Faites ce que je dis…

J’ai toujours appréhendé ma relation aux médias sociaux de façon bizarre. Pour faire court, je dirais que j’ai adopté à peu près tous les comportements que je déconseille toute la journée formellement à mes clients. C’était sans doute le seul moyen pour moi de survivre aussi longtemps et de façon aussi active dans ce milieu absolument contre ma nature. En ignorant les paradoxes et mises en danger professionnels, j’ai volontairement tourné le dos à tout positionnement « expert », « influent » et « dirigeant-qui-blogue ». Avec un ton décalé sur mon blog et sur Twitter, Facebook, Instagram ou encore Google+ d’abord. Et dans la vraie vie professionnelle où je ne mentionne quasiment jamais cette activité parallèle et ne me promène donc pas avec mon nombre de followers sur le front. Ce qui ne constitue en aucun cas une attaque contre ceux qui le font, j’admire au contraire leur persistance, j’en aurais été tout à fait incapable.

Pourtant, pour la première fois cette année, j’en ai reçu des bénéfices très directs. Des bénéfices que je qualifierais donc de collatéraux, inattendus, très agréables. J’y reviendrai. Mais avant tout, fin d’année oblige, voici donc le Top 5 de mes comportements à éviter absolument sur les médias sociaux pour ne pas desservir sa vie professionnelle, sauf à espérer un gros coup de bol à la fin.

1. Ne suivre aucune ligne éditoriale, se contenter d’être dans l’humeur en permanence

En conflit direct avec : « Choisir un territoire d’expertise professionnelle et le décliner sur chacun de ses espaces sociaux ». Lorsque je dépasse les 200 likes et 400 commentaires sur Facebook, c’est pour une photo avec Sue Ellen. Je gagne 400 followers en 2 heures en relayant les coulisses des NRJ Music Awards. Je réinvente plus rarement le futur du marketing, j’avoue.

2. Ignorer volontairement certains codes des réseaux sociaux, refuser le hype

J’adore ne m’imposer aucun sujet sauf peut-être défendre ceux qui sont les cibles systématiques de ceux-qui-ont-la-carte ou, pire, des internautes en général. Je me suis ainsi improvisé fan de Zaz en 2013, il me tarde d’ailleurs de savoir qui sera mon nouveau « coup de cœur » l’année prochaine…

3. Publier des billets sans image, oser des titres sans signification, ignorer copieusement les moteurs de recherche

Voir ce billet… et tous ceux qui précèdent.

4. Mélanger tranquillement et sans distinction sa vie pro et sa vie personnelle  

Je n’ai qu’un compte Twitter totalement anarchique, mon blog regroupe des billets sur le marketing et sur quelques grands chocs émotionnels de ma vie, mon profil Facebook, suivi par mes collègues, pas mal de clients et de « professionnels de la profession », est devenu un repère de loleurs en tout genre.

5. Être plutôt sympa

La tentation d’interpeller plus ou moins violemment sur les réseaux est d’autant plus grande qu’elle est assez facile et porte souvent ses fruits pour se faire remarquer, si l’attaque est menée avec esprit et talent. J’ai décidé que je ne parlerais que de ce qui me plait à l’exception de quelques combats que je mènerais sérieusement.

Cette année, à plusieurs reprises, des marques m’ont contacté pour mon côté « accessible » et « pas donneur de leçon ». Validant d’une certaine façon une attitude que je pensais un peu irresponsable. J’y ai même gagné récemment un client. Mais ça aura pris 7 ans pendant lesquels je me suis plus fait des amis que des contacts « utiles » pour servir mon employeur et ma carrière. En m’offrant quand même au passage un porte-voix que je ne m’interdit pas d’utiliser ponctuellement pour servir un projet pro auquel je tiens. En 2014, je continuerai à conseiller de faire plutôt ce que je dis.

Le CV storytellé

Hier, j’ai rencontré une lectrice de mon blog. Comme il n’y en a plus beaucoup, j’étais heureux d’en tenir une. J’avais un peu perdu l’habitude de converser avec quelqu’un dont je ne savais rien et qui semblait tout connaître de moi. Je me suis donc contenté de sourire à chaque évocation d’un moment de ma vie.

En l’écoutant, j’ai réalisé que j’avais au fil de ces 8 années réalisé ici un CV beaucoup plus vivant et sans doute beaucoup plus juste que celui de LinkedIn. Je pensais avoir évoqué plus que raconté mon parcours. Mais pour qui reconstitue les pièces du puzzle, le principal est là. En m’y replongeant aujourd’hui, en redécouvrant des choses écrites il y a plusieurs années, ça m’a aussi donné envie de compléter les quelques passages manquants.

De mes études marquées par la biochimie et la communication, je me suis surtout arrêté sur les stages, en particulier celui qui m’a amené à vivre plusieurs mois dans l’univers de la musique, chez Delabel. En revanche, mon détour par le service militaire constitue certainement un fierté suffisamment forte pour que je l’ai publié environ tous les 2 ans ! SI j’ai osé la photo en treillis, je n’ai jamais dévoilé le look jeune cadre dynamique de l’époque, déjà sans cravate, que je m’étais créé.

