La nouvelle fait beaucoup de bruit et pour cause : Disney s’apprête à tester la diffusion gratuite sur internet via sa filiale ABC de 4 séries à succès et le succès paraît joué d’avance.
ABC s’est révélé avec le temps un véritable bras armé de Disney pour explorer des solutions face à l’impact des nouvelles technologies (baisse de l’investissement publicitaire en TV, court-circuitage de la pub grâce au Timshift et notamment TiVo aux US, téléchargement illégal en peer-to-peer…). Le test y répond notamment en interdisant de passer les pubs en acceléré. Le site est notamment un must alignant déjà vidéos en format 16/9, newsletter, message board, sites événementiels pour les séries phares –Desperate Housewives, Lost, Alias, Commander in Chief-, blogs par exemple d’auteurs de série… Disney avait déjà pris un pas d’avance en proposant des vidéos de ses séries à l’achat sur iTunes. Une force de frappe dans le développement un “divertissement numérique en haut débit” dont les enjeux se mesurent déjà très concrètement.
Etrangement non reprise par Reuters, donc ignorée à ce stade par les médias, la dernière partie de l’annonce relayée initialement par le Wall Street Journal porte sur la volonté de reprendre la main sur les communautés autour des séries les plus en vues en assurant la promotion de sites de fans et en initiant des discussions autour de la diffusion en ligne des épisodes. Initiative intéressante mais qui soulève le plus de critiques de la part d’observateurs en ligne tels que Bill Kinnon, Terry Heaton et surtout Jeff Jarvis et Umar Haque. La volonté affichée par Disney de reprendre le contrôle, y compris sur des sphères d’influence qui puisent leurs forces dans leur indépendance, fait s’interroger sur le bien-fondé de l’approche. Comment une chaîne pourra-t-elle notamment cautionner des espaces qui batissent leur succès sur les spoilers (dont l’un des exemples les plus percutants est le wiki Lospedia) ? C’est sans doute plus sur ce point que le test de 2 mois apportera des réponses riches d’enseignement.
Comme le note l’Express, en tant que consommateur de séries, c’est une bonne nouvelle : la promesse d’accéder en toute légalité et en temps réel aux épisodes de mes séries favorites. D’un point de vue business, à court terme, on ne peut que souhaiter aux chaînes françaises (dont je n’ai pas trouvé de réaction officielle) et en particulier à TF1 (Lost), M6 (Desperate Housewives bientôt, Alias, Commander in Chief bientôt), Canal + (Desperate Housewives déjà) et Téva (Alias) que l’intérêt limité des français pour les séries en VO non sous-titrées interrompues par 3 écrans publicitaires constitueront un barrage suffisamment fort pour ne pas détourner les spectateurs français de la diffusion (avec quelques mois de retard) sur leurs ondes. A plus long terme, en cas de succès probable au moins pour le marché américain, de nouveaux modèles seront à inventer. Le risque de priver TF1 du pactole que représentent Les Experts d’où qu’ils soient (Las Vegas, Miami ou New York) n’a aucune chance de se faire dans l’indifférence.
Pour moi, c’est une excellente nouvelle, ayant déjà visionné plus de la moitié de la saison 2 de Desperate Housewives, il fallait faire quelque chose. Bien ou pas bien ? On va voir, mais lancent quelque chose.
Excellente note, Eric !
Je pense surtout que ce galop d’essai est un bon moyen pour le groupe Disney de tester le modèle économique du côté annonceurs et du côté consommateurs. Il est vrai que le public américain est habitué à se prendre au moins 3 coupures pub sur un épisode de série. En France, si les ayants-droits étaient tentés par ce modèle, ce n’est pas gagné…
Damdam > en tant que « consommateur », c’est indiscutable. Ceci dit, je suis un peu déçu par la saison 2 de DHW…
Laurent > Merci ! Et il me tarde de voir ce que les acteurs français (et des autres pays concernés) vont inventer pour se protéger de ce court-circuitage