Sans fausse modestie, je ne fais objectivement pas partie de ceux qui peuvent revendiquer de multiples talents, dans des domaines divers et variés, en toute circonstance. J’en ai peu, du coup, ceux que j’ai, je les cultive autant que possible et j’essaie de les exploiter. La mauvaise nouvelle, c’est que je suis peut-être en train de perdre un de ceux qui m’était le plus utile dans mon boulot. Celui que j’appelle le sens populaire parce que l’adjectif qui le qualifie le mieux reste à inventer.
Le sens populaire, kessessé ? C’est la capacité, au-delà de ses propres goûts, d’anticiper le succès auprès du grand public d’une chanson, d’un produit, d’un artiste, d’un service, d’un film, d’une technologie, d’une émission… Ca a l’air de rien comme ça, et d’ailleurs souvent, dans le quotidien, ça ne sert strictement à rien. Parfois, dans le cadre du boulot, c’est de l’or.
Concrètement, dans le quotidien, le sens populaire permet par exemple d’identifier dans un album les titres qui sont susceptibles de cartonner au Top 50, peu importe que j’aime ou pas. Pour être plus précis, sans vouloir donner de leçon à Universal qui n’a pas vraiment besoin de moi, je n’aurais pas fait le même choix de singles locomotives pour le dernier album de Mylène Farmer. Evidemment, facile à dire puisque l’enchaînement des titres “Fuck them all”, “QI” et “redonne-moi” a déjà démontré ses limites en n’atteignant pas les sommets habituels. Mais pour me mouiller un peu plus, je ne pense pas que ça s’arrange avec le dernier titre, “L’amour n’est rien”, qui ne tiendra pas longtemps dans les 50 meilleures ventes malgré les efforts réalisés pour attirer l’attention, notamment avec le clip dans lequelle la belle pratique un strip-tease intégral (pour ceux qui ne l’ont pas vu et pour tous ceux qui risquerait d’être frustrés en arrivant ici après avoir tapé “strip tease nu intégral Mylène Farmer” sur Google, le clip, c’est ici). Ce choix a laissé de côté des titres qui m’ont paru dès la première écoute disposer d’un plus grand potentiel commercial : “Dans les rues de Londres”, “Avant que l’ombre…” et surtout “Porno Graphique” qui aurait forcément cartonné (y compris en boîte). Bon, l’objectif était peut-être de ne pas faire commercial, juste de remplir Bercy 13 fois, va savoir… Dans le même domaine, pour tous les réfractaires aux chanteuses francophones “à voix”, j’ai une mauvaise nouvelle : les albums de Tina Arena et Natasha St Pier sont blindés de tubes, il y en a pour quelques mois si les maisons de disque font le bon choix (pour la liste des titres, à partir de maintenant c’est payant, non mais).
Côté boulot, dans un métier qui consiste a choisir le meilleur vecteur pour passer un message, ça c’est révélé utile à de multiples reprises. J’ai souvent été amené à me battre pour défendre le choix d’un produit ou d’un service auquel personne ne croyait en presse (qui n’augurait d’ailleurs en rien le succès commercial) et qui a fait ses preuves ensuite. Compliqué de prendr eun exemple sans mouiller un client… Dans un autre registre, anticiper le succès d’un magazine (exemple facile, dans le style racoleur : Guts, même si je pense que les hommes de 15–35 ans méritent mieux que ça), d’un film (La doublure) ou d’une émission (“Mots croisés” depuis l’arrivée d’Yves Calvi) fait partie des compétences utiles en RP.
Mais voilà, depuis quelques jours, tout s’est déréglé dans le quotidien. Ca a commencé avec Brice de Nice que j’ai vu sur Canal, que j’ai détesté et pour lequel je n’aurais jamais anticipé un tel succès. Ensuite, le public de la Nouvelle Star qui hier soir, en total accord avec le jury, élimine Beverly et ovationne Valérie (j’aurais dit l’inverse). Enfin, c’est aujourd’hui l’annonce d’une “pause” dans les ventes Apple en attendant une déferlante Mac-Intel que je n’anticipais pas à ce point impactante. Peut-être est-ce juste un déreglage temporaire ou peut-être je vieillis. Il va falloir que je me teste…
ne remet pas tout en cause , en ce moment nous sommes sur de fausses bases ou plutot a la veille de changements de comportements.
Les changements majeurs qui vont arrivés seront pas contre les bases d’une nouvelle façon de se comporter de façon durable.
enfin je pense 😉
fred > tu as raison évidemment, l’évolution des comportements et des mentalités est telle qu’il faut s’accrocher pour ne pas perdre pied…