De mon premier vrai travail, au sein de l’agence Kingcom, j’ai retenu les pratiques d’avant la technologie mais suis passé un peu vite sur les marques et la superbe aventure avec les 60 ans des briquets Zippo. J’y reviendrai donc.

C’est la sortie d’un film qui a été l’occasion de me replonger dans mes années Kodak, je ne suis pas sûr qu’on y mesure à quel point j’ai été chanceux de vivre ces années là. Sauf peut-être quand je passe en revue les exceptionnels voyages que la fonction m’a amené à vivre. Et pour une raison indéterminée, je fais l’impasse sur le lancement à Londres des films APS Advantix avec Carla Bruni dans une robe très photographique. J’y reviendrai donc aussi.

De mes 3 années en charge des RP Europe pour Thomson multimedia, aucune trace. Si je n’ai pas particulièrement apprécié la pression politique permanente, j’y ai rencontré des gens exceptionnels et développé ma phobie de l’avion qui m’amenait chaque semaine dans un pays d’Europe différent. Encore un sujet à creuser donc.

De mes années agence, chez Ketchum puis Ogilvy, je ne me suis arrêté que sur les formations, avec l’Advanced Management Program d’Omnicom et son rebond, puis le SMP côté WPP. De cette période, je n’ai raconté que ma pire expérience professionnelle pour un client que je ne peux toujours pas citer. En revanche, rien sur les moments incroyables que m’ont fait vivre des marques exceptionnelles : côtoyer Pixar époque Steve Jobs (sauf une mention à la fin de ce billet), l’arrivée de Starbucks en France ou les 75 ans de la montre Reverso de Jaeger Lecoultre dans les jardins du Musée Rodin pour n’en citer que quelques-uns.

Tout ça m’a donc plutôt donné envie de compléter un CV alternatif, tendance storytelling. I’ll be right back.

Allo le monde, bitch !

Les médias ont fait ces dernières semaines des choses bizarres, on ne se comprend plus eux et moi. Deux starifications m’ont laissé sans voix, une annulation m’a déçu très fort, à peine quelques petites bonnes nouvelles pour compenser l’état de morosité qui m’a envahi. Revue en détails.

D’abord, la séquence médiatique anti mariage pour tous, portée par Frigide Barjot, me laisse quelque peu en suspend. FRIGIDE BARJOT ?? Comment un mouvement très bourgeois catho a-t-il pu s’incarner dans l’interprète du très oubliable « Fais moi l’amour avec 2 doigts« , people en mal de célébrité, longtemps amie de la communauté gay, dont on a compris cette semaine qu’elle n’était même plus soutenue par ses proches, notamment moquée par son beau-frère Karl Zero. Mais ça ne semble pas avoir ralenti la mobilisation, la cause serait-elle pour ses défenseurs plus forte que sa porte parole ? Vaut-il mieux une incarnation forte même si décalée que pas d’incarnation du tout (ce dont souffre la mobilisation pour les pro- Mariage pour tous ?). Si quelqu’un trouve la réponse, je suis preneur.

Ensuite, sous l’impulsion des politiques, les médias ont choisi d’ignorer le Mali et l’Algérie pour ériger en icône jusqu’à l’overdose celle pour qui l’opinion publique a exprimé depuis longtemps son désintérêt voire un doute marqué quant à sa supposée non culpabilité. Je ne sais pas plus que les autres avec certitude la vérité sur cette culpabilité, ce que je sais pour avoir creusé le sujet dans le cadre de mon travail jusqu’à il y a quelques mois, c’est que l’opinion publique française est dans sa majorité et depuis longtemps suspicieuse et agacée par la voix donnée exclusivement aux défenseurs de Florence Cassez. Probablement portée par son avocat, elle n’a pas été avare en déclarations, de conférences de presse à « entretiens exclusifs ». Malgré des spectateurs qui criaient à l’overdose après avoir suivi avec intérêt l’étape de la libération. Même si elle est coupable de complicité, on peut penser qu’elle a payé sa dette. Si elle est innocente, il faut la soutenir. Mais la justice mexicaine ne s’est pas prononcée sur ce point et laisser penser l’inverse revient à mentir. Heureusement, quelques voix sélèvent pour contester ce traitement très orienté qui est même allé jusqu’à comparer la dame à une otage. On devrait encore en entendre parler, longtemps.

Sans aucun lien et dans ce monde de bruts en perdition, la pire nouvelle de ma semaine vient d’ABC qui a fait pire que d’annuler l’une de mes séries préférées du moment en déprogrammant carrément la diffusion des 8 derniers épisodes de la saison 2 de Don’t trust the bitch in apt 23. Vous ne connaissez pas #Apt23 ? Imaginez un Friends déjanté et politiquement incorrect, une Phoebe décadente avec un mauvais fond assumé, une Rachel blonde venue de l’illinois, un Joey qui aurait connu son heure de gloire (dans Dawson) et vous obtenez la sitcom la plus réjouissante des années 2010.

