Immersion dans mon expérience « Game of Thrones » (spoilers)

Après avoir expérimenté en 2011 les premiers épisodes de « Game of Thrones », puis poussé la tentative jusqu’à la première saison dans son intégralité « pour être sûr », mon verdict était sans appel et irrévocable : je n’avais pas assez de temps pour m’ennuyer devant une série. Trop de personnages, de longs discours inutiles et souvent obscures, des scènes de sexe et de violence souvent gratuites. Je pouvais donc m’enorgueillir d’être un des rares ultra fans de séries au monde à ne pas aimer #GoT, sous les huées de mes petits camarades.
 

Il aura fallu la conjonction de 2 éléments majeurs pour que je me lance dans l’aventure : souffrir du décalage ressenti avec une pop culture désormais omni présente et du temps disponible, beaucoup de temps !
Il y a 3 semaines, en décembre 2018, j’ai donc décidé de prendre le risque de « gâcher » 70 heures de ma vie en me forçant à regarder l’intégralité d’une série potentiellement inintéressante pour moi. Juste avant l’arrivée de la huitième et ultime saison de la saga, attendue en avril 2019.
 

J’ai ainsi vécu une expérience très enviée par les fans et incomprise par les autres : la découverte en binge watching de Game of Thrones après 7 ans de bouche à oreille effréné, d’événements traumatisants dont je savais peu de choses mais quand même (comment échapper à la mort et la résurrection de Jon Snow ?), d’une imagerie que je ne comprenais pas toujours mais qui était bien présente (il y a des dragons et une jeune demoiselle aux cheveux blancs qui les chevauche). Avec en toile de fond une légende autour de la série qu’on ne peut pas ignorer : elle fait mourir ses personnages principaux de façon souvent inattendue à tour de bras. Sachant tout ça, mon aventure a donc forcément été très différente de tous ceux qui ont découvert le phénomène en temps réel.
 

Ai-je succombé à mon tour à la folie « Game of Thrones » ? Mauvaise nouvelle les gars, il va falloir tout lire pour le découvrir. Voici donc une immersion dans mon aventure. Sans éviter les spoilers pour une fois, partant du principe que les fans ont de toute façon tout vu et que les autres s’en moquent. Mais vous êtes prévenus, passez votre chemin si vous n’avez pas vu mais prévoyez de regarder un jour
 
Trois semaines en trois phases
Pour mettre toutes les chances de mon côté, je me suis imposé 2 règles : assurer une attention à 100% à la série en m’interdisant le multitasking (le téléphone en mode avion, aucune source de diversion…) et pas recherche sur internet concernant la série (qui est tel acteur, en quelle année a été diffusée telle saison…) pour m’éviter un sur-spoiling garanti par le moindre article. C’est en vérifiant que l’acteur qui interprète Robb est bien celui de « Bodyguard » que je suis tombé directement sur un article au titre très explicite sur le destin de son personnage, j’en ai tiré les leçons. C’est donc armé des DVD Blu Ray des 3 premières saisons (offert il y a 5 ans) et d’OCS pour les autres saisons que j’ai lancé le premier épisode pour la troisième fois de ma vie. Sans oublier quelques remontants pour tenir le choc.
 

Les deux premières saisons ont confirmé que je trouvais l’ensemble assez ennuyeux. 
On m’avait dit que la fin de la saison 1 allait m’emporter, j’ai surtout trouvé le temps long avant qu’un personnage principal finisse par mourir alors qu’on pense qu’il va être sauvé, technique d’ailleurs largement exploitée dans la série par la suite. L’arrivée d’une ribambelle de nouveaux personnages en saison 2 (souvent venus de nulle part sans explication) a provoqué une lassitude supplémentaire. Il est évident que tout ce que je sais de la série gâche le plaisir : comment par exemple être surpris de la naissance de 3 dragons ?
Concernant ceux dont j’ai compris qu’ils étaient les vrais héros, Jon Snow et Daenerys Targaryen m’apparaissent assez fades, peu charismatiques, décevants. Il y a de bons méchants (Cersei et surtout Joffrey) mais il me manque de bons gentils. Je ne sais pas encore quoi faire de Tyron Lannister, que je pensais méchant mais qui est propriétaire des seuls (rares) moments drôles de la série. Je suis encore dans une pensée manichéenne.
 

L’épisode La Nera qui fait entrer en scène pour la première fois le feu Grégois m’impressionne et me captive. Je découvrirai plus tard que c’est souvent l’avant-dernier épisode de chaque saison qui est le meilleur.
Mais ce sont surtout les bonus inclus dans le Blu Ray qui me sauvent d’un ennui irréversible : ils m’aident à comprendre des liens entre des personnages que je n’avais pas intégré (j’étais pourtant concentré hein) et décortiquent les coulisses d’une production dont on ne peut qu’admettre les exploits techniques. N’empêche, on en m’enlèvera pas de l’idée qu’on n’est pas loin du soap de bas étages (coucheries et pouvoirs) relevé par des scènes de sexe explicites et du gore tous les quarts d’heure. Et malgré le rôle de téléphone portable joué à merveille par les corbeaux, on trouve quand même que les nouvelles se répandent bien vite et sans grande émotions entre les différents royaumes.
 

C’est à la troisième saison que la dimension addictive de « Game of Thrones » a enfin commencé à s’exercer sur moi. 
 
Ce sont bizarrement des personnages assez secondaires et féminins auxquels je me suis attaché, en espérant ne pas les voir se faire buter trop vite : Brienne de Torth et sa relation surprenante avec Jaimie Lannister, Ygrytte qui a enfin dépucelé ce grand nigaud de Jon Snow, Margaery Tyrrel et surtout sa grand-mère, Olenna Tyrell, personnage aussi jubilatoire que Maggie Smith dans « Downton Abbey ». Shae (amante de Tyron qui confirme son capital sympathie) et Ros (prostituée favorite de Theon puis Tyron) font plus étonnamment partie des personnages qui comptent à mes yeux, malheureusement plus pour très longtemps…
 

Le long calvaire de Theon est assez désagréable même s’il fait émerger un méchant qu’on va adorer détester : Ramsay. Les histoires de Jon et Dany continuent à m’indifférer mais des pièces de puzzle commencent à se dessiner, avec quelques récompenses d’avoir bien été attentif tout le temps.
Même si la presse me l’avait spoilée allègrement, j’avoue que la scène du mariage pourpre en fin de saison 3 a constitué un bon petit choc émotionnel. Avant ça, la main coupée de Jaimie Lannister passe pour un micro-phénomène.
Pour la suite, ce sont d’ailleurs souvent les mises à mort qui feront monter en pression l’intérêt pour la série : le roi Joffrey (jubilatoire), Oberyn Martell (gore), Tywin Lannister (dégradante), Lysa Arryn (délivrante) en saison 4.
 

