Catégorie : Blogs

Parmi les théories défendues par les plus ardents convaincus de l’avenir des blogs, l’une d’elle prédit que leur durée de vie est paradoxalement limitée : ils seront bientôt tellement intégrés qu’ils ne constitueront plus une catégorie à part entière. Certains imaginent un futur où chacun disposera de son espace personnel en ligne regroupant carnet, photos, vidéos personnelles, boîtes emails, informations administratives, CV, agenda, carnet d’adresse et réseaux, téléphone, musique-vidéo-radio-télé, toute sa vie compilée sur disque dur. Même si on n’en est déjà pas loin, la traçabilité qui va avec est quand même un peu flippante (non non j’ai rien à me reprocher moi pourquoi ?).

En parallèle, pour pousser à l’extrême la nouvelle interaction que créé les nouveaux médias entre chaque individu et son environnement, une autre thèse anticipe un principe qui, lui, me séduit assez : il suffirait à chacun d’entre-nous de faire état d’un besoin pour que les propositions affluent, que les solutions arrivent. Ca a l’air de rien comme ça mais ça change tout. Concrètement, imaginez que je déménage demain : je poste un message sur mon espace personnel et l’ensemble de mes "fournisseurs" actent, du transfert de ma ligne téléphonique par France Telecom à l’installation de mon décodeur par Noos en passant par La Poste, La Mairie pour ma carte d’identité et l’inscription sur les listes électorales ou encore l’envoi de la liste des nounous disponibles pour garder le petit dernier (ben quoi on anticipe on a dit…). Imaginons que mon iPod me plante (là on n’anticipe plus du tout), un petit message et hop monsieur Apple s’occupe de moi (et en profite quand même pour me placer l’iPod nano parce que ça coute pas plus cher que de réparer et que je craque super facilement sur le sujet, bon, ça, c’est fait…). Imaginons que j’organise un dîner : un petit message et hop les invités sont alertés. Bref les possibilités sont infinies et le temps gagné inestimable. Et ce n’est pas que de la science fiction, on en voit déjà les prémices. Regardez l’histoire de Jeff Jarvis avec Dell : mécontent du service client, Jeff envoie des emails sans grand succès, il se plaint sur son blog et reçoit une écoute toute particulière de la part de Dell… et de la blogosphère (voir ce billet et les commentaires qui vont avec).

Tiens, ça me donne envie de faire un test ici histoire de voir jusqu’où ça peut marcher. Ce sera ma prochaine note.

L’explosion et la montée en puissance de l’influence des blogs se sont faites par paliers successifs depuis 2 ans. En inscrivant les événements de notre histoire contemporaine comme autant de jalons, jusqu’à atteindre le statut de nouveau média. Il y a eu les élections américaines, la guerre en Irak, le Tsunami, les attentats de Londres, le référendum sur le traité de constitution Européenne, Katherina et Rita… Le niveau d’influence a évolué, passant de la simple observation au témoignage puis à l’activisme et au lobbying.

Il semble que les émeutes en banlieues soient sur le point de faire franchir un nouveau pallier au rôle donnés aux blogs. Un rôle actif intégré à part entière dans l’histoire, comme en témoigne Yves Blot, procureur de Paris, lorsqu’il déclare "Il y a des bandes organisées et il est incontestable que cela se fait de manière qui donne toute l’apparence de la coordination entre elles. D’ailleurs, on peut lire sur certains sites des blogs qui incitent d’autres villes à se joindre au mouvement de la région parisienne", propos repris par lemonde.fr samedi matin.

En parallèle, pour suivre de près la façon dont les médias américains, extrêmement mobilisés, relatent les événements, Laurent réalise depuis New-York un excellent travail de synthèse que je vous conseille.

MAJ (14h41) : Une dépêche Reuter largement reprise en ligne (ici par La Tribune) fait état d’"Arrestation pour incitation à l’émeute sur blog", les blogs concernés ayant été désactivés ce week-end par les modérateurs de skyblogs. Libération faisait déjà référence à une désactivation de ce type dans son édition de samedi.