Le pitch : June débarque avec toute sa fraicheur naïve à New York de son Illinois natal et se retrouve sans emploi, en colloc avec une Chloé amorale, nymphomane, menteuse, voleuse et alcoolique. Contre toute attente, une amitié va naître et embarquer June dans un monde peuplé de personnages haut en couleur : un voisin d’en face obsédé sexuel, une voisine d’à côté envahissante d’amour pour Chloé et surtout James Van der Beek dans son propre rôle vitriolé. Ce qui nous vaut notamment une plongée hilarante dans les coulisses de Dancing with the stars et quelques « réunions » avec d’autres anciennes stars de séries pour ado (tel que Mark-Paul Gosselaar).

Les dialogues ciselés offrent à l’héroïne aussi detestable qu’attachante des sorties mémorables (parfaitement interprétées par Krysten Ritter qu’on avait déjà remarquée dans Breaking Bad)

C’est James Van Der Beek lui-même qui a annoncé la nouvelle sur Twitter en regrettant au passage un mode de mesure d’audience dépassé (les chiffres d’audience sur ABC étant en effet faibles alors que la série cartonne sur le web).

 

Par chance, ma semaine a aussi été relevée de quelques moments de pur plaisir, comme des sas de décompression :

– La découverte mercredi de Ballet Revolucion qui se singularise par l’interprétation, avec orchestre live, de titres de Shakira, Prince, Jenifer Lopez, Beyonce… par une troupe de danseurs cubains qui réunissent la danse classique, le tango ou encore le hip hop. Jusqu’au 7 février au Casino de Paris.

– En tant que livetwitteur pratiquant, je me réjouis de l’arrivée de l’application My TF1 CONNECT qui va offrir dès la fin de la semaine l’offre la plus avancée en matière de deuxième écran en France pour twitter efficacement les programmes télé. L’ Instant replay notamment permet de partager la séquence dont on parle mais également de rattraper facilement un programme en cours de route pour se retrouver en live avec les autres commentateurs sur les media sociaux. De plus, CONNECT permettra aux téléspectateurs de jouer le 5ème coach de The Voice (qui revient samedi prochain) et de déterminer si un candidat va être retenu et quel coach il va choisir. Des prix seront à gagner. (j’en profite pour célébrer ce matin mon tweet diffusé en direct dans les NRJ Music Awards qui m’a valu une soirée passée à faire du service après-vente mais fier comme un paon).

Mon métier n’a pas changé

Tout a changé, plus rien n’est comme avant… A longueur de journée, j’entends dans des conférence et je lis dans la presse cette vérité absolue qui joue paradoxalement un rôle presque rassurant. Vous êtes perdus ? Ne vous inquiétez pas, c’est normal : tout a changé !

Amis professionnels des Relations Publiques, ne croyez pas tout ce qu’on vous dit : notre métier n’a pas changé. Depuis toujours, il consiste à gérer la réputation d’une marque, d’une entreprise, d’une institution, d’un pays ou d’une personnalité. Une réputation portée par le bouche à oreille lui-même initié ou accéléré par des relais influents, indépendants, non rémunérés mais légitimes et crédibles. Fondamentalement, ce n’est pas près d’évoluer.

Bien sûr, les moyens d’opérer les stratégies RP ont été percutés par les media sociaux qui accélèrent le cycle de vie d’une information, positionnent différemment les media traditionnels et propulsent des nouveaux influenceurs en quelques heures en faisant de chaque citoyen consommateur un contributeur potentiellement majeur de ce bouche à oreille, en positif comme en négatif.
Evidemment, l’espace public n’est plus le même qu’il y a 10 ans. Mais l’agilité des professionnels de RP continue à s’inscrire dans la capacité à éclairer l’information dans cet espace, non seulement de façon attractive mais également empoignable par des tierces parties, par ailleurs sur-sollicitées de toutes parts. L’expertise d’un professionnel des RP réside également et depuis toujours dans la capacité à traiter une crise, un emballement imprévu et négatif qui nécessite réactivité, calme, courage et bon sens. Rien de plus technique, rien de moins émotionnel.
Ce qui a fondamentalement changé, c’est la pression exercée sur tous les autres métiers de la communication : ils doivent désormais intégrer dans leur équation ces intermédiaires non maîtrisables qui peuvent à tout moment s’emparer d’une campagne publicitaire pour en en accélérer l’impact ou la rejeter violemment, interférer un dispositif CRM en s’adressant publiquement à l’entreprise dont ils sont clients, s’exprimer en temps réel pendant un évènement de marque qu’il soit destiné aux clients, aux prospects ou au grand public…
J’ai donc envie de souhaiter la bienvenue à tous ces marketeurs qui découvrent les joies d’un dispositif qu’on ne peut techniquement pas maîtriser du début à la fin, de programmes qui doivent mettre l’ensemble des cibles en action plutôt qu’en audience, de time to market qui se comptent en heures plutôt qu’en mois… Et à mes collègues des RP, j’ai envie de rappeler que l’enjeu des indicateurs de performance de notre discipline lié à la mesure des résultats n’a toujours pas été proprement résolu depuis plus de 150 ans.
Rien n’a changé : il n’a toujours pas été établi un indicateur de performance RP meilleur que l’équivalence publicitaire des retombées presse. Voici un meilleur angle pour faire progresser notre métier.

