Ca peut paraître anecdotique vu de l’extérieur. J’ai changé le « à propos de » de mon blog après plus de 4 ans de bons et loyaux services. Ca claque moins qu’un superproduction en vidéo mais quand même.
Lorsqu’en août 2005 j’ai créé ce blog, je ne savais pas bien quoi en faire et encore moins ce qu’il allait devenir. De toute évidence, ma principale angoisse du moment était de ne pas laisser croire que je voulais jouer au journaliste. Un débat qui parait à la fois d’un autre temps et pourtant toujours filigrane dans pas mal de conversations en ligne. Le texte qui présentait ce blog insistait donc principalement sur ce point après avoir rappelé que j’entendais rester propriétaire du lieu. Pour la petite histoire, PRland était alors un blog anonyme qui ne présentait donc ni ma photo ni mon nom. Ce qui a tenu très exactement 3 mois, le temps que je participe aux premières fêtes de la blogosphère (les blogdrink, Paris blogue-t-il…)
Aujourd’hui je ne renie pas ce texte. J’en garde même tous les contours mais je dois y ajouter une réalité qui s’est forcément nourrie d’expériences. Et d’évolutions de mon existence dans les médias sociaux : alors que PRland constituait le lieu quasi unique de mon expression sur le web, il s’est quelque peu dilué avec le temps dans le volubilité volatile de Twitter, l’exercice de style imposé sur lepost, les images commentées de Posterous…
Pourtant, dès le départ, mon blog était un laboratoire, un lieu utile pour expérimenter de nouvelles approches de marque, comprendre jusqu’où tenait le mélange des genres vie privée vie publique (big up Mireille Dumas), comprendre les bascules de l’existence virtuelle aux liens dans le réel et inversement. Si j’ai toujours refusé les sollicitations (pourtant parfois exagérément alléchantes) qui m’invitaient à transformer mon hub en « arbre de Noël pour marque » de type billets sponsorisés, j’ai plongé à chaque fois qu’on me proposait de vivre quelque chose de nouveau dépassant la description d’un produit qu’on m’aurait offert. Par intérêt et conviction plus que par éthique.
Mais c’était aussi, pourquoi le cacher, un exutoire parfait, l’endroit où assouvir mon besoin frustré d’écriture depuis que la mission éditoriale était confiée à des équipes que je dirige. Et en quelques semaines, j’ai compris que c’était également une ou deux vies gagnées sur ce qui allait bientôt se révéler indispensable : la maîtrise de son identité numérique là où elle pourrait bientôt nous échapper de façon violente. Je n’avais évidemment pas anticipé que la blogosphère deviendrait malgré moi un levier majeur dans les changements professionnels et une nouvelle communauté personnelle qui ont tout simplement bouleversé ma vie. Et j’avais encore moins compris que j’y dirais tellement sur moi, avec une impudeur et un égocentrisme assumé qui font froid dans le dos en relisant certains billets.
Les expériences de ces dernières semaines m’ont appris des choses majeures. En plus de quelques amis qui comptent, je crois avoir acquis une communauté d’alliés que j’aime bien et qui m’aime bien. Vraiment. Et qui a donc l’exigence de ne pas accepter de dérives racoleuses dont j’ai la faiblesse de penser qu’elles ne constituent pas exactement ma marque de fabrique. Je me doutais que l’attaque attirerait les foules (j’ai rarement reçu -et refusé du coup- autant de demandes d’interview qu’après les papier sur Ternisien ou Morandini) mais on ne me pardonnera pas de jouer avec l’émotionnel. Et encore moins d’en rire. Dont acte. Les médias sociaux manipulent de la matière humaine, explosive, sensible. Tout ce qui s’y passe renvoie à ses propres émotions. Comme dans la vraie vie, s’attaquer aux puissants est louable mais pas à ses pairs. C’est finalement rassurant. Et cette expérience là m’aura au moins permis de m’envoyer en 12 jours 2 « puissants » qui me dérangent et de réaliser dans un délire total la première (et sans doute unique) home made vidéo de ce blog.
