Ecrire, c’est comme un muscle ou les cordes vocales. Plus on pratique, moins ça demande d’effort. Il y a 10 ans, je griffonnais des livres que je ne publiais pas, il y a 5 ans, je postais encore 1 billet par jour sur ce blog, aujourd’hui, mon expression écrite se résume à quelques dizaines de tweets par jour. Et dépasser les 140 caractères me demande un effort de construction mentale conséquent.
Cette semaine, j’ai eu l’occasion d’intervenir à plusieurs reprises sur les comportements des consommateurs sur les réseaux sociaux. Plutôt que de revenir sur les sujets dont tout le monde parle, du real time marketing au big data, je me suis arrêté sur l’impact des médias sociaux sur le langage. Dans un monde où la capacité d’attention se découpe en blocs de quelques secondes, difficile de dépasser le gif animé, l’infographie ou le hashtag percutant pour avoir une chance de toucher le plus grand nombre.
Dans l’univers professionnel, les powerpoints remplis de texte en format bulletpoints n’auront pas survécu aux années 2010 : il s’agit dorénavant de trouver le mot et l’illustration qui feront tout le boulot. Tout autour nous entraîne à faire court. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement donc en quelques mots et une image » est le nouveau précepte.
Du lundi matin au vendredi soir, je ne suis plus que 140 caractères. J’aime le week-end pour sa capacité à me libérer de cette compression permanente, pour l’autorisation qu’il donne à retrouver le plaisir des phrases, le sens qui nécessite plus de temps à émerger. J’aime passer ces 2 jours de plus en plus déconnecté de ces rouleaux compresseurs que sont Facebook, Twitter ou Instagram. Ouvrir un livre, regarder la saison intégrale d’une série, passer un moment entre amis sans même se souvenir de l’endroit où se trouve son téléphone. Mais c’est vrai que bloguer faisait partie de ces moments de retrait il y a encore quelques mois, clairement de moins en moins aujourd’hui, c’est ailleurs que s’écrit mon quotidien.
Je ne suis donc pas venu parler ici de mon plaisir de découvrir Spamalot à Bobino, les superbes albums d’Etienne Daho et James Arthur, je n’ai rien élaboré sur ce blog autour de ma nouvelle passion pour le marketing de contenu. Rien non plus sur les nouvelles séries (plus ou moins nouvelles) qui continuent à occuper mes soirées, les toujours très bonnes Downton Abbey, Mad Men ou Homeland, les hautement addictives Scandal, Revenge ou Arrow, les (plus ou moins) jubilatoires Orange is the new black, Orphan black, Banshee, Masters of sex, Almost Human, Devious Maids, The blacklist, The bridge… Pas d’épanchement sur mes tentatives de rehab suite à la fin de Breaking Bad et Don’t trust the bitch in appartement 23, en attendant la prochaine mini série aussi forte que Top of the lake ou In the flesh (bientôt sur Canal+ série dont j’aurais pu parler aussi d’ailleurs). Pas de développement autour des très bonnes saisons aux Etats-Unis de The Voice, Survivor ou Dancing with the stars. Et, dans un autre registre, pas un mot sur mon addiction croissante au footing que je pratique 3 fois une heure par semaine en mode junkie et ma première participation active à Movember.
Mais ça reviendra. Pour l’heure, le dernier épisode de Scandal m’attend.
Ce qui est bien c’est de savoir faire l’un et l’autre. La connexion et la déconnexion. La compression et la logorrhée. Inspirer et expirer.
Et bouquiner. Et regarder des séries en formation marathon (d’ailleurs je suis en plein Top of the Lake sur tes conseils avisés).