Complainte du vieux réac

J’avoue que je suis un peu déçu. J’avais pourtant tout mis en oeuvre depuis quelques mois pour me faire défoncer sur les réseaux sociaux par tout ce que le web compte de plus hype. A l’arrivée, c’est un echec total. Ma posture de vieux réac n’a pas provoqué le moindre petit twitt de désapprobation formelle, tout juste quelques étonnements polis. Alors que tout n’était pourtant pas que du 15ème degré.

Je passe sur les quelques exercices de styles qui consistaient à répondre face caméra au détour d’un salon à la question : êtes-vous un convaincu du web ? Je travais juste rafraichissant de répondre « non ». Pour le plus sérieux, j’ai suivi le processus avec la rigueur d’un métronome.

1/ Un message central immuable : « le web ne peut être le lieu unique de faire progresser les idées. Il tend même parfois, en les survolant, à les faire régresser. Et quand elles existent, les discussions sont au final peu contributives, à faible valeur ajoutées ou quasiment pas lues. Dans ce contexte, délaisser le débat dans la vraie vie est une erreur. »

2/ Marteler le message à chaque occasion. Lors de conférences, d’interviews ou de simples conversations, quelle que soit la question. Quoi de neuf ? Que pensez-vous de la recherche de fans sur Facebook ? Comment va le business ? Vous voulez faire quoi plus tard ?…

Pour voir ce que ça donne, un exemple avec la réponse à la question de Fadhila qui m’interrogeait sur mon rapport à l’échec :

Dans un autre style, la même démarche pour nonfiction.fr sur la communication politique :

A l’arrivée, j’ai suivi ma résolution et pu mesurer sur pièce la puissance de progression des idées dans la vraie vie, identifier le meilleur moment pour leur faire bénéficier des moments d’accélération et massification permis par le web. J’ai modifié en profondeur les stratégies proposées à mes clients en croisant beaucoup plus subtilement le traditionnel et le digital. Je me suis même mis en opposition avec certains annonceurs qui déplaçaient les investissements du traditionnel à du 100% réseaux sociaux, d’un extrême à l’autre. Et j’ai regardé depuis quelques semaines de nouveaux espaces qui pilotent mieux le débat en tentant de l’éclairer et le tirer vers le haut (en attendant Newsring…).

Je vais pouvoir revenir à des points de vue plus mesurés, beaucoup plus « intéressants », sur le dernier outil web à la mode pour mesurer l’influence ou l’infographie des pages de marques bénéficiant du plus de followers. Il ne faudra pas s’y méprendre, le vieux réac incompris que je suis quand même un peu sera toujours là, sur le web et ailleurs.

 

Nostalgie Super 8

J’ai eu quelques fois l’occasion de communiquer sur des produits qui représentaient plus que des objets de communication. Avec ses avantages statutaires et ses inconvénients émotionnels.

Aveuglé par l’envie de découvrir la création de JJ Abrams, ce n’est étrangement qu’en voyant le titre du film sur grand écran que j’ai réalisé que Super 8 allait me projeter près de 2 décennies en arrière et pas que pour ses nombreuses références appuyées aux films de l’époque de son producteur Spielberg.

De juin 1994 à novembre 1998, j’ai travaillé chez Kodak.

Continuer la lecture de « Nostalgie Super 8 »

Mutation des entreprises media socialisées : les modèles de réussite

En lisant le très bon (et assez courageux) billet de Laurent, je me suis interrogé sur les freins à l’évolution rapide de la pensée dans les entreprises. Est-ce que la raison se trouve dans le déficit de confiance que les annonceurs portent à des consultants externes qui manquent trop souvent d’humilité, de crédibilité et surtout de compétences marketing suffisantes pour intégrer les enjeux des media sociaux dans les disciplines fondamentales ? Ce déficit conduirait-il à s’intéresser de façon obsessionnelle à un sujet secondaire : le ROI ?

J’ai commencé il y a quelques mois un travail d’analyse des bonnes pratiques en matière de change management induit par l’atterrissage du digital dans les organisations. Au départ pour en tirer un livre que je n’écrirai sans doute jamais, les exemples dont je connais le mieux les contours se situant dans l’écosystème de mes clients (dont je ne parle jamais par principe). Et à ce stade, c’est sans conteste aux Etats-Unis et en Asie que je serais allé puisé les meilleurs modèles qui m’auraient amené à une conclusion un peu différente de celle de Laurent. Tout ça m’a donné l’envie d’un petit rebond.

Voici donc en exclusivité le plan du livre « Mutation des entreprises media socialisées : idées reçues et modèles de réussite » que je n’écrirai pas. De toute façon, ce titre aurait été beaucoup trop long, personne n’aurait acheté ça.