La saison 5 sera pour le coup assez en dessous, en faisant disparaître des personnages dont on se fout un peu (Stannis Barratheon, sa femme et leur fille qu’on aimait bien quand même), Myrcella, la fille de Cersei et Jaimie qu’on n’a pas vraiment eu le temps de connaître. On note d’ailleurs que l’effort mis dans la création de mises à mort à chaque fois différentes pour les personnages clés souffre de plusieurs décès sur le bûcher, brulés vifs.
La mort et la résurrection de Jon Snow n’est ni une surprise, ni particulièrement frappante. Cette même saison 5 nous emmène dans des storylines parfois trop longues (la prise de pouvoir de la religion avec le Grand Moineau, l’apprentissage d’Arya pour devenir « Personne »…). Mais on a maintenant compris que toute mise en place un peu longue trouvera sa justification. Et la marche de la honte de Cersei nous récompense de supporter la dame depuis 5 saisons, même si on se doute que sa vengeance sera terrible.
 

Les saisons 6 (loin devant) et 7 justifient à elles-seules toute l’excitation autour de la série. 
Il aura fallu être patient mais chaque épisode fait avancer l’intrigue, s’appuyant souvent sur des éléments distillés au cours des saisons précédentes. Mon attention est définitivement récompensée lorsque je comprends en saison 7 la raison pour laquelle « Chaos is a ladder » est une mention de Bran qui provoque un émoi assez fort chez Lord Baelysh.
Les personnages principaux prennent enfin un peu d’épaisseur (Jon a gagné des abdos et Sansa du charisme), on a maintenant compris que les méchants sont parfois très méchants, parfois plus ambigus, les gentils aussi. Le manichéisme n’est plus de mise.
 

Des scènes épiques et spectaculaires, en tête desquelles l’impressionnante « Bataille des bâtards », grandiose, tellement immersive qu’elle en devient suffocante, rythment de nombreux moments où le doute n’est pas permis : même sans l’appui des livres (depuis la saison 5), les showrunners savent très exactement où ils vont, depuis le début. Avec le final de la saison 6, la mort n’est plus distillée par petite touche régulière puisque l’explosion du grand septuaire voit disparaître une dizaine de personnages clés dont ma chouchoute Margaerys.
Comment assurer une montée en puissance en saison 7 ? En assurant un temps fort par épisode, en accélérant l’intrigue, en réunissant (enfin) des personnages centraux dans de grandes scènes marquantes, en faisant prendre conscience de ce que « Winter is coming » signifie réellement. Les fans de la première heure ont d’ailleurs plutôt reproché cette accélération, je l’ai littéralement adorée.
Le problème qui apparaît néanmoins est la surpuissance de Danaerys et ses dragons qui déséquilibre le bras de fer qui s’annonce contre les White Walkers. Mais le souci est diaboliquement bien résolu dans le dernier épisode de la saison. Avec un retournement majeur qui a réussi à me cueillir alors qu’il était évident : non, je ne parle pas de Jon qui couche avec sa tante mais de la perspective d’une saison finale qui se jouera aussi dragon contre dragon(s).
 

Si l’épisode de la « Bataille des bâtards » (saison 6 épisode 9) est considéré par beaucoup comme le meilleur épisode de la série et peut-être de toutes les séries confondues, c’est un autre moment qui m’a bouleversé en saison 6. L’épisode 5, intitulé « La Porte », le surpasse à mes yeux. On y assiste à la mort de Hodor (et la Corneille à trois yeux qui passe le flambeau à Bran) mais surtout la révélation de l’origine de son nom, qui donne le vertige pour plein de raisons. Peut-être moins spectaculaire mais brillamment écrit par les 2 showrunners et mis en scène par Jack Bender.
Enfin l’absence de risque de spoilers…
J’ai pu depuis quelques jours commencer à parcourir le web pour trouver la réponse à toutes mes questions… et plus encore :
– Comprendre enfin que Lord Baelish/Littlefinger avait un air familier depuis le début puisqu’il était le personnage principal de Queer as folk version UK il y a 20 ans
– Confirmer que Diana Rigg, ex Emma Peel de Chapeau Melon et Bottes de Cuir et « James Bond Girl » il y a 40 ans est bien l’interprète de la divine Olenna Tyrell
– Découvrir que la marche de la honte de Cersei s’est appuyée sur un trucage numérique, la comédienne ayant été doublée pour le corps nu et maltraité, officiellement parce qu’elle était enceinte (mais on comprendrait que ce soit plus prosaïquement par pudeur). Mais ça a quand même coûté 200.000 dollars.
– Le remplacement mystérieux et sans aucune explication entre 2 saisons de l’acteur qui interprète Daario Naharis ne semble pas avoir été vraiment résolu (on préfère le nouveau donc on s’en fout un peu)
– La façon dont les doubleurs du monde entier ont résolu le casse-tête de traduire la révélation de l’origine du nom « Hodor » a fait l’objet de nombreux articles
– Il y avait eu un pilote où Daenarys et Catelyn étaient interprétées par des actrices différentes mais jugé tellement mauvais qu’il a été mis à la poubelle, le réalisateur viré.
Autant de coulisses que tous les fans connaissent depuis bien longtemps, que je continue à découvrir en attendant, comme le reste du monde, la diffusion de la dernière saison avec une impatience notable. Je me sens de nouveau connecté au monde qui m’entoure.

Séries trop complexes : gage de qualité ou coup de poker ?

