Crédibilité de l’information

Le sujet est récurrent mais j’ai lu plusieurs notes intéressantes sur le sujet récemment, dont celle de Xavier. La théorie de la transparence organisée (traçable, compréhensible et exhaustive) me plaît assez mais la vraie question soulevée touche à mon avis encore une fois moins à la crédibilité des blogs qu’à celle des médias traditionnels. Se cache-t-il derrière la signature d’un journaliste ou d’un expert (dans le cadre d’une tribune libre) tout la traçabilité nécessaire ? La mention "publi-rédactionnel" en caractère 2 en bas à gauche d’une page rédigée par un journaliste de la rédaction constitue-t-elle une clé de lecture suffisamment compréhensible pour un lecteur ? La reprise intégrale des communiqués de presse par les versions on-line de grands quotidiens ou par des portails garantit-elle l’exhaustivité (indépendance) de l’information ?

Les blogs sont en grande majorité des espaces personnels d’opinion. Derrière "je pense que", tout est permis, l’information est amenée par le prisme de l’avis personnel. Je viens ici de citer ma source (Xavier) et de le commenter avec mon avis (prudent, sous forme de questions). Cela soulève-t-il réellement un problème de crédibilité ? Le "je pense que" est un confort dont la presse ne devrait pas disposer : l’avis personnel n’est à mon avis surtout pas sa mission en dehors de l’éditorial. Ceci dit, comparez le traitement des infos de politique intérieure par le Figaro, Libération, France Soir et cet après-midi le Monde, vous devriez aisément relever à quel point le "je pense que" se lit (entre les lignes) à chaque article. Ca s’appelle peut-être une ligne éditoriale mais dans ce cas, la transparence ne devrait-elle pas imposer de préciser clairement la ligne éditoriale en première page de chaque quotidien ? En la matière, un média qui s’annonce basé sur le journaliste citoyen comme Agoravox fait nettement mieux que la plupart des médias traditionnels en mettant en avant de façon très claire sa politique éditoriale, idem pour ChampG dès la page d’accueil.

Bonnes vibrations 2006 avec Jalouse

JalouseEdité par le groupe Jalou et positionné par la régie du groupe EMAP comme un "féminin jeune" qui s’adresse à "des jeunes femmes libres", le magazine Jalouse fait parler de lui depuis vendredi au moment de la mise en kiosque de son dernier numéro proposé, en édition limitée, avec un… vibromasseur. Pour 1 € de plus, les lectrices ont droit à ce cadeau étiqueté "interdit aux moins de 18 ans", une vraie première dans l’histoire de la presse magazine grand public en France.  La dépêche AFP reprend les propos d’Olivier Jungers, DG en charge et du marketing du groupe Jalou : "Les sex toys sont dans l’air du temps. Avant nous, Sonia Rykiel a fait sortir les vibromasseurs des sex-shops. Seule la moitié de notre tirage est livrée avec ce sex toy, afin de laisser le choix aux lectrices, mais aussi aux diffuseurs qui peuvent user de leur droit Jalouse2 de réserve et refuser de le proposer". De son côté, Libé relaie l’opinion du Syndicat de la presse Magazine et d’Information à travers la voix de sa directrice : «le vibromasseur est aujourd’hui un objet de consommation courante» (sic). On se souvient que le magazine avait déjà "innové" il y a 5 ans dans son édition datée décembre-janvier 2001 en proposant avec humour de dénuder les éphèbes proposés en couverture (déclinée en 4 versions) en "grattant la pastille" portant la mention "nu si découvert".

Jalouse l’a dit, l’année 2006 sera l’année du sex toy ou ne sera pas (je sais pas encore ce qu’on va faire de cette tendance là en RP mais on y réflechit…).

La mort vous va si bien

Jock_ewing_3Les scénaristes des séries a succès ont toujours intégré le décès de l’un des personnages principaux pour insuffler une nouvelle dynamique après quelques années ou sous la contrainte du départ (voir décès) de l’acteur incarnant le héros concerné. Les "scenarii" des soaps de la grande époque (Dallas, Dynastie, Côte Ouest…) sont truffés de ces rebondissements qui tombaient en première saison dans le pire des cas (Jock Ewing dans Dallas, Sid Fairgate dans Côte Ouest…) ou après plusieurs années (Pam Ewing, Bobby Ewing, Valene Ewing, Lucy Ewing, Eric Ewing, pas tous les jours rose de s’appeler Ewing), quitte à revenir plus tard sous Cte_ouest_4 les traits d’un autre acteur (sans explication : Ellie Ewing, Steven Carrington…) ou par le truchement d’un coup de théâtre aussi crédible que le mariage entre Michael Jackson et Lisa-Marie-fille-de-Presley (Le rêve de Pam pour le retour de Bobby dans Dallas, l’arrivée du sosie de Ciji Dune-Lisa Hartman dans Côte Ouest…).

Teri_bauer_3 Avec les années 2000 et sous l’impulsion de nouvelles séries dont la qualité rivalise directement avec le meilleur du cinéma, une nouvelle tendance est apparue : la mort de l’un des héros est devenu un élément intégré très tôt dans l’histoire et, selon certains, participe pleinement à la mythologie d’une série. 24 (24 heures chrono) en a d’ailleurs fait l’une de ses marques de fabrique dès la première saison (dont l’issue était marquée par l’assassinat de Teri Bauer, femme du héros) et depuis dans chacune des saisons qui ont suivi. D’autres succès télé ont exploité la technique, d’Ally Mc Beal à Oz.

Boone_lost_1Cette année, les séries les plus "hype" du moment exploitent la technique jusqu’à en faire un élément de teasing pour inviter les spectateurs à suivre les deuxièmes saisons. Ainsi, Lost a perdu l’un de ses personnages clés (Boone dans l’épisode 20) en saison 1 et JJ Abrams avait annoncé très tôt qu’il fallait s’attendre à voir disparaître l’un des personnages féminins principaux en saison 2. Ce qui vient d’être mis en pratique dans l’épisode diffusé la semaine dernière aux US et que j’ai vu aujourd’hui (ne cliquez ici que si vraiment vous voulez vous gâcher la surprise et savoir qui meurt et dans quelle condition). De son côté, le créateur de Desperate Housewives, Marc Cherry, laisse courir des rumeurs concernant la disparition de l’une des 5 héroïnes au cours de la saison 2, alors que le mari de Bree a déjà fait les frais de cette nouvelle tendance en fin de saison 1.

Au-delà des aspects marketing, il se cache sans doute d’autres raisons nettement plus business, qui donnent en particulier tout pouvoir aux producteurs et scénaristes et placent les acteurs dans une toute nouvelle posture : aucun n’est assuré de voir son personnage s’inscrire dans la durée et rend nettement plus difficile la flambée des salaires qui atteignaient des sommes indécentes dans les années 90. Et les nouvelles stars des séries sont dorénavant au moins autant leurs créateurs, qui incarnent réellement leur oeuvre (voir Marc et JJ) que leurs acteurs dorénavant fragilisés.