– Le modèle top -down a de l’avenir

Les media sociaux seraient donc le royaume du collaboratif, de l’échange, de la conversation ? Oui, sauf au moment où il s’agit d’impulser la mise en place de l’organisation qui va avec. Le frein numéro 1 à l’évolution des structures est l’absence d’implication d’une direction générale qui doit aligner les décideurs de l’entreprises autour d’un plan stratégique et opérationnel absolument top down, marketé autant que possible et intégré . J’en parlais début 2009 dans différentes conférences (voir slide 29) :

La bonne nouvelle est que les grands patrons comprennent très vite les enjeux et la posture à prendre dès lors que le sujet passe en haut de la pile de leurs urgences. La mauvaise est que ça se produit souvent pour de mauvaises raisons : une crise… Dans les deux cas, l’accompagnement externe requiert un niveau d’expérience que les experts des media sociaux n’ont pas toujours, en cela je rejoins le point de Laurent.

– La fonction media social internalisée et séniorisée

Pour piloter un plan media social voulu par la direction générale, laisser les clés à un consultant extérieur n’est forcément pas une bonne idée. Et considérer qu’un plan stratégique sera implémenté par un community manager, même malin, est un non sens. Les exemples cités dans la présentation ci-dessus sont des entreprises qui se sont toutes dotées d’une fonction stratégique : le responsable des media sociaux (Social Media Manager), senior, légitime, membre du codir, respecté des autres managers fonctionnels. La plupart du temps, il se sera entouré de spécialistes externes et aura constitué avec eux une équipe opérationnelle internalisée. Scott Monty chez Ford en est un excellent exemple. L’enjeu de la gouvernance du déploiement stratégique des medias sociaux est clé mais elle n’exclut ni les consultants, ni la collaboration et elle se joue bien au-delà du marketing.

– Une culture transmedia et du test permanent

Pour comprendre pourquoi la culture media social ne peut se vivre en silo mais doit irriguer toute l’entreprise par le haut, le meilleur exemple dont je peux parler n’est pas corporate mais politique. Lorsqu’on rencontre l’équipe qui a piloté la campagne d’Obama en 2008, on comprend très vite que le vrai succès de la démarche reconnue par tous comme un modèle ne réside pas dans la capacité donnée aux medias sociaux à mobiliser et lever des fonds comme on l’a lu un peu partout. Le vrai succès résidait dans la capacité à intégrer les réseaux sociaux dans une démarche transmédia qui prolongeait un mailing sur Facebook, mobilisait par email pour renvoyer dans la vraie vie. La même équipe explique que la deuxième innovation qui leur sert aujourd’hui de modèle mis au service d’entreprises est la culture de test permanent qui consiste à accélérer le déploiement d’une idée, quitte à la faire évoluer voire à l’annuler si elle ne fonctionne pas autant qu’escompté. Seule une fonction stratégique transversale peut imposer un tel bouleversement culturel dans la rapidité de mise en oeuvre décomplexée.

– Le ROI n’est jamais une mauvaise question

La question du retour sur investissement est complexe puisqu’elle s’est toujours basée sur des indicateurs plus ou moins légitimes mais acceptés par tous comme preuve de réussite. Les indicateurs n’existent pas dans les médias sociaux, pas plus qu’ils n’existent en matière d’influence. Mais il n’y a aucune raison pour que la complexité de la réponse aboutisse à une négation de l’intérêt de la question. Choisir d’investir stratégiquement dans les media sociaux répond forcément à un enjeu de ROI finalement pas si difficile à évaluer à un niveau macro. Il « suffit » de répondre aux questions qui fondent les enjeux de l’entreprise : les medias sociaux me permettent-ils de recruter de nouvelles typologies de consommateurs ? Ma présence sur les media sociaux me protège-t-elle en cas de crise ? Ma relation avec mes clients est-elle effective partout où mes clients se trouvent, y compris sur les medias sociaux ? Suis-je une entreprise attractive auprès de haut potentiels très actifs sur les media sociaux ? Evidemment, lorsqu’on considère le ROI par action tactique indépendamment d’un enjeu stratégique, le ROI est toujours plus complexe à déterminer, sauf à décréter à quel objectif il contribue et à préciser de quelle façon.

– Faire émerger les bonnes pratiques des erreurs : la calamité du « bad buzz »

Au cours de ces derniers mois, la méthode des experts a consisté à s’abreuver de ce qu’ils considèrent comme des ratages qu’ils aiment appeler des bad buzz au premier soubresaut. Evidemment, la presse s’en délecte, toujours plus émue par ce qui rate que ce qui réussit. Je m’étais exprimé sur le cas Gap un peu à contre-courant, je pourrais faire la même chose avec le cas Veet. Une marque tente des choses sur le web, ça ne marche pas : encourageons là à tenter d’autres choses plutôt que de l’envoyer à l’échafaud pour une production discutable qui au final divise d’ailleurs plus qu’elle ne provoque un rejet généralisé (voir les commentaires des articles). Chaque fois qu’une marque ose, elle prend un risque. Si une marque ne prend pas de risque, elle meurt. J’attends des experts qui guident qu’ils en tirent les bons enseignements constructifs. Je ne suis probablement pas le seul.