Depuis quelques années, sous l’impulsion d’une considération des séries télé quasiment à la hauteur d’un art noble, la complexité s’est invitée dans les scénarios. Mais la ligne de démarcation entre la fascination troublante et l’agacement ultime est souvent ténue. Parfois ça marche en créant une véritable addiction, parfois c’est le drame, avec à la clé un rejet définitif.

Le sujet n’est pas nouveau et le ressenti très personnel. Ainsi, dans le passé, des séries exigeantes telles que « The leftovers » ou « Here and Now » (annulée faute d’audience) m’ont totalement embarqué alors que le carton planétaire « Game of thrones » m’a perdu à jamais (en tout cas je le pensais avant ça) à force d’ellipses et multiplicité de personnages difficiles à suivre.

Il se trouve que j’ai vécu l’expérience à quelques jours d’intervalle cette semaine en terminant deux séries que j’avais mises de côté pour un moment où je disposerais du temps de cerveau nécessaire. Avec à l’arrivée, une révélation et un rejet. Et cette fois-ci, je ne suis pas le seul, ce qui vaut une conclusion sans appel pour les scénaristes et showrunners qui doivent apprendre à ne pas aller trop loin.

American Gods

Un homme sort de prison, sa femme et son meilleur ami viennent de succomber à un accident de voiture, un drame linéaire percuté par une multitude de séquences oniriques, d’événements allégoriques, de scènes de sexe plus ou moins graphiques, d’effet spéciaux science-fictionnant et de situations globalement illisibles. Il faut plusieurs épisodes -ou la lecture préalable du pitch public de la série qui spoile allègrement- pour comprendre que notre personnage central est plongé dans une guerre entre les anciennes divinités et les nouvelles puissances que sont les médias, Internet, les technologies…

Au final, sans prétendre comprendre les divagations issues du roman de Neil Gaiman, l’univers de la série fascine. On s’attache à des personnages pourtant en lévitation, on sourit devant un humour parfois décapant, on se réjouit devant les cabotinages de Gillian Anderson -encore plus jeune que dans X Files – et ses imitations savoureuses de David Bowie et Marilyn Monroe. Au final, on fait abstraction de longues scènes incompréhensibles et de l’inévitable affichage de scènes de sexe frontal pour marquer sa-liberté-de-chaîne-du-câble. Même les « previously on », qui aident parfois à s’y retrouver,  sont incompréhensibles en restant dans le ton exact de la série.

Déjà disponible en J+1 en France sur Amazon Prime dès sa diffusion, Canal + Séries a eu la bonne idée de la mettre à son catalogue, toujours disponible « A la demande » pour les retardataires comme moi.

Westworld – Saison 2

Le cas de Westworld est particulier : j’avais adoré la première saison malgré sa complexité narrative, la deuxième saison m’a complètement perdu très exactement pour la même raison.

Pour une fois, je ne me sens pas seul. Comme Pierre Langlais dans Télérama et beaucoup d’autres, j’ai pu assister à une force qui se transforme en faiblesse. On ne comprend rien à ce qui se passe pendant la plupart des épisodes, le temps devient bien long, aucune storyline ne vient nous sauver de l’ennui. Même l’attachement qu’on avait construit pour certains personnages s’efface.

C’est donc avec beaucoup d’efforts -et de temps libre- que je suis allé au bout d’une saison dont les labyrinthes ne m’emmèneront pas vers celle d’après.

Pour ceux qui ont besoin de vérifier de leurs propres yeux, la saison 2 est toujours disponible sur le replay de OCS.

Hollywood, prends garde à toi

On comprend bien les créateurs qui ont vu dans quelques-uns de plus gros succès critiques à la télé une complexité largement saluée. Sur des chaînes où l’audience n’est pas la mesure de succès prioritaire. C’est forcément tentant. Pourtant, à trop jouer avec les limites, ils pourraient perdre les critiques autant que les simples téléspectateurs comme nous. Auquel cas, il ne reste plus qu’à retourner au cinéma.

Sharp Objects, objet tranchant immanquable

Au lendemain de la diffusion de dernier des 8 épisodes de la mini série de HBO, en US + 24 sur OCS, « Sharp Objects » s’affirme clairement comme l’un des événements majeurs de l’année série.

Pour la réalisation toujours ciselée de Jean-Marc Vallée, pour l’interprétation (d’Amy Adams mais pas que), pour l’atmosphère poisseuse qui rappelle quelques autres bijoux télévisuels. Mais ce que les articles (nombreux à l’issue du premier épisode) ont moins couverts, c’est que l’ensemble sert une storyline glaçante addictive.

Pour découvrir comme je l’ai fait sans trop savoir, il faut plonger de ce pas dans l’univers torturé de « Sharp Objects » sans rien lire de plus…

Pour ceux qui auraient besoin de quelques arguments supplémentaires, quitte à déflorer un peu l’histoire, je déconseille la bande-annonce ci-dessous, faussement rythmée, peu représentative de l’univers réel de la série.

Une intrigue qui tient ses promesses

On pourrait penser lors des premiers épisodes que l’histoire ne constituera qu’un prétexte pour une galerie de portraits de femmes face aux démons d’une famille qui a dévissé suite à un événement tragique. Pourtant, l’enquête qui ramène la journaliste Camille Preaker (Amy Adams) auprès de sa mère, son beau-père et sa demi-soeur, après un internement psychiatrique et des années d’automutilation, est omni-présente. A l’inverse de « The Leftovers » ou « Big Little Lies » dont on ressent la filiation, le dénouement de l’intrigue compte. Les fans de twists (coups de théatre) en auront pour leur compte sans tomber dans l’accumulation caricaturale de « How to get away with a muderer ». Outre l’auto-mutilation, une maladie va se révéler centrale dans l’intrigue. Impossible d’en dire plus sans trop révéler l’issue, mais après vérification, cette maladie existe réellement.

De nombreux talents pour le meilleur

Quand l’univers du réalisateur de « Big Little Lies » rencontre celui de la scénariste de « Buffy » et « UNreal » pour servir l’auteur du livre dont a été tiré « Gone Girl », on peut imaginer les fondamentaux de « Sharp objects ». Jean-Marc Vallée, Marti Noxon et Gillian Flynn ont ainsi créé un objet poisseux et souvent oppressant, rappelant parfois celui de la première saison de « True Detective ».