En cette date particulière pour ce blog, j’ai envie de remercier ceux qui, par leur commentaires ou interventions, ont contribué à la motivation du blogueur qui essaie tant bien que mal de donner à cet espace un minimum d’intérêt. Alors merci à Eugénie, Christophe, Laetitia, Pierre, François, Vinvin (pour l’ensemble de son oeuvre), Stephan, Stéphane, Benoît, Jérôme Blouin, Mry, Gregory, Stephanie, Philippe, Charles Liebert, Laurent Guyot et Cyril Fiévet. Et multiples mercis à ceux qui sont allés jusqu’à multiplier les visites actives : Phildiese (2), Audrey (2), Loïc (2), Vincent (2), Sam (3), Gilles Klein (3), Nico (4), Actuz boy (4), jbp (8) et les quasiment activistes David Castera (11) et Adam Kesher (12) sans lesquels ce blog aurait peut-être disparu avant d’atteindre ses 3 mois…

3h00 du matin : après quelques minutes passées à checker mes messages et parcourir mes blogs préférés, je décide de déconnecter et me prépare à tenter de m’endormir (c’est mal barré). J’allume machinalement la télé pour précipiter un début de sentiment d’endormissement et tombe sur un reportage sur les blogs dans les coulisses de l’économie sur TF1. J’ai sérieusement l’impression d’être cerné. Le sujet opère un focus sur la responsabilité des blogueurs et notamment des parents des ados blogueurs (sujet décidément très à la mode cette semaine), Cyril Fievet intervient (tiens je croyais qu’il ne souhaitait plus intervenir dans les médias sur le sujet…). Jean-Marc Sylvestre initie ensuite une discussion en plateau. Il pointe du doigt avec Pierre Chappaz le retour à l’origine de l’internet avec des blogs qui en délivrent la promesse initiale (la possibilité donnée à chacun de s’exprimer). Pierre Chappaz parle de 5 millions de blogs en France (ah bon, je croyais que les estimations portaient sur 4 millions ?). Elie Cohen note qu’on peut parler de média pour les blogs et rappelle le rôle des blogs dans la montée citoyenne du Non lors du référendum pour l’Europe. Oriane Garcia (dont la bio n’est pas mise à jour partout malgré sa position très active et récemment très visible sur le monopole des opticiens s’agissant de la vente des lentilles en France dans le but de positionner son site et sa nouvelle activité) évoque les tentatives des marques ("blog marketing") de réaliser un business via les blogs en restant suffisamment vague pour risquer l’amalgame. Il me semble, à cette heure avancée de la nuit, que Jean-Marc Sylvestre était celui qui apportait le meilleur point de vue à travers ses questions pertinentes. Oriane a gagné au passage une intégration gratuite dans Kelkoo offerte sur un plateau par Pierre Chappaz, au moins une qui n’aura pas perdu sa soirée, l’histoire ne dit pas comment Yahoo va le prendre au réveil…

Le Figaro rappelle dans son papier les règles de base pour "bloguer" en paix quelques éléments liés à la responsabilité de tout blogueur. Comme le mentionne Isabelle Falque-Pierrotin, à l’occasion de l’annonce d’un rapport édité par le Forum des droits sur l’Internet qu’elle préside, la règle fondamentale est la suivante : "le particulier qui créé son blog est à la fois éditeur et directeur de la publication". Quand on connaît les responsabilités légales de ces deux fonctions, le ton est donné. L’article ne répond pas à tout mais à l’avantage de soulever un point assez peu traité dans la presse. Le rapport "Je blogue tranquille" est par contre un vrai document de référence à date, que chaque entreprise devrait consulter et intégrer au plus vite (il est vivement conseillé aux particuliers de s’y intéresser également…).

On ne compte plus les blogs de journalistes en France, qu’ils soient ou non associés à leurs supports. De Jean-Marc Morandini à Gilles Klein, de la rédaction Réussir de l’Express à Luc Saint-Elie, des correspondants permanents aux US de Libération ou du Monde à Sylvain Attal ou Daniel Schneidermann, il fait peu de doute que les motivations ne sont pas les mêmes et l’implication variable.