Sur d’autres sujets et des programmes plus longs, j’ai pu voir ce que des marques demandaient à leurs agences qui les répercutent à « leurs blogueurs » de façon quasi transparente. J’ai sans doute fait partie de la liste des blogueurs les plus ingérables du moment pour les agences de la place, exigeant du sens aux actions, réclamant du vrai contenu, refusant l’inrefusable dans des « deals » de l’ordre du gentleman agreement qui se muait avec le temps en fonction du contexte de la marque plus que des blogueurs concernés. Il reste tellement de pédagogie à faire après tout ce temps que c’en est étourdissant. Et je continue à apprendre tous les jours des réalités qui me sont utiles dans mon métier.
Mais surtout, j’ai réalisé que je suis ici plus que jamais chez moi. Dans mon espace d’expression personnel. Parce que je n’ai jamais fait de retape. On visite l’endroit sans invitation, je n’en parle jamais dans la vraie vie et surtout j’y ai tout créé (avec l’aide des « techniciens » cités dans cette même page « à propos de » d’ailleurs). Twitter m’a échappé le jour où j’ai rendu mon profil public, on a clairement un devoir face aux lecteurs du Post qui ne manquent d’ailleurs jamais de le faire remarquer, Posterous n’est qu’un feed peu engagé, ce blog m’appartient complètement. Je suis sans doute l’un des derniers à m’en apercevoir : les trolls ne restent jamais très longtemps quitte à préférer les spams en format email intrusif (pas toujours simple à gérer), le nombre de visiteurs et d’abonnés au flux est globalement assez stable depuis 2 ans…
PRland est mon blog, j’y tente donc les expériences qui me plaisent sans engager personne, je pratique à outrance le mélange des genres, je joue de la quasi intégralité de mes paradoxes sans me considérer tout à fait en public puisque je suis à la maison. Celui qui n’aime pas est plutôt invité à aller voir ailleurs y compris dans la réponse aux commentaires que j’ai peu à modérer, c’est d’ailleurs une liberté que je ne prendrais nulle part ailleurs. Vous êtes ici chez moi, je vais essayer d’en garder les clés et de laisser l’endroit aussi propre que possible en restant exactement qui je suis.
C’est assez intéressant de voir que la « non-ligne éditoriale mais pleine de bons principes » a peu changé en définitive. Mais je te saurais gré de préciser deux petites omissions qui seraient intéressantes pour tes lecteurs (pardon, ton « public » maintenant que tu te lances en vidéo :
– est-ce que ton (sur)usage de twitter et surtout l’arrivée de Posterous a modifié la fréquence ou le contenu de publication que tu as sur ton blog au-delà de ce que tu mentionnes qui est plutôt anectotique ?
– Y-a-t-il une raison particulière pour ce bilan, cette introspection ? On sent le résultat d’une réflexion bien mûrie et c’est assez intéressant de voir que la conclusion d’une remise en cause peut également être « on ne change pas quelque chose qui marche ».
Je te sais gré de t’intéresser en tout cas ^^
Pour répondre à tes questions :
– Non, pas de changement sur le fond, une fréquence à peine moins importante uniquement dûe au fait que l’arrivée de Twitter dans ma vie ne s’est pas accompagnée d’une 25ème voire 26ème heure dans la journée
– La raison de ce bilan sous forme de billet est vraiment du au changement de la page « à propos de » qui n’avait pas bougé d’un iota tout ce temps. Le bilan de mes expériences est toujours écrit (c’est ma façon à moi de graver dans le marbre les quelques enseignements qui se figent au fil du temps) mais pas toujours publié il est vrai.
On avance en marchant. Tu marches bien…
Bienvenue chez toi et tu fais ce que tu veux avec tes cheveux (ou ta barbe…)
😆
bien on connait tous des cycles avec notre blog, c’est rigolo a constater à posteriori d’ailleurs 🙂
Je viens de me rendre compte que ton blog est plus vieux seulement d’un mois que le mien …
Mathilde > mais je marche trop ?… 😉 Merci
Phileas > pour la barbe, j’ai choisi, j’ai coupé, c’est mieux
greg > l’avantage, c’est que ça laisse des traces
Lancelot > tu me dois donc le respect (mais ça on le savait)(ahah)
Bande de petits joueurs.
Tu aimes bien garder les clés toi en ce moment…
Je commence vraiment à me demander si tu devrais pas « embrasser » le métier d’écrivain…j’aime bien ta plume 🙂