Très engagée, jusqu’à devenir productrice déléguée, Amy Adams habite un personnage torturé, alcoolisé, noir à tel point que l’actrice a déclaré fin juillet qu’une saison 2 était exclue, le rôle étant trop éprouvant.

Le reste du casting, moins cité, participe pourtant largement à la qualité de l’ensemble, Patricia Clarkson dans le rôle de la mère bourgeoise déviante et Chris Messina dans celui du détective ténébreux en tête.

Bénéfice collatéral : si vous pensez avoir une famille compliquée, vous allez assez vite relativiser au fur et à mesure que les épisodes s’égrènent et découvre les travers d’une famille dysfonctionnelle. Une image plus décontractée des actrices devrait aider à faire redescendre la pression pour tous les heureux téléspectateurs de « Sharp Objects » qui n’entendront plus jamais l’oeuvre de Michel Legrand ni ne verront une fiole bleue sans un frisson dans le dos.

« Pose », le pari osé et réussi de Ryan Murphy

C’est sans conviction mais sous la pression d’un bouche à oreille positif que j’ai choisi d’entrer « Pose » dans le choix cette année très sélectif de séries estivales à découvrir.

En fin d’année dernière, le plus grand casting d’acteurs transgenres (pour la plupart amateurs) de l’histoire avait marqué les esprits.

Cet univers transgenre et ses codes me sont assez étrangers, ils peuvent m’amuser dans une version Drag Queen avec « Ru Paul Drag Race » mais ne garantissent pas sujet captivant pour une fiction. De plus, la patte du prolifique Ryan Murphy (au commande de la série) ne suffit pas toujours à me convaincre même si ses excès militants me dérangent rarement.

Au-delà de l’effet d’attente créé par la presse américaine, Il ne me restait que la promesse d’une diversité de sujets pour espérer trouver un intérêt autre que documentaire et historique à la création FX. Et 8 épisodes, c’est court.

S’il est parfois compliqué de partager un avis avec un éclairage nouveau sur une série ultra-commentée, je n’ai pas à me forcer ici puisque beaucoup d’articles me semblent avoir été écrits par des auteurs qui n’avaient pas vu la série mais s’étaient appuyés sur un dossier de presse œcuménique.

De quoi parle vraiment la série ?

« Pose explore le New York de la fin des années 80 et se penche sur la vie de plusieurs personnages de mondes et cultures différentes. Elle aborde l’émergence de scène cuturelle et littéraire underground et queer comme la Ball culture, la vie des quartiers populaires et l’arrivée du monde du luxe à l’aube de l’ère Trump« . C’est le pitch sur la base duquel la série a été lancée, commentée, encensée. C’est aujourd’hui encore la trace qu’il en reste sur Wikipedia.

Dès le premier épisode, il apparaît clairement que le sujet central est bien l’univers Queer, au centre de tout, même s’il permet de croiser une multitude d’autres thèmes parmi lesquels la danse (pas que le voguing rendu mondialement célèbre par Madonna) et le Sida, inévitablement.

Ce premier épisode assume sa dimension didactique pour ceux qui, comme moi, ne connaîtraient rien à la Ball culture. Il faut découvrir un système qui dépasse largement le principe de battles thématisées et haute en couleur pour confronter des « Maisons » constituant un système communautaire d’entraide dans les populations  blacks et latinos de l’époque.

Le temps de réaliser qu’on s’est fait berné par une fausse promesse, c’est trop tard, on est déjà accro et on en veut plus !

Dès le deuxième épisode, les bases étant posées, ceux de ma génération penseront davantage à la célèbre série « Fame » (qui s’étendait de 1980 à 1986) dans une version Queer et militante qu’à un documentaire sur la culture Queer.

Tous les attributs d’une série populaire

Créer des personnages attachants dans des mondes et des situations extrêmes est sans doute ce que Ryan Murphy sait faire de mieux. Il y parvient ici de façon encore plus exceptionnelle qu’habituellement.

On se passionne instantanément pour des protagonistes sensibles ou détestables ou les deux à la fois. Transgenres et gays sont au centre, mais permettent de croiser le monde de la danse (une pensée pour la prof de « Fame » encore une fois) et percuter celui de la bourgeoisie new yorkaise flamboyante.

On pouvait redouter un casting amateur, il créé parfois une authenticité attachante et permet quelques révélations parmi des actrices inconnues (ici avec la réalisatrice transgenre de l’épisode 6). A gauche, Indya Moore dont la prestation a particulièrement été remarquée bien que MJ Rodriguez (à droite) tienne le rôle central de l’histoire.

La vraie révélation pour moi se trouve du côté du casting masculin avec un artiste très reconnu dans l’univers du musical : Billy Porter excelle dans tous les registres, du rire aux larmes.

La promo aura retenu les quelques acteurs déjà connus du grand public : Evan Peters (« American Horror Story » de Murphy déjà), Kate Mara (« House of cards ») et James Van Der Beek (« Dawson »). Tous dans des rôles courageux mais relégués au second plan.

Merci à Canal + qui vient de justifier mon abonnement en programmant la série en temps réel. En attendant la saison 2 qui vient d’être commandée par FX, il reste une furieuse envie de mieux découvrir cette culture avec un documentaire Kiki qui lui est dédié et, pourquoi pas, en visitant les quelques soirées qui lui sont dédiées à Paris.

« The handmaid’s tale » a encore frappé

J’avais foi dans la capacité de ma série coup de coeur de 2017 à tenir le niveau en saison 2. A l’heure du bilan, quelques jours après la diffusion du dernier épisode de la nouvelle saison de « The handmaid’s tale »,  le choc reste intact. Le final confirme la qualité d’une écriture qui a su s’affranchir de Margaret Atwood, auteur du roman dystopique dont était adapté la saison 1, pour en tirer le fil encore plus loin.

Comme d’habitude, j’essaie de limiter au maximum les spoilers tout en parcourant quelques-unes des raisons de mon enthousiasme.

