IRONIE, le mot de la semaine

J’ai passé une partie de la semaine à réfléchir à des mots pour illustrer une pensée. Traduire un sentiment, un enseignement ou une conviction en un seul mot est un exercice compliqué mais souvent nécessaire dans mon métier.

J’ai eu envie de le partager ici. Le mot de ma semaine est donc IRONIE.

Pourquoi l’ironie ?

C’est un état d’esprit qui tend à s’imposer sur Twitter, avec un impact à mon avis très sous-estimé sur la façon d’appréhender la communication sur les réseaux sociaux. La dérision et les traits d’humour constituent plus qu’une tonalité, ils deviennent un langage à part entière, un passage presque obligé, un point affinitaire qui n’épargne aucun sujet : politique, société, people, marques… Ainsi, l’actualité en Tunisie puis en Egypte devient un terrain de jeu, un homme qui court sous la tempête de neige avec une glace à la main fait le tour du monde, les déboires de la Ministre des affaires étrangères sont sur-moqués, le lapin est en passe de prendre la place des LOLcats à l’occasion du Nouvel An chinois, les ratages des tentatives 2.0 de marques créent les fameux « bad buzz » (souvent drôles) lorsque les belles expériences sont peu relayées, les émissions de télés les plus trashs font l’objet de livetwitts débridés quand la télé de qualité est copieusement ignorée… Et les membres de Twitter les plus en vue semblent un jour ou l’autre plonger, des journalistes aux analystes et politiques (voir Benoit Hamon pour ne prendre qu’un exemple).

Quel est le problème ?

Qu’on se comprenne bien, je ne me permettrais de critiquer personne sur le sujet. Je crois même participer activement à cette dérive puisque, lorsque le constat est fait que tout ce qui se passe de vraiment intéressant dans une vie est soit trop personnel, soit totalement confidentiel, et lorsqu’il devient évident que la pensée ne progressera pas en moins de 140 caractères, Twitter devient avant tout un lieu d’amusement, un défouloir, un regroupement communautaire de loleurs dont l’influence échappe totalement à son auteur.

Pour autant, l’impact est aussi simple que violent : si on n’y prend pas garde, une tendance à la désinformation pour cause d’humour pourrait s’installer. Du plus anecdotique : pas une semaine sans qu’une rumeur du décès d’un people ne fasse le tour du web, la plupart du temps issue d’une bonne blague potache. Au plus sérieux lorsqu’il s’agit de détourner un fait d’actualité.

Dans mon métier, au moment où le volume entraîne l’industrialisation de l’écoute des conversations au sujet des marques et des personnalités notamment politiques, on mesure à quel point l’ironie, qui passe par exemple par le fait de dire exactement l’inverse de ce qu’on pense, met par terre toute tentative de compréhension de ce qui se passe sans contextualisation et lecture humaine. Techniquement, cela s’avère quasiment impossible lorsqu’on parle de plusieurs milliers de mentions par semaine…

Y a une solution ?

Pas simple. La prudence, le recul ? En tout cas, la conscience de ce nouveau sport national sur Twitter (et ailleurs) qu’est l’ironie me semble un bon point de départ…

Le petit fait de la semaine

Je ne suis pas exactement fan de M Pokora ni de sa musique. Et pourtant, sans ironie, je suis avec intérêt depuis quelques semaines la façon dont il s’est emparé du web, ce qui lui a probablement valu le contesté NRJ Music Award : un site officiel bien dynamique, un blog sur Wizee et surtout une présence toujours plus active sur Twitter où, depuis cette semaine, il se lance dans une interaction encore plus forte en répondant aux questions de ses fans. Une approche intelligente dont il semble qu’il soit réellement le maître d’oeuvre et qui me semble le seul exemple francophone significatif face aux américains qui ont dompté les outils depuis plusieurs mois. Je continue à suivre donc.

Cette semaine, j’ai hésité avec d’autres mots : bienveillance, fatalité, pensée, #RIP, outing, l’échec. J’aurai sans doute l’occasion  d’y revenir.

5 réponses sur “IRONIE, le mot de la semaine”

  1. Je me permettrais (sans ironie aucune 😉 ) d’introduire une précision, ou plutôt de poser une question: tu dis « C’est un état d’esprit qui tend à s’imposer sur Twitter, avec un impact à mon avis très sous-estimé sur la façon d’appréhender la communication sur les réseaux sociaux. La dérision et les traits d’humour constituent plus qu’une tonalité, ils deviennent un langage à part entière, un passage presque obligé, un point affinitaire qui n’épargne aucun sujet : politique, société, people, marques… »

    Mais quelle distinction fais-tu entre l’ironie et la dérision et les traits d’humour?

    A mon avis l’ironie passe difficilement dans les conversation sur les blogs, et encore moins sur Twitter.
    Plutôt que d’ironie je parlerai d’humour potache. Mais je ne veux pas jouer sur les mots… 😳

    Je suis d’accord avec ton constat: cette tendance « rigolarde » peut avoir des effets pervers.

  2. Bien vu Eric, dans ma reflexion autour des mots, j’ai longtemps hésité entre ironie, humour et dérision. J’ai choisi le premier car il me semble introduire le juste dosage de « moquerie systématique assumée ». L’ironie n’a pas toujours comme finalité de tourner en dérision le sujet traité, c’est là que je vois une différence. Mais je vais travailler encore 🙂

  3. Le seul souci avec la mise en lumière de l’ironie partout sur les réseaux (ce qui est un fait), c’est que ça va me coller une chanson de Stephan Eicher dans la tête pour la semaine…

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