


Le blog de Eric Maillard, depuis 2005
Je n’ai pas toujours aimé Jenifer. Surtout pas pendant et juste après la Star Ac (oui, je suis de la génération qui se souvient bien). Puis j’ai apprécié l’artiste, sa voix et ses fragilités, mais je passais à côté de sa musique. J’ai commencé à l’écouter au moment où ses albums ont plafonné à 100.000 ventes. « Appelle-moi Jen » et son rap devenu culte sur « Je danse », « L’amour & moi » (en particulier ses titres « Sur le fil » et surtout « Orage en vue » passé inaperçu), ses reprises de France Gall de qualité malgré l’ambiance polémique, « Paradis secret », un vrai coup de coeur dans l’indifférence générale. Ce qui m’a alors donné envie de découvrir ses albums précédents et de tomber sur en particulier sur « Lunatique », son dernier vrai gros succès, dont j’aime tous les titres.
J’ai donc plongé sur son dernier album dès sa sortie et la bonne nouvelle est qu’on est nombreux à l’avoir fait cette fois ci. Les chiffres de vente de la première semaine ne sont pas encore disponibles mais le bouche à oreille est positif, les indicateurs Spotify, iTunes et YouTube sont bons, on peut croire au succès de cet album.
Ce que les gens aime
Titre par titre, je n’ai encore une fois pas les mêmes goûts que tout le monde, si je me réfère aux chiffres Spotify au 31 octobre :
1. « Notre Idylle » : 869 474 – c’est le premier single soutenu par un clip et une rotation radio depuis fin août
2. « Les choses simples » (avec Slimane) : 47 272 – l’effet duo Slimane joue forcément
3. « Encore et encore » : 56 054 – il m’a fallu du temps pour comprendre l’engouement, le titre est en fait référencé dans 2 grosses Playlist Spotify… et il est poussé comme deuxième single depuis cette semaine
4. « Comme c’est bon » : 48 841
5. « Hey Jen » : 35 800
6. « Des je t’aime qui se perdent » : 33 164
7. « Respire » : 32 896
8. « Reste » : 29 959
9. « L’amour.0 » : 29 599
10. « Post mélancolie » : 26 523
11. « Un petit tour » : 23 775
12. « Pour nous retrouver » : 22 86
13. « Derrière les soleils » : 22 041
14. « Nostalgique d’hier » : 21 392
15. « Les choses simples » (proche et intime) : 20 688
16. « Mystère » : 19 581
17. « Ton absence » : 18 662
18. « Baby blues » : 18 211
19. « L’été qui s’en va » : 17 865
Ce que j’aime
La promesse d’un retour aux sources dans cet album m’inquiétait, il est tenu mais avec dans la grande majorité du temps le twist qui fonctionne bien sur moi. Voici donc le classement subjectif de l’ensemble des titres de l’album, à un moment où j’ai de toute évidence plus envie de danse que de mélancolie. Mais, soyons clairs, je les aime tous, même le dernier du classement #EcoleDesFans. Commençons par là.
19. L’été qui s’en va : en parlant de mélancolie, on y est. Digne du Jenifer d’il y a 16 ans sortie StarAc, celle que je n’aimais pas mais que le public adorait donc bon… Ceci dit, Spotify et moi, on est d’accord sur ce coup là.
18. Derrière les soleils : voir plus haut, même motif, même « punition » ^^
17. Pour nous retrouver : ça bouge bien, c’est sympa, un petit côté funk frais mais il n’en reste pas grand chose.
16. Encore et encore : quelle drôle d’idée de sortir ce titre en second lead. Même commentaire que pour les titres 18 et 19. On comprend l’envie du retour au source au moment où ça cartonnait, le principe de l’écouter alangui sur une peau de bête au coin du feu mais c’est tellement pas le meilleur titre de l’album.
15. Baby Blues : on a dit que j’étais pas en kiff mélancolie donc bon. En revanche, je reconnais que c’est efficace. Il se passe exactement ce qu’on attend dans la dernière partie, ça vaut une quinzième place.