En resserrant autour de quelques protagonistes de Gilead, cette saison ne fait pas plus de compromis qu’avant pour créer du confort au spectateur mais réussit à dresser des portraits parfois en quelques coups de crayon (Nick, Janine, Eden, Tante Lydia…), parfois à coup de flashbacks qui éclairent différemment le présent. Les histoires avant-Gilead d’Emily et Moira sont ainsi révélées, chacune bouleversante dans son dénouement. Mais le personnage le plus intéressant de la saison est pourtant ailleurs et inattendu : Serena révèle de multiples facettes, supportée par l’interprétation parfaite d’Yvonne Strahovski. Ses face à face avec l’héroïne June font l’objet de scènes d’anthologie dans lesquelles Elisabeth Moss continue à bluffer.

La saison 3 devrait sans doute donner enfin plus de densité aux maris (Luke Bankole et Fred Waterford) et je parie sur le potentiel de Rita et surtout du mystérieux Commandant Lawrence qui interpelle en quelques scènes majeures dans les 3 épisodes finaux.

Je lis ici ou là des articles qui commencent à craindre que la série ne joue plus avec le malheur des femmes qu’elle ne les condamne, point de vue très bien résumé dans cet article des Inrocks qui spoile à mort au passage (donc ne cliquer ici que si vous avez vu les 2 saisons). J’y vois surtout l’envie du public d’un peu de répit, un peu de douceur, une lueur durable. Je rêve donc que la série n’atteigne jamais son « jump the shark » et continue à creuser son sillon dur, inconfortable, désagréable mais tellement utile.

« The handmaid’s tale » est disponible en France sur le replay de OCS Max.

Ma consommation série reprend, je reviens vite avec un point de vue sur deux autres coups de coeur : « Gods of America » et « Pose ».

« The Assassination of Gianni Versace » : une escroquerie… pour le meilleur

En débutant le premier épisode avec l’assassinat de Gianni Versace et ses conséquences immédiates, la seconde saison de l’anthologique « American Crime Story » inquiète : la série réussira-t-elle vraiment à nous passionner plusieurs heures autour de la recherche du meurtrier et de l’enquête policière qui va avec ?

Par chance, l’énorme promotion qui a entouré la préparation puis la diffusion des 9 épisodes a tout mis en place pour nous induire en erreur. « The Assassination of Giannu Versace » vaut beaucoup mieux, mais vraiment beaucoup mieux, que ce qu’on a pu en imaginer. Ca a été mon deuxième coup de coeur de ce début d’année, malgré la diffusion chaotique par Canal +.

Couverture d’Entertainment

Contrairement à son titre, la série s’intéresse beaucoup moins à Versace qu’à son tueur.  Dans un format antéchronologique qui injecte le supplément d’épaisseur nécessaire à la qualité de la série.  Ainsi, du 15 juillet 1997 à l’année 1957, les 8 premiers épisodes remontent le temps, complétant le puzzle d’une personnalité complexe avec les principales pièces manquantes, avant de revenir en dernière heure du show aux événements qui ont suivi le meurtre. En toile de fond sociale, cette remontée dans un temps pas si éloigné rappelle les nombreux dommages collatéraux d’une homosexualité honteuse, dont même Versace a du se cacher longtemps pour protéger ses affaires.

Si la promotion a beaucoup reposé sur la performance d’un trio d’acteurs très attendu (Penelope Cruz, Edgar Ramirez et Ricky Martin) surtout visibles dans les premier et dernier épisodes, la série s’appuie sur des guests très marquants (mention spéciale à Judith Light) et repose surtout sur les épaules de Darren Criss, véritable révélation dans la peau du serial killer Andrew Cunanan.

Après quelques apparitions, Darren Criss avait explosé en 2010 à 23 ans en rejoignant le casting de la série du moment, « Glee », dans le rôle d’un étudiant ouvertement gay. Il s’est au même moment lancé dans une carrière musicale qui continue d’ailleurs à bien fonctionner aux Etats-Unis. Mais c’est en 2015 que j’ai découvert le potentiel de Darren Criss. Dans la comédie musicale « Hedwig and the angry inch », vue à Broadway, je voulais profiter de Michael C Hall dans le rôle titre. Darren Criss venait de prendre le relais et il était tout simplement exceptionnel dans le rôle d’une chanteuse de rock transexuelle. Visage d’ange qui sait se fissurer, capacité à jouer avec son corps, Darren Criss est le casting idéal pour incarner Cunanan. « The assassination of Versace » lui doit beaucoup. Si tout va bien, le cinéma ne devrait pas ignorer Darren Criss encore très longtemps.

Une dernière note pour Canal + qui a diffusé la série un peu n’importe comment, avec un premier épisode quelques longues semaines avant la suite et un dernier épisode indisponible en replay au point que nombreux sont ceux qui pensent que la série ne compte que 8 épisodes. Je milite pour payer des chaînes plutôt que télécharger, encorefaudrait-il que les chaînes ne fassent pas n’importe quoi…

 

Ici et maintenant

Depuis quelques mois, je vis dans un monde parallèle assez déstabilisant. Mon goût pour la culture populaire est tout chamboulé, sans qu’aucune cause ne puisse se dégager avec évidence. Ce que tout le monde aime ne m’emballe pas, ce qui semble décevoir tout autour de moi m’emporte littéralement. Soit je détiens le goût populaire ultime, celui qui n’appartient qu’à moi, soit j’ai définitivement perdu le mojo. Je ne suis pas sûr d’attendre la réponse avec impatience… Et plutôt que de m’arrêter longuement sur mes déceptions, j’ai choisi de défendre mon coup de coeur.

Redouter avec impatience le retour d’Alan Ball

Difficile de ne pas s’inquiéter de la possibilité d’une énorme désillusion quand le créateur vénéré de sa série préférée promet (enfin) un retour aux sources. Alan Ball est celui qui a pensé, écrit, parfois réalisé et toujours inspiré, jusqu’à devenir l’âme de la série, « Six Feet Under » produite entre 2001 et 2005 et diffusée par HBO. Très injustement réduite avec le temps au programme ayant le mieux réussi sa sortie alors qu’il était culte dès sa première saison et multi récompensé. J‘en ai suivi sa diffusion scrupuleusement dans une époque où l’accès aux séries américaines ressemblait pourtant à un parcours du combattant.