Si quelqu’un veut compléter, débattre et écrire le livre qui va avec, je laisse ce plan en creative commons 🙂

Philosophie

Lorsque j’ai commencé mon métier et jusqu’à très récemment, les viviers de consultants en communication se trouvaient dans les grandes écoles, HEC, Sciences Po, les écoles de commerce ou les formations plus « classiques » Celsa ou Efap. D’ailleurs, étudiant, j’avais bien senti qu’avec mon bagage en Sciences de la vie option biochimie, ça ne suffirait pas.

Depuis plus récemment, tout un ensemble de nouveaux métiers sont entrés dans le périmètre, créant de nouvelles voies royales pour . Parfois inattendus, tels que Anthropologue, Sociologue, Historiens… J’en ai intégré un nouveau cette semaine avec la conviction qui va avec : un jour, j’embaucherai un philosophe !

Lorsque j’ai accepté d’animer un cours sur le développement durable, la citoyenneté et Internet à la Faculté de Philosophie Lyon III dans le cadre du module communication du Master 2 Ethique et DD, pour être honnête, c’était pour faire plaisir à une amie. Au final, j’ai eu le plaisir d’échanger pendant 3 heures avec des personnalités très diverses, en primo formation ou en formation continue donc de tous horizons, qui ont soulevé des questions qu’aucun des dirigeants d’entreprise n’avait soulevé. La conversation s’est révélée parmi les plus riches de ces dernières années, un vrai choc nourri de débats, toujours de constructifs, avec un point de vue documenté.

En plus de me donner envie de retourner user ma culotte sur les bancs d’une fac, j’ai repris conscience de la valeur que des points de vue issus d’autres horizons peuvent apporter à tous ceux qui comme moi se croient ouverts sur le monde et sont totalement enfermés dans leur bulle.

Merci et à eux, et le rendez-vous est déjà pris l’année prochaine, pour mon plaisir.

Champagne !

En 1996, la magazine CB News fêtait ses 10 ans. Cette semaine, 14 ans plus tard, CB News fêtait sa liquidation judiciaire. On est probablement assez peu nombreux à avoir participé aux 2 évènements.

Il y a beaucoup de raisons de penser que la fin de CB News ferme un chapitre alors qu’un un nouveau cycle s’est déjà ouvert. Ce que j’en retiens est beaucoup plus personnel : la mutation de mon environnement direct, un arrière-goût amère qui m’a fait passer à côté de l’esprit festif de la version 2010 du rendez-vous.

En 1996, je travaille depuis 3 ans et j’ai la chance de participer à la promotion d’une marque encore emblématique sur un secteur porteur. Chez Kodak, les moyens mis en oeuvre sont encore massifs pour assurer la visibilité d’innovations de transition -qui se souvient de l’APS ?- alors que les premiers appareils numériques sont un peu enterrés et que la technologie OLED est carrément enfouie. J’organise des voyages de presse aux quatre coins du monde, participe au Festival de Cannes, à la Photokina, au CES de Las Vegas, aux festivals photo d’Arles et de Perpignan… Les Kodakettes de Jean-Paul Goude sont à leur apogée et constituent une saga publicitaire emblématique qui rafle des dizaines de prix.

Mais lorsque je suis invité en tant qu’annonceur aux 10 ans de CB News, je m’apprête à plonger vraiment pour la première fois dans le monde de la pub qui m’a tant fait rêver. Une passion venue en grande partie de Culture Pub que j’avais au départ découvert comme tout le monde en prétextant un intérêt soudain pour la publicité alors que j’attendais surtout le film coquin du dimanche soir sur M6. Christian Blachas et Anne Magnin ont démocratisé les métiers de la communication en France et m’en ont donné envie. Rien de moins.

Approcher le patron suffisait à me rendre le rendez-vous séduisant mais arrivé dans le mythique Palace, c’est toute la grandiloquence des années d’or de la pub qui me saute au visage : espace immense entièrement redécoré, alcool qui coule à flot (l’immense machine à gin tonic est gravée dans ma mémoire aussi fort que le mal de crâne du lendemain), buffet gargantuesque, confiseries et glaces à profusion, cigarettes distribuées à volonté (je n’ai pas vu passer d’autres substances)…. Cette fête là surpassait tout ce que j’avais connu, même au Festival de Cannes.

On était longtemps après le faste des années 80 mais cette débauche de moyens n’avait rien de très choquant pour personne. Comme un dernier soubresaut. Je profitais simplement de la fête avec quelques amis de mon âge et entouré de professionnels beaucoup plus âgés et riches que moi. Je ne connaissais quasiment personne et j’ai débattu une bonne partie de la soirée avec des inconnus. Je me souviens avoir tout juste eu le temps de passer prendre une douche avant de rejoindre le bureau en me demandant si les quadras seraient autant que moi en état de passer au bureau une journée post-nuit blanche alcoolisée.