14. Comme c’est bon : autant acheter un album de Christophe Mae, on reconnait en 2 secondes le style et je suis moyennement fan.
J’aurais pu placer les 12 suivantes ex-aequo tellement je les aimes toute. L’exercice a été compliqué, comme personne ne l’attendais, je me suis dit que ça valait le coup de me forcer. Ahah.
13. Un petit tour : le refrain reste en tête, simple et efficace.
12. Post Mélancolie : j’ai pas arrêté de danser depuis la 14, c’est le type de retour au source qui me plait
11. Mystère : la patte Christophe Mae ne gâche cette fois pas le plaisir et produit en version Jen, ça marche bien.
10. Nostalgique d’hier : la première fois que je l’ai entendue, j’ai pensé aux bals perdus de Bourvil (la référence est directe) et la mélancolie nostalgique a cette fois marché sur moi. J’adore la chanter.
9. Reste : ce titre qui aurait pu être très StarAc doit beaucoup de sa 9ème place à l’interprétation de Jenifer qui casse sa voix comme j’aime
8. L’amour.0 : je pensais que ce titre là cartonnerait dans les écoutes Spotify. Pas tant que ça en fait. Je le voyais pourtant un single potentiel.
7. Des je t’aime qui se perdent : on revient à un titre qui bouge, en tête en 2 secondes, ça marche parfaitement, musique et texte.
6. Notre Idylle : j’ai aimé le titre dès le 29 août. Parfait choix de lead pour l’album. Le titre est à mon avis loin d’avoir fini sa carrière. Les 3 millions de vues sur YouTube seront bientôt dépassées.
5. Respire : voilà ce qu’aurait été mon choix en deuxième single de l’album. Texte sympa d’Yseult. Ce sera sans doute pour le printemps.
3. (ex æquo) Les choses simples (duo avec Slimane) et Les choses simples (proche et intime) : j’aime les 2 versions pareil, le titre du gagnant de The Voice a notamment la qualité de ne pas ressembler trop a du Slimane (que j’adore par ailleurs), il semble avoir vraiment fait l’exercice d’écrire pour Jen.
2. Hey Jen : j’aime bien que le titre « à message » de l’album, qui aurait pu être lourd et plombant, soit aussi bon. Un tube en puissance.
Mon titre préféré de l’album est loin devant, en boucle depuis une semaine, je représente sans doute une part non négligeable de son nombre d’écoutes (incroyablement trop limité) sur Spotify.
1. Ton absence : je n’ai aucun argument. A sa première écoute, ce titre là m’a embarqué. Ce ne sera pas un tube mais c’est dès maintenant mon coup de coeur absolu de l’année.
Je sais que, quoiqu’il arrive, cet album restera celui qui a accompagné une nouvelle vie loin de Paris, il sera associé pour toujours à mes endroits préférés de Lisbonne, aux séances quotidiennes de sport, aux ballades à se perdre dans les ruelles.
Bizarrement, je ne l’ai jamais vue en concert, je n’en ai même jamais eu l’idée. J’espère que ses dates et les miennes nous feront nous croiser à Paris ou ailleurs <3
En une semaine de retour à Paris, un gros programme qui passe par des événements de marques et quelques expériences plus personnelles. Retour sur une quasi dernière semaine dans la capitale où je me suis glissé dans la peau d’un influenceur digital (et mesuré leurs enjeux de gestion d’agenda).