A Los Angeles, très loin des paillettes d’Hollywood, la vie d’une famille à la tête d’une entreprise de pompe funèbre se craquèle à la disparition du père. Avec une mécanique récurrente, d’ailleurs copiée de nombreuse fois depuis : un décès en début d’épisode puis sa gestion par la famille Fisher. Un prétexte pour scanner les peurs et failles des américains de l’époque, au travers de scénarios ciselés, teintés d’humour noir. L’entrée par la loupe grossissante que constitue la confrontation au décès permet de traiter frontalement des sujets alors largement enfouis dans l’Amérique de George W. Bush : famille, adultère, drogue, solitude, folie, homosexualité, adolescence…

A la sublime fin de la série, difficile pour HBO de laisser s’échapper son créateur. En s’engouffrant dans le mythe alors très à la mode des vampires pour le transformer en allégorie du sida, sujet encore brulant dans l’Amérique en pleine transformation de l’ère Obama, le deuxième bébé d’Alan Ball m’aura pourtant perdu en cours de route. « True Blood » était ambitieux, cérébral, animal et exigeant avant de devenir après une vingtaine d’épisode une caricature de son sujet qui aura pourtant tenu sous perfusion 7 saisons jusqu’en 2014.

Here and now, l’incompris ?

La famille selon Alan Ball version 2018

Dix sept ans se sont écoulés depuis le lancement de « Six feet under ». Dans l’Amérique de Trump, Alan Ball décide de radiographier une famille multiraciale progressiste pour traiter de sujets de société qu’on peut désormais adresser frontalement, sans faux-semblants. S’il y est toujours question de famille, adultère, couple, drogue ou homosexualité, c’est dans une normalité désormais augmentée au prisme des religions omniprésentes, de sexualité devenues plus ou moins fluides, de précarité parfois cachée, d’éducation vacillante, de racisme larvé ou de dictature de l’image égocentrée. La réalité des Bayer-Boatwright est marquée par le choix des parents intellectuels d’adopter 4 enfants issus de toutes les régions du monde, aujourd’hui devenus grands. Sur le papier, on peut craindre une politique de quotas de couleurs de peau presque ridicule. Le pilote ne rassurait d’ailleurs pas complètement sur ce point.

J’ai choisi, comme toujours quand j’attends une nouvelle série avec impatience, de ne pas plonger tout de suite, de patienter jusqu’à ce que quelques épisodes permettent de fonder un point de vue éclairé. Assez pour décoder la mécanique devenue beaucoup moins linéaire, comprendre la façon dont la psychologie des personnages sera déployée, pénétrer un univers forcément déstabilisant. Et ce n’est qu’après avoir dévoré, plus exactement binge watché en mode obsessionnel absorbé, les 6 premiers épisodes que j’ai découvert les critiques assassines. Des attaques assez bien condensées dans le papier de Pierre Serisier sur son blog hébergé par Le Monde. Morceaux choisis : « Alan Ball propose une histoire qui refoule son public« , « on s’en fiche un peu de ce couple, Greg (Tim Robbins) et Audrey (Holly Hunter) … / … leur démarche tourne à vide comme une roue dépourvue d’engrenage« , « Ball a réuni tellement de clichés en un épisode, il semble aimer si peu ses personnages qu’on suffoque dans cet aquarium familial« . Certes, le papier a été écrit sur la base du seul épisode pilote mais quand même, on en retrouve la substance de ce qui s’est globalement écrit aux Etats-Unis et en France sur le sujet.

Comment une série qui a réussi à ce point à atteindre les sommets d’intelligence et de modernité que j’en attendais peut-elle provoquer un tel rejet ? Quand j’y vois une analyse pointue de nos sociétés dont les cartes sont sans cesse rebattues, dans un format qui croiserait le meilleur de « Six feet under » avec le regard authentique de « Big little lies », les autres regrettent un produit ennuyeux et prétentieux.  Serais-je trop indulgent, trop acquis à la cause, trop concerné ? Je n’ai pas encore trouvé les critiques qui me rassurent mais je les attends avec impatience tant le futur de la série y est forcément conditionné.

Mes déceptions à la chaîne

Dans le même temps, j’ai donc vécu à plusieurs reprise ce moment où l’engouement généralisé pour un film ressemble à un mystère sans réponse. J’ai à chaque fois une raison très précise que je vais tenter de résumer en une phrase. Mais j’y reviendrai sans doute.

J’ai aimé le rôle central des femmes, pas la façon dont la culture africaine était mise en scène de façon caricaturale (je sais que je suis le seul)
Si l’ambiance italienne donne envie d’y passer une semaine de vacances, cette histoire d’amour ne m’a pas touché. Les parents Amira Casar et Michael Stuhlbarg m’ont beaucoup plus convaincu que Armie Hammer et surtout Timothée Chalamet.
Frances McDormand a mérité son Oscar mais le manichéisme de l’ensemble est tellement extrême ça ne marche pas sur moi.

Mon bilan série 2017

Après une année 2016 très riche, je m’attendais à une cuvée 2017 un peu décevante au rayon des nouveautés. Ca n’a pas été le cas. Mais tout le monde a déjà raconté ses coups de coeur de l’année, multi-récompensés. Voici donc un classement un peu plus resserré.  Une trilogie très concentrée sur la condition des femmes confrontées à une violence omniprésente (un peu le thème 2017 donc). Et plein de catégories spéciales pour sortir des sentiers battus.

Top 3 nouveauté de l’année :

1.  The Handmaid’s tale

C’est mon coup de coeur absolu, je ne suis pas le seul. Depuis Top of the lake, je sais qu’Elisabeth Moss est une actrice exceptionnelle. Depuis Black Mirror, je sais que les dystopies fonctionnent sur moi. Je connaissais l’histoire de « La Servante Ecarlate » mais je ne m’attendais pas à un tel choc après mise en image. Un univers visuel très puissant au service d’une histoire glaçante, cela créé un malaise dont on ne peut pas se détacher. La façon dont le tout résonne dans la société contemporaine participe à la dimension terrifiante de l’oeuvre. La saison 2 est attendue en avril, j’ai foi dans sa capacité à tenir le niveau.