Cette semaine, CB News ne m’a pas invité au VIP Room en tant que patron d’agence. Mais en tant que « blogueur », j’ai eu 100 occasions d’atterrir sur la liste des guests. Et j’ai surtout privilégié une invitation du maître des RP du lieu, Laurent Guyot, qui est un ami depuis plusieurs années. C’est donc en qualité de VIP et dans le confort que je suis venu célébrer la fin d’un magazine qui aura marqué l’intégralité des 17 années ma vie professionnelle. Et je dois bien avouer que, malgré l’amitié que je porte à quelques membres de la rédaction, j’en veux un peu aux responsables de n’avoir pas su trouver la façon de se démarquer suffisamment de ce que les blogs proposent gratuitement sur Internet : des papiers de fond trop rares, peu d’exploitation rémunératrice de la marque CB News comme a réussi à le développer son concurrent Stratégies, une ligne éditoriale pas suffisamment forte, peu de réaction face à de nouvelles concurrences gratuites telles que Doc News et Influencia, la version online de Culture Pub -qui continue- jouant un rôle à part. C’est le manque de rigueur pour maintenir un équilibre financier qui est pointé du doigt. Le manque d’utilité de CB News est à peine un sujet, malheureusement.

Dans l’espace privé bondé, je connaissais de près ou de loin toutes les têtes qui m’entouraient : les autres patrons d’agence, les blogueurs qui avaient eu la chance de tomber sur un bracelet de la bonne couleur, les membres de la rédaction. Et je n’ai vraiment échangé avec personne. Le champagne coulait à flot pour notre groupe de privilégiés, à la fois trop pour fêter une liquidation judiciaire et modestement comparé à la version 1996. Les temps ont changé et le monde que j’avais rejoint n’existe plus.

En regardant l’équipe derrière Blachas sur scène, juste avant que les gogo danceuses ne viennent se trémousser sur le podium dans des t-shirts définitivement trop petits, je me suis souvenu. J’ai passé en revue les longs débats avec des membres de la rédaction de CB News mais aussi Stratégies, il y a quelques années, alors que je travaillais dans un autre grand groupe côté agence, DDB, et que je regrettais ouvertement le manque de hauteur des dossiers traitant des grands enjeux marketing pour le futur. Je continue à penser qu’ils sont trop rares, dans Stratégies également, j’ai arrêté de débattre il y a bien longtemps.  J’ai croisé du regard celle à qui j’en veux tant de m’avoir appelé il y a quelques semaines avec une démarche et un ton guidés par l’émotionnel plutôt que par la volonté d’analyse qui devrait présider au travail de tout journaliste tel que je le conçois, ajoutant encore de la confusion au mélange des genres journaliste – blogueur.

N’ayant pas exactement le goût de danser sur les tombes, c’est le malaise qui l’a emporté chez moi. Parce que je suis surtout triste pour mes amis qui perdent leur travail. Dans son dernier édito, Blachas explique que c’est la volonté d’indépendance qui a coûté la vie à CB News. C’est sans doute en grande partie vrai. Mais c’est à l’arrivée une certaine idée de la presse professionnelle que j’aime (même si elle me complique la vie parfois dans mon métier) pour oser écrire ou même dénoncer des pratiques qu’elle connait de l’intérieur, challenger les acteurs de son marché…

Pour être franc, je ne me souviens plus de ce qui était écrit dans CB News il y a 16 ans, je me souviens en revanche de l’envie exprimée par tous de faire la fête à un métier pour longtemps en lui donnant du sens. Cette semaine, on a fait la fête mais je ne suis pas sûr d’avoir compris le sens. Et je suis passé du côté des quadras.

J’espère que la marque reviendra plus forte, mieux armée pour investir sur un territoire peut-être plus spécifique mais plus ambitieux qu’une newsletter. Au moment où notre métier a besoin, plus que dans les années 80, d’éclairage pour comprendre l’univers qui nous entoure, on ne peut qu’espérer une presse professionnelle forte et utile.

J’aurais voulu te dire…

J’ai noté sur mon petit calepin tellement de choses que je n’élaborerai pas ici faute de temps, je ne sais pas par quoi commencer. Je n’ai jamais vécu une période professionnelle aussi excitante, alors je la vis bien… mais je la vis trop ! Résultat, plus une minute pour utiliser mon blog pour ce qu’il a toujours été : un bloc-note organisé, un aide mémoire qui m’impose la formulation structurée d’idées, d’humeurs, de regards très subjectifs qui doivent s’appeler des points de vue.

Il y avait donc dans mon carnet des sujets dont j’aurais bien aimé parler ici.

Les petits mouchoirs et Gilles Lellouche


En regardant la promo des Petis mouchoirs de Guillaume Canet, j’ai plus pensé au casting qu’au film qui m’a déçu lors de l’avant-première d’Allo Ciné il y a quelques semaines. C’est en me souvenant de la performance de Gilles Lellouche que j’ai réalisé que notre star system masculin français s’était transformé en une décennie. Les acteurs souvent issus de la troupe du splendid ou de la télé dans la décennie précédente ont laissé place à une génération d’acteurs surexposés par période, par forcément glamours mais propulsés en première ligne en un film : ce fut Jean-Pierre Darroussin, François Berléand, Jean Dujardin, Benoît Magimel, Clovis Cornillac, Kad Mehrad… Le prochain sur la liste semble donc être Gilles Lellouche sans lequel plus aucun film français ne semble pouvoir se faire. Pendant que les sexys Nicolas Duvauchel, Louis Garrel ou même Romain Duris font des choix plus exigeants et souvent plus discrets.