Lundi 1er octobre
A force de voir des Instagrammeurs y passer, l’électro-stimulation commençait à m’intriguer. C’est chez Body Hit Batignoles et dans une bonne humeur communicative grâce à l’équipe que j’ai joué les cobayes à mon tour. La promesse : une séance de sport de 20 mn équivalent à 4 heures en salle, grâce aux électrodes qui balancent des stimulus électriques à chaque mouvement. La plus grande surprise a été de ressentir en quelques minutes les effets d’une longue séance, shoot d’endorphine compris. Quelques courbatures très supportables mais au niveau de muscles inconnus ont prolongé la surprise quelques jours plus tard. Pour une séance d’essai, n’hésitez pas, c’est par là. Et pour le plaisir des yeux, la tenue de compet’ en photo ^^
Mardi 2 octobre
Bacardi organisait un événement retraçant l’histoire de la marque, en plongeant les invités au coeur de scènes dispersées dans une maison. Ceux qui ont déjà visité « No more sleep » à New York reconnaîtront le principe du théâtre immersif. Le concepteur Big Drama a su retrouver la magie du principe, peut-être clivant, mais magique pour ceux qui se laissent embarquer par l’expérience. Avec une troupe de comédiens / chanteurs / danseurs de haut calibre. Et une seule envie à la fin de la « représentation » : y retourner ! Des morceaux de la « Prophétie del coco » sont disponibles dans mes stories sur Instagram, je laisse les plus courageux faire le chemin.
Mercredi 3 octobre
Fêter les 20 ans d’un personnage mythique, en sa présence, ça ne se rate pas. C’est dans les (nouveaux) locaux de son concepteur / producteur / distributeur Xilam que nous avons fait la fête à Oggy (venu sans les cafards). Les enfants étaient aux anges mais voir les journalistes entamer des danses avec le chat star était un vrai délice. Les pâtisseries (et le gâteau d’anniversaire) customisés aussi !
Jeudi 4 octobre
La première édition était un joli moment, la deuxième édition de la Maison St-Germain a fait monter la magie florale d’un cran. Labyrinthe sans fin, pièces cachées, liseuse d’avenir (qui m’a bluffé), les années folles revisitées pour faire la fête, la direction artistique de Lola Rykiel a fait des merveilles. Les cocktails à base de liqueur St-Germain ont fait le reste. Un rêve à vivre en quelques images.
Vendredi 5 octobre
Bye Paris, bonjour Besançon et les senteurs de mon enfance pour un long week-end. A chaque fois que j’y retourne, je mesure que la ville se modernise tramway à l’appui et devient de plus en plus belle. A visiter ! (non l’office du tourisme n’y est pour rien).
Depuis quelques années, sous l’impulsion d’une considération des séries télé quasiment à la hauteur d’un art noble, la complexité s’est invitée dans les scénarios. Mais la ligne de démarcation entre la fascination troublante et l’agacement ultime est souvent ténue. Parfois ça marche en créant une véritable addiction, parfois c’est le drame, avec à la clé un rejet définitif.
Le sujet n’est pas nouveau et le ressenti très personnel. Ainsi, dans le passé, des séries exigeantes telles que « The leftovers » ou « Here and Now » (annulée faute d’audience) m’ont totalement embarqué alors que le carton planétaire « Game of thrones » m’a perdu à jamais (en tout cas je le pensais avant ça) à force d’ellipses et multiplicité de personnages difficiles à suivre.
Il se trouve que j’ai vécu l’expérience à quelques jours d’intervalle cette semaine en terminant deux séries que j’avais mises de côté pour un moment où je disposerais du temps de cerveau nécessaire. Avec à l’arrivée, une révélation et un rejet. Et cette fois-ci, je ne suis pas le seul, ce qui vaut une conclusion sans appel pour les scénaristes et showrunners qui doivent apprendre à ne pas aller trop loin.