Il suffit de s’intéresser à l’une des rédactions les plus riches en blogueurs pour s’en convaincre : les 7 activistes du Nouvel Obs ne considèrent pas leurs blogs respectifs de la même façon et ne sont sans doute pas voués au même destin (certains viennent à peine de débuter). Par ordre d’apparition à l’écran :

• Le blog de Laurent Joffin, directeur de la rédaction, a été créé il y a presque 1 an (le 11 novembre 2004). La production est à la fois dense (avec des notes très longue) et rare (2 notes par mois maximum sauf au moment du référendum). Le nombre de commentaires s’étend de rien du tout à plus de 70. Le ton n’est pas vraiment celui d’un blog et je n’apprends pas grand chose de plus que dans le nouvel obs.
• Dans son blog Rebut de presse, Didier Jacob (chroniqueur au service livre) "décode la presse littéraire" avec une régularité exemplaire, tous les jeudis depuis novembre 2004 (sauf pendant les vacances). Un rendez-vous agréable.
• Jean Daniel, qu’on ne présente plus, ouvre son blog en juillet 2005 et… s’y présente dans son premier billet. Depuis, le niveau d’implication semble variable, actif en juillet et octobre, absent en août et septembre. Les papiers restent longs et dans la veine des éditoriaux mais un effort d’adaptation au support y est entreprit de façon visible.

Depuis quelques jours, 4 autres blogueurs les ont rejoint. L’activité récente rend plus difficile la mesure de l’implication, pour autant, il semble que la nouvelle génération intègre au mieux les atouts de ce nouveau mode d’expression :

• Dans Blog-off, Olivier Toscer déclare l’ambition de décrypter "les dessous de l’actualité et les incohérences de ceux qui la font" et donne rendez-vous tous les jeudis. A suivre dès jeudi prochain mais le premier billet couvre 4 sujets qui permettent globalement de tenir la promesse.
• François Reynaert choisit un ton décalé dans son blog le fond du web m’effraie et se lache dans son premier billet plutôt drôle -daté du 19 octobre- Vous avez un message ! (1) qui semble garantir un billet Vous avez un message ! (2) qu’on attend avec impatience.
• Laure Gnabé, journaliste au quotidien nouvelobs.com, est l’auteur d’un blog visiblement éphémère mais passionnant, en direct d’Abidjan, qui raconte avec le ton approprié les événements en Côte d’Ivoire du 24 octobre au 4 novembre.
• Claude Soula livre dans le blog des (multi)médias tous les lundis depuis le 17 octobre sa vision experte et documentée des médias au sens large. Son premier billet fustige Apple : au vu du peu de commentaires et considérant l’admiration sans borne des blogueurs pour Apple, il semble qu’un journaliste talentueux oeuvrant pour un support reconnu doit patienter le même nombre de semaine qu’un autre pour compter dans la blogosphère…  Son billet de la semaine décrit les dérives de la parole donnée aux lecteurs. Subjectif mais j’aime.

On peut regretter l’absence de liens pointant vers des sources d’information ou développant tel ou tel point, le peu de participation aux commentaires de leurs lecteurs mais la régularité des postes de certains dénote une vraie volonté d’implication. Certains sont déjà dans mon lecteur RSS, pas tous…

Vu dans la version en ligne du magazine In-fluencia, une étude réalisée aux Etats-Unis sur le coup pour les entreprises des "pauses blog" de leurs employés. On y apprend que 35 millions d’américains consacrent 9% de leur temps de travail à la visite de blogs, qui s’ajouterait au temps consacré à surfer sur les sites internet. L’histoire ne dit pas à combien ce pourcentage serait estimé pour des blogueurs occupés à alimenter leur propre blog. Les dirigeants les assimilent-ils également à des pauses détente ? Vont-ils s’en amuser longtemps ? Faut-il s’attendre à des restrictions dans les mois qui viennent en entreprise ? OK, je me remets au travail…

Par un étrange concours de circonstance, une partie de mes deux dernières semaines a été consacrée à participer ou assister à des présentations ou formations sur la communication d’entreprise ponctuées d’intervention sur les blogs. L’occasion de relever la disparité des avis sur le sujet des intervenants que je classerais en 2 catégories :