2. 13 reasons why

Voici une série à laquelle je ne croyais pas. Selena Gomez productrice d’une série sur le suicide d’une ado dont les premiers épisodes sont quasi primesautiers, ça partait mal. J’adore les séries mécaniques, dont chaque épisode suit une construction similaire pour mieux la casser ponctuellement. J’adore quand le ton bascule, quand le drame s’invite, quand la dimension « d’utilité publique » apparaît. J’avoue que j’ai des doutes sur la saison 2, 13 reasons why a tous les attributs d’une série faite pour donner le meilleur en une saison. Wait and see.

3. Big little lies

Un « Desperate housewives » revu par celui qui m’a fait aimer les séries, David E. Kelley, et mon réalisateur canadien préféré, Jean-Marc Vallée : tout était réuni pour le coup de coeur. Seul le casting pouvait gâcher le plaisir : si ma passion pour Nicole Kidman reste intacte au gré de ses chirurgie esthétique, Reese Witherspoon et Laura Dern font partie des 2 actrices qui m’agacent le plus au monde. Et pourtant, à l’arrivée, c’est mon binge watching de l’année (grâce à OCS Max <3), tellement loin du Desperate Housevices (que je déguste de nouveau le samedi matin sur M6 quand même hein).

Catégorie nouveauté dont on n’a pas assez parlé :  « The good place »

Cette série diffusée sur Netflix en France est un OVNI. Un format sitcom plein d’originalité : des effets spéciaux, des twists totalement improbables, une saison 2 qui rebat les cartes, encore meilleure que la saison 1… « The good place » reste totalement sous le radar : il me semble que personne n’en parle, personne ne la récompense, personne ne regarde… Et ça me parait très injuste. Je ne pouvais pas ne pas l’intégrer parmi mes coups de coeur de l’année (avec le plaisir en bonus de retrouver Veronica Mars).

Catégorie série française injustement traitée : « Paris etc »

J’aime Zabou Breitman, c’est pas nouveau. La série de Canal qu’elle a porté a bénéficié d’une promotion massive. L’attente était forte. Les retours des téléspectateurs ont été mitigés. J’ai trouvé que la promotion ne sonnait pas très juste et que les commentaires des vrais téléspectateurs flottaient face à cette fausse promesse. L’histoire de « Paris etc » a des faiblesses avec un temps de mise en place trop long, un enjeu sur un des personnages (celui de Zabou justement) qui rythme le scénario mais arrive trop tard et ne tient pas vraiment la route. Mais ces histoires de femmes de 5 générations qui se croisent plus que ne le laissait présager la promo m’a emporté, par son rythme et surtout sa mise en scène. Chaque plan est inventif, unique, jubilatoire, je me suis régalé. Merci Zabou Breitman de ne jamais me décevoir.

Catégorie « une série prend fin, je suis désespéré » : « The Leftovers »

Cette série aura eu un destin particulier : une saison 1 compliquée suivi d’une saison 2 incroyable laissait beaucoup d’interrogations sur la saison 3. Des audiences faible et même pas de nominations au Golden Globes pour une saison 3 qui entre au panthéon de mes saisons préférées, aux côté de la saison 5 de « Breaking Bad ». Entre poésie et réalisme, linéarité et défragmentation, désespoir et noirceur. Justin Théroux est le mec le plus hot de l’univers depuis qu’il a plus de 40 ans, ça le rend particulièrement attachant. Beaucoup de raisons à ma tristesse de devoir dire au revoir à The Leftovers.

Catégorie « Guilty Pleasure » : « Dynasty »

J’ai toujours eu des passions inavouables pour des séries soit incomprises (Buffy, Arrow), soit franchement moyennes mais agréables pour se vider la tête (Revenge, Dallas). Celle-ci a une saveur particulière puisqu’elle trouve son intérêt surtout dans le travail incroyable fait sur la dimension reboot : l’histoire suit la trame de l’original que je regardais enfant mais embarque des torsions très étonnantes avec une fluidité culturelle très assumée. La cousine Sammy Jo (Heather Locklear) devient un homme gay mexicain, la famille rivale est black, tout en conservant les arcs sénaristiques de la série diffusée par France 3 il y a 30 ans. Alexis Carrington se fait attendre et on a très envie de voir quel twist sera inventé. Can’t wait !

Catégorie pas vu !

Elles sont sur ma liste mais toujours pas vu, l’honnêteté me force à l’avouer. « Mindhunter », « Dark », « Will & Grace » et « Legion » sont prévues très bientôt. Peut-être auraient-elles rejoint le haut de ma liste ou gagné leur catégorie spéciale.

Ah, et sinon, je ne suis toujours pas sensible aux charmes de Stranger Things, Game of thrones et The Walking Dead. On me juge beaucoup pour ça mais j’assume.

J’ai raté d’autres choses ?

[EDIT Janvier 2018] Evidemment que j’ai oublié quelque chose : « Alias Grace » (« Captive » en français), dans la droite ligne de « The Handmaid’s tale » qui réussit à créer un trouble déstabilisant en 6 petits épisodes. Somptueux.

Bilan séries 2015

En 2015, je n’ai pas abordé les séries comme les 10 années qui ont précédé. Par manque de temps ou de disponibilité, j’ai décidé de choisir plus, d’abandonner plus vite des nouveautés décevantes, de me laisser conseiller plus par le bouche oreille.

A l’arrivée, forcément, mon classement manque de surprise, il est court mais particulièrement jubilatoire côté nouveautés. En plein dans l’air du temps : des mini-séries ne dépassant pas 12 épisodes, pas mal de surnaturel, des inspirations très visibles qui font plaisir, des atmosphères globalement pesantes, des surprises permanentes comme j’aime.

J’ai vu peu de nouveautés mais je les ai toutes aimées (à une demi réserve près).

Sense8

En contradiction totale avec ce qui précède et le temps qui m’a manqué, j’ai regardé 2 fois les 12 épisodes de Sense8. Entre les 2, il y a eu le documentaire sur le tournage « Sense8 : la création du monde » qui révèle des secrets de tournage suffisamment intrigants pour donner envie de revivre l’expérience avec un oeil nouveau. Je confirme mon impression en cours de route : la mise en place souffre d’un épisode de trop, seule critique que je trouve à une série qui m’a littéralement transporté et subjugué. Un coup de coeur qui place cette création dans le Top 5 de mes séries préférées de tous les temps.