American Gods
Un homme sort de prison, sa femme et son meilleur ami viennent de succomber à un accident de voiture, un drame linéaire percuté par une multitude de séquences oniriques, d’événements allégoriques, de scènes de sexe plus ou moins graphiques, d’effet spéciaux science-fictionnant et de situations globalement illisibles. Il faut plusieurs épisodes -ou la lecture préalable du pitch public de la série qui spoile allègrement- pour comprendre que notre personnage central est plongé dans une guerre entre les anciennes divinités et les nouvelles puissances que sont les médias, Internet, les technologies…
Au final, sans prétendre comprendre les divagations issues du roman de Neil Gaiman, l’univers de la série fascine. On s’attache à des personnages pourtant en lévitation, on sourit devant un humour parfois décapant, on se réjouit devant les cabotinages de Gillian Anderson -encore plus jeune que dans X Files – et ses imitations savoureuses de David Bowie et Marilyn Monroe. Au final, on fait abstraction de longues scènes incompréhensibles et de l’inévitable affichage de scènes de sexe frontal pour marquer sa-liberté-de-chaîne-du-câble. Même les « previously on », qui aident parfois à s’y retrouver, sont incompréhensibles en restant dans le ton exact de la série.
Déjà disponible en J+1 en France sur Amazon Prime dès sa diffusion, Canal + Séries a eu la bonne idée de la mettre à son catalogue, toujours disponible « A la demande » pour les retardataires comme moi.
Westworld – Saison 2
Le cas de Westworld est particulier : j’avais adoré la première saison malgré sa complexité narrative, la deuxième saison m’a complètement perdu très exactement pour la même raison.
Pour une fois, je ne me sens pas seul. Comme Pierre Langlais dans Télérama et beaucoup d’autres, j’ai pu assister à une force qui se transforme en faiblesse. On ne comprend rien à ce qui se passe pendant la plupart des épisodes, le temps devient bien long, aucune storyline ne vient nous sauver de l’ennui. Même l’attachement qu’on avait construit pour certains personnages s’efface.
C’est donc avec beaucoup d’efforts -et de temps libre- que je suis allé au bout d’une saison dont les labyrinthes ne m’emmèneront pas vers celle d’après.
Pour ceux qui ont besoin de vérifier de leurs propres yeux, la saison 2 est toujours disponible sur le replay de OCS.
Hollywood, prends garde à toi
On comprend bien les créateurs qui ont vu dans quelques-uns de plus gros succès critiques à la télé une complexité largement saluée. Sur des chaînes où l’audience n’est pas la mesure de succès prioritaire. C’est forcément tentant. Pourtant, à trop jouer avec les limites, ils pourraient perdre les critiques autant que les simples téléspectateurs comme nous. Auquel cas, il ne reste plus qu’à retourner au cinéma.
Au lendemain de la diffusion de dernier des 8 épisodes de la mini série de HBO, en US + 24 sur OCS, « Sharp Objects » s’affirme clairement comme l’un des événements majeurs de l’année série.
Pour la réalisation toujours ciselée de Jean-Marc Vallée, pour l’interprétation (d’Amy Adams mais pas que), pour l’atmosphère poisseuse qui rappelle quelques autres bijoux télévisuels. Mais ce que les articles (nombreux à l’issue du premier épisode) ont moins couverts, c’est que l’ensemble sert une storyline glaçante addictive.
Pour découvrir comme je l’ai fait sans trop savoir, il faut plonger de ce pas dans l’univers torturé de « Sharp Objects » sans rien lire de plus…
Pour ceux qui auraient besoin de quelques arguments supplémentaires, quitte à déflorer un peu l’histoire, je déconseille la bande-annonce ci-dessous, faussement rythmée, peu représentative de l’univers réel de la série.
Une intrigue qui tient ses promesses
On pourrait penser lors des premiers épisodes que l’histoire ne constituera qu’un prétexte pour une galerie de portraits de femmes face aux démons d’une famille qui a dévissé suite à un événement tragique. Pourtant, l’enquête qui ramène la journaliste Camille Preaker (Amy Adams) auprès de sa mère, son beau-père et sa demi-soeur, après un internement psychiatrique et des années d’automutilation, est omni-présente. A l’inverse de « The Leftovers » ou « Big Little Lies » dont on ressent la filiation, le dénouement de l’intrigue compte. Les fans de twists (coups de théatre) en auront pour leur compte sans tomber dans l’accumulation caricaturale de « How to get away with a muderer ». Outre l’auto-mutilation, une maladie va se révéler centrale dans l’intrigue. Impossible d’en dire plus sans trop révéler l’issue, mais après vérification, cette maladie existe réellement.
