    Dès les premières page, on comprend l’immense « complexité » de l’affaire…
    A bientôt

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