M. Robot 

Je pense que j’ai été envouté sur ce coup là. Entrer pendant 10 épisodes dans la tête d’un personnage aussi instable qu’autiste constitue une expérience qui ne laisse pas indemne. Le twist est attendu, mais citer le film auquel il fait immédiatement penser en dirait trop sur l’histoire. Le personnage central, Elliott, est sans doute la plus belle création de cette dernière décennie et je n’ai pu m’empêcher de penser que, si j’avais été acteur, c’est lui que j’aurais aimé interpréter.

UnREAL

Je n’attendais rien de cette série. Le pitch sur les coulisses d’un reality show m’a intéressé et je me suis laissé séduire dès les 10 premières minutes. J’y ai reconnu ce que je sais des dessous de ces programmes et j’avais envie du guilty pleasure d’une série un peu facile, au moins en apparence. Au final, j’ai aimé au point que ça m’a motivé pour écrire un billet sur le Plus de l’Obs. C’est dire. J’ai un truc pour les anti-héroïnes, c’est évident.

Wayward Pines

C’est le retour du maître du twist : l’auteur du 6ème sens créé une mini série qui se cherche parfois, qui déçoit un peu mais qui a l’atout de marquer suffisamment les esprits pour y faire repenser souvent. Son inspiration « Le prisonnier » et sa façon de faire disparaître des personnages centraux n’y est sans doute pas étrangère. J’aurais aimé que ça reste un unitaire, pas sûr de regarder la saison 2 qui a finalement été confirmée. Pourtant, je n’ai pas réussi à classer Wayward Pines parmi les déceptions de l’année, j’aurais regretté de ne pas l’avoir vu.

The Leftovers

Je sais, ce n’est pas une nouveauté. Je n’avais pas particulièrement aimé la saison 1 et j’ai donc décidé de regarder (sous la pression de tous ceux qui parlaient de chef d’oeuvre) comme une nouvelle série. Aidé par le choix d’une nouvelle dynamique, de nouveaux personnages, un nouvel endroit. Au final, la saison 2 de The Leftovers est une pépite, un moment de grâce exigeant, douloureux, pessimiste. Une allégorie qui pose des questions pretextes auxquelles on n’attend pas de réponse, le créateur de Lost a réussi cet exploit. La réalisation au plus près des visages capte les regards d’acteurs habités. Si on considère que la saison 1 n’a pas existé, The Leftovers est la série qui entre tout simplement en tête du classement de mes séries favorites, devant Six Feet Under et Breaking Bad.

Il y a encore pas mal de série que je n’ai pas pris le temps de regarder. Celles que tout le monde semble aimer : Better Call Saul (trop peur de la déception d’après « Breaking Bad »), Jessica Jones, Daredevil, American Crime, Master of None, Limitless… Il y a aussi Quantico, The honorable woman, Vicious, Zoo, Blindpost que je ne prendrai probablement pas le temps de regarder alors que je sens un vrai potentiel.

Il y a aussi les séries que tout le monde aime et pas moi. Je pense en particulier à Empire que j’ai essayé 2 fois et qui m’a définitivement ennuyé.

Parmi les retours, je continue à ne pas lâcher Arrow en saison 4 et Scandal en saison 5. Et je mets une mention spéciale à How to get away with murder dont j’ai adoré la saison 2 alors que je m’attendais à une déception majeure.

Et enfin, le départ que je regrette cette année est celui de Downton Abbey dont je suis en train de déguster tranquillement la dernière saison jusqu’au final qui vient d’être diffusé à Noël.

Comment fêter dignement l’annonce d’une saison 2 pour Sense8 ?

Ce n’était pas gagné mais j’aime Sense8, la série-événement-annoncé des Wachowski. Je l’aime beaucoup et encore un peu plus chaque jour.

J’ai regretté la mise en place un peu longue (1 épisode de trop) puis je me suis laissé embarquer. Je sais déjà que quelques scènes resteront parmi mes moments de série préférés pour la vie. Le concert figure aux côtés des dernières minutes du final de « Six feet under », de la mort de Joyce Summers dans « Buffy » et du face à face entre Walt et son beau frère dans « Breaking Bad ». C’est dire.

C’est aussi la série qui m’a fait craquer pour la plupart des membres du casting, filles, garçons… ou même trans.

La sublime et lumineuse Tena Desae est indienne mais aussi mannequin (tu penses), on a instantanément envie de la prendre dans ses bras quand elle déboule, ce que ne se prive pas de faire Max Riemelt, l’allemand de la série (qu’on aime aussi)

La bombe du mois s’intitule Miguel Angel Silvestre rien que pour nous faire penser à un gros minet, il est espagnol et sait donner très très envie de voyager du côté de Madrid (presque autant que son collègue Alfonso Herrera)

La surprise de l’année est une célèbre transsexuelle américaine, Jamie Clayton, qui a accessoirement la voix la plus craquante de l’univers et du coup tout le monde l’aime

Sympas, les scénaristes ont choisi de ne pas cacher grand chose de leur anatomie, en particulier dans la scène d’orgie de l’épisode 6 qui a fait son petit effet cet été (elle est sur YouTube mais je vais pas faire du racolage en vous l’insérant ici hein).

Mais je n’ai pas envie d’écrire sur #Sense8 : tout le monde l’a fait et tout le monde aime, du coup c’est lassant.

Ce qui me donne envie d’écrire, c’est plutôt la façon dont la chaîne a permis hier  à l’équipe de la série de partager avec ses fans la joie de revenir en saison 2.

Tout a commencé le 8 août avec une journée spéciale anniversaire (tous les personnages sont nés le même jour)

 

Qui a basculé vers une grande annonce à 17h

Prolongé par quelques caméos des acteurs sur leurs comptes Instagram/Twitter/Facebook 

 

On est donc quelques-uns à être bien contents que la saison 2 arrive. Et on attend d’autres innovations vestimentaires que le combo boxer-une-chaussette-une-chaussure

Pour patienter, tous ceux qui ont vu Sense8 ne doivent pas rater le documentaire « La création du monde » qui donne envie de revoir immédiatement l’intégralité de la saison 1. J’y retourne.