De nombreux talents pour le meilleur
Quand l’univers du réalisateur de « Big Little Lies » rencontre celui de la scénariste de « Buffy » et « UNreal » pour servir l’auteur du livre dont a été tiré « Gone Girl », on peut imaginer les fondamentaux de « Sharp objects ». Jean-Marc Vallée, Marti Noxon et Gillian Flynn ont ainsi créé un objet poisseux et souvent oppressant, rappelant parfois celui de la première saison de « True Detective ».
Très engagée, jusqu’à devenir productrice déléguée, Amy Adams habite un personnage torturé, alcoolisé, noir à tel point que l’actrice a déclaré fin juillet qu’une saison 2 était exclue, le rôle étant trop éprouvant.
Le reste du casting, moins cité, participe pourtant largement à la qualité de l’ensemble, Patricia Clarkson dans le rôle de la mère bourgeoise déviante et Chris Messina dans celui du détective ténébreux en tête.
Bénéfice collatéral : si vous pensez avoir une famille compliquée, vous allez assez vite relativiser au fur et à mesure que les épisodes s’égrènent et découvre les travers d’une famille dysfonctionnelle. Une image plus décontractée des actrices devrait aider à faire redescendre la pression pour tous les heureux téléspectateurs de « Sharp Objects » qui n’entendront plus jamais l’oeuvre de Michel Legrand ni ne verront une fiole bleue sans un frisson dans le dos.
Participer en tant que bénévole aux Gay Games Paris 2018 n’était pas exactement une façon anodine de démarrer un congé sabbatique de 11 mois. La dimension rassurante d’un agenda pas complètement vide est pourtant rapidement devenue une motivation anecdotique face à l’énergie d’un événement qui m’aura marqué pour longtemps, pour des raisons parfois inattendues.
Lorsque j’ai décidé qu’un break professionnel m’était nécessaire pour me ressourcer, ne pas perdre l’envie, continuer à progresser, c’était sans le moindre doute. Retrouver du temps pour moi et pour mes proches en constituait le bénéfice collatéral majeur, dans un programme très flexible entre voyages et projets personnels, sans réelles obligations. Mais il m’était impossible de démarrer avec une perspective unique de vacances à durée indéterminée.
Un simple précaution préalable
Redoutant quand même la possibilité d’un petit trou d’air après 25 années de travail connecté ininterrompues, j’ai identifié l’arrivée des Gay Games en plein mois d’août comme un excellent moyen d’occuper mes premières journées off à Paris de façon utile, au service d’une cause qui compte pour moi : la lutte contre toutes les discriminations à travers l’inclusion de toutes les diversités (âge, religion, genre, orientation sexuelle…) par le sport et la culture.
Si ma mobilisation devait se concentrer au départ sur les aspects communication, ce que je maîtrise forcément le mieux, j’ai dès le début de l’événement compris que mon accomplissement viendrait d’ailleurs. Tout n’était pas rôdé, parfois approximatif, mais l’envie de partage, d’échanges, de faire bien se sont révélés plus fort. J’ai donc choisi de m’investir en tant que simple bénévole appliqué à des missions d’exécutant sans autre velléité qu’aider, être utile.
Bénévole bon élève
Ma première intervention étant à l’accueil du village place de l’hôtel de ville la veille de l’inauguration, j’y ai assez vite trouvé un QG, un point de repère, un rendez-vous quotidien tôt le matin, tard le soir ou parfois les deux. En 8 jours, j’aurai donc participé à l’accueil des visiteurs au welcome desk, à l’entrée du village mais aussi à l’extérieur. Je n’aurai rien refusé : passer quelques heures à la consigne (en mode « animateur de l’endroit pas fun »), accueillir et brieffer des bénévoles retardataires (en mode « tour operator »), ranger le welcome desk, jouer les cobayes dans les activités sportives ou même organiser les files d’attente aux toilettes lors de la soirée de clôture. Le tout en m’éloignant de toute prise de responsabilité pour profiter à plein de mon rôle de contributeur bon élève. Bizarrement, j’ai retrouvé des sensations que j’avais connues à l’armée : aux côtés des exécutants, dans un esprit fraternel.