• Les "convaincus enthousiastes" : pour eux, il ne fait aucun doute que l’avenir du monde tout entier passe par les blogs, la blogosphère et ses blogueurs. La preuve ? Bientôt 20 millions de blogs sur la planète et presque 4 millions en France, un phénomène de société dont tout le monde parle, de multiples cas d’école, des patrons blogueurs, des business models qui apparaissent, des entreprises qui s’y font (La Fraise) et s’y défont (Kryptonite), des politiques précurseurs sur les blogs, de l’argent à gagner, des habitudes de communication adoptées par les jeunes, des outils de recherche de plus en plus imprégnés de blogs, des blogueurs mais aussi lecteurs de blogs influents…
• Les "réfractaires désabusés" : pour eux, tout ça n’est qu’un feu de paille qui agite un microcosme d’égocentriques à la recherche de reconnaissance. La preuve ? La moitié des blogs ne sont plus actifs après 3 mois, rien ne flatte plus un blogueur qu’une visibilité dans la presse qu’il décrit pourtant comme moribonde, qui a réellement monté un business gagnant en s’appuyant sur les blogs ?, on retrouve toujours les mêmes dans la blogosphère qui fonctionne sur un copinage stérile, des journalistes amusés de cet amateurisme qui ne risque pas de leur faire d’ombre, un temps démesuré à y consacrer par les entreprises pour un impact limité et une exposition dangereuse…

C’est sans compter sur la catégorie la plus importante en nombre, celle qui compose en majorité le public : les "hallucinés hagards" auxquels on demande de comprendre en 30 minutes chrono ce que "blog", "RSS", "podcasting", "videocast", "wiki", "agrégateur", "geek" ou encore "ranking de moteurs de recherche" signifient. Tout ça avant de tenter d’en analyser l’impact sur leur métier. D’un côté on leur dit : "ne ratez pas le train, courrez", de l’autre : "ne perdez pas votre temps sur un sujet vain". Dans la quasi totalité des cas, la catégorie s’est révélée au moins aussi perdue avant qu’après, démissionnaire devant la complexité d’un sujet qu’elle maîtrise mal.

J’ai espéré une présentation mesurée, par un professionnel éclairé, qui aurait pu exiger un temps de parole réaliste pour aborder et illustrer le sujet (2 heures au moins ?) et su exposer la réalité de ce nouvel environnement, son potentiel et ses limites, ses opportunités et ses risques, la marche à suivre pour mesurer le phénomène et se donner les moyens de fonder sa propre vision et la démarche ad hoc pour son entreprise. Elle n’est pas venue.   

MAJ (25/10/05) : un point pour les "convaincus enthousiastes", le vingt-millionième blog est arrivé et selon technorati, il est français…

Une belle leçon de gestion du crise vient d’être administrée au cours de ces derniers jours par BlogSpirit en la personne de son boss Philippe Pinault avec au passage une de ces mises en abyme dont la blogosphère a le secret : un fournisseur de service lié aux blogs subit une attaque relayée et commentée sur les blogs, en premier lieu sur celui de son patron, et permet ainsi une gestion grâce aux blogs.

Si on regarde de près la chronologie : dans la nuit du 13 au 14 octobre, BlogSpirit.com (plateforme hebergée de blog) est victime d’une attaque. L’information est relayée par PointBlog, un message de maintenance est posté dès le 14 à midi et le journal de bord de l’événement est relaté (un peu façon "24 heures" comme le remarque un commentaire) sur le blog de Philippe Pinault qui permettra ensuite de suivre en temps réel les évolutions. Un email est envoyé dans la nuit du 16 au 17 à tous les internautes impactés. Dans l’intervalle, de nombreux posts et commentaires apparaissent ici ou là, Philippe Pinault (qui est partout et a du dormir à peu près 2 heures en 4 jours) y intervient, donne des réponses, rassure, remercie ceux sans qui…

Au final, un véritable cours de gestion de crise dont l’issue est certainement positive en terme d’image pour BlogSpirit. Pour ceux qui comme moi connaissaient assez mal la plateforme, l’attaque a paradoxalement géneré des messages rassurant, basés sur l’humain et le professionnalisme, a l’exact opposé de ce que l’attaque visait. Franchement bien joué.

Le challenge d’une présentation didactique sur les nouveaux médias incluant les blogs, le RSS et le Podcasting, réside dans sa mise à jour qui représente un travail quotidien sans lequel le contenu est périmé au bout d’une semaine. Tous les jours de nouveaux chiffres, lancements, cas d’écoles, acteurs, débats sont à intégrer dans la réflexion.  Les contenus mis à disposition sur les blogs m’aident tous les jours, je propose en retour ma contribution en pdf.