Casino


En parlant avec des amis, j’ai découvert que pas mal ignoraient ma passion (dangereuse) pour le Casino et les jeux d’argent en général. Parce que je l’ai éludé autant ici que dans la vraie vie. Alors qu’il ne passe pas une semaine sans qu’un site de jeux en ligne ne me propose « un échange de liens » avec mon blog qui n’a pourtant jamais évoqué le sujet, je me dis qu’il reste encore plein de choses à dire ici. Je pensais sincèrement avoir fait le tour de ce que je m’accordais d’aborder sur moi mais il y a de toute évidence des sujets que j’ai mis sous le tapis, comme des actes manqués. Après le Casino et le secret de mes nuits à Végas, on en trouvera d’autres, je suis sûr. Je n’aurai pas le temps de faire le tour de toutes mes addictions (#SFIV).

Les étudiants et la retraite


Que les étudiants soient dans la rue ne me choque pas vraiment, je crois même que ça fait partie du passage obligé pour atteindre la maturité du jeune adulte. Trois semaines de grève contre la Loi Devaquet en 1986 m’ont certainement autant appris que les mois de cours qui ont précédé et suivi. Et que chacun puisse défendre ses droits me semble constituer la base de la démocratie à laquelle je tiens. Facile : je ne souffre pas des grèves, je suis à 40 minutes de mon travail en vélo, je n’ai pas d’enfants à faire garder… Mais que le monde moderne digitalisé n’avance pas en inventant un moyen plus responsable de faire entendre sa voix reste un mystère pour moi. Bloquer le pays, prendre en otage ceux qui ne peuvent pas se permettre de perdre une journée de salaire, donner un argument aux investisseurs étrangers d’implanter ailleurs qu’en France leurs sièges sociaux, faire occuper les journaux par des points trafic plutôt que des sujets de fond, laisser les instrumentalisations en tout genre se jouer…, je n’en vois pas immédiatement le bénéfice. J’aimerais tant que les jeunes qui sont dans la rue pour leur retraite qui n’arrivera sans doute pas avant 45 ans inventent la pétition numérique tellement écrasante et puissante qu’elle ne pourra être ignorée par un décideur.

Gap


Les histoires arrivées sur le web ces dernières semaines tendent à m’éloigner de certains des aspects de ce qu’on appelle l’influence digitale. Je travaille sur les postures à prendre, ça explique en partie mon manque de temps. J’en suis au stade des convictions pour l’instant très personnelles que je me suis forgé : 1/ Si les médias sociaux sont devenus une force capable de se réjouir de faire plier en quelques jours une marque jusque dans le choix de son nouveau logo, on assiste à la négation même de toute les règles de base d’un marketing exigeant qui doit savoir proposer aux consommateurs ce qu’ils n’ont même pas conscience d’attendre, quitte à avoir le droit à l’erreur 2/ Si les tentatives produisent des réactions violentes, souvent même irrespectueuses voir insultantes, autour de sujets marketing et pas idéologiques, le web social va aboutir à un marketing mièvre, sans prise de risque ni expérimentations, les marques redoutant le moindre effet boomerang et au final imposeront un monde consumériste sans innovation. 3/ Si la découverte tardive par les marques de l’importance du digital tend à les détourner des moyens traditionnels de l’influence, c’est l’oubli manifeste d’une réalité qui reste d’actualité : on parle en digital, on y élabore même des points de vue quand la tentation du LOL systématique ne se fait pas trop grande, mais sur le long terme, on agit dans la vraie vie. 4/ Si j’oublie en tant que « blogueur canal historique » et « Twitteur névrosé » que mon avis et mes coups de gueule n’entament pas ma crédibilité qu’à la condition que je soie légitime, constructif et dans la mise en oeuvre systématique de mon expertise, je perds le contrôle devant la force de frappe que m’a donné Google 5/ Au final, si l’avenir immédiat n’a à proposer qu’un marketing mièvre, sans changement, soumis à des retours irrespectueux plutôt que conversationnels, face à une minorité qui efface la parole du plus grand nombre et une jeune génération de journalistes qui oublie de défendre sa corporation en ne mettant pas en oeuvre ses principes fondateurs, je devrai faire le constat de l’échec regrettable de ce pour quoi je militais depuis plus de 6 ans. Et je devrai prendre les décisions qui vont avec. Le GAP entre mes envies d’un marketing digital intelligent qui ne se cantonne pas à l’écume du « joli »  ou de l’ironie systématique et la réalité devient chaque mois un peu plus fort. Ma première décision date d’il y a 6 mois : plus jamais je n’agresserai une marque comme je l’ai fait à 2 reprises ici en profitant bêtement de la certitude de me retrouver en première page des requêtes Google de cette marque pendant plusieurs semaines et en servant des intérêts personnels.

C’est dommage que je manque de temps, j’aurais vraiment aimé parler de tout ça.