Multitasking
Mais je ne voulais pas m’enfermer dans la facilité d’un lieu conquis et d’une équipe connue. Chaque jour, je suis parti à la découverte de nouveaux environnements et missions toujours différentes. Ramasseur de notes du jury à la Danse sportive, remetteur de médailles à la natation, support vigilance sécurité au Festival de courts-métrages, accueil des athlètes au badminton font partie des missions qui se sont présentées à moi. Au sein de staffs mobilisés, inclusifs, souvent impressionnants d’investissement. J’ai pu y confirmer que le badminton est VRAIMENT un sport, qu’un tango entre 2 femmes peut être très touchant, que gagner une compétition de natation à plus de 70 ans créé une fierté énorme…
Bénéfices collatéraux
A l’issue de la grosse semaine de Gay Games, il me reste des moments d’émotion, beaucoup de rires, de danses, de fête, de partages. J’ai échangé avec des centaines de personnes, me suis attaché à quelques visiteurs / visiteuses régulier(e)s, fais plus de hugs à des inconnus en 8 jours que dans les 49 années qui ont précédé. J’ai rencontré quelques personnes qui resteront sans doute pas loin dans le futur. J’ai redécouvert des amis qui m’ont impressionné au travail. J’ai rencontré pas mal de mes instagrammeurs préférés qui m’ont accueilli avec un grand sourire à chaque fois. J’ai pleuré pendant la cérémonie de clôture, de fierté et de tristesse. Je n’étais pas le seul.
J’espère que ma prochaine aventure sera aussi incroyable mais la barre est haute.
C’est sans conviction mais sous la pression d’un bouche à oreille positif que j’ai choisi d’entrer « Pose » dans le choix cette année très sélectif de séries estivales à découvrir.
En fin d’année dernière, le plus grand casting d’acteurs transgenres (pour la plupart amateurs) de l’histoire avait marqué les esprits.
Cet univers transgenre et ses codes me sont assez étrangers, ils peuvent m’amuser dans une version Drag Queen avec « Ru Paul Drag Race » mais ne garantissent pas sujet captivant pour une fiction. De plus, la patte du prolifique Ryan Murphy (au commande de la série) ne suffit pas toujours à me convaincre même si ses excès militants me dérangent rarement.
Au-delà de l’effet d’attente créé par la presse américaine, Il ne me restait que la promesse d’une diversité de sujets pour espérer trouver un intérêt autre que documentaire et historique à la création FX. Et 8 épisodes, c’est court.
S’il est parfois compliqué de partager un avis avec un éclairage nouveau sur une série ultra-commentée, je n’ai pas à me forcer ici puisque beaucoup d’articles me semblent avoir été écrits par des auteurs qui n’avaient pas vu la série mais s’étaient appuyés sur un dossier de presse œcuménique.
De quoi parle vraiment la série ?
« Pose explore le New York de la fin des années 80 et se penche sur la vie de plusieurs personnages de mondes et cultures différentes. Elle aborde l’émergence de scène cuturelle et littéraire underground et queer comme la Ball culture, la vie des quartiers populaires et l’arrivée du monde du luxe à l’aube de l’ère Trump« . C’est le pitch sur la base duquel la série a été lancée, commentée, encensée. C’est aujourd’hui encore la trace qu’il en reste sur Wikipedia.
Dès le premier épisode, il apparaît clairement que le sujet central est bien l’univers Queer, au centre de tout, même s’il permet de croiser une multitude d’autres thèmes parmi lesquels la danse (pas que le voguing rendu mondialement célèbre par Madonna) et le Sida, inévitablement.
Ce premier épisode assume sa dimension didactique pour ceux qui, comme moi, ne connaîtraient rien à la Ball culture. Il faut découvrir un système qui dépasse largement le principe de battles thématisées et haute en couleur pour confronter des « Maisons » constituant un système communautaire d’entraide dans les populations blacks et latinos de l’époque.
Le temps de réaliser qu’on s’est fait berné par une fausse promesse, c’est trop tard, on est déjà accro et on en veut plus !
Dès le deuxième épisode, les bases étant posées, ceux de ma génération penseront davantage à la célèbre série « Fame » (qui s’étendait de 1980 à 1986) dans une version Queer et militante qu’à un documentaire sur la culture Queer.
Tous les attributs d’une série populaire
Créer des personnages attachants dans des mondes et des situations extrêmes est sans doute ce que Ryan Murphy sait faire de mieux. Il y parvient ici de façon encore plus exceptionnelle qu’habituellement.
On se passionne instantanément pour des protagonistes sensibles ou détestables ou les deux à la fois. Transgenres et gays sont au centre, mais permettent de croiser le monde de la danse (une pensée pour la prof de « Fame » encore une fois) et percuter celui de la bourgeoisie new yorkaise flamboyante.
On pouvait redouter un casting amateur, il créé parfois une authenticité attachante et permet quelques révélations parmi des actrices inconnues (ici avec la réalisatrice transgenre de l’épisode 6). A gauche, Indya Moore dont la prestation a particulièrement été remarquée bien que MJ Rodriguez (à droite) tienne le rôle central de l’histoire.
La vraie révélation pour moi se trouve du côté du casting masculin avec un artiste très reconnu dans l’univers du musical : Billy Porter excelle dans tous les registres, du rire aux larmes.
La promo aura retenu les quelques acteurs déjà connus du grand public : Evan Peters (« American Horror Story » de Murphy déjà), Kate Mara (« House of cards ») et James Van Der Beek (« Dawson »). Tous dans des rôles courageux mais relégués au second plan.
Merci à Canal + qui vient de justifier mon abonnement en programmant la série en temps réel. En attendant la saison 2 qui vient d’être commandée par FX, il reste une furieuse envie de mieux découvrir cette culture avec un documentaire Kiki qui lui est dédié et, pourquoi pas, en visitant les quelques soirées qui lui sont dédiées à Paris.
J’avais foi dans la capacité de ma série coup de coeur de 2017 à tenir le niveau en saison 2. A l’heure du bilan, quelques jours après la diffusion du dernier épisode de la nouvelle saison de « The handmaid’s tale », le choc reste intact. Le final confirme la qualité d’une écriture qui a su s’affranchir de Margaret Atwood, auteur du roman dystopique dont était adapté la saison 1, pour en tirer le fil encore plus loin.
Comme d’habitude, j’essaie de limiter au maximum les spoilers tout en parcourant quelques-unes des raisons de mon enthousiasme.
En resserrant autour de quelques protagonistes de Gilead, cette saison ne fait pas plus de compromis qu’avant pour créer du confort au spectateur mais réussit à dresser des portraits parfois en quelques coups de crayon (Nick, Janine, Eden, Tante Lydia…), parfois à coup de flashbacks qui éclairent différemment le présent. Les histoires avant-Gilead d’Emily et Moira sont ainsi révélées, chacune bouleversante dans son dénouement. Mais le personnage le plus intéressant de la saison est pourtant ailleurs et inattendu : Serena révèle de multiples facettes, supportée par l’interprétation parfaite d’Yvonne Strahovski. Ses face à face avec l’héroïne June font l’objet de scènes d’anthologie dans lesquelles Elisabeth Moss continue à bluffer.
La saison 3 devrait sans doute donner enfin plus de densité aux maris (Luke Bankole et Fred Waterford) et je parie sur le potentiel de Rita et surtout du mystérieux Commandant Lawrence qui interpelle en quelques scènes majeures dans les 3 épisodes finaux.
Je lis ici ou là des articles qui commencent à craindre que la série ne joue plus avec le malheur des femmes qu’elle ne les condamne, point de vue très bien résumé dans cet article des Inrocks qui spoile à mort au passage (donc ne cliquer ici que si vous avez vu les 2 saisons). J’y vois surtout l’envie du public d’un peu de répit, un peu de douceur, une lueur durable. Je rêve donc que la série n’atteigne jamais son « jump the shark » et continue à creuser son sillon dur, inconfortable, désagréable mais tellement utile.
« The handmaid’s tale » est disponible en France sur le replay de OCS Max.
Ma consommation série reprend, je reviens vite avec un point de vue sur deux autres coups de coeur : « Gods of America » et « Pose ».
Il y a une semaine, j’ai perdu un peu plus qu’une artiste dont la voix me transporte. J’ai perdu celle qui m’a permis de vivre des émotions inoubliables et avec laquelle je gardais un lien rare, précieux, toujours inattendu. Notre rencontre déjà avait été hors norme.
En 2011, alors que Maurane se lance dans la promotion de son onzième album studio « Fais moi une fleur », je suis invité par mon ami qui travaille chez Universal à « la rencontrer pour lui poser 2 ou 3 questions ». Je prends ça comme un cadeau.
Ce n’est qu’en arrivant sur place avec mes quelques questions griffonnées sur un papier à propos de son dernier album que je comprends que tout est en place pour un entretien filmé d’une heure, sans montage, dans les conditions du direct. L’artiste pense sans doute avoir à faire à un intervieweur qualifié, cette rencontre va être un gâchis gigantesque, j’en suis sûr. Je réfléchis rapidement à une façon de m’en sortir, à un angle. Quelle autre solution que de revenir sur chaque moment de sa carrière ?
Je me souviens juste avoir commencé en disant exactement l’inverse de ce que je pensais (une heure, c’est beaucoup trop court) et en faisant comprendre d’emblée mon incompétence, pour créer une possibilité de stopper ce désastre avant qu’il ne commence vraiment (je suis un blogueur et on va donc parler de moi). Et ensuite, je ne sais plus ce qui se passe.
Je n’ai jamais eu le courage de regarder cette vidéo. Surtout pas lorsqu’elle a été mise en ligne. Je l’ai donc découverte ce matin.
Mon sentiment est en fait qu’avec un bon montage, ça pourrait presque faire le boulot qu’aucune chaîne de télévision française n’a daigné faire depuis sa disparition : revenir sur une carrière de très haut vol, pas suffisamment reconnue. Le plaisir de retrouver ce moment intact, brut, a été supérieur à la honte ou la tristesse. Jusqu’à la dernière minute qui a forcément créé un choc. Vous comprendrez forcément pourquoi en visionnant la vidéo.
Lorsque j’ai engueulé mon ami à la sortie de l’interview, il m’a dit 2 choses restées gravées dans ma mémoire : 1. Je savais que tu t’en sortirais 2. Tu te souviendras toute ta vie de l’émotion de ce moment.
Il avait raison pour le point 2. J’avais oublié les faits, je garde juste l’émotion intacte. Et je réalise aussi qu’avec n’importe quel autre artiste que Maurane, volubile, généreuse et aidante, ça aurait vraiment été un désastre.
La suite aura été constituée d’échanges sur Twitter sur des livetweets décoiffants, des petits signes de sympathie, des routes croisées sur des concerts ou ailleurs. Et d’une semaine passée à Bruxelles dans les coulisses de l’enregistrement d’un album. Rien que ça. Elle avait apprécié notre première rencontre. Contrairement à ce que cette vidéo montre, on avait même fini par se croiser sur le chemin de l’humour aussi (elle savait être tellement drôle).
Ce matin, je préfère être très fier de l’avoir connue que triste de l’avoir perdue.
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